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Message Publié : 31 Juil 2009 12:50 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 22 Mai 2009 23:35
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Localisation : Mi-chemin entre Rennes et St-Malo
Pédro a écrit :
Oui mais des sources limités et toutes connues,...


Peut-être... N'empèche, à force de réfléchir, on finit quelquefois par trouver des "explications" et des interprétations nouvelles...

Et quand elles "collent" beaucoup mieux à ce que l'on sait (même si c'est... assez peu), on a vraiment l'impression que les choses avancent, et que la vérité se fait jour !

J'en ai des exemples récents qui, pour moi, sont "flagrants" !

Amicalement,

Charly


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Message Publié : 09 Août 2009 9:37 
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Inscription : 20 Déc 2008 14:01
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Localisation : Bourgogne
Je pense qu'il serait bon de mettre tout ça dans une perspective historique : les premières armées modernes, soutenues par une logistique rationalisée et donc capable de tenir la campagne pendant une durée significative, apparaissent au XVIIe siècle. L'armée de Louis XIV, qui est la plus conséquente, comprend 420 000 hommes à son apex, sur l'ensemble du territoire français, le plus vaste et le plus peuplé d'alors, avec une vingtaine de millions d'âmes.

Sont mis pour son entretien les ressources de tout le pays, en vivres, fourrages, munitions, matériels.

Et on voudrait nous faire croire qu'un pays trois fois moins peuplé, ne disposant d'aucune de ces ressources rationalisées et de l'organisation d'un état centralisé capable de les mobiliser et de les distribuer/stocker selon une logique d'efficacité de l'attribution des ressources, arriverait à en mobiliser en UN SEUL lieu presqu'autant (330 000) ???

Autre contre-exemple : les armées françaises du début du XVe siècle, dans la Guerre de Cent Ans, ne comprennent guère plus de 10 à 15 000 hommes : impossible d'assurer leur logistique avec les ressources disponibles si elles sont plus nombreuses. Mais par contre, la Gaule chevelue, éclatée en des dizaines de petites principautés autonomes, bien moins peuplée, moins organisée, moins centralisée, mettrait en campagne des armées trente fois plus conséquentes ?

Il est pour moi vraisemblable que César fait une petite multiplication par 10 des effectifs gaulois, et que ceux-ci n'ont pas dû être plus de 30 à 40 000 à s'opposer à ses légions en 52 avant JC.
En gros : complètement d'accord avec Thersite, César ne fait pas oeuvre d'historien mais de propagandiste, ce en quoi il excelle par ailleurs. Inutile de chercher la vérité dans ses dires, elle en est absente et pour cause : il faut qu'il apparaisse invaincu et invincible, avec ses quelques pauvres légionnaires, même devant des hordes innombrables de barbares déments.

Loïc B.

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Message Publié : 09 Août 2009 11:27 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 07 Sep 2008 15:55
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LTN503 a écrit :

Autre contre-exemple : les armées françaises du début du XVe siècle, dans la Guerre de Cent Ans, ne comprennent guère plus de 10 à 15 000 hommes : impossible d'assurer leur logistique avec les ressources disponibles si elles sont plus nombreuses. Mais par contre, la Gaule chevelue, éclatée en des dizaines de petites principautés autonomes, bien moins peuplée, moins organisée, moins centralisée, mettrait en campagne des armées trente fois plus conséquentes ?

Il est pour moi vraisemblable que César fait une petite multiplication par 10 des effectifs gaulois, et que ceux-ci n'ont pas dû être plus de 30 à 40 000 à s'opposer à ses légions en 52 avant JC.

Loïc B.


Mon lieutenant vous êtes meilleur spécialiste que moi. néanmoins n'est il pas imaginable que pour une durée TRES COURTE de grandes masses d'hommes munies de leur propre ravitaillement (avec donc un train de charriot chargé de grains) viennent participer à une bataille avant de se disperser (pour aller rechercher du ravitaillement par leurs propres moyens). N'était-ce pas la pratique mérovingienne - et n'était-ce pas la raison de la faible durée de service d'"ost" sous les capétiens (40 jours) ?

Dans ces conditions un rassemblement de 50 à 100 000 hommes pendant 2 ou 3 semaines n'auraient il pas été possible ? C'est juste une question ...


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Message Publié : 09 Août 2009 13:34 
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Salluste
Salluste
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Inscription : 10 Nov 2008 19:03
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Localisation : Genève
Je pense que vous négligez un aspect, celui de l'organisation militaire gauloise. En effet, les combattants gaulois sont des paysans-guerriers en majorité (Bagaudae) et non des guerriers professionnels (Ambactes, Solduries etc.).
Dans le De Bello Gallico, les chefs Bretons acceptent les conditions de paix de César et renvoient leurs soldats aux champs. Et lorsqu'ils renouent leur coalition, ils se mettent à rappeler en secret les hommes qu'ils avaient renvoyés aux champs. Ce qui explique le manque d'efficacité des gaulois.
Les effectifs des guerriers professionnels seraient plutôt ceux des cavaliers, en effet à la fin de La Tène, les aristocrates et leurs guerriers ne combattent plus qu'à cheval.

