Tentons un peu d'histoire fiction 8) On prête généralement à Philippe, s'il n'aurait pas croisé le chemin de Pausanias, de mettre en pratique le projet d'Isocrate. Ce dernier suggérait aux Grecs, unis autour d'un hégémôn (rôle qui fut celui de Philippe puis d'Alexandre) de se lancer à la conquête de l'Asie jusqu'au fleuve Halys (l'actuel Kizilirmak), afin de résoudre par la colonisation les problèmes humains des cités grecques et de réduire à la condition d'hilotes les autochtones. Si on ne peut pas préjuger des intentions de Philippe quant à ce dernier point, le fait qu'il était proche des généraux Parménion et Antipatros, qui se montreront favorables à des ambitions limitées sous Alexandre, me semble aller dans le sens qu'il se serait volontiers "contenté" de cette moitié occidentale de l'actuelle Turquie. N'oublions pas la part d'irrationnel dans l'aventure d'Alexandre. Or ce trait ne semble pas du tout avoir été présent chez Philippe, sans doute bien plus terre à terre. Face à la dislocation (inévitable) de l'empire d'Alexandre sous les diadoques, nombre d'historiens modernes estiment qu'un tel royaume, à cheval sur les détroits et ainsi conforme au projet d'Isocrate, aurait été plus viable. Ce fut le royaume qui était celui de Lysimaque à la fin de son règne, période brève qui marqua son apogée avant sa chute face à Séleucos. L'impossibilité qui fut constatée à gérer l'immensité du royaume de ce dernier semble aller dans le sens de la meilleure viabilité du royaume de Lysimaque.
Un dernier point, toujours dans le domaine de l'histoire fiction
Admettons que Philippe n'ait pas été assassiné... et que n'ait pas non plus été assassiné, à peu près au même moment, le roi achéménide Artaxerxès III Ochos. Ce dernier, souverain applacable d'une grande cruauté (voir sa reconquête de l'Egypte), était également semble t-il un grand stratège, qui aurait peut-être été à même de tenir tête à Philippe. De plus, s'il n'avait pas été assassiné, il n'y aurait pas eu cette période d'instabilité qui a duré deux ans et qui précéda l'avènement de Darios III. Ce dernier n'était sans doute pas la nullité souvent décrite, mais n'a pu que pâtir de l'état de désorganisation dans lequel il a récupéré le royaume achéménide. Malheureusement pour lui, c'est à ce moment là qu'a débarqué le "nouvel Achille".