Je corrige une petite erreur de ma part : Hortensius et Catulus ne descendaient a priori pas des Metelli. Les liens qui leur sont connus les rapprochent plutôt des Servilii et donc du cercle de Caton.
Pour répondre à votre question, la gens Julia n'est à coup sûr pas comparable à la famille des Caecilii Metelli. La gens Julia était une gens mineure. Elle ne réapparaît de manière visible sur le devant de la scène qu'à compter du milieu du 2ème siècle avant notre ère. Et encore ne se distingue-t-elle pas particulièrement. Pas de grand commandement. Pas d'immenses richesses. Pas les plus nombreuses clientèles. Pas de position dominante.
En fait, ce qui allait finalement se révéler le coup de maître politique des Julii, c'est le mariage de la tante de César avec Marius. C'est sur cette filiation politique et sur une fidélité symbolique à Marius et Cinna que César allait fonder son succès politique.
Mais le triomphe politique de César était tout à fait improbable.
D'ailleurs, ceux des Césars qui sont sur le devant de la scène au début du 1er siècle avant notre ère, ce sont ceux d'une autre branche : ceux qui ont donné le consul de 90, celui qui a fait adopter la principale loi donnant la citoyenneté romaine aux italiens pendant la guerre sociale. Et lui était plutôt tendance optimate.
Dans le passé, d'autres gentes ont pu avoir une importance comparable à celle des Metelli, mais elles se sont le plus souvent séparées en branches distinctes, avec un cognomen différent.
Les historiens de la noblesse romaine, quand ils s'attachent notamment aux gentes patriciennes qui continuaient de jouir d'un prestige tout particulier, distinguent en général 5 gentes majeures : les Cornelii, les Aemilii, les Claudii, les Valerii et les Fabii.
Les Cornelii sont ceux qui ont eu le plus de consuls et ont donné le plus de branches : Cossus, Cethegus, Rufinus/Sylla, Cinna, Dolabella, et surtout Scipio (qui ont donné eux-mêmes plusieurs sous-branches). Mais au final, ils sont passés au second plan et la plupart des branches se sont éteintes.
Les adoptions ne feront que retarder l'extinction de la plus prestigieuse sous-branche des Scipions : celle qui descend de l'Africain.
Les Fabii eux aussi sont tombés au second plan au cours du 2ème siècle. Ils ne se maintiennent que grâce à des adoptions. On les revoit au consulat à la fin du 2ème siècle. Et ensuite, il faut attendre le contexte très particulier de la dictature césarienne pour en revoir.
Plus originale est la situation des Aemilii.
Eux aussi ont eu de nombreux rejetons. Le problème, c'est que pour la branche des Paulli ils ont donné des fils en adoption aux Cornelii et aux Fabii. Et que ceux qui ont gardé le nom d'Aemilius Paulli ont vu leur lignée s'éteindre.
Les Aemilii Lepidi, eux, resteront une famille très importante, mais pas tout à fait de 1er plan. Jusqu'à l'exception du triumvir.
Les Valerii donneront de nombreuses branches et perdureront. Mais à compter du 3ème siècle, ils ne sont plus tout à fait au 1er plan. On constate leur résurgence au début du 2ème siècle : ce sont notamment eux qui poussent en l'avant Caton l'ancien.
Ils vont très finement jouer la période des troubles allant de la domination de marius à la dictature de Sylla. L'un d'eux est allié à Marius lors de leur consulat conjoint. Les Valerii sauront naviguer entre les 2 camps, et c'est l'un d'eux qui fait nommer Sylla dictateur. Lequel le prendra comme maître de la cavalerie et épousera en dernières noces une Valeria.
Quant aux Claudii, sans avoir jamais été dominants comme l'ont pu être les autres à certaines périodes, ils sont les seuls à avoir toujours été au 1er plan du début à la fin de la république. Ils n'ont à peu près jamais connu d'éclipse. Ils ont par ailleurs eu la particularité d'avoir une branche plébéienne, les Marcelli, qui s'est tout aussi glorieusement distinguée que la principale branche patricienne, celle des Pulcher. Quant à la branche Nero, elle est plutôt secondaire jusqu'à son triomphe très accidentel.
Ce qui est intéressant s'agissant des Claudii, c'est qu'avec des stratégies politico-matrimoniales a priori non coordonnées, ils triomphent à la fin de la république et au début de l'empire. Probablement parce qu'ils ont eu la chance de faire les bons "placements."
Appius Claudius Pulcher consul en 54.
3 Claudii Marcelli sont consuls entre 51 et 49.
Un consul en 56 qui est en fait un Claudius adopté, comme plusieurs autres, par des Cornelii Lentuli.
Et enfin, le triomphe pas tout à fait accidentel qui a découlé des 2 mariages de Livia dont le père était à la naissance un Claudius Pulcher :
- d'abord avec Tiberius Claudius Nero dont elle a eu 2 fils, le futur empereur Tibère et Drusus qui sera l'ancètre de tous les empereurs Julio-Claudiens.
- et avec Auguste dont le mariage avec les Claudii n'était pas qu'un mariage d'amour, si tant est qu'il l'ait jamais été.
Ajoutons-y enfin le fait que la soeur d'Auguste, Octavie, avait épousé le Claudius Marcellus consul de 50. Et son fils, le neveu d'Auguste, a été marié à Julie la fille unique d'Auguste. Si ce jeune Marcellus n'était pas mort à 20 ans, c'est lui qui aurait été l'héritier d'Auguste.
Pour revenir aux Metelli, on peut schématiser la guerre civile du milieu du 1er siècle comme notamment la lutte entre 2 factions composites. Les familles choisissent leur camp.
Les Metelli incarnent les optimates.
Les Claudii, quoiqu'alliés aux optimates lors de la guerre civile, sauront, eux, faire une marche arrière prudente et très bien négocier leur revirement et leur ralliement au futur Auguste, héritier du parti césarien.
|