Tout le problème peut être abordé a contrario. Et cette approche permet alors de faire une réponse tautologique.
Qu'est-ce qu'un patricien ?
Contrairement à toutes les tentatives qui ont été faites de déterminer les critères rigoureux d'appartenance ou de non appartenance au patriciat, il semble qu'on soit obligé de convenir qu'il n'y a pas de définition stricte autre que la suivante.
Est patricien celui qui est reconnu comme tel ou celui qui a été estimé suffisamment digne pour être intégré au patriciat. Et ensuite, évidemment, sont patriciens les fils de patriciens.
J'en veux pour exemple le fait que la gens Claudia, originaire de Sabine, est arrivée à Rome à une date estimée en général à 504. C'est-à-dire après la fondation de la république en 509. Et pourtant, elle a été jugée suffisamment digne pour être directement intégrée au patriciat de Rome et pour que son chef accède au consulat (ou à la fonction considérée par les annalistes comme équivalant alors au consulat) en 494.
A contrario, d'autres aristocrates aux services desquels Rome avait recours pour conduire ses guerres et conclure ses alliances familiales ont été intégrés à la cité romaine, mais sans toutefois intégrer le cercle très restreint du patriciat. Ce sont eux qui ont, en large partie, contribué à constituer cette noblesse plébéienne qui par la suite n'aura de cesse de se faire reconnaître la pleine égalité politique par rapport au patriciat.
D'autres sources semblent indiquer qu'il y aurait aussi eu des nobles plébéiens dès l'époque de la monarchie. Et que le Sénat aurait aussi compté des membres plébéiens à cette époque. Disons qu'il aurait pu notamment s'agir de personnes au service des rois étrusques (sous lesquels Rome a connu un important essor économique et commercial) et intégrés au Sénat par la faveur royale.
Pour ce qui concerne certaines grandes gentes patriciennes, il ne faut pas oublier que d'autres que les Claudii n'étaient pas purement romaines au sens strict (voir Ronald Syme et Mathias Gelzer par exemple). Les Julii, comme les Servilii et d'autres encore, étaient originaires d'Albe et auraient été intégrés au patriciat romain après que Rome ait soumis Albe.
Les Fabii et les Valerii avaient des liens très étroits avec l'Etrurie et ils avaient certainement des origines étrusques. S'il y a eu des rois étrusques ou un phénomène différent s'expliquant par une domination étrusque, il n'est pas impossible qu'ils soient arrivés dans leurs bagages ou dans ce contexte.
Quand à la grande famille plébéienne des Licinii (les Licinius Crassus, Licinius Lucullus, ...etc), il est établi qu'elle est d'origine étrusque.
Pour résumer, il y avait certes une très vieille noblesse romaine vraiment autochtone qu'on a à compter d'un moment qualifié de patriciat. En revanche, elle était ouverte et intégrait en son sein des nobles d'origine allogène. Donc, le patriciat ne se limitait pas aux nobles véritablement autochtones.
Puis, peu après la fondation de la république, le patriciat s'est précisé, s'est fermé. Et alors, les nouveaux aristocrates qui étaient alliés de Rome n'ont plus été intégrés que dans une catégorie dégradée qui allait devenir la noblesse plébéienne.
A côté de cela, bien sûr, il a du y avoir des gens enrichis par le commerce et par l'artisanat qui investissaient dans la terre et qui ont aussi contribué à former l'aristocratie plébéienne.
Il faut enfin tenir compte du fait que la gens Claudia, pourtant patricienne, a vite compté des branches plébéiennes. Et notamment les Claudii Marcelli.
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