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 Sujet du message : Article sur l'esclavage
Message Publié : 11 Fév 2008 16:15 
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Polybe
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Inscription : 18 Juin 2007 16:26
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Bonjour,
Je viens de lire un article de Raymond Descat sur "La place de l'esclavage dans la société et l'économie grecques à l'époque classique". Un point de son argumentation m'est apparu moins solide (sans doute parce que j'ai mal compris, ou par manque de place) : pour lui, l' apophora ne désigne pas spécifiquement la redevance payée par un esclave "vivant à part" (chôris oikôn), mais tous les types de revenus tirés de l'esclave par le maître. Il cite pour étayer son propos le Pseudo-Xénophon, qui dit : "l'intérêt de notre fortune nous oblige à être les esclaves de nos esclaves afin de parvenir à leur faire payer des apophorai". Selon Raymond Descat, cette citation s'applique à tous les types d'esclaves, et pas exclusivement aux chôris oikountes, et, par conséquent, le terme d'apophora ne peut s'appliquer qu'à la redevance que ne payaient que ces derniers.
Ne peut-on pas penser, cependant, que la formule du Pseudo-Xénophon ne soit qu'un raccourci littéraire, ou même une confusion fortuite ? Existe-t-il d'autres éléments permettant d'étayer (ou d'infirmer) l'hypothèse de M. Descat ?


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Message Publié : 11 Fév 2008 17:54 
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Polybe
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Je ne comprends pas la citation de pseudo-Xénophon. Pourrais-tu développer ?

D'après ce que j'ai compris et retenu de mes lectures, l'apophora est le revenu versé au maître par un esclave vivant en dehors de l'oikos. C'est aussi la quote-part des récoltes versée par les hilotes au citoyen qui jouit de la terre exploitée par ceux-ci.

En dehors de ces deux cas, je ne vois pas quels autres revenus (apophorai) un esclave pourrait verser à son maître ?[/i]


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Message Publié : 11 Fév 2008 22:13 
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Polybe
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Inscription : 02 Jan 2008 11:12
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Bon je suis allé voir l'article de Descat et je dois dire que le passage que tu cites n'est vraiment pas clair.
Je suis donc allé voir ce que disait Yvon Garlan dans Les hilotes à propos de notre sujet. Il s'appuie essentiellement sur deux sources pour définir l'apophora (Plutarque et un poème de Tyrtée) mais il n'évoque pas le passage de Pseudo-Xénophon.

En tout cas, Yvon Garlan définit l'apophora comme un "système particulier d'exploitation du travail servile".

Ce système existe sous deux formes.
A Athènes et en Egypte, c'est un tribut périodique payé au maître par un esclave exercant des activités indépendantes. Par exemple, l'athénien Timarchos possédait 10 esclaves pratiquant le métier de tanneur et lui rapportant chacun 2 oboles par jour. S'il est payé par un citoyen qui louerait à Timarchos ces esclaves, c'est un misthos. S'il est payé directement par les esclaves c'est une apophora.
A Sparte, c'est une quote-part de 50% des récoltes (d'après Tyrtée) versée au maître (par raccourci de langage car les hilotes sont la propriété de l'Etat).

Pour Garlan, ces deux réalités obéissent à la même logique que l'on peut qualifier à Athènes comme à Sparte d'apophora. Dans un cas comme dans l'autre, ce sont des redevances fixes, l'une est versée en argent, l'autre en nature.

PS : si quelqu'un a le texte complet de Pseudo-Xénophon, Thersite ? :)


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Message Publié : 12 Fév 2008 1:35 
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Pierre de L'Estoile
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Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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A ton service ! :wink:
C'est un extrait de la République des Athéniens, § 11. Je ne l'ai malheureusement pas en format papier, mais le texte grec (et une traduction) sont disponibles sur Hodoi.

