A l'équipe de modération : Mon sujet traite d'un personnage des guerres de succession d'Alexandre le Grand, mais il traite aussi de l'Asie antique, d'où mon indécision sur le placement du sujet. Je vous laisse choisir sa destination finale.

Bonjour,

Je souhaiterais en savoir plus sur le personnage de Nikanôr, stratège " des Hautes Satrapies" (à l'est de l'Elam ?).
Qui était-il ? Quelles étaient ses origines, sa position politique à l'époque des conquêtes d'Alexandre le Grand, sa position politique du premier puis second partage de l'empire du souverain macédonien ? Quels étaient ses soutiens militaires dans son opposition au premier des Séleucides ?

Je le rencontre dans la dernière décennie du IVème siècle avant Jésus-Christ, dans un combat contre Séleucos.

Je vous remercie pour vos réponses,

Jadis

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« But thought's the slave of life, and life's time fool. » (William Shakespeare)

Pour les "Hautes Satrapies", j'en ai trouvé une définition convenable bien que la source soit discutable.


Source : http://histoire-antique.forumculture.ne ... -seleucide

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« But thought's the slave of life, and life's time fool. » (William Shakespeare)

Par "Hautes satrapies" on m'a dit qu'on entendait en général l'Iran, le cœur de l'Empire perse, ce qui rejoindrait la fin de ta définition.

Pour ce qui est de Nikanôr, il n'est pas des plus connus en effet... Il aurait été l'un des officiers d'Antigone le Borgne. Celui-ci l'aurait installé à la tête de la Médie et des autres satrapies supérieures en 315 en tant que gouverneur après avoir battu Eumène en 316. Au même moment, Antigone contraint Séleucos à abandonner sa satrapie, la Babylonie - voisine de la Médie - pour se réfugier chez Ptolémée. Cet évènement est-il postérieur ou antérieur à l'installation de Nikanôr? Sans doute antérieur car Antigone a souhaité placé Nikanôr à la tête de la Médie et des hautes satrapies afin de protéger au mieux le plateau iranien, difficilement défendable pour Antigone désormais occupé à lutter contre les autres diadiques en Phénicie et en Asie Mineure (coalisés depuis que Séleucos s'est réfugié chez Ptolémée). En 312, Séleucos parvient à revenir en Iran où il défait Nikanôr (désormais destitué... Qu'est-il advenu de lui?).

Apparemment, il y aurait plus d'informations susceptibles de te renseigner sur ce Nikanôr (et certainement sur sa fin) dans le livre Essai sur les origines du mythe d'Alexandre I. Les origines politiques de Paul Goukowsky à la page 128.

Je vous remercie pour ces quelques informations, Elenmear !

Je ne parviens pas à trouver le livre de Paul Goukowsky que vous mentionnez, mais je vais tenter d'obtenir une copie de la page évoquée. J'en appelle aux lecteurs de son livre ou à nos amis nancéiens (car le livre a été imprimé aux presses de l'Université de Nancy et la bibliothèque universitaire doit en garder une copie).

Dans Histoire de la Grèce depuis les temps les plus reculés jusqu'à la fin de la géneration contemporaine d'Anglais (1864), de George Grot et Alfred R. de Sodous, les auteurs évoquent un certain Nikanôr (le même que celui des premières années de Séleucos ?) portant le message d'Alexandre le Grand pour rappeler les exilés des cités grecques (324 av. J.-C.) (Grot, de Sodous, op. cit., p. 42). Un peu plus loin, ce Nikanôr est présenté comme "gouverneur de Munychia pour Eassandre" (Grot, de Sodous, op. cit., p. 69). Cependant, les auteurs évoquent la mort de Nikanôr avant l'hiver 316 av. J.-C. (ce qui ne correspond pas à son opposition à Séleucos en 312 av. J.-C. (Grot, de Sodous, op. cit., p. 110).

La nouvelle question est donc : Nikanôr du temps d'Alexandre le Grand est-il le même que Nikanôr du temps d'Antigone le Borgne et de Séleucos ?

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« But thought's the slave of life, and life's time fool. » (William Shakespeare)

Des Nicanor sous Alexandre et les premiers diadoques, il y en a à la pelle, une bonne douzaine plus ou moins importants, donc attention aux homonymes. Celui que tu évoques dans ton dernier message n'a rien à voir avec lui, par exemple.

