Theodose a écrit :
Theodose a écrit :
je crois que vous n'avez pas compris le sens de ma remarque : la chute de la République n'est que la chute d'un régime politique, qui n'a pas empêché l'expansion du pouvoir de Rome sur tout le bassin méditerranéen. ici nous parlons du déclin de l'empire romain, non pas en tant que régime politique, mais en tant que pouvoir dominant sur le monde méditerranéen. Les crises politiques de l'Empire ne peuvent donc en aucun cas expliquer à elles seules la chute de Rome, d'autant que la partie orientale de l'Empire a survécu, et même plus que survécu.
Bien sûre que si elles peuvent à elles seul expliquer la chute: le monde romain entié se sentait incarné par le pouvoir impérial. Mais celui-ci était bel et bien malade, si l'empereur chute, on peut comprendre qu'il y ai des luttes intestines, comme sous la République, seulement sous la République, les barbares ne sont pas DANS l'empire, chose qui est bien une preuve du déclin de l'empire. Quand un empire décline, il fait souvent appel à des étrangers pour se battre.
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En réalité, on pourrait s'étonner plutôt de la durée de vie d'un système politique (le système impérial) qui faisait qu'un général proclamé "imperator" par ses légions pouvait légitimement prétendre au pouvoir suprême à Rome. La transmission du pouvoir à Rome n'est pas du tout héréditaire dans les lois, ni dans la conception même du pouvoir (les Romains ont voulu par-dessus tout éviter un retour à la royauté) et les empereurs le savent si bien qu'ils prennent soin de faire proclamer "imperator" leur successeur désigné, afin d'éviter toute lutte interne et crise politique.
Evidemment, ça n'a pas empêché les luttes internes, ni les crises. Mais il est significatif que chaque nouvelle dynastie qui s'installe au pouvoir y vient par les armes. L'"Imperator" est en premier lieu un chef de guerre capable de conduire ses armées à la victoire.
La crise du IIIe siècle voit la succession de généraux proclamés par leurs légions, qui sont renversés par d'autres généraux lorsqu'ils connaissent des revers militaires faces aux barbares.
Oui c'est exact, mais cela montre que ce système commence à décliné, puisque autrefois les généraux ne se battaient pas entre pour le pouvoir. Et si ça ce passe ainsi au IIIe siècle, c'est qu'il doit bien y avoir une faille dans le système.
C'est là que vous me semblez faire une erreur d'analyse et de mise en perspective.
Je commence par le 2ème point.
Les coups d'état militaires remontent à bien avant le 3ème siècle de notre ère.
Effectivement, il y avait bien à Rome un problème de transmission du pouvoir. La république romaine puis l'empire n'ont jamais su adopter et faire accepter un système de transmission du pouvoir qui soit à la fois efficace et accepté.
Les coups d'état de militaires qui se battent entre eux pour le pouvoir, cela remonte à 88 avant JC avec Sylla. Ca continue avec la guerre civile entre 83 et 81 avec le même Sylla qui part littéralement à la conquête militaire du pouvoir pour en balayer ses opposants/ennemis qui l'occupent.
Ca continue avec César en 49.
Ca continue avec Antoine, Octavien/Auguste, Cassius et Brutus entre 44 et 30 avant notre ère.
En 14, à la mort d'Auguste, on frôle le soulèvement militaire avec les légions du Rhin qui voulaient proclamer le jeune Germanicus contre Tibère.
Ca explose littéralement en 68/69 de notre ère avec la chute de Néron et la guerre civile qui la suit.
En 96/97, Trajan, général en chef de l'armée de Germanie, c'est-à-dire de la plus puissante armée du moment, est imposé au vieux Nerva avec des formes qui dissimulent mal le coup d'état.
En 192/194, suite à l'assassinat de Commode, ça explose à nouveau avec une guerre civile. Sachant que Marc Aurèle avait précédemment eu à faire face à un soulèvement du légat de Syrie.
Le 3ème siècle ne se caractérise donc que par une intensification d'un phénomène auparavant récurrent.
Quant au 1er argument, ce n'est qu'une question de degré puisque Rome avait toujours fait appel à des étrangers. Les auxiliaires ont de tout temps été des étrangers, notamment les archers et une bonne partie des cavaliers.
Ce qu'il faut bien voir, c'est que lorsqu'éclate l'empire romain d'occident dans la 2ème moitié du 5ème siècle, ceux qui font finalement éclater l'empire, ce sont les fédérés mais pas seulement eux. C'est une alliance entre l'aristocratie locale et les chefs d'armée romano-germains. C'est le résultat d'un processus déjà très ancien : la territorialisation des armées.
Et pour autant, ce n'est pas la romanité qui disparaît en tant que telle. Ce qui disparaît à la fin du 5ème siècle, c'est bien le pouvoir impérial unifié en occident, et uniquement ce pouvoir impérial unifié.
Quand on parle de rois germaniques, ces rois n'étaient rois que de leurs tribus. Prenez Clovis par exemple. Il était roi des francs mais consul puis patrice des romains pour ce qui concernait le gouvernement des territories de l'empire romain sur lesquelles il exerçait son pouvoir.