Source: César et la Gaule, de Christian Goudineau.


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Message Publié : 09 Août 2009 15:20 
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Inscription : 20 Déc 2008 14:01
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Localisation : Bourgogne
Les chiffres de César me paraissent hautement invraisemblables, comme la plupart des chiffres antiques d'ailleurs.
On a la conjonction de plusieurs facteurs qui m'amènent à penser que les armées ont un effectif largement surévalués (et leurs pertes au combat de même) :
- démographiquement, la ressource était plus faible qu'elle ne l'était quelques siècles plus tard, pourtant les armées sont bien plus importantes en nombre si on en croit les auteurs antiques --> tiens donc ?
- les ressources logistiques, en raison du manque de centralisation par rapport aux Etats modernes autant qu'en raison d'un système de production plus limité (terres arables disponibles en moins grande quantité), sont plus faibles et devraient pourtant subvenir à un plus grand nombre d'hommes --> tiens donc ?
- la motivation des soldats est un autre problème : la confédération celtique dans sa partie gauloise chevelue, atomisée en petites principautés autonomes, arriverait à mobiliser la quasi-totalité de ses hommes en âge de se battre quand des Etats centralisés, utilisant la rationalisation du recensement et des motivations telles que le patriotisme national ou les idéologies, n'y arriveront pas avant le XXe siècle ?

Techniquement, des rassemblements de la totalité de la population mâle de la Gaule sont possibles tant qu'il y a de quoi la nourrir. Je dis juste qu'il est hautement improbable :
1) que cette masse d'hommes ait été mobilisée en de telles quantités compte tenu a) du fait que la population ait été bien moins nombreuse que 17 siècles plus tard, période où l'on arrive à retrouver des effectifs comparables à ceux avancés ; b) du fait que l'atomisation du pouvoir empêche d'obtenir une efficacité aussi importante de la mobilisation masculine parce qu'il n'y a aucune cohérence décisionnelle (et aucune instance régulatrice chargée de faire appliquer des décisions prises à l'échelle la plus élevée, comme la gendarmerie en 1914-1918).
2) que le ravitaillement ait été assuré pour de telles quantités d'hommes compte tenu a) de l'absence totale de services logistiques, qui seront balbutiants au XVIIe ; b) d'une ressource logistique globale vraisemblablement inférieure à celle dont on disposera plus tard (moins de terres arables, des moyens de production et de conservation plus rudimentaires peut-être ?).
3) que de telles masses aient pu être rassemblées pour une courte durée en s'exonérant ainsi des contraintes logistiques (point d'Aigle avec sa comparaison avec les Mérovingiens) puisque a) le réseau routier gaulois est inexistant, ce qui multiplie les délais de rassemblement dans des proportions importantes, et donc la nécessité d'assurer le ravitaillement pendant des délais plus long ; b) les armées des siècles suivants prouveront leur absence de cohérence sans ressource logistique stable et rien dans le système celte n'est de nature à les affranchir de cette contrainte (pas de bouffe = désertions massives), surtout que l'atomisation politique empêche d'obtenir une adhésion patriotique ou idéologique qui maintient le soldat dans le devoir.

En gros :
- les Gaulois n'ont pas les moyens politiques de rassembler de telles armées, vu qu'ils ont des soldats paysans sédentarisés justement dans un système politique atomisé. Ca veut dire que le combattant est un milicien et qu'il combat localement, et qu'il n'y a aucune instance dirigeante supérieure et aucune raison morale ou patriotique ou idéologique, dans une logique défensive, qui peut l'amener à se battre à plusieurs centaines de kilomètres de chez lui le ventre creux. Que cela soit possible pour quelques centaines l'est infiniment moins pour plusieurs dizaines de milliers en tout cas, sans compter que la menace n'étant pas globale mais liée à la présence des légions, cela signifierait que les miliciens gaulois d'un village aient accepté de laisser leurs villages sans protection alors même que la menace n'était pas identifiée (les légions n'étaient pas partout).
- les Gaulois n'ont pas les moyens de maintenir en campagne des armées massives puisqu'ils n'ont pas de système de ravitaillement qui permettent à ces armées de faire campagne de manière autonome. Reste la possibilité que ces armées se nourrissent sur le terrain, en pillant et en razziant les populations locales, donc en s'aliénant leurs propres ressources de recrutement (ce qui la réduit en poussant ces populations chez l'adversaire) ce qui n'est semble-t-il pas le cas de la guerre des Gaules en raison même du point ci-dessus (soldats paysans combattant au niveau local, qui ne pilleront pas leur propre village).

