Ah, la fameuse phalange grecque.
Maintenant que vous en parlez, je me rends compte qu'il n'a à ma connaissance nulle part été abordée son fonctionnement sur ce forum. Tâchons de combler cette lacune :
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1.Que font les hommes qui se retrouvent au corps-à-corps ?
Eh bien, tout dépend évidemment des sitations tactico-militaires des 2 camps, mais en principe, toute la puissance de la phalange repose sur la charge préliminaire à la bataille, de pair avec le lancer de javelot pendant celle-ci : si l'armée en face n'offrait pas suffisamment de résistance, le front était percé (inévitablement, comment en effet serait-il possible de résister à une rangée continue de piques chargeant droit vers soi ?), et la phlange s'engouffrait alors par la brèche pour achever l'ennemi. Mais ce n'était pas du tout aussi simple qu'on pourrait le croire : toute la difficulté consistait à maintenir cette vitesse de charge constante pendant la percée, qui pouvait être arrêtée - personnes sensibles s'abstenir
- via le poids croissant des cadavres empalés sur les sarisses et de leurs lourdes armures...
En revanche, et c'est peut-être ceci qui vous intéressait, si jamais deux phalange de force sensiblement équivalente se trouvaient face-à-face, et que les charges n'avaient servi qu'à émecher quelque peu les premiers rangs, alors c'est à coup de lances, de sarisses, que le reste du combat se déroulait. J'ai entendu parler de hoplites spéciaux munis d'épées sur la fin de la période héllénistique, mais dans ce cas leur intégration dut être difficile, puisqu'il fallait leur laisser la place de lâcher leur lance sans gêner pour autant leurs voisins, ce qui était absolument impossible dans les denses formations des Vème et IVème siècles.
Dès le nombre de morts dans un camp jugé suffisant par les soldats, ceux-ci rompaient la formation et fuyaient, ou bien, dans les cas des plus disciplinés (par exemple les armées laconiennes), organisaient un rempli tactique couvert par la cavalerie.
Il faut savoir que toutes ces étapes, de la première à la dernière, correspondent à un terme grec spécifique, qui n'a pas d'autre sens que celui-là. Que ce soit la charge première (
dromô), le lancer de javelots (
doratismos), la rencontre / percée au centre (
pararrêxis), la poussée (
ôthismos), le corps-à-corps (
en chersi), l'encerclement (
kuklôsis) ou la débâcle (
egklima ou
trophê[i]) d'une armée, ou même encore les différentes zones de combats : le no-man's land séparant les armées ([i]metaixmion), les premiers rangs (
promachoi) ou encore la zone de combat (
sustatai), chaque chose était clairement définie dans la nomenclature militaire grecque.
La prépondérance dans une bataille de l'action hoplitique, par-dessus celle des cavaliers ou des archers, par exemple - est indéniable, et on le voit dans le vocabulaire...
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2.Est-elle relativement mobile ?
Oui et non. Oui, parce qu'une armée peut être composée de plusieurs phalanges, qui dans ce cas peuvent se couvrir et s'entr'aider mutuellement en cas de pépin. Non, parce que la formation carrée était presque totalement rigide, et qu'il était quasi-impossible de varier cette formation. Donc, si jamais une des flancs lâchait, ce qui était forcémment le cas si elle était attaquée, c'est toute la phalange qui était condamnée, puisqu'aucun de ses membres n'avait la capacité de pouvoir colmater une ouverture.
Ce dont se rendirent très rapidement compte les très flexibles et modulables légions romaines...
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3.Ce système repose-t-il sur l'entraînement ou tout simplement sur un phénomène physique ?
Question un peu redondante. Vous ne croyez pas qu'on envoyait des soldats à la guerre sans aucune préparation, quand même ?
Non, bien sûr; une bonne partie de la jeunesse de tous les nobles athéniens, qui se devaient de passer sous les armes, était destinée à l'entraînement et à l'enseigner militaire : l'art de tenir une position dans une phalange - la leur, elle reste en temps normal identique toute leur vie -, celle de se battre correctement, les exercices de forces, l'impassibilité face à la mort, tout cela était sujet à la rigueur la plus extrême dans toutes les Cités-Etats de Grèce et plus tard de Macédoine.
Voilà. J'espère avoir brièvement répondu à votre question, Consul.