Il me semble que le texte de Xénophon est loin d'être généralisable: il s'en prend uniquement à cette petite élite d'esclaves enrichis par le commerce. Rien ne m'indique que ces esclaves ne sont pas des "vivants à part". Loin de là, leur train de vie m'incite à penser le contraire.
Pour le cas athénien, les exemples les plus nets que j'ai trouvé s'appliquent à ces cas là, que ce soit les ouvriers du cuir et leur contremaître cité par Eschine, contre Timocrate.97, ou l'esclave de Dioclide travaillant au Laurion, cité par Andocide, Sur les Mystères.38, les paysans d'Aristote, Politique II.1264a. Tous semblent bénéficier d'une large liberté contre paiement de cet apophora, et dans les deux premiers exemples donnés (complétés par Théophraste, Caractères.30.15), cette redevance est en argent, non en nature.

L'argumentation de Descat semble effectivement légère, sans document plus sûr que [Xénophon].


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Message Publié : 12 Fév 2008 8:45 
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Polybe
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Inscription : 02 Jan 2008 11:12
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J'ai trouvé le texte complet, ma traduction est très différente de celle utilisée par Descat :

" Dans un pays dont la marine fait la puissance, l'intérêt de notre fortune nous oblige à être au service de notre cheptel humain. Nous devons toucher les redevances qu'ils percoivent pour nous et pour cela les laisser libres."

Trad. de E. Belot de pseudo-Xénophon, La république des Athéniens.

Cette traduction est bien plus éloquente. Il faut toutefois garder à l'esprit certaines choses.
D'abord, Pseudo-xénophon, aussi appelé le "vieil oligarque" critique cette société où l'on ne reconnaît plus le citoyen de l'esclave. Notons que dans son argumentation, il ne parle que de ces esclaves vivant en dehors de l'oikos. Il nous présente de façon exagérée l'esclavage athénien car son but est de convaincre de la perte des valeurs dans sa cité.
Ensuite, cette analyse ne s'applique dans le texte qu'à Athènes et pseudo-Xénophon souligne bien cette spécificité "nulle par ailleurs leur insolence ne va plus loin qu'à Athènes".

Donc, comme l'a dit Thersite, la conclusion de R. Descat ne saurait s'appuyer que sur cet auteur.


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Message Publié : 13 Fév 2008 22:18 
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Polybe
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Inscription : 18 Juin 2007 16:26
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Pardon, je n'ai pas eu le temps de répondre, récemment. En revanche, j'ai lu vos réponses avec un grand intérêt. :D
Dans son article, Raymond Descat se place à contre courant de l'historiographie dominante, qui considère que l' apophora était spécifiquement la redevance versée par un esclave vivant à part à son maître. Il semble que, sur ce point et à la lumière de vos informations, son argumentation ne soit pas viable.
L'article reste tout de même fort intéressant, car il a le mérite de remettre en question, entre autres, ce que l'on sait des rapports juridiques entre maîtres et esclaves à l'époque classique.
Je vous remercie pour vos précieuses contributions... :wink:


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Message Publié : 14 Fév 2008 1:32 
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Salluste
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choris oikountes : esclaves de la chora, la campagne, le territoire, esclaves qui exercent une activité sur cette chora-campagne ; exemple : esclaves au champ, esclaves domestiques etc etc.
Je ne suis pas spécialiste, mais je fais la différence entre plusieurs types d'esclaves :
-l'esclave public
-l'esclave domestique
-l'esclave mineur.
Ce sont les trois grandes catégories que je connais.
L'esclave mineur mourait dans les mines.
L'esclave public avait une place privilégiée.
L'esclave domestique avait un sort qui dépendait entièrement du maitre. Il pouvait le maltraiter comme le traiter très bien ou le libérer... Il était donc soumis entierement au bon vouloir du maitre.
A partir de là, certains maîtres acceptaient que leurs esclaves leur payent une redevance (apophora) en échange de leur travail (la plupart du temps en atelier : cordonnerie, tannerie etc). C'était un contrat, un pacte tacite qui liait l'esclave à son maitre : l'esclave payait jusqu'à ce qu'il se soit racheté lui-même. C'est ce que je crois savoir. Mais, à partir de là, le maitre pouvait très bien estimer que l'esclave n'était pas apte à payer l'apophora, lapophora n'est donc pas obligatoire, à mon avis elle est très répandue mais pas universelle.
Mais, l'appophora permettait au maitre d'agiter une carotte en echange de la docilitéd e l'esclave (tu te tiens tranquille et je te laisserai te racheter). Ainsi, on explique les absences de révoltes serviles à Athènes.