Le fait qu'historiquement un empire centralisé, doté d'un idéal fédérateur et d'une population massive ainsi que d'un système militaire cohérent et comprenant un volet logistique, comme l'empire romain ne réussisse jamais à mettre sous les armes au même endroit des armées de plus de 60 à 80 000 hommes est pourtant révélateur, non ? Les seuls à mon sens qui s'exonèrent - un peu - de cette contrainte sont les vagues barbares qui déferlent sur l'Europe du IIIe au XIVe siècle : elles s'affranchissent des contraintes logistiques en razziant et en se déplaçant par peuples entiers, non liés à une terre. Cela les amène à une fuite en avant et permet de mobiliser à l'instant t la totalité des personnes en âge et en condition de porter les armes.

Loïc B.

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Message Publié : 09 Août 2009 16:31 
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Inscription : 20 Déc 2008 14:01
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Localisation : Bourgogne
@genava55 : justement, c'est parce que je prends en compte sa dimension très largement locale et son absence de structures communes que je dis que de tels chiffres sont invraisemblables.

Les soldats miliciens ne sont mobilisables en quantité qu'en cas d'agression directe contre leurs propriétés et leur structure sociale de référence (village, région, pays, etc), ici le village ou la tribu. Et leur mobilisation et leur entretien, de ce fait, ne dépendent que de contraintes logistiques très réduites : ils sont mobilisés sur place et leur entretien immédiat ne change en rien les exigences d'approvisionnement du village et de la tribu, puisque celles-ci existent déjà à effectifs constants avant la mobilisation.
Leur motivation dépend cependant très largement d'au moins deux facteurs : le maintien à proximité du territoire qu'ils défendent, sinon leur volonté de combattre diminue largement ; le maintien d'un approvisionnement régulier qui lui est généralement synonyme, ou au moins le droit de piller et de razzier en toute impunité pour subvenir à leurs besoins (la rapine étant une motivation importante en temps de guerre).

Les actions offensives hors du territoire défendu par le soldat milicien repose généralement sur 1) une catégorie de soldats professionnels, en général identifiée à l'aristocratie ; 2) le recours au mercenariat.

Chez les Gaulois, qu'on me prouve qu'ils considéraient la tribu distante de 300 ou 500 bornes comme un chez eux pour lequel ils acceptaient de se faire tuer, et je pourrais reconsidérer mon point de vue...

Question annexe : c'est le Zeichen de quelle division que vous avez en avatar ?

Loïc B.

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Message Publié : 09 Août 2009 18:06 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 30 Juil 2003 21:44
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Localisation : Lorraine
LTN503 a écrit :
Les chiffres de César me paraissent hautement invraisemblables, comme la plupart des chiffres antiques d'ailleurs.
On a la conjonction de plusieurs facteurs qui m'amènent à penser que les armées ont un effectif largement surévalués (et leurs pertes au combat de même) :
- démographiquement, la ressource était plus faible qu'elle ne l'était quelques siècles plus tard, pourtant les armées sont bien plus importantes en nombre si on en croit les auteurs antiques --> tiens donc ?

Ainsi vous soutenez qu'en Gaule au premier siècle avant J-C, la ressource en hommes était plus faible qu'au Moyen-Age, et que les Gaulois ne mobilisaient qu'une partie de la population puisque.

Concernant la population de la Gaule, il se pourrait bien que dans les années qui viennent, les archéologues nous amènent à réviser bien des choses à la hausse, concernant les Gaulois.

De plus, quand vous comparez les effectifs militaires de l'antiquité et du moyen-âge vous écartez tout élément de comparaison autre que démographique. Or, il y a beaucoup d'autres éléments qui peuvent expliquer que "l'armée" gauloise était beaucoup plus nombreuse que ce qu'on verra au Moyen-Age. Les technologies, stratégies, tactiques, géopolitique, structures sociales, rapport psychologique à la guerre etc..., tout ça était très différent. Si les paramètres avaient été comparables, je gage qu'on aurait trouvé de quoi aligner à Crécy ou à Azincourt -s'il l'avait fallu- des effectifs beaucoup plus importants.
Si on en a "aligné" autant chez les Gaulois, c'était
1/ parce qu'on jugeait qu'il le fallait
2/parce qu'il y avait de quoi.

LTN503 a écrit :
- les ressources logistiques, en raison du manque de centralisation par rapport aux Etats modernes autant qu'en raison d'un système de production plus limité (terres arables disponibles en moins grande quantité), sont plus faibles et devraient pourtant subvenir à un plus grand nombre d'hommes --> tiens donc ?

Terres arables en en moins grande quantité ? Voilà un domaine dans lequel l'archéologie pourrait nous surprendre. L'image de la Gaule une vaste forêt avec juste quelques clairières cultivées, on en revient tout doucement…

LTN503 a écrit :
- la motivation des soldats est un autre problème : la confédération celtique dans sa partie gauloise chevelue, atomisée en petites principautés autonomes, arriverait à mobiliser la quasi-totalité de ses hommes en âge de se battre quand des Etats centralisés, utilisant la rationalisation du recensement et des motivations telles que le patriotisme national ou les idéologies, n'y arriveront pas avant le XXe siècle ?

