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Message Publié : 02 Oct 2006 17:40 
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Thucydide
Thucydide
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Inscription : 01 Oct 2006 11:57
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Localisation : Belgique , Bruxelles
bonjour . En ce moment je lis un peu une biographie de Philippe II et je suis arrivé à sa réforme militaire mais hélas l'auteur ne parvient pas à trancher concernant le véritable impact de la réforme et la "paternité" de cette réforme . Il parle bien de la phalange macédonienne mais ne nie pas le fait qu'un de ses frères , Alexandre II , aurait pu être le véritable réformateur ; Philippe n'aurait fait qu'appliquer la réforme (son frere n'ayant régné que deux années) et fait forger un nouvel équipement . Que savez-vous à propose de cette vaste ou insignifiante réforme ?

_________________
Qu'ils me haîssent ! Pourvu qu'ils me respectent
-Tibère

Les sociétés seront saines lorsque les philosophes seront devenus rois ou les rois, philosophes ( dixit Platon )


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Message Publié : 02 Oct 2006 17:48 
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Tite-Live
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Inscription : 21 Déc 2005 13:18
Message(s) : 360
Localisation : A Sparte,et en Scandinavie et sur Xalarathros (planète lointaine)..mais en fait en France.
Salut !

Il m'a toujours semblé que ce fut Philippe II le vrai "créateur" de cette phalange, idée prise lorsqu'il été captif à Thèbes durant sa jeunesse !

Voila !

_________________
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"Je m'efforce de faire le contraire de ce que vous faîtes" Diogènes le Cynique.
L-A-H-L-O-D-A.
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Message Publié : 02 Oct 2006 22:54 
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Salluste
Salluste
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Inscription : 22 Juil 2006 18:03
Message(s) : 214
Localisation : Cahors
Citer :
Il m'a toujours semblé que ce fut Philippe II le vrai "créateur" de cette phalange, idée prise lorsqu'il été captif à Thèbes durant sa jeunesse !


J'ai toujours entendu la même chose. Que j'ai toujours entendu être associé avec une capitale en plaine au confluent de rivières et l'instruction donné obligatoirement au fils de l'élite(sorte d'otage).

Cordialement. SAALFELD

_________________
Pour moi la vie va commencer


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Message Publié : 14 Oct 2006 14:23 
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Eginhard
Eginhard
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Inscription : 03 Déc 2004 20:16
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Localisation : Pordic, Côtes d'Armor, Bretagne
La formation d'une "phalange" au sens moderne du terme (pas trop moderne non plus, on n'est pas en manucure ici... :lol:) a en effet été mise en pratique par Philippe II, mais celui-ci ne faisait que développer encore un peu les théories d'un général qu'il connaissait bien, Epaminondas de Thèbes.
En effet, de -368 à -365, soit de 14 à 17 ans, le jeune prince Philippe demeurait dans la capitale béotienne, en otage royal qu'il était. Là, il put se faire une solide idée du nouveau concept épaminondien, à savoir garder un petit groupe de soldats d'élite sur un côté de sa formation globale, afin de provoquer une percée latérale et d'écraser l'adversaire de 2 côtés. On ne le dira jamais assez, mais Epaminondas fut l'artisan de la victoire inespérée contre la quasi-invincible Sparte, en infériorité numérique qui plus est, sur les plaines de Leuctres, au mois d'Hécatombaion de l'année -371.

Rentré en Macédoine après la mort de son frère, Philippe n'avait qu'à créer sa nouvelle armée d'une telle manière, en modifiant légèrement au passage les types d'armes portés par ses soldats, et refouler les Barbares septentrionnaux. Dès lors, l'emplacement géographique de la Macédoine - entourée de montagnes aurifères - fit le reste...


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Message Publié : 11 Juin 2007 20:49 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Bonjour bonjour messieurs,

Nouveau venu flurtant sur votre site, je me permets d'exhumer ce sujet qui m'a un temps intéressé. J'ai peut-être quelques éléments suplémentaires pour le consul (et les autres).

