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Message Publié : 01 Juin 2007 9:09 
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Hérodote
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Inscription : 23 Jan 2007 18:39
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Bonjour,

Je commence à étudier l'histoire romaine... je débute donc et concernant les motifs de la destruction de Carthage par les romains j'ai trouvé plusieurs thèses différentes.

Voici ce que j'ai trouvé :

"C'est vers 155 que Rome changea complètement de politique. Un parti, dont Caton était le représentant le plus influent, proclamait à toute occasion : « Il faut détruire Carthage ! » Scipion l'Africain était mort en 183 en même temps qu'Hannibal ; certains membres de son parti et de sa famille continuaient encore à soutenir, comme il l'avait fait, qu'il fallait respecter les engagements pris envers l'ennemie vaincue. Mais une propagande active créait à Rome une véritable haine du Punique qui jusque-là n'avait pas existé : c'est à ce moment, en particulier, que se développa la légende de la « perfidie punique ».
Les Anciens n'ayant pas expliqué ce revirement, les Modernes se partagent entre plusieurs interprétations. Certains, comme l'historien allemand W. Hoffmann, l'expliquent par l'évolution propre de l'impérialisme romain : sitôt après la seconde guerre punique, et la guerre de Macédoine qui l'avait suivie immédiatement, Rome aurait rêvé d'un monde méditerranéen composé d'États libres sous sa direction. Les déceptions soulevées par cette politique et l'évolution économique (attrait exercé sur les hommes d'affaires romains par une sorte de capitalisme fondé sur la grande propriété et le commerce maritime de denrées chères) amènent la génération suivante à remplacer le protectorat par la domination directe fondée sur la terreur. Mais on comprend mal que des hommes réalistes comme Caton en viennent à déclencher sans raison précise une guerre dure et sans profit : Rome n'était pas préparée à prendre le contrôle de l'économie africaine qu'elle laissera dépérir après sa victoire. S. Gsell pensait, quant à lui, que c'était la crainte de voir Massinissa s'emparer de Carthage qui avait incité Rome à la détruire. Cette opinion a été réfutée par B. H. Warmington : en fait, le danger d'une annexion par les Numides était bien plus grand vers 160 que dix ans plus tard, au moment où les partisans du roi avaient perdu leur crédit dans la ville, et où lui-même arrivait au terme d'une longue vie.
Nous avons essayé de montrer que la décision de Rome a été déterminée par l'arrivée au pouvoir à Carthage d'un parti démocratique radical en 155. Ce parti adopte une politique agressive à l'égard du royaume numide, et l'un de ses chefs, Carthalon, réussit à soulever ses paysans contre le roi. Il y avait donc un danger révolutionnaire réel en Afrique. Au même moment, un phénomène analogue se produisait en Grèce, où la Ligue achéenne, traditionnellement conservatrice et alliée fidèle de Rome, tombait sous la coupe des démocrates extrémistes. Rome réagit dans les deux cas de la même manière en détruisant complètement la ville (en Grèce, Corinthe) qui était le principal foyer de l'agitation."

J'aimerai avoir votre avis. Les romains ont-ils détruit Carthage de peur que Massinissa s'approprie ses richesses en l'envahissant, ou à cause des dangers d'une révolution comme c'est affirmé ici ?
Puis-je me fier à ce site à votre avis ?

merci de vos réponses :wink:

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K.MARX


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Message Publié : 01 Juin 2007 10:04 
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Polybe
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Inscription : 07 Nov 2006 14:30
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Pour ma part, je pense que la vraie raison c'est le traumatisme subit par le passage des alpes par l'armée d'Hannibal : pour la première fois depuis Brennus, Rome est attaquée dans le territoire de la péninsule par des étrangers à cette péninsule. Rome est passée près de la destruction !

Après en ce qui concerne les risques révolutionnaires, oui il y a des révoltes en Afrique, mais il y en a toujours eu et Carthage et encore suffisamment puissante à cette époque pour gérer son territoire.

Je doute fort que Rome rêve dès cette époque à un monde méditerranéen unifié, la conquête romaine est faite de pragmatisme en général.