D'abord, c'est vous qui supposez que pour atteindre les masses décrites par César, la Gaule aurait dû lever la "quasi-totalité" de ses hommes en âge de se battre. Et si cet immense espace qu'étaient les Gaules avait encore de la réserve ? Derrière les combattants, il y avait toute une fraction de la société qui était non combattante et qui pourvoyait aux besoins des combattants, et dont on ne sait pas grand chose.

Ensuite, concernant la motivation, soyons prudents quand nous faisons des comparaisons par-dessus les siècles. Le grognard de Napoléon, l'archer gallois du Moyen-Age et le soldat gaulois, n'avaient certainement pas le même rapport psychologique ou religieux à la guerre.

LTN503 a écrit :
Techniquement, des rassemblements de la totalité de la population mâle de la Gaule sont possibles tant qu'il y a de quoi la nourrir. Je dis juste qu'il est hautement improbable :

"totalité de la population…", c'est vous qui le dites.

LTN503 a écrit :
1) que cette masse d'hommes ait été mobilisée en de telles quantités compte tenu a) du fait que la population ait été bien moins nombreuse que 17 siècles plus tard, période où l'on arrive à retrouver des effectifs comparables à ceux avancés ;
b) du fait que l'atomisation du pouvoir empêche d'obtenir une efficacité aussi importante de la mobilisation masculine parce qu'il n'y a aucune cohérence décisionnelle (et aucune instance régulatrice chargée de faire appliquer des décisions prises à l'échelle la plus élevée, comme la gendarmerie en 1914-1918).

Comparer la guerre des Gaules et la guerre de 30 ans ou à la guerre de 1914-18 sur la base du seul critère de la ressource humaine, me paraît un peu léger…

LTN503 a écrit :
2) que le ravitaillement ait été assuré pour de telles quantités d'hommes compte tenu a) de l'absence totale de services logistiques, qui seront balbutiants au XVIIe ; b) d'une ressource logistique globale vraisemblablement inférieure à celle dont on disposera plus tard (moins de terres arables, des moyens de production et de conservation plus rudimentaires peut-être ?).

Attention à ne pas sous-estimer le soutien logistique que peut apporter un vaste arrière-pays dont l'archéologie, comme je l'ai dit, nous amènera certainement à réviser les ressources à la hausse.

LTN503 a écrit :
3) que de telles masses aient pu être rassemblées pour une courte durée en s'exonérant ainsi des contraintes logistiques (point d'Aigle avec sa comparaison avec les Mérovingiens) puisque a) le réseau routier gaulois est inexistant

Faux. On a de plus en plus de raisons de penser que le fameux réseau de voies romaines se superposait à un réseau gaulois pré-existant, plus développé que ce qu'on croyait. Que je sache, les légions de César, Labiénus etc... avec tous leurs impedimenta, ne se déplaçaient pas "tout schuss" par monts et par vaux.

LTN503 a écrit :
ce qui multiplie les délais de rassemblement dans des proportions importantes, et donc la nécessité d'assurer le ravitaillement pendant des délais plus long ;

Les Helvètes émigrant vers le pays des Santons ont démontré qu'on savait planifier et organiser rassemblements et ravitaillements.

LTN503 a écrit :
b) les armées des siècles suivants prouveront leur absence de cohérence sans ressource logistique stable et rien dans le système celte n'est de nature à les affranchir de cette contrainte (pas de bouffe = désertions massives), surtout que l'atomisation politique empêche d'obtenir une adhésion patriotique ou idéologique qui maintient le soldat dans le devoir.

La ressource logistique n'était peut-être pas si problématique que ça, dans un espace qui était riche et où les Gaulois étaient quand-même chez eux. Par ailleurs, le "système" Gaulois était "politiquement" assez cohérent pour
- monter une confédération pour écraser une bonne fois pour toutes ces légions,
- définir une stratégie, la terre brûlée : on détruit tout ce qu'on ne peut pas consommer ou emporter, ce qui, en passant, prouve que de la ressource, il y en avait…
-le tout dans une guerre qui se voulait certainement rapide : création d'une telle masse, que les légions romaines seraient rapidement annihilées.

Cordialement.

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Message Publié : 09 Août 2009 18:25 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 30 Juil 2003 21:44
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Localisation : Lorraine
LTN503 a écrit :
Chez les Gaulois, qu'on me prouve qu'ils considéraient la tribu distante de 300 ou 500 bornes comme un chez eux pour lequel ils acceptaient de se faire tuer, et je pourrais reconsidérer mon point de vue...

Vous raisonnez comme un homme moderne qui ne va pas à la messe. :mrgreen: et c'est pour ça que vous ne voyez pas que quand le Gaulois allait à la guerre, il faisait un acte de religion.

