Dans la mesure où M.Poux n'a pour l'instant peut-être pas eu le temps ( ou l'envie ) de revenir argumenter , voici synthétiquement ce que l'on peut dire sur la diffusion des amphores vinaires en Gaule et sur sa relation avec les sièges césariens
jibe a écrit :
Bellovese, bien qu'ayant lu pas mal de choses sur le sujet, j'avoue que je ne suis en rien qualifié sur les amphores, mais votre argumentation renforce ma conviction d'un bastion (gallo-)romain établi là, postérieurement à la bataille, pour surveiller les colonies et fermes de la plaine de Sarlièves et la route Clermont-Toulouse.
Et pourtant l'étude des faciès amphoriques est essentielle , elle permet de limiter les horizons chronologiques et de confirmer ou d'infirmer certaines hypothèses .
Si vous aviez creusé le problème ( et il est encore temps
) , certaines de vos convictions sur l'invalidité du site de Merdogne s'en trouveraient renforcées .
gargantua a écrit :
(suite de ma réponse à M. Poux)
Je suis surpris de votre affirmation selon laquelle "les amphores Dressel 1B ne circulent pratiquement plus en Gaule à partir des années -40/-50" et que vous appliquiez cette généralité à l'Auvergne en prenant Lyon comme exemple.
En effet (sachant que la proportion d' amphores Dressel 1B est majoritaire à partir de la guerre des Gaules), M. Loughton et Y. Deberge écrivent (dans RACF 48 qui vient juste de paraître) :
"Pour conclure, le lot provenant de ce secteur du site montre que LES AMPHORES DRESSEL 1 ORIGINAIRES D'ITALIE CONTINUENT D'ÊTRE LARGEMENT IMPORTÉES DANS LES DÉCENNIES QUI précédent et SUIVENT LA CONQUÊTE."
Bien évidemment , et toutes les études récentes le prouvent , l'hypothèse officielle qui prétend régler définitivement les problèmes de datation autour des sites de la guerre des gaules en s'appuyant en grande partie sur le modèle de diffusion des Dressel 1B , est déjà largement obsolète .
Le modèle communément admis de diffusion des amphores romaines en Gaule est le suivant :
Les amphores vinaires italiques Dressel 1A sont les premières à être massivement importées , puis les années -80 , -70 voient arriver les premières amphores Dressel 1B .
Ces dernières vont rapidement supplanter les Dressel 1A , au point qu'au milieu du 1er siècle av JC , le pic d'importation est atteint .
Par la suite le nombre d'amphores Dressel 1B importées va baisser , ce type d'amphore sera alors progressivement remplacé par des amphores diversifiées , notamment ibériques .
Ce modèle général , malgré quelques variations chronologiques et/ou régionales , ne semble pas devoir être remis en cause .
Par contre la perversion du modèle vient de son adaptation " en force " aux sièges d'Alésia et de Gergovie .
A Merdogne comme à Alise , la quasi-totalité ( sinon l'intégralité ) des amphores retrouvées dans les camps et les fossés sont des Dressel 1B , ce constat a entrainé une confusion volontaire entre le
nombre ( pic d'importation ) de ces amphores et leur
proportion , c'est à dire la représentativité du type au sein de la famille des amphores vinaires italiques , et ceci afin que le modèle puisse s'adapter aux sites de la guerre des Gaules ( voir M.Poux un peu plus avant ) .
Or en l'état actuel des connaissances , il est fondamentalement impossible qu'un siège ayant eu lieu en -52 av JC , présente un faciès amphorique exclusivement constitué d'amphores Dressel 1B .
Pourquoi ?
1) Toutes les études prouvent que ce modèle est faux , en effet après le milieu du 1er siècle av Jc , si le nombre d'amphores Dressel 1B importées diminue ,
a contrario la proportion de ces mêmes amphores augmente rapidement , au point de devenir le marqueur le plus important du troisième quart du 1er siècle .
Au point même , qu'entre les années -40 , -30 , les faciès amphoriques ne sont bien souvent constitués que de Dressel 1B . Ce n'est que par la suite que les amphores diversifiées font lentement ( en proportion ) leur apparition avant de devenir majoritaires au début de notre ère .
Nous avons un contre-exemple pertinent de la longévité d'utilisation des Dressel 1B , dans le rapport de fouilles 2007 à Gergovie , le même que celui du trait de scorpion ...
Citer :
Phase 3 : comblement de la citerne 20213, utilisation de la voie 20193
La présence de sigillée en quantité relativement élevée ... sont autant d éléments qui nous permettent de proposer un TPQ à la seconde moitié de la période augustéenne .
La présence de trois fibules, datées de la seconde moitié du règne d Auguste voire du début de la période tibérienne, confirme cette attribution chronologique .
Les amphores, au demeurant assez peu nombreuses ( 1110 restes, 36 kg, 23 fragments de lèvre ),confirment cette proposition d attribution chronologique. Sont associés à cette phase, à côté de fragments d'amphores républicaines qui restent très légèrement majoritaires ( 56 % des restes ), des amphores de la côte adriatique (Lamb. 2 : 6 % des restes), des amphores de Bétique (Dressel 20, Haltern 70 : 12 % des restes), des amphores de Tarraconaise (7 % des restes) et orientales (Dressel 2-4, Dressel 5 : 4 % des restes).
2) Ce modèle est faux , car on a volontairement oublié de faire mention du phénomène de résidualité .
Ce n'est pas parce qu'un nouveau modèle est importé , que les anciens disparaissent du jour au lendemain .
Au contraire , il s'écoule plusieurs décennies avant que l'ancien modèle ne disparaisse , du fait notamment des importations qui ne s'arrêtent pas du jour au lendemain , et du réemploi des anciens modèles .
C'est pour toutes ces raisons qu'un faciès amphorique du milieu du 1er siècle av JC , comporte obligatoirement une proportion très importante de Dressel 1A , quand elles ne sont pas largement majoritaires , c'est d'ailleurs ce que l'on constate aujourd'hui à Corent .
Ou sur l'exemple très parlant des fouilles d'Actiparc à Arras ( Sur les traces de César , M.Poux , p 47 et suivantes , A.Jacques et G.Prilaux ) :
Citer :
La période qui suit immédiatement la guerre des Gaules demeure fort peu connue dans la région Nord .
L'installation précoce dans les décennies 50/40 avant notre ère d'un poste militaire de part et d'autre du chemin d'accès au domaine celtique marque avec force la volonté du conquérant de contrôler les lieux .
Le mobilier archéologique issu en majorité des différentes structures de l'état 2 révèle une grande quantité d'amphores vinaires italiques de type Dressel 1A et 1 B et de céramiques à paroi fine .
L'étude du mobilier montre une occupation relativement brève des lieux qui s'échelonne des décennies 50-40 avant notre ère jusqu'à la première moitié du 1er siècle ap JC .
La logique archéologique est respectée sur le site d'Arras comme sur bien d'autres , pourquoi ne l'est-elle pas sur les sites de la guerre des Gaules ?
Alors même que l'absence de Dressel 1A démontre à l'évidence qu'il s'agit d'événements indubitablement postérieurs au milieu du 1er siècle av JC !