Peut-être faut-il y voir encore des dissensions entre Rome et Carthage sur l'Espagne ou la Sicile ou telle ou telle zone d'influence disputée par les deux puissances ce qui conduit à se revirement et justifie la guerre et la conquête.


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Message Publié : 01 Juin 2007 10:22 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 13 Jan 2007 20:12
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Je plussoie Moditus.
La seconde guerre Punique avec Hannibal a été un traumatisme, et les armées romaines se sont fait écraser à plusieurs reprises. La bataille de Cannes est exemplaire à cet égard.
Nul besoin d'une propagande prolongée et dure pour persuader les Romains de la nécessité de détruire Carthage. Les Puniques ont représenté pendant longtemps de véritables concurrents pour Rome. Même si en 155 av JC ils ne représentent plus la même menace, il l'ont été si longtemps et si dangereusement que raser Carthage est une conséquence logique d'une haine séculaire (et partagée) !
En outre, l'Afrique du nord est une région très riche, où des colons ont été installés très vite (dès l'époque des Gracques, on en a des traces archéologiques par des stèles), et qui est devenu un des greniers à blé de Rome (le plus proche _ à deux jours de navigation). Une raison de plus pour s'approprier cette partie du monde méditerranéen sans constestation possible ! L'Egypte aussi deviendra une simple province sous administration directe de Rome, pour les mêmes raisons : garantir un approvisionnement régulier en denrées de base (huile, blé).

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Message Publié : 01 Juin 2007 10:32 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 13 Jan 2007 20:12
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Localisation : Région parisienne
http://membres.lycos.fr/majed/tunisie/histoire/carthage/carthage.html
Le site donné par Rosa Luxembourg raconte en détails l'histoire de Carthage. Il me semble intéressant mais il a un défaut : il ne présente aucune bibliographie, c'est dommage.

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Message Publié : 02 Juin 2007 13:10 
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Thucydide
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Inscription : 10 Mai 2007 21:10
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Mais pourquoi les romains, s'ils avaient une telle peur de Carthage suite à la tentative d'invasion d'Hannibal, n'ont-ils pas pris la décision de détruire Carthage en 183-4 au moment où meurent Hannibal et scipion l'Africain ? Pourquoi ont-il attentu 155, c'est-à-dire 30 années avant de la faire ?

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« (...) la société humaine demande qu'on aime la terre où l'on habite ensemble ; on s'y attache, et cela unit. C'est ce que les latins appellent caritas patrii soli, l'amour de la patrie ; et ils la regardent comme un lien entre les hommes.»
BOSSUET, Politique tirée des propres paroles de l'Écriture Sainte, livre I, art. 11, 3e prop.


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Message Publié : 03 Juin 2007 18:42 
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Plutarque
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Inscription : 25 Avr 2006 16:08
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Papyrus a écrit :
Pourquoi ont-il attentu 155, c'est-à-dire 30 années avant de la faire ?


146 avant JC, précisément.
La même année, Corinthe est détruite. Il faut peut-être rapprocher ces deux destructions, qui sont motivées a priori par les mêmes raisons : châtier toute rébellion et toute entrave à l'entreprise de domination universelle qui est en cours.

Loïc

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Message Publié : 03 Juin 2007 21:35 
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Thucydide
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Inscription : 10 Mai 2007 21:10
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Localisation : Coulommiers (77)
Si je comprends bien, les Romains ont profité d'un élan de destruction des grandes cités susceptibles de porter ombrage à Rome pour détruire en même temps Cathage et Corinthe. Cette date de 146 av. JC a-t-elle vu d'autres destructions de cités, quelques temps avant ou quelques temps après ? Peut-on, à ce moment-là de l'histoire de Rome, parler de désir d'hégémonie et d'expansion programmée contrairement à une hypothèse dont on a rendu compte sur le forum dans un autre sujet selon laquelle Rome aurait plutôt été une opportuniste qu'un programmatrice de son expansion ?

