Comme toujours, il existe plusieurs versions, surtout pour d'aussi hautes époques dont le souvenir s'est transmis par voie orale. Le VIIe athénien est très confus, l'épisode de Cylon est un des rares marqueurs chronologiques que nous ayons, bien que le contexte soit très obscur. La plupart des sources sont vagues, mais effectivement, la plupart ne mentionnent pas le sort de Cylon lui-même, mais précisent que ce sont ses partisans qui ont été lapidés malgré leur statut de suppliant.
Le seul à nous informer sur la raison de l'absence de Cylon, qui se serait effectivement échappé à temps, est Thucydide, I.126: Un certain Cylon, vainqueur aux Jeux Olympiques, Athénien de bonne et ancienne famille, avait épousé une fille de Théagène, à cette époque tyran de Mégare. Un jour que Cylon consultait l'oracle de Delphes, le dieu lui répondit de s'emparer de l'Acropole d'Athènes lors de la plus grande fête de Zeus ; il obtint de Théagène des hommes et décida des amis à l'aider. Quand arrivèrent les Fêtes Olympiques dans le Péloponnèse, il s'empara de l'Acropole, pour y établir la tyrannie. Il avait cru que c'était la plus grande fête de Zeus et qu'elle le concernait, vu qu'il avait été vainqueur à Olympie. Que la plus grande fête de Zeus eût lieu en Attique ou quelque part ailleurs, voilà à quoi il ne réfléchit pas et d'ailleurs l'oracle ne l'indiquait pas . Or, il y a, à Athènes, les Diasies, qui passent pour la plus grande fête de Zeus Meilichios ; elles se célèbrent en dehors de la ville ; tout le peuple offre des sacrifices, non pas des victimes sanglantes, mais les produits de la contrée. Bref Cylon, qui s'imaginait interpréter convenablement l'oracle, tenta son coup de force. A cette nouvelle, les Athéniens accoururent en foule de la campagne pour s'opposer à cette tentative, puis se mirent en devoir d'assiéger les occupants de l'Acropole. Comme le siège se prolongeait, les Athéniens fatigués s'en retournèrent pour la plupart, en abandonnant aux neuf archontes le soin de le poursuivre et en leur accordant tous pouvoirs de prendre les mesures utiles. Car à cette époque c'étaient les neuf archontes qui traitaient la majeure partie des affaires de l'Etat. Les assiégés avec Cylon souffraient beaucoup du manque de vivres et d'eau ; Cylon et son frère réussirent à s'enfuir. Les autres se virent réduits à toute extrémité ; quelques-uns même étaient déjà morts de faim. Les survivants allèrent s'asseoir en suppliants près de l'autel qui est dans l'Acropole. Ceux des Athéniens à qui était confiée la poursuite du siège, les voyant agoniser dans le temple, les relevèrent et promirent de ne leur faire aucun mal ; mais ils les emmenèrent à l'écart pour les massacrer. En passant, ils en exterminèrent aussi quelques-uns qui s'étaient assis au pied des autels des Déesses Vénérables. On déclara impies et coupables envers la divinité les meurtriers et leurs descendants ; les Athéniens les chassèrent et le Lacédémonien Cléoménès en fit autant par la suite, avec une faction d'Athènes ; non seulement les vivants se virent chassés, mais les ossements des morts furent exhumés et jetés hors de l'Attique. Néanmoins, les bannis revinrent à Athènes et leur descendance existe encore dans la ville.
Par contre, j'ignore ce qu'il advint de lui.
Pour d'autres versions, du moins les plus complètes : Plutarque, Vie de Solon, 12; Hérodote V.71; Aristote, Constitution d'Athènes, dans les fragments préliminaires, très succint. En tout je dispose de 14 allusions, mais le dossier est ancien, j'en trouverai sûrement d'autres, si cela intéresse quelqu'un.
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