Avant tout, petite correction, tu fais un hors sujet Scaevola (et voilà, à peine débarqué, je critique !). Tu confonds la formation militaire "Phalange macédonienne" et la réforme tactique "ordre oblique", l'un n'était pas forcément lié à l'autre, et vice-versa.
Epaminondas a effectivement révolutionné la guerre hoplitique en n'attaquant que sur un point précis du front, tandis que le reste de l'armée reste en retrait, et non sur toute la ligne comme les Grecs en avaient l'habitude. Et c'est sûrement la grande leçon que Philippe a appris à ses côtés, qu'il appliquera systématiquement, en particulier à Chéronée. Tout un autre sujet...

Revenons à nos moutons... la phalange macédonienne...
En fait deux éléments distinguent la phalange de type macédonienne et la phalange hoplitique traditionnelle:
- l'armement, principalement l'utilisation de la sarisse, de plus de 4,5m jusqu'à 7m alors que la pique grecque mesure génralement 2-3m
- la profondeur de rang, habituellement 8 rangs chez les Grecs, passe à 16 rangs.

Les deux réformes ne sont pas forcement contemporaine.

Concernant l'adoption de la sarisse, elle a peut-être précédée l'accession au trône de Philippe. En effet, ce n'est pas une arme grecque, mais une arme thrace, triballe plus précisément, une tribu sur le Danube au nord de la Macédoine. Ces derniers employaient cette longue pique à la fois dans leur infanterie et dans leur cavalerie, mais sans pour autant adopter une formation compacte (et encore moins disciplinée).
Il est tout à fait probable que les rois de Macédoine aient commencé à se l'approprier avant Philippe, dans l'infanterie comme dans la cavalerie légère (les sarissophores). Un peu comme les Peltastes d'Iphicrate, avec une armement défensif léger (ce qui convient bien à un royaume de Macédoine qui n'est pas bien riche, et n'a pas les moyens de s'offrir l'armement des hoplites, même s'ils en avaient, en particulier grâce aux villes greques de la côte).
Peut-être même ont-ils équipé une partie de leurs hoplites avec la sarisse, comme les Hypaspistes, les gardes des rois qui existaient sans doute avant Philippe aussi.
Mais cette réforme n'a pas laissée de trace dans les annales (peut-être l'allusion à Alexandre ?), et surtout, n'a entraîné aucune révolution de la tactique et de la puissance militaire macédonienne. Bref, un changement en douceur et discret.

Et c'est là sans doute que Philippe entre en scène.
Son mentor Epaminondas, à Leuctres, avait porté la profondeur des rangs jusqu'à 50 hommes (!!) sur son aile d'attaque. Le poids de la formation contribuera à la victoire.
Philippe va s'en inspirer et augmenter les rangs de sa phalange, portée à 16 rangs. D'autre part il va inauguré de nouvelles formations inspirées d'Iphicrate et professionnaliser au moins une partie de son armée, les fameux Hypaspistes, son armée permanente, la garde du palais, 3000 hommes à la fin du règne (mais au début ?).
C'est à partir de ce noyau professionnel que la sarisse va gagner ses lettres de noblesse et fortement contribuer aux victoires du début du règne, en particulier contre les Illyriens. C'est sans doute seulement par la suite que la phalange macédonienne, une unité disciplinée, combattant en ordre profond et serré, se généralisera à l'ensemble des levées macédoniennes. L'armement (le bouclier, l'armure...) évoluera par la suite en fonction des besoins, des revenus et de l'expérience de l'utilisation de cette nouvelle arme, mais le principe de la Phalange est créée.

Bref, Philippe semble bien être le créateur de cette unité, dans le sens où il a créé des exercices (bien décrits par les sources) et une tactique collective efficace à partir d'un armement sans doute préexistant.

