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 Sujet du message : La phalange
Message Publié : 17 Jan 2006 19:18 
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Grégoire de Tours
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Au IIéme siècle avant JC, la légion écrase la phalange, assurant la supériorité de Rome sur le monde hellénistique.
Les qualités de la légion ne sont plus à démontrés, mais sa supériorité sur la phalange était-elle inévitable, ou bien cette dernière fut-elle également victime d'une évolution qui contribua à la fragiliser face à la première ?

Je pense en particulier à deux choses.

La première concerne la mobilité de la phalange. On a souvent vanté sa puissance de choc, mais l'une de ses qualités essentielles sous Philippe et Alexandre était sa capacité à manoeuvrer, d'où un entraînement poussé de ses soldats équipés légèrement. Or il semble que les phalanges hellénistiques aient peu à peu perdu cette capacité, devenant avant tout une force de choc, ce qu'illustre l'alourdissement de l'armement des phalangites. De la sorte, la phalange se mettait en difficulté face à une formation de choc plus mobile, comme la légion.

La deuxième concerne le rôle de la cavalerie. Fondamental avec Alexandre, celui-ci ne s'est-il pas quelque peu réduit à l'époque hellénistique, les armées s'en remettant davantage au résultat du choc de la phalange ? On sait que la cavalerie était l'une des faiblesses des légions, comme Hannibal et les Parthes le démontrèrent. Les armées hellénistiques ne se privèrent-elles pas d'un instrument essentiel pour contrer la légion ?

Bref, nonobstant les qualités de son adversaire romain, la phalange ne succomba-t-elle pas avant tout faute d'avoir conservé l'excellence qu'elle avait atteint sous Alexandre ?


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Message Publié : 18 Jan 2006 18:55 
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Eginhard
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Citer :
La première concerne la mobilité de la phalange. On a souvent vanté sa puissance de choc, mais l'une de ses qualités essentielles sous Philippe et Alexandre était sa capacité à manoeuvrer, d'où un entraînement poussé de ses soldats équipés légèrement. Or il semble que les phalanges hellénistiques aient peu à peu perdu cette capacité, devenant avant tout une force de choc, ce qu'illustre l'alourdissement de l'armement des phalangites. De la sorte, la phalange se mettait en difficulté face à une formation de choc plus mobile, comme la légion.
En fait, il y a une grande différence dans l'emploi de la phalange macédonienne par Alexandre et par les Diadoques: quand l'Elu d'Ammon veut s'emparer de l'Empire Perse, il sait qu'il se trouvera face à des armées compactes, très inefficaces dans les grandes manoeuvres. L'intérêt de disposer de plusieurs phalange pendant une bataille où l'on est en surnombre est principalement de pouvoir appliquer des points de pressions aux endroits justes, et de pouvoir facilement de désengager ou venir à l'aide d'une unité alliée en cas d'intempérie. Alexandre réussit si bien dans sa tâche qu'après sa mort, il n'y a plus d'armée perse. Et là se produit le "grand changement": s'aperçevant qu'ils n'ont face à eux plus que d'autres armées macédoniennes, les successeurs d'Alexandre préfèrent rajouter de la puissance à leur formation. En d'autres termes, la formation la plus lourde met l'autre en déroute... pourquoi auraient-ils dont gardé cette mobilité qui ne leur servait plus à rien ?

Le seul contre-exemple est Séleucos, qui, s'enfonçant avec son armée dans les plateaux iraniens à partir de -312, cherche à y soumettre les tribus autochtones, forcémment armées à la légère, et plutôt portées sur la guérilla et les embuscades que la bataille rangée. Nous manquons malheureusement de données concernant cette guerre, mais une chose est certaine, c'est qu'en hiver 301, sur l'appel de son ancien compagnon Lysimaque, Séleucos traversa plusieurs milliers de kilomètres avec 20 000 hommes, 12 000 cavaliers et 480 éléphants. Si ce n'est pas une armée lourde, ça... :wink:
Quant à la bataille d'Ipsos, quelques semaines plus tard, elle regroupa près de 200 000 hommes, et plus de 500 éléphants. Contre de telles forces, à quoi donc servirait la mobilité ? :roll:

