Philippe V avait la bougeotte, et entre autres projets, il aurait adoré prendre pied sur la rive asiatique. Comme il avait des comptes à régler avec les Attalides (alliés efficaces de Rome lors de la première guerre de Macédoine), il s'y est attelé peu après, à la toute fin du IIIe. Le problème est que la Macédoine ne possède pas de flotte digne de ce nom; Philippe V va donc en improviser une, apprenant à ses phalangites à ramer ; il s'est retrouvé à faire face à une coalition des puissances navales locales (Pergame et Rhodes essentiellement, plus quelques cités). Le récit est confus car l’œuvre de Polybe (incontournable, comme toujours pour cette période) est très fragmentaire, mais en gros, Philippe V comme toujours déborde d'énergie mais se disperse dans ses objectifs, et les opérations s'enlisent avec des hauts et des bas (Pergame est assiégée, son territoire ravagé). Le tournant est la bataille navale de Chios, où Philippe V est écrasé (il perd plus d'hommes qu'à Cynocéphales!), défaite à la suite de quoi les Romains se décident finalement à intervenir, et les opérations rebasculent sur l'Europe avec le résultat que l'on connait. L'ensemble se passe entre 201 et 197.
Il me semblait que la Victoire de Samothrace était plutôt rhodienne,
LA puissance navale par excellent, mais je ne connais pas le dossier. De toute façon, c'est dans le même contexte. Mais la présence d'un trophée à Samothrace ne sous-entend pas du tout une possession matérielle de l'île par le dédicant : c'est un sanctuaire majeur dans le monde grec, où les princes de toute sorte se livrent à des dévotions et exposent leurs trophée. Disputée entre les Lagides et les Antigonides, elle retombe aux mains de Philippe V, qui la perd néanmoins après sa campagne égéenne malheureuse vers 200. Par la suite, elle reste me semble-t-il indépendante, un peu comme Delphes ou Délos, plus ou moins sacralisée. Macédoniens, Lagides, Rhodiens, Attalides... tout le monde y laisse des dédicaces et des trophées !
Pour la biblio, il n'y a pas photo:
POLYBE, Tite-live, Appien. Pour les premières 50 années du royaume, c'est beaucoup plus dispersé et trouble par contre. un peu Pausanias, un peu Strabon, un peu Justin, auxquels je rajouterai Memnon, le tout assaisonnée encore et toujours de Polybe ou Tite-Live qui nous offrent quelques flash-backs.
Les "petites guerres" que connait l'Asie Mineure à la recherche d'un nouvel équilibre à cette époque sont complètement éclipsées par l'expansion méditerranéenne de Rome, objet de l'attention de la plupart des historiens, le monde hellénistique considéré dès lors comme décadent n'attire plus les foules, leurs tribulations ne sont même plus évoquées dans les manuels en dehors des interventions romaines... Et pourtant, si politiquement et militairement ils s'éclipsent, ils brillent encore de tous leurs feux d'un point de vue culturel.
Accessoirement, si le cœur t'en dit, nous avons eu quelques échanges avec Ionman (qui bosse sur le sujet) sur la bataille de Magnésie, qui mettent en valeur le rôle décisif (salutaire même) joué par Eumène dans
La guerre Rome - Antiochos III