Mais finalement, ce n'est qu'une partie des réformes militaires de Philippe, pas forcément la plus déterminante. A ce titre, le talent stratégique et diplomatique de Philippe et l'utilisation systématique de l'ordre oblique cher à Epaminondas (et à Scaevola) a beaucoup plus contribuer au succès de la Macédoine que la formation "Phalange" dont la supériorité sur les hoplites grecque est certes réelle, mais loin d'être aussi décisive qu'on le dit (en fait, c'est kif-kif bourricot quand ils s'affrontent la plupart du temps...).


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Message Publié : 22 Juin 2007 23:17 
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Hérodote
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Inscription : 22 Juin 2007 18:51
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J'ai lu avec beaucoup d'intérêt les posts de ce sujet, et en particulier celui de Thersite. Pourrais-tu (pourriez-vous si tu préfères le vouvoiement :wink: ) m'indiquez tes sources sur ce sujet ?
Merci ! :)


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Message Publié : 23 Juin 2007 5:28 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Pfiuuuuh faut que je farfouille un poil dans mes vieilles notes, je dois avoir des références précises qui traînent quelque part, je chercherai ce week-end (je suis un peu bordélique....).

Mais ne te fais pas trop d'illusions, les références sur la phalange de Philippe sont plus que succintes, dispersées, isolées, d'interprétation difficile souvent... ce qui fait tout le plaisir de ce sujet, reconstituer beaucoup à partir de trois fois rien hu hu hu, quitte à émettre peut-être plus d'hypothèses qu'autre chose... Par exemple, l'origine triballe de la sarisse n'a pour base qu'une minuscule et unique allusion, une blessure de Philippe à la cuisse, blessé d'un coup de sarisse par un cavalier triballe en 339 ! Bref, beaucoup de feeling aiguisé par une immersion de longue haleine dans les sources contemporaines.

Le mieux est que tu te plonges dans les récits sur le règne de Philippe, principalement Diodore le livre XVI, et Justin, les livres VII-VIII-IX, ainsi que les discours de Démosthène (la série des Olynthiennes et des Philippiques surtout) et de ses contemporains.
A compléter avec quelques vies de Plutarque (Démosthène, Phocion, Pélopidas, Alexandre, Epaminondas aussi même s'il ne parle pas de Philippe) et des extraits dispersés des traités de tactique (Frontin, Polyen, Elien).

Pour la phalange macédonienne plus spécifiquement, le traité d'Asclépiodote décrit son organisation. Mais il faut s'en méfier, c'est de la théorie pur jus qui semble parfois très très éloigné de la réalité, et rien n'indique que la phalange de Philippe obéissait à ces principes. Polybe a quelques descriptions intéressante, mais beaucoup plus tardives là aussi, or la phalange a évoluée avec le temps.
Le sarcophage de Sidon du musée d'Istanbul donne une représentation graphique intéressante, légèrement postérieure au sujet.

Les premiers livres des historiens d'Alexandre sont également précieux, car ils décrivent l'armée héritée de Philippe, en particulier le livre I de l'Anabase d'Arrien avec son récit de la campagne de Thrace.

Je crois avoir fait le tour, malgré quelques oublis sans doute. Je tâcherai de te donner des références plus précises un de ces jours, si je les retrouve dans mon barda.


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Message Publié : 25 Juin 2007 12:12 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Je ne retrouve pas mon petit catalogue de référence, alors je te renvois à :

BRULE Pierre et OULHEN Jacques (éds.), La guerre en Grèce à l’époque classique, Rennes, 1999.
BRUN Patrice (éd.), Guerres et sociétés dans les mondes grecs : 490-322, Paris, 1999.
CORVISIER Jean-Nicolas. Philippe II de Macédoine , éd Fayard , 2002

Ils sont assez facile à trouver et disposent d’une bibliographie complète (sujet d’Agrégation en 1999, qui s’étend jusqu’à la mort d’Alexandre) et relativement récente sur la phalange macédonienne. Ils te renverrons sur des articles précis, surtout anglo-saxons (Pritchett, Markle etc.) qui te donnerons toutes les sources voulues sur la phalange de Philippe. Comme il y en a peu, ils utilisent tous les mêmes.
Tu verras vite que tous ceux qui se penchent sur la question ont une opinion foncièrement différente en s’appuyant sur les mêmes données. La tendance est grande de généraliser un état postérieur, afin d’avoir un peu de matière pour travailler, mais rien n’est moins sûr…