En l'absence de certificat authentique signé par le guerrier Lambdaïx, je ne suis pas en mesure d'administrer la preuve que vous demandez. :mrgreen: , mais si on accepte de considérer que les hommes et les femmes de cette époque n'étaient pas idiots, qu'ils étaient informés de ce qui se passait à 300 ou 500 bornes de chez eux, et surtout qu'ils avaient des élites qui étaient bien conscientes de l'intérêt qu'il y avait (au-moins pour lesdites élites) à arrêter ces légions romaines qui mettaient la pagaille dans le monde gaulois depuis le "débarquement" de César, on peut comprendre qu'ils aient eu envie "d'aller à la messe".

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Message Publié : 09 Août 2009 18:28 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Tout à fait d’accord avec le Lieutenant sur l'impossibilité matérielle de rassembler et de nourrit cette armée de secours de 52, surtout au vue du contexte.

De très grandes concentrations d’effectifs militaires sont possible, par deux moyens :
  • Le premier, celui mis en œuvre par les armées pléthoriques achéménides, ou par exemple par Carthage lors de ses offensives sicilienne. il s’agit de se concentrer pendant des années (ce n'est pas de la rhétorique, les sources insistent) des approvisionnements, de baliser l’itinéraire d’étapes de ravitaillement massif. Cela prend énormément de temps. Quant enfin tout est prêt dans le moindre détail, alors l’armée est rassemblée en un seul lieu et se met en route. Très lentement par la force des choses. La campagne sera de courte durée (programmée en fonction des disponibilités frumentaires). Militairement, ce n’est pas brillant… Si le résultat n’est pas immédiat et la victoire complète, cela finit immanquablement en désastre une fois les réserves consommées. Ainsi Darius contre les Scythes n’arrive à rien, puis crève de faim. Ainsi Xerxès envahit la Grèce avec une armée innombrable, qui doit quitter la péninsule la queue entre les jambes quelques semaines à peine après être arrivée, sans avoir rien fait : les opérations traînent, la flotte (qui transporte l’essentiel du ravitaillement, d’où les marches parallèles de l’une et l’autre) détruite contraint le Roi des Rois à la retraite, et encore, il semblerait que la famine ait fait des ravages… Par contre, politiquement, l’effet est impressionnant. Plus qu’une campagne, il s’agit d’une parade, un défilé martial qui traverse la moitié des provinces de l’Empire, largement de quoi faire réfléchir quiconque songerait un jour à se rebeller… Bref, une méthode destinée aux démonstrations de force plus qu’à l’efficacité militaire proprement dite.
  • Le second moyen est celui évoqué par Aigle : concentrer ponctuellement des armées aux effectifs raisonnables, le temps d’une bataille. Ainsi les 80 000 Romains de Cannes sont le regroupement temporaires de 4 armées romaines. C’est les plus courantes pour expliquer des chiffres inattendus. Ces corps opèrent séparément avant la bataille, et se divisent ensuite après la bataille, pour de simple raison de ravitaillement. Ainsi, chaque grande bataille (en terme d’effectifs) antique est suivie d’une phase d’éclatement, à la fois d’exploitation mais aussi plus prosaïquement d’entretien. Hannibal partagera son armée avec ses adjoints après Cannes ; Alexandre après chaque victoire confie à ses généraux des tâches particulières suivants des itinéraires différents, jusqu’à un point de rendez-vous commun (en général une grande ville bénéficiant déjà de généreux greniers capable de supporter temporairement leur passage) où seront fixé les nouveaux objectifs.

Si la migration Helvète correspond au premier cas, la coalition de 52 s’apparente bien entendu de la seconde méthode, dont on retrouve tous les traits, à commencer par la brièveté de l’opération : n’arrivant à rien, ils sont contraints de se disperser très rapidement. Je serais néanmoins beaucoup plus généreux que LTN, une armée de secours de 80-120 000 me semble tout à fait envisageable. César était en tout cas très largement surpassé numériquement, d’où sa bataille strictement défensive. Face à seulement 30 ou 40 000 hommes, il n’aurait pas eu besoin de telles précautions et pouvait tout à fait tenter une bataille rangée, où les légionnaires avaient largement montrer leur supériorité les années précédentes.

Maintenant, à quoi correspondent vraiment les chiffres de César ?
Avant toute chose, rappelons que lorsque Vercingétorix se décide à envoyer chercher de l’aide, il ne dispose que de 30 jours de vivres (VII.71)…
VII.75 : Les Gaulois ayant tenu une assemblée des chefs, décident qu’il convient non pas d’appeler, comme le voulait Vercingétorix, tous les hommes en état de porter les armes, mais de demander à chaque cité un contingent déterminé, afin d’éviter que dans la confusion d’une telle multitude, il devienne impossible de maintenir la discipline, de distinguer les troupes des divers peuples, de pourvoir au ravitaillement. On demanda aux Héduens et à leurs clients etc….