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Message Publié : 04 Juin 2007 8:37 
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Plutarque
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Inscription : 25 Avr 2006 16:08
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Non, ce n'est pas ce que j'ai dit.
Effectivement, la progression de Rome dans le bassin méditerranéen et la construction de son identité impériale sont plutôt le fruit de l'opportunisme que d'une vision concertée de très long terme.

Il n'empêche que Rome, ponctuellement, et particulièrement après la seconde guerre punique, a pu agir en puissance impériale et refuser toute contestation de son hégémonie politique.
Cela passait, en Grèce, après Cynoscéphales et Pydna, par le châtiment d'une rébellion contre son autorité et la destruction de la ville-symbole de Corinthe.
Pour Carthage, c'est une obsession romaine que la crainte du retour de la puissance carthaginoise et donc la nécessité de la destruction de la ville. Dans les deux cas, je pense que les actes sont dictés par la crainte : peur de la rébellion de la ligue achéenne en 148 avant JC, peur de la résurrection de la grande rivale et d'un second "Hannibal ad portas !".

Loïc Bonal

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Message Publié : 04 Juin 2007 8:38 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 13 Jan 2007 20:12
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Localisation : Région parisienne
Je répondrai que ça a plutôt correspondu à une politique très ponctuelle, due à la domination momentanée d'un groupe politique avec ses idées peut-être hégémoniques : le courant politique le plus dur parmi les "optimates".
La destruction de Corinthe s'explique par une révolte de fait, mais je doute que les Romains l'aient jamais soupçonnée d'être capable de leur faire véritablement du tort.
Pour Carthage, le cas me semble vraiment différent : il s'agit d'un ennemi ancestral et qui a réellement été dangereux. La cité commençant à se relever, les Romains ne devinant pas plus l'avenir que les autres pouvaient très bien craindre une renaissance de l'empire carthaginois et ils ont préfèré éliminer tout risque, à ce moment-là.
Ajoutons à cela que l'Afrique du nord est une région très riche, à deux ou trois jours de bateau de Rome, qui a toujours besoin d'un approvisionnement conséquent en blé et en huile.
On peut même penser qu'une prospérité de la cité romaine, avec l'augmentation significative de sa population est la première responsable de la main-mise directe sur l'Afrique du nord.

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Message Publié : 04 Juin 2007 9:14 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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Pour compléter ce qui vient d'être dit, j'ajouterai les éléments suivants.

A propos de l'impérialisme romain, il faut se garder des raccourcis et généralisations.

Si effectivement la colonisation et la transformation en provinces ont très tôt été pratiquées par Rome pour les régions considérées comme barbares et sous-développées culturellement, tel n'a longtemps pas été le cas pour les régions de haute civilisation comme l'Asie, le monde héllénique et le monde punique.

En 201, Rome n'envisageait pas de détruire Carthage et de créer la province d'Africa. En l'espèce, c'est parce qu'elle n'en avait pas les moyens. Rome était littéralement épuisée par la 2ème guerre punique, saignée à blanc humainement et financièrement.
N'oubliez pas que la victoire des romains à Zama a été obtenue ric-rac et a bien failli être une défaite. Si la cavalerie numide n'était pas revenue à temps après qu'Hannibal a réussi à l'attirer loin du champ de bataille, Scipion aurait peut-être bien été battu face à une armée punique nettement plus nombreuse que l'armée romaine.

Mais plus globalement, prenez en considération la politique romaine après les victoires contre Philippe V et Antiocyhos III. A aucun moment, Rome n'a envisagé de transformer la Macédoine en province et de détruire Pella. A aucun moment elle n'a envisagé de transformer l'Asie mineure en province ou de détruire Antioche.

Rome a d'abord toujours voulu une solution diplomatique qui consacre sa domination mais sans administration directe.

C'est l'échec de cette solution qui a conduit Rome à changer de politique et à passer à l'administration directe après avoir mâté dans le sang les velléités d'indépendance.

Ce n'est qu'à l'issue de la 4ème guerre de Macédoine que le royaume est démantelé et transformé en province.
La destruction de Corinthe et la création de la province d'Achaïe est une des conséquences du soulèvement de la Grèce contre la domination romaine.