On explique aussi la révolte de Décélie de 413, quand l'arrivée spariate entraine le reflux des forces athéniennes et permet donc à 10.000 esclaves des mines du Laurion de s'évader tout simplement. On comprend qu'ils s'évadent en brisant leurs chaînes avec leurs outils, puisque, pour eux c'était l'évasion ou la mort dans les mines...

Donc quand Descat dit l'apophora se limite aux choris oikountes, je ne vois pas ou il se trompe. En fait, il a raison à mon avis, puisque les esclaves publics sont esclaves à vie (ils sont bien traités), pour eux donc l'apophora est inutile (aucun espoir de libération) ; pareil pour les esclaves du Laurion qui sont condamnés à mort dans les mines (pour eux aussi le rachat est impossible) ; il reste donc les esclaves domestiques qui peuvent par leur travail racheter leur liberté et auxqules donc s'appliquent l'apophora.

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partout où les jeunes gens savent rougir de ce qui
déshonore, et se porter avec audace à tout ce qui est glorieux; partout où ils craignent bien
plus le blâme que le danger, là sont les hommes les plus redoutables à leurs ennemis


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Message Publié : 14 Fév 2008 3:04 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Tschussie a écrit :
Donc quand Descat dit l'apophora se limite aux choris oikountes, je ne vois pas ou il se trompe.


Euh… Il dit l’inverse, et c’est ce qui nous fait discuter ses arguments :
Talant a écrit :
pour lui, l'apophora ne désigne pas spécifiquement la redevance payée par un esclave "vivant à part" (chôris oikôn), mais tous les types de revenus tirés de l'esclave par le maître.


Tschussie a écrit :
les esclaves du Laurion qui sont condamnés à mort dans les mines (pour eux aussi le rachat est impossible)


Caricatural, et faux. Andocide, Sur les Mystères.38 : « Dioclide disait avoir aux mines du Laurium un esclave dont il devait aller toucher l’apophora ». Pour récupérer sa part, Dioclide part à l’aube, donc son esclave vit à part et loin de lui.
Par ailleurs, les mines d’argent ne sont certes pas très agréables comme travail, les boyaux petits, les conditions de sécurité faibles, mais ce n’est pas un bagne avec des fer aux pieds. Cela a pu arriver pour quelques uns, selon les individus et le contexte, mais il faudrait éviter de généraliser. On estime à 20 ou 30 000 hommes à la fin du Ve travaillant dans ces mines, c’est loin d’être des « condamnés à mort ». De nombreux esclaves sont loués par des particuliers à des concessionnaires pour un temps limité, et des hommes libres y travaillaient aussi, même s’ils sont minoritaires. Les conditions de vie ne sont pas ignobles : l’esclave de Dioclide est indépendant, et Xénophon, Revenus IV.22 nous parle des ouvriers vieillissant dans les mines, la mortalité ne doit donc pas être aussi élevée qu’on veut le faire croire, en dépit des conditions de travail, qu'il faut bien séparer des conditions de vie.


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Message Publié : 14 Fév 2008 8:10 
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Polybe
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Inscription : 02 Jan 2008 11:12
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Les trois catégories d'esclaves que tu définis appartiennent au type de l'"esclave marchandise".
On lui oppose l'esclave de type hilote qui est lié à la terre et que l'on rencontre en Laconie, en Argolide, en Thessalonique et en Crète.

L'absence de révoltes serviles à Athènes s'explique certes par la possibilité d'affranchissement (mais celle-ci existe aussi à Sparte) et d'enrichissement. Mais elle s'explique aussi et peut être surtout par l'absence d'alternatives suite à une révolte.
Là où les hilotes messéniens pouvaient revendiquer leurs terres, les esclaves marchandises n'avaient aucune échappatoire.


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Message Publié : 14 Fév 2008 18:40 
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Salluste
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Inscription : 04 Déc 2007 21:14
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Un excellent texte : http://www.clioweb.free.fr/peda/esclavw.doc. Autres liens : http://www.ancientlibrary.com/smith-dgra/0111.html et http://dagr.univ-tlse2.fr/sdx/dagr/feuilleter.xsp?tome=1&partie=1&numPage=333&nomEntree=APOPHORA

S'il comprend apophora comme l'ensemble des revenus ramenés par un esclave, quelqu'un peut-il me dire en quoi consistent ces revenus dans le détail svp ? Parce qu'à part l'apophora, je ne vois pas quel revenu les maitres peuvent tirer de leurs esclaves...