Première remarque : c’est César le narrateur, on se demande bien comment il peut connaître aussi précisément les renseignements qu’il donne sur ce conseil de guerre ennemi anonyme. Car aucun nom n’est fournit. Qui prend la décision ? Qui sont les membres de cette "assemblée des chefs" ? Seule certitude, il ne s’agit assurément pas des chefs des peuples révoltés convoqués pour l’occasion : il n’ont guère le temps de la tenir (le compteur tourne pendant ce temps pour Vercingétorix, et rien n’a encore été fait). Sans doute essentiellement les officiers de la cavalerie eux-mêmes, et les seuls Héduens chez qui ils se sont réfugiés, peut-être en présence d’Eporédorix… Aussi parlent-ils au nom de peuples sans leur aval (à supposé bien sûr que la scène soit véridique).

Ensuite, quelle valeur donner aux chiffres avancés ? Ils ne représentent pas, de son propre aveu, la puissance militaire réelle de chaque peuple ; en fait, ils sont proportionnel au degré d’engagement des différents tribus. Ainsi, les Héduens et les Arvernes à la tête de la coalition fournissent exactement le même nombre d’hommes, comme les Bellovaques et les Nerviens en 57, qui en promettaient chacun 50 000 alors que les capacité Bellovaques se montent d’après lui à 100 000, et les Nerviens à 60 000. Il n’y a donc pas de proportionnalité réelle entre ces chiffres et les ressources humaines. Je le signale pour relativiser leur valeur pour les calculs démographiques. Mais concernant notre sujet, ce sont surtout des chiffres lancés au pif par des individus qui parlent au nom des autres, sans en avoir forcément la légitimité… Ces chiffres sont donc doublement théoriques. Et César ne vient nullement affirmer ni ici ni ailleurs que c’est bien cette armée théorique qu’il combat. Il se contente comme d’hab de sous-entendre en nous offrant ce détail préliminaire et en taisant le reste (Ah ? Vous avez compris ça vous ? Je n’ai pourtant rien dit de tel… :mrgreen: ).

Enfin…. Ben ils ont trente jour pour les avertir, les rassembler, rassembler les provisions, et venir dare-dare à Alésia… Sachant que bon nombre des peuples mentionnés sont originaires du fin fond de la Gaule… Il est tout simplement matériellement impossible de les rameuter à temps.
Les seuls à être en mesure de le faire sont :
  • Les armées déjà en campagne, celles qui harcèlent la Provincia (VII.64). Elles sont déjà à pied d’œuvre, nul besoin d’aller les chercher dans leurs chaumières. S’ils font vite et partent tout de suite, il arriveront peut-être à temps (sachant qu’il leur faut tout de même venir du Languedoc pour certains, ils ont du cavaler…).
    1. les 10 000 fantassins et 800 cavaliers Héduens et Ségusiaves commandés par Eporédorix (le frangin de Vercingétorix), qui harcèlent les Allobroges
    2. l’armée arverne et gabale qui combat victorieusement les Helviens.
    3. Les Rutènes et les Cardurques qui ravage les Volques Arécomiques.
  • Complétés par les peuples voisins associés à la révolte, à savoir les Sénons, les Héduens, et les Séquanes, éventuellement Carnutes et Bituriges s’ils font vite. Par contre, évidemment, tous les autres, comme les Cadurques et les Pétrocores de la frontière Aquitaine, ou les peuples atlantiques comme les Santons, les Pictons, les peuples armoricains, mais aussi les Belges isolés par la fidélité des Rèmes, les Médiomatrices et les Leuques séparés par les Rèmes et les Leuques etc. Tous ceux-là n’ont matériellement pas les moyens en trente jours d’être averti, de mobiliser, de ravitailler, puis de rallier Alésia.
Et de fait, les trésors monétaires gaulois d’Alise confirment leur absence lors du siège.

Donc des chiffres balancés par César, d’une part il faut retrancher tous ceux dont la mobilisation était illusoire, et d’autre part réévaluer les effectifs concédés par les autres peuples, en tenant compte de l’urgence de la situation.


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Message Publié : 09 Août 2009 19:24 
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Mon point essentiel était l'absence d'une logistique permettant de maintenir en campagne, à cette époque, une armée de cette taille.
Je vois d'ailleurs que vous ne vous attaquez pas à ce point de mon argumentation, mais à d'autres qui me paraissent moins importants et sur lesquels j'avoue d'ailleurs une moins grande connaissance. Je suis prêt à vous les concédez même si en l'état actuel des choses, je pense que la Gaule du Ier siècle avant notre ère et la France du XVIIe n'avaient effectivement pas les mêmes ressources et surtout la même capacité de les mobiliser rapidement en un seul endroit (atomisation politique = dispersion des ressources et des efforts).

Il suffit à mon sens à indiquer que César est dans l'exagération la plus complète : pour moi, aucune armée de cette taille n'a les moyens de tenir la campagne pendant une période significative, en gros, il n'y aucun intérêt à mobiliser autant d'hommes puisqu'on ne pourra pas les "soutenir".
César, à l'opposé, a tout intérêt à mettre en avant les énormes masses barbares qu'il a défaites.

Loïc B.

