Parmis ces éléments qui poussent à croire que "quelque chose", à savoir un conflit, s'est bien déroulé autour de Troie, hormis les récits homériques (à propos desquels on peut en effet appliquer l'adage selon lequel chaque légende a un fondement réel), nous avons les différentes découvertes archéologiques, ainsi que les données de la géographie.
Tout d'abord, concernant l'archéologie, les différentes fouilles menées depuis Schliemman ont mis à jour 10 niveaux (si je ne me trompe...) successifs, ce qui signifie donc que la ville a été construite et reconstruite un bon nombre de fois. Or, un de ces niveaux porte des marques de destruction par le feu. Il semblerait donc que la Troie de cette époque (dont les dates sont justement assez contemporaines de celles qu'on attribue généralement à la "guerre de Troie") ait été détruite de manière violente: cela aurait pu être suite à un incendie "accidentel", mais cela peut aussi bien-sûr être suite à la prise de la ville lors d'un conflit. Et comme on le sait, on ne faisait généralement guère de quartier aux cités vaincues durant l'Antiquité (Carthage et Corinthe, un millénaire plus tard, pouvant en témoigner).
Concernant la géographie, on ne peut qu'être frappé par l'excellence du site. Voilà une ville située sur une colline (du moins pour son acropole) et dominant le débouché d'un détroit, en l'occurence les Dardanelles (l'antique Hellespont). Détroit d'une grande importance d'ailleurs, car dès une époque très reculée, les Grecs importaient une grande quantité de céréales en provenance de l'actuelle Ukraine par la voie maritime. Dès lors, une cité ainsi située ne pouvait qu'être tentée de faire payer des droits aux navires franchissant ce détroit. Et bien souvent, si le "contrat" ainsi passer peut durer un temps, il finit par être rompu, les uns ayant naturellement tendance à augmenter les droits de passage et les autres, tout aussi naturellement, à dénoncer un tel état de fait. De plus, les avantages de la situation stratégique de Troie, non seulement surplombant l'Hellespont, mais aussi à la croisée des routes commerciales reliant Orient et Occident, devaient en faire une ville enrichies par ses activités de négoce et de transit(son or en témoigne, et là, contrairement à Mycènes, l'explication de relations poussées avec l'Egypte joue sans doute moins que celle de l'enrichissement commercial). Une telle ville devait donc attirer bien des convoitises. Et quand on sait que l'économie (envisagée en tant que mode de création de richesse) de l'époque était essentiellement caractérisée par le pillage des possessions d'autrui (la notion d'investissement étant inexistante), les expéditions de razzia étaient sans doute foison. Mécontentement au sujet de droits de passages considérés comme exhorbitants, convoitises, et peut-être même sentiment de sujétion face à une cité rayonnant de sa propérité, les raisons ne manquaient vraissemblablement pas de s'en prendre à la cité troienne.
Mais il est vrai que si l'on peut faire bien des hypothèses, tous ces éléments ne peuvent que nous "pousser à croire", et non à "affirmer". Mais le mystère n'est-il pas le charme principal du mythe, et ce dernier ne serait-il pas trop dénaturé si le "voile" tombait?
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