Une réponse définitive est illusoire. La reconstitution que je vous ai proposé est vraisemblable et n’est pas en contradiction avec les sources, mais est-ce la Vérité ?? Il y en a d’autres, tout aussi vraisemblable et conforme aux textes…

Le principal document est le récit de Diodore, XVI.3.1-2, qui décrit les réformes de Philippe à son accession au trône, avant d’entamer la description des campagnes :

« […] Il [Philippe] donna à ses troupes une meilleure organisation, perfectionna les armements et occupa les soldats à des exercices continuels pour les habituer à la guerre. Il imagina de donner plus d'épaisseur aux rangs, à l'imitation du synaspisme des héros de la guerre de Troie, et fut l'inventeur de la phalange Macédonienne. »

C’est à partir de lui que tout se construit, selon que tu lui accordes ou non ton entière ou partielle confiance.

1) Au premier degré, le problème peut-être considéré comme réglé : Philippe créé la Phalange la première année de son règne et grâce à elle repousse tous ses voisins. Dossier clos.

2) Mais dès que tu commences à réfléchir, des doutes apparaissent. La Macédoine est ruinée, envahie de toute part ; comment Philippe a-t-il pu trouver et le temps et l’argent pour une réforme d’une telle ampleur dans un laps de temps aussi court ? Or les principales sources sur Philippe sont très tardives, des compilateurs cultivés et passionnés, mais qui ne comprennent absolument rien aux affaires militaires (on est loin de Polybe, Ptolémée ou Thucydide), de sorte qu’ils ne décrivent jamais l’armée macédonienne. On a des détails seulement avec la bataille de Chéronée en 338, où les textes sont un peu plus abondant. Alors seulement apparaît la première mention d’une sarisse dans une armée macédonienne, et encore, elle est utilisée par la cavalerie, et non par l’infanterie. Un des Anglais précité va même jusqu’à considérer que les manœuvres de l’infanterie macédonienne à cette bataille seraient impossibles avec des sarisses (ils refusent le combat et reculent en bon ordre). A mon avis, il exagère, d’autant que cette manœuvre est sinon décrite avec précision, au moins mentionnée dans les exercices types de la phalange, pour les époques postérieures. Mais son opinion n’en reste pas moins valable, puisque nul ne peut prouver (vu l’indigence des sources) que les phalangites portent la sarisse à cette date !

3) Un obscur texte assez corrompu vient embrouiller un peu plus notre affaire. Je ne retrouve pas la référence exacte de la réforme d’Alexandre II (370-368). De mémoire, il était dit qu’Alexandre a réorganisé les fantassins en les groupant en unités et leur conférant le titre de « compagnon à pied » qui sera plus tard celui des phalangites. Mais le terme lui-même est une reconstitution, le texte étant corrompu. Ce qui réduit un peu plus la portée supposée du document. Mais certains s’appuient sur celui-ci pour faire remonter à Alexandre la création de la phalange. Ce que le texte ne dit pas, il a simplement valorisé les fantassins en les anoblissant en quelque sorte. Mais il est aussi le contemporain d’Iphicrate, avec lequel il a été en relation et fait campagne en Thrace, et qui a équipé ses peltastes de lances longues, ce qui a pu peut-être inspirer la (future ?) phalange macédonienne.

Toujours est-il que selon que tu valorises plus ou moins l’un ou l’autre de ces deux textes, toutes les combinaisons et les hypothèses sont possibles, et valables ! Tu peut aussi bien remonter à 370 que placer la réforme définitive entre 338 et 336, ou considérée qu’elle s’est étalée entre ces deux dates, etc.
La seule certitude, c’est que lors de la campagne de Thrace en 335, Alexandre dispose d’une armée de phalangites équipés de sarisses, très disciplinés, rompus à des tactiques collectives savantes et héritée de son père.