Je répète : si la seule révolte servile athénienne a lieu dans les mines, c'est bien parce que les conditions de travail y sont très dures et que les possibilités de libération beaucoup plus faibles qu'ailleurs (dans la ville avec l'artisanat etc). Il n'y a pas de hasard.

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Message Publié : 14 Fév 2008 19:15 
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Polybe
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Inscription : 02 Jan 2008 11:12
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Les 20 000 esclaves du Laurion ne se sont pas révoltés. Ils se sont simplement enfuis car l'occasion s'est présentée après la prise d'une partie de l'Attique par Sparte.


J'ai réfléchi un peu à la question des revenus que pouvaient apporter un esclave à son maître.
J'en ai trouvé quatre dont deux que j'ai déjà développés plus haut :
-> la quote-part des récoltes versée par les eslaves type hilotes
-> la redevance de quelques oboles versée par l'esclave indépendant
-> le troisième serait la rente versée par un esclave régisseur à son maître qui s'est éloigné de ses activités comme l'intendant qu'employait Périclès, ou celui utilisé par Nicias et qui lui rapportait 10 talents par an.
-> le quatrième proviendrait de la location ponctuelle d'esclaves de l'oikos lorsque l'activité le permet. A ma connaissance, aucune source n'évoque directement ces prêts ou locations d'appoint mais il me paraît évident qu'elles aient existé.
Je n'en vois pour l'instant pas d'autres.

Mais de toutes façons, ce débat sur la nature exacte de l'apophora ne me semble pas essentiel pour les concours que nous préparons. Que ces pratiques soient qualifiées d'apophora ou pas, le plus important consiste à les connaître et à savoir les expliquer.


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Message Publié : 14 Fév 2008 19:50 
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Salluste
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Inscription : 04 Déc 2007 21:14
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Je ne passe pas les concours.
Mais les exemples de revenus que vous citez sont tous ratachables à l'apophora puisque l'apophora c'est la redevance que paye l'esclave en vue de sa libération. L'esclave qui paye l'apophora, il la paye en grains s'il est paysan, en métal s'il est mineur, et en monnaie s'il le peut, bref comme il s'agit de racheter sa liberté, il la paye, de quelque manière que ce soit.
La théorie de Descat est peut-être de dire : apophora = revenus de l'esclave, et non taxe en vue de libération ou rachat de liberté ; au quel cas, il part du principe que la libération se fait au bon vouloir du maître, sans rachat. Ce serait pas bête, il profiterait du "vide juridique" en la matière.

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Message Publié : 15 Fév 2008 9:16 
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Pierre de L'Estoile
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Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Tschussie a écrit :
l'apophora c'est la redevance que paye l'esclave en vue de sa libération

Non, il n’y a pas de lien direct entre l’apophora et l’affranchissement. L’apophora est un tribut, un part fixe payée par l’esclave, mais elle ne rembourse pas le maître. Ou pourrait presque dire de manière imagée que l’esclave paie la location de son propre corps !
Mais cela sous entend que tous les bénéfices supplémentaires reviennent de droit à l’esclave, qui les utilisent comme il le souhaite. S’il gagne bien sa vie et qu’il est motivé, il peut petit à petit économiser une cagnotte pour s’affranchir un jour, mais il peut aussi très bien décider de s’offrir des friandises, un bon steak bien juteux, un chiton plus seyant ou un bijou pour sa femme ! Un esclave qui paie l’apophora n’est pas automatiquement un futur affranchi, il a simplement la possibilité s'il le souhaite de faire des économies.

Tschussie a écrit :
L'esclave qui paye l'apophora, il la paye en grains s'il est paysan, en métal s'il est mineur, et en monnaie s'il le peut

On n’en sait rien. A priori, à Athènes, l’apophora se paie uniquement en argent, je ne crois pas qu’un texte mentionne un autre mode de paiement, en nature, même si ce n’est pas impossible.

