Citer :
mais il paraîtrait que le commerce ne se faisait pas uniquement par voie de mer... et que donc les routes commerciales terrestres existaient bel et bien.
Évidemment que les routes grecques existent ! Pausanias par exemple nous décrit par exemple en détail l'essentiel du réseau; même s'il date de l'époque romaine, on retrouve sa trace les siècles précédents dans Polybe ou Thucydide par exemple. Le problème consiste à s'entendre sur la définition... Si le moindre chemin fait l'affaire, les routes existent partout. Le problème grec est qu'il n'existe pas de réseau viaire pensé ; chaque état bricole en fonction de ses propres besoins et de ses finances. Mêmes les axes majeurs souffriront donc de grandes variations de qualité le long du chemin, les infrastructures lourdes (pavement, renforcement de chaussée, ponts...) aléatoires, etc.
Citer :
Pour la route de la soie, je ne sais plus pour quelle époque c'est valable, mais très tôt déjà le commerce chinois arrivait à Rome via Alexandrie et le Nil.
Ce n'est justement pas très tôt puisque nous nous retrouvons au mieux au Ier av. Personnellement, je n'ai aucune trace de commerce de la soie avant Cicéron, qui par contre la connait très bien, en particulier son origine (les cocons des vers; alors qu'un Ammien Marcellin quelques siècles plus tard imagine un végétal). Presque trois siècles après Alexandre tout de même... C'est à cette date également qu'apparaissent les Sères dans la littérature, mais leur localisation est incertaine, indienne pour beaucoup d'auteurs, steppique pour d'autres.
Citer :
En relisant le fil, je crois bien qu'Alexandre a finalement ouvert une voie ! Les Grecs s'étant installés en Afghanistan, ils organisèrent un commerce jusqu'au Levant par voie de terre. Il semble aussi que les produits chinois passaient par les peuplades turco-mongoles au nord de l'Himalaya.
Contrairement aux routes indiennes, Alexandre ne l'a pas ouverte, il en a hérité: la Bactriane était puissante avant lui, il n'a fait que reprendre à son profit des routes antérieures : Bactres, Samarcande et compagnie étaient déjà intégrée à l'empire perse, elles n'ont fait que passer sous obédience macédonienne. Et une partie de leur richesse provient du commerce avec les steppes d'une part et le nord de l'Inde d'autre part, via l'Arie. Ce que je remet en question, c'est la part du commerce spécifiquement chinois en 325. A vue de nez, sans connaissances archéologiques, par rapport aux seuls textes, cette part est maigre si ce n'est inexistante. Or ce que l'on appelle la "route de la soie" désigne ce courant d'échange entre la Chine et l'Occident. En 325, ce commerce lointain me semble indétectable, contrairement justement à l'époque romaine, à partir milieu du Ier av., où il se manifeste notamment par son produit fétiche, la soie, et où des tentatives diplomatiques eurent même lieu (du moins du côté chinois).
Quant à l'Afghanistan et le nord du Pakistan, nous sommes d'accord, il s'agit là du commerce terrestre indien que je signalait, via l'Arachosie et l'Arie et par exemple Taxila. Ces relations sont anciennes (ainsi Barsaentes, satrape d'Arachosie, amène à Gaugamelès des mercenaires indiens, et après la défaite, ira se réfugier chez eux), mais seront revivifiés par les conquêtes d'Alexandre qui élargissent leur aire d'influence sur l'ensemble de la vallée de l'Indus (actuel Pakistan). Les royaumes grecs de Bactriane dureront tout de même quelques années : après des débuts chaotiques (en particulier la révolte des colons en 322, suivie d'une répression sanglante par Perdiccas), les Séleucide conservent la main-mise sur la région jusqu'au milieu du IIIe, cédant la place à un royaume greco-bactrien qui perdurera jusqu'à la seconde moitié du IIe, marquée en particulier toujours par ses contacts avec l'Inde (éléphants, ivoires). Son histoire est peu connu, rares sont les auteurs à les signaler (merci Polybe, entre autres), mais l'archéologie et en particulier la numismatiques bouchent quelques trous. Il ne s'effondre justement que sous le coup de peuples de la steppe, eux-mêmes victimes indirecte de l'unification de la Chine, cette dernière repoussant les Xiongnu, qui se défoulent alors sur les Yuehzi, qui eux-mêmes déferlent sur les Bactriens...