Squalll a écrit :
Bonjour,
Il semble qu'Hissarlik soit maintenant plus ou moins reconnu comme le site de Troie. Cependant, je me pose tout de même quelques questions. Quelles preuves définitives font pencher les historiens pour cette hypothèse ? Et même de manière plus général, est-ce que "rechercher Troie" a du sens en terme historique ? Puisque l’Iliade est un récit quasi mythologique, peut-on prétendre la vérifier par l'archéologie ?
En fait dès le début du XIXe Hissarlik est envisagé comme site possible en raison de l'existence d'un sanctuaire dédié à Athéna Ilias (Ilion = Troie en grec, Ilos étant le fils de Tros). A l’époque les spécialistes hésitent à placer Troie entre deux sites : Hissarlik et Bournabashi. Homère cite deux sources proches de la cité : l’une froide et l’autre chaude, or à Bournabashi il y en a 34 ! Dans L’Iliade, les Grecs et les Troyens se déplaçaient de la cité de Priam au camp situé au bord de la mer où étaient ancrés les navires grecs or Bournabashi est à près de trois heures de marche de la mer. De plus, la colline d’Hissarlik sépare les cours du Scamandre et du Simoenta, exactement comme le décrit Homère. Comme Schliemann prenait à la lettre le texte d'Homère, il fouilla à Hissarlik, d'autant que Franck Calvert, consul britannique qui avait lui-même commencé quelque fouilles sommaires de repérage sur le site, lui suggéra de concentrer ses fouilles sur cette colline.
En fait il n'y a aucune preuve archéologique qu'Hissarlik=Troie mais un faisceau d'indices que cette cité correspond à la source d'inspiration d'Homère... Quant à savoir si "rechercher Troie" a du sens en terme historique, c'est une vraie question dans une acception contemporaine mais vu l'importance du poème homérique dans l'histoire de la Grèce et dans une moindre mesure dans notre civilisation occidentale (au XIXe la lecture des classiques grecs et latins est un des fondements de la culture de l'honnête homme), cela ne paraissait pas incongru au XIXe. Il fut un temps où l'archéologie d'un rêve ne paraissait pas si fantaisiste (idem pour Cnossos, voire l'Atlantide...)