Non, c'est une légende, ou fantasme des Grecs, qui ont brodés plusieurs mythes sur ces femmes guerrières, placée un peu partout selon les besoins du poète (du Caucase à la Thrace, en passant par l'Asie centrale et le Sahara...).
L'archéologie ne connait aucune civilisation féminie, et aucun écrivain antique n'a jamais rencontré d'Amazones, ils ne font que colporter des on-dit. Les soit-disants rencontres d'Alexandre avec les Amazones sont typiques de ce style d'exagération rhétorique ou héroïque. Une anecdote à la fois symptomatique et amusante, contée par Plutarque dans la
Vie d'Alexandre.46:
On ajoute que, plusieurs années après, Onésicritos lisant à Lysimaque, qui était déjà roi, le quatrième livre de son Histoire d'Alexandre, dans lequel il racontait la visite de l'Amazone, Lysimaque lui dit en souriant : «Et moi, où étais-je donc alors?»Lysimaque était pourtant alors garde du corps d'Alexandre
Mais il y a tout de même un fond de vérité. Les grandes invasions de l'Ionie par les "Amazones" sont en fait un souvenir des invasions scythes ou cimmériennes des VIIIe-VIIe qui ravagèrent l'Asie-Mineure. Tous sont des peuples de cavaliers archers, avec les mêmes armes et les mêmes habits, etc., l'iconographie des Amazones s'inspirant directement du costume scythe. De cette véritable invasion découle la légende, qui ensuite à continué à se développer et s'enrichir selon l'imagination des poètes, cette fois sans le moindre lien avec l'histoire.
Quant à cette histoire de sein tranché, il apparait assez tard me semble-t-il, et provient tout simplement de leur nom décomposé: le sein se dit
mazos en grec, précédé d'un
a- privatif. Mais là n'était sans doute pas le sens d'origine puisque cette caractéristique remarquable est inconnue des plus anciens auteurs. Et le préfixe a- peut aussi avoir d'autre sens, copulatif par exemple, ce qui revient à les appeler "celles qui ont des seins", assez logique pour les une peuplade exclusivement féminine. A remarquer au passage que certains érudits antiques les montrent moins barbares, imaginant plutôt qu'elles se comprimmaient les seins par des bandages serrés dès leur plus jeune âge qui empêchaient le développement de la gorge.
Bref, une jolie légende qui a ufur et à mesure s'en enrichit de nouvelles anecdotes pour répondre aux questions qu'elles soulevaient...