Pour connaitre le cheval grec, je ne peux que renvoyer à l'incontournable
Traité d'Equitation de Xénophon.
Intéressante aussi, une thèse de doctorat vétérinaire de 2001, de Mme Ménard, consacrée à l'étude de quelques fragments d'Apsyrtos et Théomnestos, extraits traduits pour la cause.
http://www.bium.univ-paris5.fr/histmed/asclepiades/pdf/dmenard.pdfBill a écrit :
Y avait-il des élevages
Sans doute, mais sans certitude absolue, cela dépend de l'ampleur auquel tu réserves le mot "élevage". En tout cas, Xénophon déconseille au cavalier d’élever lui-même un poulain et invite à confier cette tâche à un professionnel, qui fait donc figure d’éleveur (avec contrat écrit et tout le tsoin-tsoin) et s’occupait sans doute de plusieurs poulains pour différents maîtres. Par ailleurs, toujours à Athènes, le cheval était fournit par l’Etat, ce qui suppose l’existence de Haras publics, attestés à coup sûr à l’époque hellénistique dans les monarchies macédoniennes.
Bill a écrit :
Pouvait-on vraiment s'enrichir
Assurément, un bon cheval coûte une fortune ! Par exemple Philonicos, qui vend Bucéphale à Philippe pour Alexandre, empoche la modique somme de … 13 talents !! Les chevaux de courses réputés atteignaient eux aussi des records, en particulier pour les champions au pedigree bien établit… Je songe aux attelages d'Alcibiade par exemple.
Par ailleurs, la consommation de chevaux en temps de guerre était très importante, par conséquent, les prix devaient grimper et le marché en une telle époque particulièrement juteux.
Bill a écrit :
Des éleveurs pouvaient-ils suivre une armée pour lui fournir des chevaux?
Non, ce n’est pas le rôle de l’éleveur, mais des marchands servent d’intermédiaire. Par ailleurs, chaque armée (en tout cas l’armée macédonienne sous Alexandre) dispose d’un officier chargé de collecter des chevaux et de les répartir au sein des unités, il avait même pouvoir en cas de nécessité de confisquer au nom du roi les officiers bien pourvus pour les répartir (cf. la défense d’Amyntas lors du procès de Philotas).
Bill a écrit :
Existait-il aussi d'autres sports ou jeux avec des chevaux, autres que des courses?
Les jeux d'adresse étaient courant, pour les chars comme pour les cavaliers. Xénophon donne quelques exemple aussi de combats simulés.
Clio a écrit :
Pas de cheval de trait en Grèce.
Je ne serais pas aussi catégorique. Le cheval n’est pas exclusivement réservé à la guerre; même s’ils sont rares, ses emplois comme bête de somme ou de trait sont attestés (je songe de mémoire à certaines scènes de labours de Xénophon). Il est vrai cependant qu’il n’y a pas à ma connaissance de race spécifique réservés à cet emploi, et que d’une manière générale, le mulet plus résistant et moins difficile remplit ces tâches ingrates.
Clio a écrit :
A l'époque classique, la Thessalie était l’une des rares régions de Grèce où l’on pouvait pratiquer l’élevage des chevaux
L’élevage est universel dans le monde grec (ainsi, les coursiers laconiens ou attiques étaient réputés), simplement certaines régions se prêtaient mieux à un élevage massif, combinant pâturages verdoyants et plaine. Mais la Thessalie n’en a pas l’exclusivité : la Béotie a toujours été une terre à chevaux, la cavalerie aitolienne est réputée, sans oublier pour le monde colonial les célèbres Tarentins qui donnèrent leur nom à un type d’unité de combat, ou la Sicile qui entretient tout au long de son histoire de gros corps de cavalerie lourde et légère.
Par ailleurs, il me semble que le nombre et la réputation de la cavalerie thessalienne tienne au moins autant à des critères politiques (très vieilles oligarchies) qu’à des critères naturels, l’un et l’autre de toute façon liées.
Clio a écrit :
les effectifs restent très modestes
C’est discutable. Cela dépend en fait de l’échelle de comparaison. Par rapport à l’Italie, la Grèce n’a pas vraiment à rougir.
L’armée athénienne maintient un rapport de 1/10 par rapport aux hoplites, à peu près autant que la Macédoine, tandis que en Béotie ou en Thessalie, le rapport se monte à 1/8 et 1/6 (de mémoire). Finalement, seul le Péloponnèse, encore et toujours, se différentie par l’énorme disproportion par rapport aux hoplites. Par ailleurs, si l’infanterie reste toujours largement dominante, même en Thessalie, les effectifs sont finalement tout à fait honorables. 1000 à 1200 cavaliers pour la seule cité d’Athènes. 1800 cavaliers thessaliens accompagnent Alexandre, ce qui suppose au moins un chiffre équivalent restés au pays. Pour la Macédoine, 2400 Compagnons, auxquels s’ajoutent les Prodromoi eux aussi (en partie) macédoniens. A comparer par exemple aux effectifs de cavalerie romaine à l’époque républicaine.
Ce n’est pas des armées de cavaliers, certes, mais elle n’est pas aussi négligeable que l’on voudrait le croire. Ce sont nos sources centrées sur le Péloponnèse qui sont trompeuses. Par exemple, à Platée, la cavalerie grecque saura brillamment se distinguer, mais dans les rangs perses : les cavaliers Béotiens écraseront les hoplites Mégariens.
Clio a écrit :
Je n'ai pas souvenir d'un commerce de chevaux entre Barbares (Scythes par exemple) et Grecs
Moi non plus… mais cela me semble au contraire très probable, en particulier dans les ports du Bosphore. Par contre, je me rappelle les raids de pillages de Philippe en Scythie ou contre les Gètes, qui n’ont d’autre buts que de rafler d’énormes troupeaux de chevaux (de mémoire, un raid lui rapporta pas moins de 20 000 chevaux….) convoyés immédiatement vers l’intérieur. Preuve que la demande est très forte, et qu’à défaut de guerre, le commerce doit y suppléer.
Bob a écrit :
Et à l'époque, les cavaliers n'étaient pas forcément bien vus par les hoplites. Un hoplite était plus respecté (d'un point de vue tradition) qu'un cavalier.
Ca par contre, je suis très dubitatif, hormis le cas lacédémonien, qui méprise effectivement une arme où l’individu prime sur le collectif de la phalange. Aurais-tu des exemples hors Laconie Bob ?