L’allusion à la sarisse triballe était dans une scholie à Démosthène de Didyme. Elle est citée par F. Papazoglou, The Central Balkan Tribes in Pre-Roman Times, Hakkert, Amsterdam 1978. Dans un combat contre les Triballes en 339, Philippe est blessé à la cuisse d’un coup de sarisse par un cavalier ennemi. C'est la toute première mention de cette arme, chronologiquement parlant.
On peut juste en conclure que en 339, les Triballes utilisaient cette arme, on n’en sait rien pour les époques précédentes. Pour ma part, je présume qu’ils la possédaient avant, et qu’ils ont influencé les Macédoniens. Mais à la rigueur, il tout aussi possible que les Triballes aient adopté la sarisse seulement vers cette date, en subissant l’influence macédonienne !

Quand à l’armement de cette phalange, là aussi tu peux imaginer beaucoup. Outre la sarisse déjà mentionnée, pour les boucliers et l’armement défensif, les choix sont tout aussi variés, selon que tu considères que le phalangite a évolué à partir de l’hoplite lourd pour s’alléger par la suite (je penche sur cette solution, les phalangites décrits par Arrien semblent avoir des boucliers plus larges et plus solides que celui décrit pour les époques postérieures, en particulier en 335 quand ils forment une espèce de « tortue » contre les chars thraces), ou du peltaste léger, qui se serait alors au contraire alourdit. Mais pour l’époque de Philippe, on n’en sait à peu près rien, les premiers indices provenant de l’époque d’Alexandre qui a modifié à plusieurs reprises l’armement de ses hommes. Quant à transposer l’armement décrit pas Polybe ou Asclépiodote, ça me semble un peu trop audacieux.

Bref, bon courage…


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Message Publié : 25 Juin 2007 14:37 
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Hérodote
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Verifier s'il n'y a pas des pistes dans :
M.B. Hatzopoulos, L'organisation de l'armée macédoinienne sous les Antigonides, Athènes-Paris 2001.

Il doit aussi y avoir des choses dans les ouvrages ou articles de S. Le Bohec.


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Message Publié : 25 Juin 2007 19:02 
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Hérodote
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Merci beaucoup pour toutes ces précisions et félicitations pour votre érudition . Voilà de quoi alimenter mes lectures estivales... :D


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Message Publié : 26 Juin 2007 8:11 
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L'un des auteurs de référence sur le sujet est V.D. Hanson et on peut trouver beaucoup de choses sur la question sur sa page web:

http://www.victorhanson.com/

Pour lui, ce n'est pas Epaminondas qui a mis au point la "phalange oblique", celle-ci ne serait que le fruit d'une évolution progressive qui n'était pas propre au demeurant aux Thébains ou aux Macédoniens seuls.

P. Lévêque et P. Vidal-Naquet dans Epaminondas pythagoricien ou le problème de la droite et de la gauche ont pour leur part démontré que ce changement tactique (la substitution de l'oblicité à la frontalité) n'était pas sans lien avec une évolution mentale plus générale dont l'impulsion serait à chercher chez les pythagoriciens.

_________________
"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).


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Message Publié : 27 Juin 2007 9:45 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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S'il y a eu une particularité de la réforme militaire dite de Philippe II, ne serait-ce pas plutôt dans les 2 aspects suivants :
- d'une part le rôle de la sarisse, arme particulière qui n'avait pas son équivalent dans les autres phalanges hoplitiques grecques ?
- l'utilisation de la cavalerie d'une façon beaucoup plus décisive que dans le combat hoplitique traditionnel ?

Pour reprendre l'image employée par de nombreux historiens militaires, l'armée de Phillippe et d'Alexandre reposait sur 2 piliers :
- la phalange qui servait d'enclume sur laquelle venaient se briser les assauts ennemis.
- la cavalerie qui servait de marteau.