Pyrrhos a écrit :
La deuxième concerne le rôle de la cavalerie. Fondamental avec Alexandre, celui-ci ne s'est-il pas quelque peu réduit à l'époque hellénistique, les armées s'en remettant davantage au résultat du choc de la phalange ? On sait que la cavalerie était l'une des faiblesses des légions, comme Hannibal et les Parthes le démontrèrent. Les armées hellénistiques ne se privèrent-elles pas d'un instrument essentiel pour contrer la légion ?
Vous avez raison, c'est en effet un point très important. En fait, il y a un facteur que vous n'avez pris en compte: la Macédoine ayant été en guerre continue de 334 à 281, un grand nombre de chevaux avait été demandé, au moins plusieurs dizaines, si ce n'est centaines de milliers. Or, un cheval nécessite un certain temps pour être élevé, puis dressé. Sans compter qu'avec de moins en moins de mâles, l'éleveur produisait de moins en moins de têtes par an, ce qui à son tour faisait augmenter le demande. On entre alors dans un cercle vicieux, dont il est impossible de sortir en temps de guerre. Selon Hanson (dont je tire la plupart de ces idées), la proportion de chevaux dans les armées hellénistiques a ainsi évolué de 1 pour 6 environ chez Alexandre à moins de 1 pour 10, voire 1 pour 12, 20 ans plus tard.
Ainsi, le problème n'était pas de ne plus recruter de cavaliers dans les armées helénistiques, mais de ne plus pouvoir en avoir ! :(

Pyrrhos a écrit :
Bref, nonobstant les qualités de son adversaire romain, la phalange ne succomba-t-elle pas avant tout faute d'avoir conservé l'excellence qu'elle avait atteint sous Alexandre ?
Pas vraiment, du moins pas de la manière que vous pensez. Mais le seul moyen de le savoir vraiment, serait de mettre les armées romaines et alexandrines face à face. Ce qui, bien entendu (et heureusement pour les soldats s'y trouvant :wink: ) est impossible...


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Message Publié : 18 Jan 2006 20:21 
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Grégoire de Tours
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Une remarque concernant la phalange d'Alexandre. Il est vrai qu'elle lui sert à écraser l'armée perse. Cela dit, son développement depuis l'époque de Philippe répond au souci de rivaliser avec les phalanges hoplitiques, formations lourdes par excellence. C'est l'armée dont hérite Alexandre. Et l'armée perse, au moins lors du Granique, compte d'importants contingents d'hoplites. De la sorte, la phalange mécdonienne a toujours été conçu comme une formation lourde destiné à soutenir le choc contre une autre formation lourde. L'époque hellénistique ne constitue pas un réèl changement de ce point de vue. La surenchère en alourdissement de la phalange (avec comme corollaire une perte de mobilité) auxquelles se livrent les armées de cette période doit donc avoir également d'autres causes.


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Message Publié : 29 Jan 2006 11:16 
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Il faut ajouter. Mobilité superieure et aussi l'organisation de la légion.

La phalange ne peut que opérer sur un champ de bataille plat sans obstacles et son manque de fléxibilité la rend très vulnérable aux attaques sur les flancs et par derrière. C'est exactement la que manquait une cavaallerie de la classe d'un Alexandre. En plus le combat individuel au sein de la phalange est impossible.

Pour la légion la perte d'une manipule pendant une bataille est regrettable mais ne pose pas de grands problèmes pour les autres.

Par contre une brèche dans la phalange à l'aide du Pilum (arme redoutable, capable de percer les boucliers, la pointe se tord et donc impossible à sortir, le maçédonien est donc obligé de lacher sa sarisse ou son bouclier) est désastreuse. Après le lancement du Pilum, les légionaires taillent la phalange en pièces grace au maniement superieur du glaive.

Les pertes des maçédoniens face aux romains étaient énormes.

_________________
Pas de pitié pour la majorité!


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Message Publié : 03 Fév 2006 16:49 
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Je reviens sur une remarque de Kevin_scaevola:

Citer :
s'aperçevant qu'ils n'ont face à eux plus que d'autres armées macédoniennes, les successeurs d'Alexandre préfèrent rajouter de la puissance à leur formation. En d'autres termes, la formation la plus lourde met l'autre en déroute...


