Darwin1859 a écrit :
Non seulement les esclaves étaient au coeur de l'économie, mais il y avait une économie de l'esclavage florissante. Les marchés aux esclaves fonctionnaient comme les foires aux bestiaux, souvent au même moment, et on les achetait comme on achetait des animaux de trait. La main-d'oeuvre esclave était si abondante et bon marché que la plupart des athéniens pouvaient s'en acheter. D'autres exemples dans l'industrie sont donnés dans la littérature grecque: fabricant de sandales employant des dizaines d'esclaves, fabricant de boucliers, etc.
Même si la société est effectivement esclavagiste, comme toutes les sociétés antiques, elle ne pratique pas l'esclavage à grande échelle : il n'y a rien de commun avec les grands domaines romains. De plus, à ma connaissance, elle ne pratique pas la traite, contrairement à Rome qui alimente ses marchés avec ses nombreuses expéditions militaires.
Un aspect particulier des esclaves athéniens est
leur emploi à des postes de fonctionnaires, nécessitant une certaine expertise. Selon Paulin Ismard, maître de conférence à la Sorbonne, une des bases de la démocratie athénienne était de cantonner les connaissances administratives hors du champ de la Cité :
la Démocratie contre les experts, ed. Seuil.
P. Ismard a écrit :
Ils étaient archivistes, policiers ou vérificateurs de la monnaie : tous esclaves, quoique jouissant d’une condition privilégiée, ils furent les premiers fonctionnaires des cités grecques. En confiant à des esclaves de telles fonctions, qui requéraient une expertise dont les citoyens étaient bien souvent dénués, il s’agissait pour la cité de placer hors du champ politique un certain nombre de savoirs spécialisés, dont la maîtrise ne devait légitimer la détention d’aucun pouvoir. Surtout, la démocratie directe, telle que la concevaient les Grecs, impliquait que l’ensemble des prérogatives politiques soit entre les mains des citoyens. Le recours aux esclaves assurait ainsi que nul appareil administratif ne pouvait faire obstacle à la volonté du peuple. En rendant invisibles ceux qui avaient la charge de son administration, la cité conjurait l’apparition d’un État qui puisse se constituer en instance autonome et, le cas échéant, se retourner contre elle.
Parmi ces "esclaves publics", autrement dit ces fonctionnaires, figuraient les archers Scythes, qui assuraient la police. Cela m'amène à un autre facteur du miracle grec :
la paix avec le peuple cavalier le plus proche. En plus des esclaves, les échanges étaient fructueux. Hérodote a côtoyé les Scythes sur la Mer Noire et en a ébauché sa théorie sur l'histoire des peuples. Dans la géographie, il semble y avoir une continuité quand on part de la Grèce, en passant par les Macédoniens (hellénisés, utilisateurs de chevaux), la Thrace (un peu moins hellénisés, éleveurs de chevaux) et qu'on arrive chez les Scythes, peuple cavalier. Une sorte de "gradient cheval".
Plus tard, l'empire romain s'épuisera à lutter contre leurs successeurs : Sarmates, puis Huns. Les Romains y gaspilleront les ressources que les Grecs utilisaient à meilleur escient.
Qu'en pensez-vous ?