Très peu de choses sont connues sur celui qui t'intéresse, le compagnon d'Antigonos le Borgne. Tu as déjà tout ce qu'on peut en tirer:
- son apparition en 316, comme l'homme de confiance chargé de prendre livraison d'Eumène livré par ses propres hommes, les fameux Argyraspides (Plutarque, Vie d'Eumène, 17.5).
- sa nomination comme satrape de Médie, sans doute nommé en 315, et investit d'un pouvoir militaire élargit aux Hautes Satrapies (les Perses connaissaient ce genre de chose; ainsi à Counaxa, les armées perses de la multuitude de satrapes sont regroupées sous le commandement de 4 d'entre eux; de même Cyrus le jeune hérite du commandement de toutes les armées perses d'Asie Mineure, bien au-delà des limites de ses propres satrapies.
- sa défaite et sa fuite contre Séleucos (plutôt vers 311/310 que 312). Cf. Diodore, XIX.92 et 100, et accessoirement Appien, Syriaca, 55 et 57, qui le fait mourir de la main même de Séleucos. Mais l'info est difficilement compatible avec le récit beaucoup plus détaillé de Diodore. On peut supposer qu'après sa défaite, il a fini par être capturé ou a livré un dernier baroud d'honneur. En tout cas, il n'a pas du faire long feu après sa fuite.

Plutarque, Vie d’Eumène, 17.5 :
Quand Nicanor fut envoyé par Antigone pour prendre livraison du prisonnier, Eumène demanda la parole pendant qu’on le menait à travers les rangs des Macédoniens et.
Diodore, XIX.92.1-5 :
92. Cependant Nicanor, gouverneur militaire de la Médie, après avoir tiré de la Médie, de la Perse et des contrées limitrophes, plus de dix mille hommes d'infanterie et environ sept mille cavaliers, se porta rapidement en avant pour combattre Séleucos qui n'avait pas plus de trois mille hommes d'infanterie et quatre cents cavaliers. Séleucos traversa le Tigre, et, averti que les ennemis n'étaient plus qu'à peu de journées de marche, il cacha ses soldats dans les marais voisins du fleuve, avec le projet d'attaquer les ennemis à l'improviste. Nicanor arriva sur les bords du Tigre, et, ne trouvant pas d'ennemis, il établit son camp auprès d'une station royale située sur la route, dans la conviction que Séleucos s'était enfui plus loin. La nuit étant venue, les troupes de Nicanor, méprisant un ennemi si peu redoutable, se tenaient mal sur leurs gardes, lorsque Séleucos parut soudain, et mit, par une attaque imprévue, le désordre et la confusion dans le camp de Nicanor. Le combat s'était engagé entre les Perses, qui perdirent dans cette mêlée leur satrape Évagoras et quelques autres chefs. Après cette défaite, la plupart des soldats, effrayés des dangers qui les menaçaient, et mécontents d'ailleurs du parti d'Antigonos, se déclarèrent pour Séleucos. Nicanor, abandonné de ses troupes et craignant d'être livré à ses ennemis, s'enfuit avec quelques amis à travers le désert. Séleucos accueillit avec bonté tous ceux qui s'étaient livrés à lui, et, devenu maître d'une forte armée, il s'empara facilement de la Susiane, de la Médie et de quelques pays limitrophes. Il écrivit ensuite à Ptolémée et à ses autres amis les détails de ses succès, et s'entoura déjà d'une splendeur royale.
Diodore, XIX.100.3 :
Antigonos renonça donc aux revenus du lac Asphaltite, non seulement à cause de l'échec qu'il venait d'éprouver, mais parce qu'il avait l'esprit occupé d'autres objets plus sérieux; car il venait alors de recevoir des lettres de Nicanor, satrape de Médie et de plusieurs autres provinces. Ces lettres lui apprirent le retour de Séleucos et les succès qu'il avait remportés. Alarmé au sujet des satrapies supérieures, Antigonos fit partir son fils Démétrios à la tête de cinq mille hommes d'infanterie macédonienne, de dix mille mercenaires et de quatre mille cavaliers.
Appien, Syriaca, 55 :
55 In this way Seleucus became king of Babylonia. He also acquired the kingdom of Media, slaying with his own hand in battle Nicanor whom Antigonus had left as satrap of that country .
Appien, Syriaca, 57 :
As he was very successful in war he acquired the surname of Nicator ['victorious']. At least that seems more probable than that he received it from the killing of Nicanor.

Ce sont les seuls textes que je connaisse le concernant. Autrement dit, la plupart de tes questions resteront sans réponse.

Je commençais, moi-même, à me faire des illusions sur ma thèse d'un seul et même homme...


Ce n'est pas grave. Je vais tout de même continuer mes recherches et, qui sait, peut-être aurai-je la chance d'en savoir un peu plus dans des sources plus récentes (XVIIème-XIXème siècles) touchant à des textes antiques rares ou perdus depuis. Je vous tiendrai, bien sûr, au courant !

Je vous remercie, Thersite, pour les différents extraits des sources antiques et pour vos recherches !

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« But thought's the slave of life, and life's time fool. » (William Shakespeare)