Si vous me passez l'image. :wink:


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Message Publié : 29 Juin 2007 22:04 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Philippe a réformé la cavalerie, en particulier il serait selon Arrien l'inventeur de la formation en coin qui lui donne davantage de mobilité et de réactivité que la traditionnelle formation en carré ou rectangle des cavaliers grecs.
D'autre part, un de ses premiers soins fut de s'assurer le contrôle de la Thessalie et de se faire reconnaître chef de l'armée thessalienne, dont le principal intérêt réside dans la meilleure et la plus nombreuse cavalerie de Grèce. Alexandre a suivit exactement la même politique; à peine sur son trône instable, avant d'être reconnu hégémôn de la Grèce, son premier acte politique en 336 fut de s'offrir une campagne-éclair en Thessalie afin de s'y faire reconnaître chef de la confédération.
C'est donc une certitude, la cavalerie a eu un rôle capitale dans l'instauration de la puissance macédonienne.

Cependant, pour l'ensemble du règne de Philippe, les mentions de la cavalerie sont finalement rares. De même, s'il est vrai qu'Alexandre a un petit faible pour la cavalerie et que c'est à sa tête qu'il remporte les batailles du Granique, Isos et d'Arbèles, pour le reste de la campagne, l'infanterie se révèle finalement beaucoup plus utile. A titre d'exemple, lors de la campagne de Thrace, bien que 1500 cavaliers accompagnent Alexandre (pour peut-être 13-16 000 fantassins, soit la moitié de l'armée ou un peu moins), il ne se place à aucun moment à leur tête, à l'exception notable du raid contre les Gètes, qui n'est qu'un raid de pillage. Que ce soit contre les Thraces, contre les Triballes, ou contre les Illyriens, la cavalerie se retrouve réduite au mieux à un rôle de soutien dans la bataille (contre les Triballes, il la laisse d'ailleurs à Philotas, se plaçant lui même à la tête de la phalange, ce qui vu la personnalité d'Alexandre montre bien quelle arme remportera la victoire), au pire, ne sert à rien et n'est même pas mentionné (contre les montagnards de l'Haemos) ou est employée au ravitaillement (à Pélion). D'ailleurs l'ilê basilikê ne semble pas participer à la campagne (je me demande pourquoi ?? Où est-il ???)
Dans un siège ou dans une zone accidéntée, la cavalerie s'avère inutile. Or l'essentiel des campagnes de Philippe se livrent dans des zones montagneuses, et Philippe lui-même, contrairement à Alexandre, ne recherche pas la bataille rangée, toujours incertaine et dont un échec risque de réduire à néant toutes ses contructions politiques et sa réputation. Si la situation le permet, il préfère de loin un siège, et si la situation dégénère, il n'hésite pas à retraiter pour revenir l'année suivante ou la saison suivante et surprendre l'adveraire désorganisé: son armée professionnelle est beaucoup plus réactive que les lévées civiques grecques, pourquoi prendre des risques inutiles ?
Même la bataille de Chéronée, à titre d'exception, est intéressante. Certes, la cavalerie macédonienne est bien supérieure en nombre et en qualité à son homologue, et c'est bien par la vigoureuse charge d'Alexandre que commence la défaite grecque. Pourtant, Philippe choisit de se placer à la tête de l'infanterie, et non de la cavalerie qu'il délègue à son fiston chaperonné par de bons vieux officiers. D'autre part, c'est bien la manoeuvre et l'action de l'infanterie qui non seulement assure la victoire, mais surtout la complète, car la manoeuvre de l'infanterie macédonienne a empêché l'infanterie grecque de se replier et lui permet ainsi de faire autant de prisonniers-otages. Alexandre a beau se vanter haut et fort plus tard d'être l'artisan de la victoire, les vétérans sarcastiques continuent de rendre justice à Philippe des années plus tard encore.