Est-ce que cela supposerait que, sur le plan strict du choc frontal, la phalange macédonienne hellénistique aurait une puissance de choc supérieure à celle du temps d'Alexandre (formation qui enfonçait pourtant déjà les phalanges hoplitiques traditionnelles) ?


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Message Publié : 03 Fév 2006 20:34 
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Forcémment, si ce n'est simplement par le poids du nombre... :wink:
A Paraitacène, au printemps 317, Eumène aligne près de 40 000 hommes contre les 39 000 d'Antigone le Borgne (dont, dans les deux cas, 28 000 hoplites), soit plus de 55 000 soldats lourdement armés se chargeant mutuellement... 8O

Et ne vous ennuyez pas à ajouter l'underscore entre les 2 parties de mon pseudo la prochaine fois... :wink:


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Message Publié : 03 Fév 2006 20:55 
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Ainsi, vous pensez que les armées hellénistiques misent davantage sur la puissance en augmentant la proportion de phalangites dans leurs forces (ce que l'on peut mettre en parallèle avec la difficulté de continuer à trouver une cavalerie nombreuse) ? Il serait intéressant de disposer de quelques statistiques à ce sujet.

Mais ce qui m'intéresse le plus pour le moment est la question suivante: gagnent-elles en puissance en alourdissant la phalange et en la rendant frontalement plus forte que celle d'Alexandre (j'ai déjà entendu parler de l'apparition d'une cuirasse chez les phalangites hellénistiques, ce que n'avaient pas ceux d'Alexandre) ? De la sorte son rôle évolue: d'arme de "fixation" du centre ennemi, elle serait devenue une arme de rupture. Qu'en disent les documents disponibles ?

L'underscore était pour être sûr de capter l'attention de l'intéressé, donc vous-même... ça a marché ! :wink:


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Message Publié : 03 Fév 2006 21:05 
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Pyrrhos a écrit :
Ainsi, vous pensez que les armées hellénistiques misent davantage sur la puissance en augmentant la proportion de phalangites dans leurs forces (ce que l'on peut mettre en parallèle avec la difficulté de continuer à trouver une cavalerie nombreuse) ? Il serait intéressant de disposer de quelques statistiques à ce sujet.
C'est au moins une des manières d'accroître la puissance des phalanges. Peut-être n'est-ce pas la seule...
Quant aux statistiques, que voulez-vous exactement ? J'aime bien manipuler tout ce qui touche aux nombre de soldats dans une armée... :)

Pyrrhos a écrit :
Mais ce qui m'intéresse le plus pour le moment est la question suivante: gagnent-elles en puissance en alourdissant la phalange et en la rendant frontalement plus forte que celle d'Alexandre (j'ai déjà entendu parler de l'apparition d'une cuirasse chez les phalangites hellénistiques, ce que n'avaient pas ceux d'Alexandre) ? De la sorte son rôle évolue: d'arme de "fixation" du centre ennemi, elle serait devenue une arme de rupture. Qu'en disent les documents disponibles ?
Figurez-vous que moi aussi, j'aimerais savoir cela... :oops:
Il faudrait trouver quelqu'un ayant un peu plus de connaissances tactiques que moi. Je suis certain qu'il y en a ici... :wink:

Pyrrhos a écrit :
L'underscore était pour être sûr de capter l'attention de l'intéressé, donc vous-même... ça a marché !
Non ! :lol:
L'underscore est le "_" qui apparaît quand on appuie sur le 8 au dessus des lettres sur un clavier azerty. Il est en trop, je l'ai simplement ajouté inintentionnellement à mon inscription, croyant qu'on ne pouvait laisser d'espace dans son pseudonyme... :roll:


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Message Publié : 03 Fév 2006 21:19 
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Ah Oui, c'est vrai, j'ai utilisé Bold pour souligner votre pseudo. Autant pour moi... :oops:

Question statistiques, je veux dire: calculer la proportion de phalangites dans l'armée de Philippe et Alexandre. Ex: Chéronée, le Granique, Issos.

Et comparer cela au même calcul mené sur des confrontations de l'époque hellénistique (Raphia, Cynocéphales).

Cela devrait montrer si la phalange est proportionnellement plus ou moins importante.


