Solduros_390 a écrit :
J'y vois là la différence de mentalité entre les peuples. Les Hellènes avaient une idée de la politique opposée aux orientaux. Pour eux, il était difficile de se plier à la volonté d'un seul homme, même d'un roi. Car dans leur pensée, un bon roi pouvait se transformer en mauvais tyran. A côté de ça, ils accordaient beaucoup d'importance à la liberté et à l'autonomie. Une cité n'acceptait pas de se plier aux ordres d'une autre. Ils ne voyaient pas vraiment plus loin que le bout de leur chôra, contrairement aux orientaux.
Pour ces derniers, il était dans l'ordre des choses d'obéir à un monarque. Car pour eux, les rois avaient un lien direct avec les dieux, on ne pouvait donc les remettre en cause, ni s'opposer à leurs commandements. Même si le souverain se comportait en despote, les hommes ne disaient rien, ne se révoltaient pas. A l'inverse des Hellènes comme ce fut le cas pour Alexandre.
Du coup, quand les Macédoniens arrivèrent devant leurs murs, les villes d'Asie mineure se méfièrent. Elles risquaient de quitter le giron d'un roi plutôt pacifique qui laissait libre cours à leurs coutumes du moment qu'ils payaient le tribut. Avec ce nouveau venu, elles plongeaient dans l'inconnu.
Tout à fait d'accord. Et cela bat en brèche la légende d'un Alexandre libérateur des Grecs d'Asie.
Je me demande d'ailleurs à quel point cette "déception" vis-à-vis des Grecs et le bon accueil des Perses ont influé sur l'autocratisation et l'orientalisation d'Alexandre.
Citer :
J'ai entendu parler de cet historien mais je n'ai jamais lu ses livres. En gros, quels chiffres avance-t-il pour les armées en présence ?
Je ne me souviens plus des chiffres exacts pour la bataille du Granique et je n'ai pas ses livres sous la main. Mais il dit clairement que l'armée macédonienne était numériquement supérieure face à l'armée montée par les satrapes d'Asie mineure. Au Granique, Alexandre n'a pas affronté l'armée de Darius. Il fallait des mois voire plus pour mettre celle-ci sur pied en faisant venir les soldats des quatre coins de l'empire.
Pierre Briand est considéré comme l'un des plus grands spécialistes français d'Alexandre. Ce qui est surtout intéressant, c'est qu'il a une double casquette : spécialiste d'Alexandre et spécialiste de l'empire perse. Pendant trop longtemps, l'historiographie s'est en effet cantonnée à un point de vue ethnocentriste : Alexandre seul. Or, l'un ne va pas sans l'autre, on ne peut comprendre Alexandre sans comprendre l'empire achéménide, puisque Alexandre a repris plusieurs éléments du modèle perse.
L'historiographie ethnocentriste traditionnelle voyait dans Alexandre un novateur : conquérant d'un immense empire, "inventeur" de la fusion des peuples... En réalité, avec la connaissance de ce qu'était l'empire perse, on se rend compte qu'Alexandre n'a fait que reprendre à son compte plusieurs éléments préexistants.
- L'empire qu'il a conquis est l'empire qui existait déjà, il n'y a rien ajouté (sauf sa partie européenne qu'il possédait déjà), les frontières de son empire sont exactement celles de l'empire achéménide, au kilomètre près.
- La "tolérance" et la "fusion des peuples" prônée par Alexandre, tellement vantée de nos jours, n'est en fait que la reprise de la politique des souverains achéménides. Ces derniers donnaient d'ailleurs l'exemple eux-mêmes. On a beaucoup glosé sur les 365 concubines du harem (une par nuit !
) mais ce qu'on ignore généralement, c'est que ces femmes venaient de peuples ou de tribus dont le Grand roi voulait s'assurer la fidélité. Ces concubines, loin d'être des prostituées, représentaient des alliances "matrimoniales" en quelque sorte. Tout l'empire perse était représenté dans le harem par l'intermédiaire des concubines : de l'Ethiopie aux satrapies d'Asie centrale, des marches indiennes à l'Anatolie.
- L'autocratisation d'Alexandre ne suivait elle aussi que le modèle des souverains achéménides qui l'avaient précédé.
Bref, Alexandre a conquis l'empire perse et est devenu le nouveau Grand roi en reprenant le modèle de gouvernement du Grand roi. Ce qu'on a considéré pendant des siècles en Occident comme incroyable, prodigieux, novateur, ne l'est pas en réalité.
En Perse, fais comme les Perses, Alexandre a suivi cet axiome à la lettre, rien d'extraordinaire à cela...
Citer :
Dans le combat d'infanterie, il n'y a pas photo effectivement. Sans compter les hypaspistes qui gardaient les flancs des phalangites. Mais du point de vue de la cavalerie, les Iraniens alignaient de très bonnes troupes venues de diverses régions de l'empire. Et le nombre était de leur côté. Quant aux tireurs, là non plus il n'y a pas photo. L'avantage écrasant va aux Perses qui disposaient de bien plus d'archers que leurs adversaires.
D'accord pour le nombre d'archers, mais c'était quand même compensé par le fait que les Macédoniens avaient une armure tandis que la majorité des Perses n'en avaient pas.
Sur la cavalerie, je ne sais plus où j'ai lu que Darius n'a pas pu disposer de ses meilleurs cavaliers (Scythes, Bactriens...) Mais je n'en suis pas sûr, c'est à vérifier. Et si c'est le cas, je ne m'en rappelle plus la raison.