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Message Publié : 09 Août 2009 19:35 
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Karolvs a écrit :
Attention à ne pas sous-estimer le soutien logistique que peut apporter un vaste arrière-pays dont l'archéologie, comme je l'ai dit, nous amènera certainement à réviser les ressources à la hausse.

LTN503 a écrit :
3) que de telles masses aient pu être rassemblées pour une courte durée en s'exonérant ainsi des contraintes logistiques (point d'Aigle avec sa comparaison avec les Mérovingiens) puisque a) le réseau routier gaulois est inexistant

Faux. On a de plus en plus de raisons de penser que le fameux réseau de voies romaines se superposait à un réseau gaulois pré-existant, plus développé que ce qu'on croyait. Que je sache, les légions de César, Labiénus etc... avec tous leurs impedimenta, ne se déplaçaient pas "tout schuss" par monts et par vaux.

LTN503 a écrit :
ce qui multiplie les délais de rassemblement dans des proportions importantes, et donc la nécessité d'assurer le ravitaillement pendant des délais plus long ;

Les Helvètes émigrant vers le pays des Santons ont démontré qu'on savait planifier et organiser rassemblements et ravitaillements.

LTN503 a écrit :
b) les armées des siècles suivants prouveront leur absence de cohérence sans ressource logistique stable et rien dans le système celte n'est de nature à les affranchir de cette contrainte (pas de bouffe = désertions massives), surtout que l'atomisation politique empêche d'obtenir une adhésion patriotique ou idéologique qui maintient le soldat dans le devoir.

La ressource logistique n'était peut-être pas si problématique que ça, dans un espace qui était riche et où les Gaulois étaient quand-même chez eux. Par ailleurs, le "système" Gaulois était "politiquement" assez cohérent pour
- monter une confédération pour écraser une bonne fois pour toutes ces légions,
- définir une stratégie, la terre brûlée : on détruit tout ce qu'on ne peut pas consommer ou emporter, ce qui, en passant, prouve que de la ressource, il y en avait…
-le tout dans une guerre qui se voulait certainement rapide : création d'une telle masse, que les légions romaines seraient rapidement annihilées.


Au temps pour moi j'avais zappé cette partie du message.
Avoir la ressource est une chose, en disposer sur le point d'application de l'effort en est une autre.
Pas le temps de re-développer ce soir hélas.

Pour la terre brûlée, justement, elle n'exige pas des masses de combattants. Une petite armée de quelques centaines d'hommes qui dévastent tout suffit.

Cordialement

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Message Publié : 09 Août 2009 21:22 
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Philippe de Commines
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LTN503 a écrit :
Pour la terre brûlée, justement, elle n'exige pas des masses de combattants. Une petite armée de quelques centaines d'hommes qui dévastent tout suffit.
Cordialement

Certes, mais je citais surtout la terre brûlée comme un des éléments qui montre
1/ l'aptitude de la coalition gauloise à définir et appliquer une stratégie (sauf l'exception que nous savons), ce qui va à l'encontre de votre avis selon lequel l'atomisation politique rendait impossible une telle confédération
2/ l'existence de ressources suffisantes pour qu'on se permette de détruire ce qu'on ne peut pas consommer ou emporter

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Message Publié : 09 Août 2009 21:50 
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Jean Mabillon
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LTN503 a écrit :
@

Chez les Gaulois, qu'on me prouve qu'ils considéraient la tribu distante de 300 ou 500 bornes comme un chez eux pour lequel ils acceptaient de se faire tuer, et je pourrais reconsidérer mon point de vue...

Loïc B.


heuh ... je ne prouve rien mais j'avais cru comprendre que de 58 à 53 av JC césar mène campagne contre les gaulois en les attaquants tribus après tribus, l'une après l'autre de façon à voir toujours une forte supériorité numérique et des relations sûres vers la narbonnaise. Ensuite vers 53/52, les choses auraient changé : les gaulois auraient compris le dessein de césar (réduire toute la Gaule en province) et auraient décidé d'agir ENSEMBLE pour l'en empêcher. Je pense que cet ensemble devait plutôt viser les chefs (qui ? les drides ? les nobles ? les magistrats ?) - mais si les chefs de la tribu (même éloignée) ont décidé de la guerre peu importe ce que pense le jeune noble de 17 ans... il est forcément content d'aller se battre non ? maintenant je fais peut-être totalement fausse route...

mais je me demande si LTN503 n'exagère pas le rôle de la logistique pour les gaulois de cette époque : en l'absence de carburant et de munitions, la logistique se limite en fait à l'alimentation (des hommes et des chevaux) - encore une fois pour de courtes périodes un rassemblement relativement nombreux (je dis bien de 50 à 100 000 - ou 120 000 comme Thersite - pas 330 000) me semble posssible (je dis bien "semble" je n'ai aucune certitude).

Au XVIIè siècle il faut de la poudre et des balles - au XXè de l'essence ... tout change avec le temps!