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Message Publié : 05 Fév 2006 19:33 
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Ah... Mais une armée de 30 000 soldats sera toujours plus « lourde » qu’une de 15 000, qu'importe si dans le premier cas il y ait 5 000 chevaux (ce qui donnerait une proportion 85 % de phalangites) et 200 dans le second (ce qui donne 98 % !)
De telles statistiques sont ainsi dès le départ biaisées, puisqu'elles ne reflètent pas le véritable poids de la phalange…
Enfin bon, je peux essayer: :)

Chéronée (août 338) : 30 000 fantassins / 2 000 cavaliers
Proportion : 94 %

Le Granique (mai 334) : 32 000 fantassins / 5 100 cavaliers
Proportion : 86 % (mais ces chiffres sont ceux de Diodore ; vous pouvez lire ici chacuns des nombres donnés par les auteurs anciens ici), où les pourcentages vont de 85 % (Ptolémée) à 89 % (Anaximène)

Issos (novembre 333) : 41 000 fantassins / 6 000 cavaliers
Proportion : 84 %

Mégalopolis (juin - juillet 331) : 20 000 fantassins / 2 000 cavaliers (Agis III) contre 40 000 hommes (dont au moins 1 500 cavaliers) (Antipater)
Proportion : 91 % et un peu moins de 96 %

Arbèles (octobre 331) : 40 000 fantassins / 7 000 cavaliers
Proportion : 85 %

Jhelum (mai 326) : 50 000 fantassins / 5 000 cavaliers
Proportion : 91 %

Crannon (août 322) : 43 000 fantassins / 5 000 cavaliers
Proportion : 90 %

Parataceine (été 317) : 34 000 fantassins / 6 000 cavaliers (Eumène) contre 28 000 fantassins / 10 700 cavaliers (Antigone)
Proportion : 85 % et 72 %

Gabiene (janvier 316) : 17 000 fantassins / 4 000 cavaliers (Eumène) contre 22 000 fantassins / 3 500 cavaliers (Antigone)
Proportion : 81 % et 86 %

Gaza (avril 312) : 13 000 infanterie / 5 000 cavaliers (Démétrios) contre 15 000 fantassins / 4 000 cavaliers
Proportion : 72 % et 79 %

Ipsos (décembre 301) : 64 000 fantassins / 15 000 cavalerie (coalisés) contre 70 000 / 10 000 cavaliers (Antigone)
Proportion : 81 % et 88 %

Sellasie (juin 222) : 30 000 fantassins / 2 000 cavaliers
Proportion : 94 %

Raphia (juin 217) : 62 000 fantassins / 6 000 cavaliers (Antiochos III) contre 70 000 fantassins / 6 000 cavaliers (Ptolémée IV)
Proportion : 91 % et 92 %

Cynoscéphales (juin 197) : 23 000 fantassins / 2 000 cavaliers
Proportion : 92 %

Pydna (juin 168) : 44 000 fantassins / 4 000 cavaliers
Proportion : 92 %

Et en fait, malgré ce que j'ai dit avant mes petites recherches, on voit justement un net alourdissement de la phalange macédonienne. Si l'on excepte la bataille de Chéronée et que l'on commene avec Alexandre, on voit la lente progression du pourcentage de phalangites dans les armées, qui passe d'environ 86 % au Granique à 92 % à Pydna, 166 ans plus tard !
Mais eh ! Que peut-on donc faire avec ces statistiques ? :roll:


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Message Publié : 05 Fév 2006 21:18 
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Grégoire de Tours
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Rien en fait, car il y a une confusion importante il me semble.

L'infanterie de l'armée d'Alexandre ou des armées hellénistiques est loin de se composer uniquement de phalangites.

A Chéronée par exemple, à côté des phalangites, l'on trouve notamment des peltastes thraces.

A Issos, l'on trouve des hoplites grecs, des archers crétois et macédoniens et divers peltastes.

A Crannon, aux côtés de la phalange macédonienne, l'on trouve diverses unités thraces et asiatiques (Grecs d'Asie, Perses...).


A Pydna, l'armée macédonienne compte de nombreuses unités d'infanterie légère crètoise, thrace, illyrienne...