Ajoutez le fait que les provinces espagnoles ont connu un état d'insurrection quasi-permanent entre 155 et 133 et je pense que vous aurez une bonne vision d'ensemble qui peut expliquer la destruction de Carthage.

A cette époque, ça craque de partout : Espagne, Grèce. Les légions sont très sollicitées, pas très bien commandées, subissent des revers (Espagne).
Alors quand Rome voit que la situation se dégrade dangereusement en Afrique où le royaume numide est en train d'infliger une défaite à Carthage, eh bien elle se décide avec la plus grande fermeté et certainement aussi avec une certaine exaspération. Non seulement les traités ne sont pas respectés, mais en plus à cause de ce "bazar", il y a un risque que le royaume numide accroisse considérablement sa puissance.
La destruction n'est, en outre, que la conséquence du refus carthaginois d'accepter le plan de déplacement proposé perfidement par Rome. Rome voulait à l'origine détruire symboliquement Carthage, pas forcément la détruire par la guerre.
Ajoutez-y la richesse des terres agricoles puniques et la position commerciale très favorable et je pense que le faisceau d'indices est réuni.


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Message Publié : 04 Juin 2007 9:17 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 13 Jan 2007 20:12
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Localisation : Région parisienne
Caesar Scipio a écrit :
En 201, Rome n'envisageait pas de détruire Carthage et de créer la province d'Africa. En l'espèce, c'est parce qu'elle n'en avait pas les moyens. Rome était littéralement épuisée par la 2ème guerre punique, saignée à blanc humainement et financièrement.
N'oubliez pas que la victoire des romains à Zama a été obtenue ric-rac et a bien failli être une défaite. Si la cavalerie numide n'était pas revenue à temps après qu'Hannibal a réussi à l'attirer loin du champ de bataille, Scipion aurait peut-être bien été battu face à une armée punique nettement plus nombreuse que l'armée romaine.


C'est tout à fait exact, j'avais oublié de préciser ce point qui me semble en plus assez fondamental !

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Message Publié : 15 Juin 2007 11:53 
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Hérodote
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Inscription : 23 Jan 2007 18:39
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Voici ce que j'ai trouvé sur un autre site :
http://perso.orange.fr/miltiade/guerpunique_3eme.htm

"L'appétit de Massinissa

Encouragé par le Sénat, le roi numide attaque en - 193, la riche Byzacène. Le pays d'Empories (d'emporia : les places de commerce), est pillé et occupé. Peu à peu, toute la campagne est perdue. Les Carthaginois se maintiennent dans les plus grosses agglomérations. Ils supplient le Sénat de les laisser se défendre ou de tracer de façon définitive la frontière.

Les envoyés de Carthage demandent au Sénat d'être sujet de Rome. Mais cette dernière laisse la situation en l'état et si elle retient, une fois ou deux, l'avidité de Massinissa, les commissaires romains venus en Afrique repartent sans prendre de décisions.

Carthage se montre très prévenante pour Rome et lui envoie de riches convois de blé. La situation financière de Carthage s'est durablement améliorée après le passage d'Hannibal aux affaires. L'oligarchie est remplacée par une "démocratie" qui assainit les finances et récupère les sommes détournées par l'oligarchie.


En - 187, Carthage propose le paiement anticipé de toutes les annuités de l'indemnité de guerre. Rome refuse pour maintenir Carthage dans la situation de tributaire. Elle se rend compte que malgré ses efforts, Carthage n'est absolument pas ruinée.

Mais les armées de Rome sont occupées à l'Est et aussi en Ibérie. Massinissa constitue un véritable état numide. Syphax, le roi des Massaesyles étant mort dans une prison romaine, son fils Vermina n'avait récupéré qu'une infime partie des états de son père, l'essentiel étant sous la maîtrise de Massinissa. Son royaume s'agrandit sans cesse, et a pour capitale Cirta, l'actuelle Constantine, il s'étend jusqu'à la Cyrénaïque, après avoir conquis Leptis Magna. Il a transformé les nomades en agriculteurs et a fondé des villes administrées à la punique avec des suffètes. Son armée comprend des éléphants et aussi une marine.