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Message Publié : 09 Août 2009 22:34 
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Je n'exagère rien, je suis absolument incapable de chiffrer les effectifs gaulois, et à mon sens personne ne le peut vraiment. Mais 330 000 me semble invraisemblable, comme les chiffres généralement avancés par les auteurs antiques.
La logistique du guerrier gaulois ou du chevalier médiéval n'est pas sensiblement différente, et pourtant, pour des raisons logistiques, les armées de la Guerre de Cent Ans ne dépasseront que rarement 20 000 hommes. Pour que les armées modernes puissent dépasser le seuil critique de 100 000 hommes, il faudra la rationalisation et la mise en place d'une logistique conçue spécialement pour cela au XVIIe siècle. Il est d'ailleurs significatif qu'avant ce siècle dieu n'est pas forcément du côté des gros bataillons, l'entretien d'une vaste armée posant de bien plus gros problèmes de cohésion et de logistique que celui d'une petite force (l'invasion germanique du Rex Francorum sous Louis VI ; la chevauchée anglaise de 1360 en France ; l'armée espagnole après Saint-Quentin en 1557 par exemple).

Un point qui me semble important, c'est la capacité du guerrier gaulois à subsister sur le terrain, que j'avoue méconnaître totalement. Cependant, si la capacité à fourrager est un élément logistique décisif qui explique par exemple et entre autres en grande partie les succès français des années 1796-1806, elle est ici largement mise en défaut par la masse même de guerriers qui doivent subsister sur un espace forcément réduit. Si 30 ou 40 000 hommes ont la possibilité de vivre sur les ressources offertes par le terrain, si 80 à 120 000 le peuvent peut-être encore, j'ai énormément de doutes sur cette possibilité pour 250 à 300 000.
Après, il conviendrait d'étudier quelles ressources les oppida régionaux offrent en sus, en admettant qu'ils soient favorables à l'armée gauloise et surtout qu'ils acceptent de fournir leurs réserves alors qu'un siège ultérieur est une possibilité à prendre en compte.

Mais mon point est, de toute manière, qu'il m'apparaît très difficile pour un pays éclaté et divisé, très étendu (selon le rapport au temps de trajet je veux dire), de mobiliser, rassembler et "soutenir" autant d'hommes. Même si la Gaule au sens large comprend dix millions d'âmes, combien de ces âmes sont sous l'autorité des tribus acquises à la confédération gauloise ? Cela représente combien de guerriers potentiels, en admettant que tous les guerriers des tribus concernées soient partants à une expédition (encore une fois, les tribus ne devaient pas mettre tous leurs oeufs dans le même panier et conserver sous leur autorité de quoi assurer leur auto-défense, sans compter ceux qui renâclent) ? Combien entendent l'appel au secours de l'armée de Vercingétorix, qui n'a dû toucher que les tribus les plus proches, surtout en prenant en compte le temps contraint ?
Et une fois cette force réunie, de quelle manière la fait-on subsister, alors que l'absence de planification ne lui laisse que l'improvisation pour régler ce problème ? Est-ce que sa cohésion est suffisante pour assurer qu'il n'y a aucune désertion, aucun maraudage ?

Si le seul point qui va contre cette "intuition" est ce qu'en dit César, je trouve que c'est nul et non avenu : César est un propagandiste de sa propre cause, et il écrit dans ses commentaires ce que Napoléon écrira dans ses bulletins de la Grande Armée : des mensonges à des fins politiques (notez bien que je suis un grand admirateur du génie politique de César, et qu'il n'y a là aucun jugement moral). Vu qu'il a tout intérêt à grossir les effectifs adverses afin d'augmenter son mérite et son influence auprès du Sénat, c'est accepter sans sourciller les chiffres qu'il avance qui est suspect, non pas les remettre en cause !

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Message Publié : 09 Août 2009 22:42 
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Je rajouterais pour finir ce soir que les limites inhérentes à la fonction commandement, réduite à l'époque (encore que moins qu'à l'époque médiévale), induisaient les chefs à auto-limiter leurs effectifs : à quoi servent 300 000 hommes si on ne peut assurer le commandement sur le champ de bataille que de 30 000 ? C'est avec la logistique la raison pour laquelle bien des armées médiévales sont très limitées en nombre.

Pour ces raisons, il me semble invraisemblable qu'il y ait eu une telle masse de guerriers concentrée : commander une telle cohue présentait plus de difficultés que d'avantages.

J'avoue cependant que les performances piètres de cette armée de secours ne militent pas en faveur d'une prise en compte par les chefs gaulois desdites limites de la fonction commandement... Et qu'en admettant qu'il y ait eu un réel enthousiasme à l'idée d'une mobilisation anti-romaine (je suis très sceptique vu la conduite de bien des tribus, et puis ça fait trop image d'Epinal de la IIIe République destinée à souligner, déjà, l'élan patriotique de nos ancêtres les Gaulois...), je dirais que ce point n'est pas forcément le moins crédible.

Loïc B.

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