Bref, 80 ou 90 % de fantassins ne veut pas dire 80 ou 90 % de phalangites.

Quand vous évoquiez une phalange plus lourde par son nombre, je pensais que vous faisiez allusion à une proportion accrue de phalangites par rapport aux autres types d'unités. Cela ne semble en fait pas être le cas. Ou du moins pas dans le sens ou l'on pourrait l'entendre à priori.

Ce qui semble incontestable, c'est le déclin du rôle tactique d'une cavalerie moins importante et moins lourde (la cavalerie de choc, arme décisive d'Alexandre, est clairement plus faible): de 1 cavalier pour 6 fantassins chez Alexandre, la proportion de cavaliers se réduit à 1 pour 20 chez Philippe V.
Il en découle une accentuation du rôle de la phalange qui représente la colonne vertébrale de l'armée et qui en occupe généralement la position centrale. C'est d'elle dont on attend la décision: elle est désormais pensée comme une arme de rupture décisive. Un bon exemple en est la bataille de Sellasie en 222: c'est le choc des phalanges qui décide tout, et la phalange macédonienne démontre à nouveau sa supériorité en faisant céder les Spartiates.

On en demande donc plus à la phalange. De là ma question précédente sur l'évolution de l'armement du phalangite: est-il avéré qu'il tend à gagner en lourdeur, en puissance (ex: cuirasse) par rapport à ce qu'il fut sous Alexandre ?


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Message Publié : 03 Déc 2006 19:20 
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Thucydide
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Je m'intéresse actuellement au système militaire dit de la phalange qui repose sur un mouvement de force visant à faire reculer la ligne opposée par le biais d'un mur hérissé de piques. Mais là où j'ai un peu de mal à comprendre :
1.Que font les hommes qui se retrouvent au corps-à-corps ?
2.Est-elle relativement mobile ?
3.Ce système repose-t-il sur l'entraînement ou tout simplement sur un phénomène physique ?

Merci.

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Qu'ils me haîssent ! Pourvu qu'ils me respectent
-Tibère

Les sociétés seront saines lorsque les philosophes seront devenus rois ou les rois, philosophes ( dixit Platon )


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Message Publié : 03 Déc 2006 20:04 
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[consul] a écrit :
1.Que font les hommes qui se retrouvent au corps-à-corps ?


Pour bien comprendre, il faut s'imaginer une phalange (d'ailleurs, à reconstituer, c'est assez facile d'après ce que j'ai vu dans un ou deux documentaires).
Donc, prenons les hoplites d'une armée, il étaient disposés sur un certain nombre de rangs - le nombre de rangs et la largeur dépendent de divers critères que j'avoue ne pas maîtriser totalement. Les hoplites de chaque rangs se mettaient épaule contre épaule, la pique fermement tenues par le bras droit, la main gauche tenant le bouclier. Le bouclier sert donc à couvrir son corps et une partie du corps de la personne se trouvant à votre gauche. Le rang suivant se positionne tout de suite derrière, les lances pointées vers l'avant et passant dans les interstices entre les boucliers, idem pour le troisième rang. Sauf erreur de ma part, à partir du quatrième rang, pour la phalange classique, la lance est levée.
Les premiers rangs étaient constitués par les plus jeunes, les rangs médians par des hoplites aguerris ayant faits leurs preuves, les derniers rangs par des vétérans. Le soldat des premiers rangs avait très peu de marge de manoeuvre, serré par ces ailiers, poussé par les hoplites des rangs derrière lui. Il ne pouvait y avoir de corps à corps que lorsque la phalange était disloquée.


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Message Publié : 03 Déc 2006 21:11 
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Eginhard
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Ah, la fameuse phalange grecque. :)
Maintenant que vous en parlez, je me rends compte qu'il n'a à ma connaissance nulle part été abordée son fonctionnement sur ce forum. Tâchons de combler cette lacune :

Citer :
1.Que font les hommes qui se retrouvent au corps-à-corps ?
Eh bien, tout dépend évidemment des sitations tactico-militaires des 2 camps, mais en principe, toute la puissance de la phalange repose sur la charge préliminaire à la bataille, de pair avec le lancer de javelot pendant celle-ci : si l'armée en face n'offrait pas suffisamment de résistance, le front était percé (inévitablement, comment en effet serait-il possible de résister à une rangée continue de piques chargeant droit vers soi ?), et la phlange s'engouffrait alors par la brèche pour achever l'ennemi. Mais ce n'était pas du tout aussi simple qu'on pourrait le croire : toute la difficulté consistait à maintenir cette vitesse de charge constante pendant la percée, qui pouvait être arrêtée - personnes sensibles s'abstenir :P - via le poids croissant des cadavres empalés sur les sarisses et de leurs lourdes armures...