[...]

Les Carthaginois ont développé la culture de la vigne et de l'olivier dans le but de cesser les importations du vin et de l'huile.
Caton en mission d'inspection en Afrique en - 153 remarque ces progrès avec aigreur. Il se montre incapable d'arbitrer le conflit entre Numides et Carthaginois.

Ce sont les grands propriétaires terriens d'Italie qui vont se liguer pour éliminer Carthage. Mais il faut une raison pour faire la guerre et c'est Carthage, lassée des attaques de Massinissa qui va la lui fournir.

Le parti pro numide est réduit à l'impuissance par l'exil de ses chefs décidés par le "parti des populaires" : Hamilcar le Samnite, Hasdrubal le Boetharque (commandant des troupes auxiliaires) et Carthalo.

Massinissa vient d'occuper la région de Dakhla (les Campi Magni) et dès - 154, Carthage commence à fabriquer des armes et à construire un nouveau port de guerre. Rome reste indifférente à ce manquement au traité de - 201. Les envoyés de Rome, en - 153, remarquent dans les arsenaux des stocks d'armes. Et en - 152, la commission romaine manque d'être massacrée par le peuple de Carthage.

En - 151 Caton réclame une déclaration de guerre en bonne et due forme. Mais Scipio Nausica obtient qu'une commission soit envoyée pour imposer le désarmement et qu'en cas de refus la guerre contre Carthage soit déclarée. Cette politique amenait à terme à la guerre mais les événements d'Afrique vont fournir un autre prétexte.

La pression de Massinissa autour de Carthage se fait de plus en plus forte et celle ci lui déclare la guerre en - 149. Elle arme 50 000 hommes et livre bataille au roi numide. Cette armée carthaginoise est vaincue sous les yeux de Scipion Emilien en mission près de Massinissa.

Carthage refusant de livrer les transfuges, la guerre continue et l'armée punique cernée, capitule en raison de la famine et est en partie massacrée. Les sénateurs de Carthage, pour amadouer Massinissa et en prévenant Rome de leur action, condamnent à mort Carthalo et Hasdrubal qui prend le maquis immédiatement.

Mais entre temps, à Rome, le parti de la guerre l'a emporté. Carthage a attaqué un allié de Rome en violation du traité de - 201. Au printemps, les consuls, Manilius et Censorinus sont chargés de conduire 4 légions et 50 quinquérèmes en Afrique et de détruire Carthage.

Les Carthaginois envoient une ambassade à Rome. On lui répond que ce sont les consuls qui donneront les directives en Afrique. Ces derniers exigent d'abord la livraison de 300 otages issus des familles les plus nobles. Puis ils demandent la livraison de toutes les armes.

Pour éviter la guerre, Carthage accepte ces conditions et 200 000 armures, 2 000 catapultes et toute la flotte sont livrées aux consuls qui ont débarqués à Utique, cité qui a pris le parti de Rome. Après avoir désarmé son ennemie, les consuls rappellent les torts de Carthage et annoncent la dernière injonction du Sénat. "Allez et bâtissez une autre ville à 80 stades (environ 14,2 kilomètres) au moins de la mer. Nous avons l’ordre de détruire Carthage !"

A Carthage, cette nouvelle déclenche une violence qui frappe les plénipotentiaires, les partisans de la paix ainsi que les Italiens qui résidaient à Carthage. Le Sénat déclare la guerre à Rome, et décide de mobiliser toute ses ressources pour produire des armes et remettre les remparts en état.

En été, les arsenaux et les particuliers fabriquent quotidiennement : 300 épées, 500 lances, 140 boucliers et 1 000 traits de catapulte ainsi que ces machines. Lorsque l'armée romaine approche des murs de la ville, elle les trouve en état de défense. Hasdrubal, petit fils de Massinissa se voit confier le commandement militaire et Hasdrubal le Boetharque est immédiatement amnistié, il se rapproche de Carthage et vient camper à Néphéris, au Sud Est de la ville. La stratégie décidée est toute défensive, en réaction aux attaques des Romains. Une partie des cités voisines reste fidèle à Carthage : Hippo Diarytus (Bizerte), Apsis (Kelibia) et Neapolis (Nabeul), alors qu'Hadrumète (Sousse), Thapsus et Leptis Minor s'allient aux Romains. Les consuls pouvaient empêcher ce réarmement en occupant rapidement la cité, mais ils comptaient sur une reddition spontanée."

