Voici ce que j'ai trouvé sur un autre site :
http://perso.orange.fr/miltiade/guerpunique_3eme.htm
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L'appétit de Massinissa
Encouragé par le Sénat, le roi numide attaque en - 193, la riche Byzacène. Le pays d'Empories (d'emporia : les places de commerce), est pillé et occupé. Peu à peu, toute la campagne est perdue. Les Carthaginois se maintiennent dans les plus grosses agglomérations. Ils supplient le Sénat de les laisser se défendre ou de tracer de façon définitive la frontière.
Les envoyés de Carthage demandent au Sénat d'être sujet de Rome. Mais cette dernière laisse la situation en l'état et si elle retient, une fois ou deux, l'avidité de Massinissa, les commissaires romains venus en Afrique repartent sans prendre de décisions.
Carthage se montre très prévenante pour Rome et lui envoie de riches convois de blé. La situation financière de Carthage s'est durablement améliorée après le passage d'Hannibal aux affaires. L'oligarchie est remplacée par une "démocratie" qui assainit les finances et récupère les sommes détournées par l'oligarchie.
En - 187, Carthage propose le paiement anticipé de toutes les annuités de l'indemnité de guerre. Rome refuse pour maintenir Carthage dans la situation de tributaire. Elle se rend compte que malgré ses efforts, Carthage n'est absolument pas ruinée.
Mais les armées de Rome sont occupées à l'Est et aussi en Ibérie. Massinissa constitue un véritable état numide. Syphax, le roi des Massaesyles étant mort dans une prison romaine, son fils Vermina n'avait récupéré qu'une infime partie des états de son père, l'essentiel étant sous la maîtrise de Massinissa. Son royaume s'agrandit sans cesse, et a pour capitale Cirta, l'actuelle Constantine, il s'étend jusqu'à la Cyrénaïque, après avoir conquis Leptis Magna. Il a transformé les nomades en agriculteurs et a fondé des villes administrées à la punique avec des suffètes. Son armée comprend des éléphants et aussi une marine.
[...]
Les Carthaginois ont développé la culture de la vigne et de l'olivier dans le but de cesser les importations du vin et de l'huile.
Caton en mission d'inspection en Afrique en - 153 remarque ces progrès avec aigreur. Il se montre incapable d'arbitrer le conflit entre Numides et Carthaginois.
Ce sont les grands propriétaires terriens d'Italie qui vont se liguer pour éliminer Carthage. Mais il faut une raison pour faire la guerre et c'est Carthage, lassée des attaques de Massinissa qui va la lui fournir.
Le parti pro numide est réduit à l'impuissance par l'exil de ses chefs décidés par le "parti des populaires" : Hamilcar le Samnite, Hasdrubal le Boetharque (commandant des troupes auxiliaires) et Carthalo.
Massinissa vient d'occuper la région de Dakhla (les Campi Magni) et dès - 154, Carthage commence à fabriquer des armes et à construire un nouveau port de guerre. Rome reste indifférente à ce manquement au traité de - 201. Les envoyés de Rome, en - 153, remarquent dans les arsenaux des stocks d'armes. Et en - 152, la commission romaine manque d'être massacrée par le peuple de Carthage.
En - 151 Caton réclame une déclaration de guerre en bonne et due forme. Mais Scipio Nausica obtient qu'une commission soit envoyée pour imposer le désarmement et qu'en cas de refus la guerre contre Carthage soit déclarée. Cette politique amenait à terme à la guerre mais les événements d'Afrique vont fournir un autre prétexte.
La pression de Massinissa autour de Carthage se fait de plus en plus forte et celle ci lui déclare la guerre en - 149. Elle arme 50 000 hommes et livre bataille au roi numide. Cette armée carthaginoise est vaincue sous les yeux de Scipion Emilien en mission près de Massinissa.
Carthage refusant de livrer les transfuges, la guerre continue et l'armée punique cernée, capitule en raison de la famine et est en partie massacrée. Les sénateurs de Carthage, pour amadouer Massinissa et en prévenant Rome de leur action, condamnent à mort Carthalo et Hasdrubal qui prend le maquis immédiatement.
Mais entre temps, à Rome, le parti de la guerre l'a emporté. Carthage a attaqué un allié de Rome en violation du traité de - 201. Au printemps, les consuls, Manilius et Censorinus sont chargés de conduire 4 légions et 50 quinquérèmes en Afrique et de détruire Carthage.
Les Carthaginois envoient une ambassade à Rome. On lui répond que ce sont les consuls qui donneront les directives en Afrique. Ces derniers exigent d'abord la livraison de 300 otages issus des familles les plus nobles. Puis ils demandent la livraison de toutes les armes.
Pour éviter la guerre, Carthage accepte ces conditions et 200 000 armures, 2 000 catapultes et toute la flotte sont livrées aux consuls qui ont débarqués à Utique, cité qui a pris le parti de Rome. Après avoir désarmé son ennemie, les consuls rappellent les torts de Carthage et annoncent la dernière injonction du Sénat. "Allez et bâtissez une autre ville à 80 stades (environ 14,2 kilomètres) au moins de la mer. Nous avons l’ordre de détruire Carthage !"
A Carthage, cette nouvelle déclenche une violence qui frappe les plénipotentiaires, les partisans de la paix ainsi que les Italiens qui résidaient à Carthage. Le Sénat déclare la guerre à Rome, et décide de mobiliser toute ses ressources pour produire des armes et remettre les remparts en état.
En été, les arsenaux et les particuliers fabriquent quotidiennement : 300 épées, 500 lances, 140 boucliers et 1 000 traits de catapulte ainsi que ces machines. Lorsque l'armée romaine approche des murs de la ville, elle les trouve en état de défense. Hasdrubal, petit fils de Massinissa se voit confier le commandement militaire et Hasdrubal le Boetharque est immédiatement amnistié, il se rapproche de Carthage et vient camper à Néphéris, au Sud Est de la ville. La stratégie décidée est toute défensive, en réaction aux attaques des Romains. Une partie des cités voisines reste fidèle à Carthage : Hippo Diarytus (Bizerte), Apsis (Kelibia) et Neapolis (Nabeul), alors qu'Hadrumète (Sousse), Thapsus et Leptis Minor s'allient aux Romains. Les consuls pouvaient empêcher ce réarmement en occupant rapidement la cité, mais ils comptaient sur une reddition spontanée."
On voit ici qu'à chaque fois Carthage a essayé d'éviter la guerre, que ce soit en flattant Rome, ou en acceptant de se désarmer.
Je pense donc que Rome ne pouvait supporter qu'une autre cité soit aussi importante et ait un rayonnement aussi puissant que celui qu'avait Carthage.
D'après
Malet et Isaac, elle était le plus grand entrepôt du monde antique, ce qui faisait trop d'ombre à Rome. Je suis assez d'accord avec leur analyse qui dit qu'au fond,
"les conquêtes romaines furent en partie une vaste opération financière".