En revanche, et c'est peut-être ceci qui vous intéressait, si jamais deux phalange de force sensiblement équivalente se trouvaient face-à-face, et que les charges n'avaient servi qu'à émecher quelque peu les premiers rangs, alors c'est à coup de lances, de sarisses, que le reste du combat se déroulait. J'ai entendu parler de hoplites spéciaux munis d'épées sur la fin de la période héllénistique, mais dans ce cas leur intégration dut être difficile, puisqu'il fallait leur laisser la place de lâcher leur lance sans gêner pour autant leurs voisins, ce qui était absolument impossible dans les denses formations des Vème et IVème siècles.
Dès le nombre de morts dans un camp jugé suffisant par les soldats, ceux-ci rompaient la formation et fuyaient, ou bien, dans les cas des plus disciplinés (par exemple les armées laconiennes), organisaient un rempli tactique couvert par la cavalerie.

Il faut savoir que toutes ces étapes, de la première à la dernière, correspondent à un terme grec spécifique, qui n'a pas d'autre sens que celui-là. Que ce soit la charge première (dromô), le lancer de javelots (doratismos), la rencontre / percée au centre (pararrêxis), la poussée (ôthismos), le corps-à-corps (en chersi), l'encerclement (kuklôsis) ou la débâcle (egklima ou trophê[i]) d'une armée, ou même encore les différentes zones de combats : le no-man's land séparant les armées ([i]metaixmion), les premiers rangs (promachoi) ou encore la zone de combat (sustatai), chaque chose était clairement définie dans la nomenclature militaire grecque.
La prépondérance dans une bataille de l'action hoplitique, par-dessus celle des cavaliers ou des archers, par exemple - est indéniable, et on le voit dans le vocabulaire... :)

Citer :
2.Est-elle relativement mobile ?

Oui et non. Oui, parce qu'une armée peut être composée de plusieurs phalanges, qui dans ce cas peuvent se couvrir et s'entr'aider mutuellement en cas de pépin. Non, parce que la formation carrée était presque totalement rigide, et qu'il était quasi-impossible de varier cette formation. Donc, si jamais une des flancs lâchait, ce qui était forcémment le cas si elle était attaquée, c'est toute la phalange qui était condamnée, puisqu'aucun de ses membres n'avait la capacité de pouvoir colmater une ouverture.
Ce dont se rendirent très rapidement compte les très flexibles et modulables légions romaines... :(

Citer :
3.Ce système repose-t-il sur l'entraînement ou tout simplement sur un phénomène physique ?
Question un peu redondante. Vous ne croyez pas qu'on envoyait des soldats à la guerre sans aucune préparation, quand même ? :)
Non, bien sûr; une bonne partie de la jeunesse de tous les nobles athéniens, qui se devaient de passer sous les armes, était destinée à l'entraînement et à l'enseigner militaire : l'art de tenir une position dans une phalange - la leur, elle reste en temps normal identique toute leur vie -, celle de se battre correctement, les exercices de forces, l'impassibilité face à la mort, tout cela était sujet à la rigueur la plus extrême dans toutes les Cités-Etats de Grèce et plus tard de Macédoine.

Voilà. J'espère avoir brièvement répondu à votre question, Consul. :wink:


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Message Publié : 03 Déc 2006 22:07 
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Kevin_Scaevola a écrit :
Ah, la fameuse phalange grecque. :)
Maintenant que vous en parlez, je me rends compte qu'il n'a à ma connaissance nulle part été abordée son fonctionnement sur ce forum.


Là, peut-être : http://www.passion-histoire.net/phpBB3_Fr/viewtopic.php?t=4780&highlight=phalange
:wink:


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