J'ouvre un nouveau sujet sur Epiménide, mais la conversation a commencé dans "Homère a-t-il écrit l'Iliade et l'Odyssée"




C'est accorder une importance primordiale à Epiménide qui n'était qu'un prophète parmi d'autres. Paul le cite ici parce qu'avec son paradoxe, il fait figure d'exemple rhétorique parfait, que tout le monde connait, puisque de paradoxe est devenu un lieu commun. Paul est un juif de culture grecque, il respecte des règles élémentaires de la construction d'un discours (même s'il s'agit ici d'une "lettre", ces "lettres" étaient l'objet de diffusions publiques, et une façon parmi d'autres de diffuser ses idées).
Ici, Paul cherche à travers le bref exemple d'Epiménide à discréditer tous les faux prophètes. Il est d'ailleurs significatif que le nom même d'Epiménide ne soit pas cité : d'une part, Paul n'a pas besoin de le nommer, tant il est connu des "lettrés", d'autre part c'est une façon de donner à l'exemple une valeur universelle.



C'est une affirmation purement gratuite, on n'a retrouvé aucun écrit d'Epiménide. Certains textes très tardifs, datés de l'époque hellénistique, lui ont été attribués, mais dès l'antiquité, l'authenticité de ces textes était remise en question, ils ont été attribués à des penseurs du courant "orphique". Certes, le courant orphique se réclame d'Epiménide. Cependant, de la vie de ce personnage, on ne sait rien, que par voie indirecte. Il est surtout connu pour avoir purifié Athènes après le "sacrilège des Alcméonide" et aussi pour avoir dormi 57 ans. Un sommeil aussi long est aussi un lieu commun dans la tradition prophétique greccque : il permet d'être un vrai voyant, de passer dans l'Autre monde, celui de la connaissance divine (et des morts). On retrouve ce mythe du long sommeil entre autres dans la légendes des 7 Dormants d'Ephèse (et voyez comme le lien est facile, ces 7 Dormants auraient dormi dans une grotte, lieu de culte visité encore aujourd'hui. Les grottes ont ceci de fantastique que leur configuration naturelle permet de faire naître et fructifier nombre de fantasmes ).


-Dans le premier lien que vous donnez, qui est donc l'auteur du texte, je ne l'ai trouvé nulle part ! Il est consacré à la vie et l'oeuvre d'Apollonius, et à part le fait qu'on lui a attribué des écrits dit d'Epiménide, voici la seule phrase où il est question du Crétois :


J'ai du mal à saisir la pertinence du lien, parce que je ne vois pas ce qu'il démontre !


Dans le deuxième lien, une fort intéressante synthèse sur Pythagore et le pythagorisme, mais là encore, quel rapport avec Epiménide et la Crète ? Il y a bien la contemporanéité, je ne vois pas autre chose. Si, Pythagore a eu des disciples, mais son école de pensée a connu une toute autre fortune que celle d'Epiménide (dont les paradoxes sont d'ailleurs très tardifs)
Vraiment, la méthode de démonstration me laisse perplexe.


Quant au dernier lien, sur le disque de PhaÏstos, mis à part montrer les liens entre la Crète dite minoenne et le Proche Orient ancien, je ne vois pas trop ce qu'il fait dans ce sujet, que ce soit pour Homère ou pour Epiménide

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Ne parlez jamais sèchement à un Numide.

Le personnage a-t-il seulement existé ?
Le premier à le mentionner est Platon ; le second Aristote. Le problème ?
1) aucune source du Ve n’y fait allusion (en particulier Hérodote et Thucydide, qui pourtant mentionnent Cylon et la malédiction des Alcméonides), alors que les légendes postérieures lui donnent un très grand rôle dans la vie religieuse de la cité.
2) Platon et Aristote dressent un portrait complètement différent. Ils n’ont pas la même action, pas les mêmes idées, ne vivent même pas à la même époque (v500 pour Platon, v.600 pour Aristote). Mais Aristote, déjà, fait référence à certains de ses écrits.

Aussi, j’ai l’impression qu’entre Platon et Aristote, un malin a édité des œuvres apocryphes qui créent un personnage, personnage mythique sans grand rapport avec l’original (dont la principale caractéristique, dans Platon, tient à son régime alimentaire…) qui s’enrichira au fur et à mesure de nouvelles anecdotes, où plutôt, lui attribueront des anecdotes qui jusque-là ne lui étaient pas assignées. Je songe en particulier à ces histoires de purification : on retrouve exactement la même histoire à Athènes et à Sparte ! Avec chaque fois, la mise en valeur de l’amitié séculaire entre la cité et Cnossos, patrie d’Epiménide. Une espèce de lutte d’influence des deux rivales pour convaincre les Cnossiens de les favoriser, avec surenchère de part et d’autre…

On aboutit finalement au melting-pot de Diogène Laërce, avec un drôle de bonhomme extrêmement contradictoire, touche à tout, tantôt poète tantôt prosateur…

Une étude du vocabulaire et du style des rares extraits conservés a-t-elle permis de dater la rédaction de ces œuvres qui lui sont attribuées ?