A la question de départ: trois fois oui.
Un grand et très âgé prof de géographie de prépa, Jean-Pierre Allix, nous parlait d'une expédition de ses vingt ans avec son prof et ami, Claude Collin Delavaud, en Afghanistan. Il nous a fait découvrir le génie de la civilisation gréco-bouddhique née là, grâce à Alexandre, et la beauté des Bouddhas de Bamiyan. Des années plus tard, sur place, les leçons de Monsieur Allix, aujourd'hui malheureusement disparu, me sont revenues.
La civilisation de Hadda, au Gandara, au IVe siècle, dont on peut admirer les statues au Musée Guimet, présente la particularité de montrer Bouddha aux cheveux ondulés, au nez grec, les débuts d'un art gréco-bouddhique mis au jour par la Délégation Française Archéologique en Afghanistan (DAFA), qui poursuit ses travaux malgré la difficulté du contexte.
On trouve encore des descendants des Grecs en Afghanistan, dans la région isolée du Nouristan autrefois appelés Kafiristan, non tant parce que les habitants étaient mécréants que parce qu'ils ressemblent à des européens: peau claire, cheveux plus clairs et yeux verts.
Outre la fécondation artistique que sa présence a engendrée, le coup de génie politique d'Alexandre qui force le respect, ce sont les Noces de Suse. Pour sceller la paix avec les Perses et consolider sa conquête, Alexandre ordonne à tous ses généraux et à dix mille soldats d'épouser officiellement des femmes perses, en commençant par lui-même qui a donné l'exemple. Protestations parmi les grecs, mais on s'exécuta. Alexandre a inventé là une solution unique à cet autre noeud gordien que sont les guerres nationales et ethnico-religieuses sur plusieurs générations (peut-on imaginer si un chef pouvait exiger ceci aujourd'hui au Moyen-Orient).
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