Tschussie a écrit :
Je répète : si la seule révolte servile athénienne a lieu dans les mines, c'est bien parce que les conditions de travail y sont très dures et que les possibilités de libération beaucoup plus faibles qu'ailleurs (dans la ville avec l'artisanat etc).

Ta répétition est plus acceptable que l’originale car beaucoup moins outrée. Je ne suis pas convaincu par « les possibilités de libération plus faibles qu’ailleurs », puisqu’une partie d’entre eux paient l’apophora, et donc sont susceptibles de s’affranchir un jour. Je n’ai pas l’impression que les possibilités soient plus ténues que pour un ouvrier agricole par exemple.

Les conditions de travail difficiles contribuent bien entendu au grand nombre de désertions. Mais j’y ajouterait aussi deux autres facteurs:
Primo, la concentration.
Secondo, une explication plus conjoncturelle. En 413, Athènes est en guerre depuis plus de 20 ans, et les prisonniers de guerre sont employés dans les mines (je songe à l’évasion d’un Lacédémonien ou d’un Syracusain, je ne sais plus, cité par Xénophon au moment du transfert vers les mines). Auparavant, les mineurs étaient essentiellement des esclaves peu cher, peu qualifiés, bref, des bras raflés à l’étranger (Thraces, Scythes, Cariens, etc.) sans talents particuliers. Un esclave barbare n’a rien à espérer d’une évasion, si ce n’est passer le reste de sa vie la faim et la peur au ventre, en se faisant bandit de grand chemin. Pas terrible comme avenir, au moins l’esclave gagne sa soupe tous les jours et a la possiblité d’avoir une famille… En 413, après 20 ans de guerre, une large partie des mineurs doivent être des Grecs. Or, pour un Sicyonien, un Béotien, un Laconien, etc., une fois quittée l’Attique, une famille, une patrie les attendent et leur offre un avenir beaucoup plus brillant. La chute de Décélie ouvre une brèche dans la ceinture de forts surveillant l’Attique, mais aussi empêchant les esclaves de la quitter. D’où les désertions massives à ce moment d’esclaves que je soupçonne Grecs et récents, qui regagne leur pays et leur ancienne situation.


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Message Publié : 15 Fév 2008 15:52 
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Polybe
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Inscription : 18 Juin 2007 16:26
Message(s) : 76
Thersite a écrit :
Un esclave barbare n’a rien à espérer d’une évasion, si ce n’est passer le reste de sa vie la faim et la peur au ventre, en se faisant bandit de grand chemin. Pas terrible comme avenir, au moins l’esclave gagne sa soupe tous les jours et a la possiblité d’avoir une famille…


Toujours dans le même article, R. Descat dit en effet que s'ils étaient peu nombreux, les unions entre esclaves existaient. Mais il dit aussi, ailleurs, que l'esclave se caractérisait par une "mort sociale". Quels pouvaient donc être le degré et/ou les modalités de la reconnaissance sociale et juridique de ces unions ? Peut-on, par exemple, parler de mariage stricto sensu ?
(Je m'éloigne un peu des apophorai ; peut-être devrais-je ouvrir une nouvelle discussion ?)


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Message Publié : 15 Fév 2008 17:02 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 11 Juin 2007 19:48
Message(s) : 2289
Je n’aurai pas dû employer le mot mariage ; disons vie de couple, voire vie affective. :wink:

A ma connaissance, l’esclave athénien n’a aucun droit au mariage, et les couples éventuels ne sont pas protégés juridiquement. Libre au maître de les tolérer ou non.

Maintenant, dans la pratique, les couples devaient être assez courant, en particulier pour ces esclaves semi-indépendants, qui selon ps-Xénophon, « vivent dans le luxe ». J’ai le vague souvenir de familles esclaves pêcheurs, dans les Lettres d’Alciphron, à vérifier. La rareté des exemples de couples esclaves me semble plus lié à la carence et au désintérêt des sources qu’à une situation réelle, mais ce n’est qu’une impression. Je suis curieux d’entendre des avis plus autorisés et mieux documentés.
D’ailleurs, quelle est la proportion homme / femme parmi les esclaves athénien ? Une telle estimation est-elle même possible ?


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