Tschussie a écrit :
l'apophora c'est la redevance que paye l'esclave en vue de sa libération
Non, il n’y a pas de lien direct entre l’apophora et l’affranchissement. L’apophora est un tribut, un part fixe payée par l’esclave, mais elle ne rembourse pas le maître. Ou pourrait presque dire de manière imagée que l’esclave paie la location de son propre corps !
Mais cela sous entend que tous les bénéfices supplémentaires reviennent de droit à l’esclave, qui les utilisent comme il le souhaite. S’il gagne bien sa vie et qu’il est motivé, il peut petit à petit économiser une cagnotte pour s’affranchir un jour, mais il peut aussi très bien décider de s’offrir des friandises, un bon steak bien juteux, un chiton plus seyant ou un bijou pour sa femme ! Un esclave qui paie l’apophora n’est pas automatiquement un futur affranchi, il a simplement la possibilité s'il le souhaite de faire des économies.
Tschussie a écrit :
L'esclave qui paye l'apophora, il la paye en grains s'il est paysan, en métal s'il est mineur, et en monnaie s'il le peut
On n’en sait rien. A priori, à Athènes, l’apophora se paie uniquement en argent, je ne crois pas qu’un texte mentionne un autre mode de paiement, en nature, même si ce n’est pas impossible.
Tschussie a écrit :
Je répète : si la seule révolte servile athénienne a lieu dans les mines, c'est bien parce que les conditions de travail y sont très dures et que les possibilités de libération beaucoup plus faibles qu'ailleurs (dans la ville avec l'artisanat etc).
Ta répétition est plus acceptable que l’originale car beaucoup moins outrée. Je ne suis pas convaincu par « les possibilités de libération plus faibles qu’ailleurs », puisqu’une partie d’entre eux paient l’apophora, et donc sont susceptibles de s’affranchir un jour. Je n’ai pas l’impression que les possibilités soient plus ténues que pour un ouvrier agricole par exemple.
Les conditions de travail difficiles contribuent bien entendu au grand nombre de désertions. Mais j’y ajouterait aussi deux autres facteurs:
Primo, la concentration.
Secondo, une explication plus conjoncturelle. En 413, Athènes est en guerre depuis plus de 20 ans, et les prisonniers de guerre sont employés dans les mines (je songe à l’évasion d’un Lacédémonien ou d’un Syracusain, je ne sais plus, cité par Xénophon au moment du transfert vers les mines). Auparavant, les mineurs étaient essentiellement des esclaves peu cher, peu qualifiés, bref, des bras raflés à l’étranger (Thraces, Scythes, Cariens, etc.) sans talents particuliers. Un esclave barbare n’a rien à espérer d’une évasion, si ce n’est passer le reste de sa vie la faim et la peur au ventre, en se faisant bandit de grand chemin. Pas terrible comme avenir, au moins l’esclave gagne sa soupe tous les jours et a la possiblité d’avoir une famille… En 413, après 20 ans de guerre, une large partie des mineurs doivent être des Grecs. Or, pour un Sicyonien, un Béotien, un Laconien, etc., une fois quittée l’Attique, une famille, une patrie les attendent et leur offre un avenir beaucoup plus brillant. La chute de Décélie ouvre une brèche dans la ceinture de forts surveillant l’Attique, mais aussi empêchant les esclaves de la quitter. D’où les désertions massives à ce moment d’esclaves que je soupçonne Grecs et récents, qui regagne leur pays et leur ancienne situation.