La cavalerie va prendre ses lettres de noblesse avec Alexandre, surtout parceque l'adversaire et la stratégie ont changé. Il ne s'agit plus de soumettre et d'occuper, il s'agit de conquérir. Il ne s'agit plus de lutter contre des peuples libres et farouchement attachés à leur indépendance, mais de remplacer la domination perse par la domination macédonienne. Par conséquent, Alexandre va rechercher la bataille définitive qui lui assure sa légitimité et lui permet de soumettre sans trop de difficulté d'immenses territoires, batailles où la cavalerie peut donner le meilleur d'elle-même. C'est pourquoi par exemple il attaque au Granique, malgré des conditions peu favorables. Cette victoire lui livre presque à elle seule toute l'Anatolie, Isos lui livre toute la côte jusqu'à l'Euphrate, Arbèles lui livre le coeur de l'Empire et l'essentiel des Hautes Satrapies, le tout (presque) sans autre combat.
Mais dès qu'il doit combattre des adversaires indépendants (depuis les Pisidiens jusqu'aux Indiens), le rôle de la cavalerie se réduit à nouveau en faveur de son infanterie, avec des campagnes en milieu difficile, des sièges, des coups de mains etc.

Bref, la cavalerie macédonienne a assurément eu un rôle majeur dans les victoires macédoniennes, mais il ne faut pas non plus exagérer son importance, à mon avis. D'ailleurs, chez les diadoques, la cavalerie va perdre progressivement de son importance (sauf chez les Séleucides, mais sous l'influence d'autres traditions militaires), en particulier en Macédoine même, ou la proportion de l'infanterie ira croissante. Plus qu'un affaiblissement de l'armée macédonienne, je préfère y voir une adaptation aux conditions de la guerre dans les Balkans héllénistiques, rarement favorables aux évolutions de cavalerie.

"La" réforme de Philippe, c'est finalement beaucoup plus "des" réformes, aboutissant à la création d'une armée professionnelle unique en son temps, tant en qualité qu'en variété. Une infanterie lourde avec les 3000 hypaspistes, de l'infanterie légère (à ne pas négliger loin de là, ils participent à tous les combats) avec 2000 archers et 2000 Agrianes, et l'ilê Basilikê de 300 cavaliers.
A ce noyau, il rajoute en fonction des besoins et de l'urgence des levées et des alliés, voire des mercenaires, mais l'essentiel est dans leur permanence et leur entraînement. Philippe peut se permettre d'entamer une campagne à n'importe quel moment de l'année, en un temps record, mais avec des effectifs réduits. Démosthène s'en fait souvent l'écho, les Athéniens sont incapables de réagir à temps. Les Macédoniens ont systématiquement l'initiative stratégique face à leurs voisins.
D'autre part, la variété de l'armement et le degré de professionnalisation permet à cette armée d'opérer dans toutes les conditions avec efficacité, depuis la bataille rangée jusqu'au raid montagnard, en passsant par le siège d'une ville, un coup de main hivernal, etc. La phalange de Philippe n'est pas seulement capable de combattre en rang serré, les hypaspistes sont mobiles, efficaces aussi contre les peuples montagnards, redoutables dans les sièges, sans pour autant qu'il faille y chercher un armement différent du reste de la Phalange comme cela se dit parfois. C'est leur professionnalisation qui leur permet de réagir à des conditions difficiles, ce que les levées sans expérience de Pydna deux siècles plus tard décrites pas Polybe et Tite-Live ne sont pas capables de faire, bien évidemment.

Enfin n'oublions pas la création d'un corps d'ingénieurs militaires et l'existence d'un train de siège permanent; c'est une nouveauté révolutionnaire. Les Macédoniens sont parmi les tous premiers à être capables de prendre une ville d'assaut, et d'organiser un siège actif (et plus seulement un simple blocus).

Quant à l'ordre oblique, on peut juste constater que le père et le fils l'ont systématiquement utilisé quand il l'ont pu, dès que les sources décrivent une bataille... ce qui pour Philippe se réduit à l'unique exemple de Chéronée !! Mais une fois de plus, c'est bien encore le dégré de professionalisation de l'armée qui permet ces manoeuvres, bien plus savantes que celle de Leuctres.


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