On voit ici qu'à chaque fois Carthage a essayé d'éviter la guerre, que ce soit en flattant Rome, ou en acceptant de se désarmer.
Je pense donc que Rome ne pouvait supporter qu'une autre cité soit aussi importante et ait un rayonnement aussi puissant que celui qu'avait Carthage.

D'après Malet et Isaac, elle était le plus grand entrepôt du monde antique, ce qui faisait trop d'ombre à Rome. Je suis assez d'accord avec leur analyse qui dit qu'au fond, "les conquêtes romaines furent en partie une vaste opération financière".

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 Sujet du message : Delenda carthago est.....
Message Publié : 04 Nov 2007 18:02 
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Hérodote
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Inscription : 03 Nov 2007 13:59
Message(s) : 3
L'hypothèse de Gesll est très "faible", tant le roi numide ne pouvait faire qq chose sans l'aval des romains...... Il était vieux...Cependant on pourrait penser que les romains redoutaient l'instabilité des rapports avec les roitelets qui se succédaient en Numidie....Jugurtha avait fait son entrée avec fracas...en s'attirant la foudre romaine....

D'un autre coté, le fait d'avoir "détruit" Carthage et la couvrir de"sel" est une mesure symbolisant une forme de "desinfection", pour anéantir la fides punica tant décriée.

Cependant, il est compréhensible pour Rome d'aller conquérir des territoires et les meilleurs sont les plus proches....L'annexion de l'Africa commence par Carthage.....Le reste était venu après.

Nous pouvons aussi avancer la thèse de la création des "points de fixation" pour les "militaires" qui, tant qu'ils chomaient, l'oisiveté les orientait vers l'intrigue et les complots. Les éloigner de Rome était une stratégie pour les occuper... D'ailleurs, Metellus, Marius et Sylla s'y distinguèrent différemment lors du bellum juguthinium...(Voir Salluste...).

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César doit rendre ce qui ne lui appartient plus....


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 Sujet du message :
Message Publié : 04 Nov 2007 22:20 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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Sur ce dernier point, je ne vous suivrai pas.

La réforme de Marius n'a pas encore eu lieu au début de la guerre contre Jugurtha. Et encore le recrutement de capite censi par Marius ne concerna-t-il qu'une minorité des effectifs engagés dans cette guerre.

A ce stade de l'histoire romaine, je ne pense pas qu'on puisse parler d'une "classe" de militaires. Les citoyens sont plutôt victimes des levées incessantes et du maintien sous les armes pendant de nombreuses années. Des mouvements de mécontentement, de protestation et même de révolte en témoignent.

Quant aux chefs militaires, ce sont tous des sénateurs de 1er plan. Les envoyer commander dans une grande guerre, c'est le meilleur service à rendre aux ambitieux puisqu'un général victorieux revient avec un butin énorme, un prestige considérable, et éventuellement avec la fidélité de ses soldats-citoyens qui deviendront ses clients s'il a su être généreux avec eux.


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 Sujet du message : Re: Delenda carthago est.....
Message Publié : 05 Nov 2007 15:10 
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Salluste
Salluste

Inscription : 01 Nov 2007 21:45
Message(s) : 234
Localisation : Braine-L'Alleud (Belgique)
Sittius a écrit :
D'un autre coté, le fait d'avoir "détruit" Carthage et la couvrir de"sel" est une mesure symbolisant une forme de "desinfection", pour anéantir la fides punica tant décriée.


Je pensais que "saler" les terres avait pour but de les rendre incultes. Ainsi la destruction de la ville était complétée d'une impossibilité de refaire pousser quelque chose à cet endroit - il ne reste rien et rien ne repoussera...

Suis-je dans l'erreur :?:


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