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Message Publié : 04 Juin 2007 13:50 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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La grande gens plébéienne des Caecilii Metelli présente une particularité à la fin de la république.

Plus que toute autre grande famille aristocratique romaine, les Metelli ont symbolisé ce qu'on a appelé la faction optimate. Et en plus de l'avoir symbolisée, ils l'ont incarnée au sens 1er du terme.

En effet, si cette famille s'est longtemps distinguée par rapport à la plupart des autres grandes familles romaines, c'est par son caractère prolifique.

Les Metelli ont eu, au milieu du 2ème siècle avant notre ère, beaucoup de fils et de filles qui ont atteint l'âge adulte, à une époque où ils triomphaient sur la scène politique, accumulant les consulats, les campagnes militaires victorieuses, les triomphes et les censures. Ils ont donc pu conclure de nombreuses alliances matrimoniales, porter de nombreux alliés/apparentés sur le devant de la scène.

Sylla était marié à une Metella qui était par ailleurs veuve d'un Aemilius Scaurus.

Lucullus était le fils d'une Metella.

Catulus, Servilius Vatia Isauricus et Hortensius étaient apparentés aux Metelli.

Appius Claudius Pulcher, consul de 79 et père du célèbre tribun Publius Clodius, était lui-même marié à une Metella.

Marcus Licinius Crassus le triumvir descendait lui aussi d'une Metella.

Mucia, épouse de Pompée et mère de tous ses enfants, était aussi apparentée aux Metelli.

Publius Cornelius Scipio Nasica descendait des Metelli avant d'être adopté par Metellus Pius et de devenir Quintus Caeclius Metellus Pius Scipio Nasica (consul en 52 avec Pompée). Cette alliance-là était d'autant plus notable qu'au milieu du 2ème siècle, les Metelli et les Scipiones étaient ennemis et que Scipion Emilien disait pis que pendre des Metelli.

Les descendants de ses alliances matrimoniales se mariaient entre eux ou s'ouvraient à de nouvelles alliances.

C'est ainsi que les 2 flis de Crassus le triumvir, Marcus et Publius, avaient respectivement épousé une Caecilia Metella et une Cornelia qui était la fille du Quintus Caeclius Metellus Pius Scipio Nasica susmentionné.

Le fils aîné de Pompée avait épousé une Claudia Pulcher, fille d'Appius consul de 54, lui-même fils d'Appius Claudius Pulcher consul de 79.
Une autre Claudia Pulcher, fille du même consul de 54, avait épousé marcus Junius Brutus, l'assassin de César.

Les soeurs du même consul de 54 avaient respectivement épousé Lucullus, Metellus Celer et Quintus Marcius Rex.

Le revers de la médaille est illustré par la maxime : "qui trop embrasse mal étreint". A force de conclure de nombreuses alliances tous azimuts, la faction des Metelli a fini par perdre de sa cohérence et de sa puissance. Plutôt qu'être un pôle autour duquel gravitaient de nombreux apparentés et alliés, elle a fini par être éclatée entre plusieurs tendances.

Mais il n'en reste pas moins que les Metelli constituaient le plus important groupe de la noblesse. Dans la faction optimate, on n'en distingue guère que 2 autres dont l'importance approche celle des Metelli :
- l'alliance entre la famille patricienne des Cornelii Lentulii et la famille plébéienne des Claudii Marcelli.
- la faction dite de Caton, qui regroupait les Servilii (aussi apparentés aux Metelli), les Domitii Ahenobarbi et les Marcii Philippi.

Observez les fastes consulaires entre les années 120 et 49, et vous verrez que rares ont été les années où il n'y avait pas un consul apparenté aux Metelli ou alliés aux Metelli. S'ils manquent, c'est dans les périodes de triomphe d'un parti adverse (entre 107 et 100 quand Marius dominait Rome puis entre 87 et 82 quand c'étaient les marianistes-cinnaniens).


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Message Publié : 04 Juin 2007 20:15 
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Thucydide
Thucydide
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Inscription : 10 Mai 2007 21:10
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Bel exemple de la main mise d'une famille sur Rome en tout cas sur le plan politique. Y a-t-il d'autres exemples de famille aussi étendues et influentes ? Peut-on dire que la gens Julia y ressemble ?

_________________
« (...) la société humaine demande qu'on aime la terre où l'on habite ensemble ; on s'y attache, et cela unit. C'est ce que les latins appellent caritas patrii soli, l'amour de la patrie ; et ils la regardent comme un lien entre les hommes.»
BOSSUET, Politique tirée des propres paroles de l'Écriture Sainte, livre I, art. 11, 3e prop.


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Message Publié : 05 Juin 2007 8:32 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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Je corrige une petite erreur de ma part : Hortensius et Catulus ne descendaient a priori pas des Metelli. Les liens qui leur sont connus les rapprochent plutôt des Servilii et donc du cercle de Caton.

Pour répondre à votre question, la gens Julia n'est à coup sûr pas comparable à la famille des Caecilii Metelli. La gens Julia était une gens mineure. Elle ne réapparaît de manière visible sur le devant de la scène qu'à compter du milieu du 2ème siècle avant notre ère. Et encore ne se distingue-t-elle pas particulièrement. Pas de grand commandement. Pas d'immenses richesses. Pas les plus nombreuses clientèles. Pas de position dominante.

En fait, ce qui allait finalement se révéler le coup de maître politique des Julii, c'est le mariage de la tante de César avec Marius. C'est sur cette filiation politique et sur une fidélité symbolique à Marius et Cinna que César allait fonder son succès politique.
Mais le triomphe politique de César était tout à fait improbable.

D'ailleurs, ceux des Césars qui sont sur le devant de la scène au début du 1er siècle avant notre ère, ce sont ceux d'une autre branche : ceux qui ont donné le consul de 90, celui qui a fait adopter la principale loi donnant la citoyenneté romaine aux italiens pendant la guerre sociale. Et lui était plutôt tendance optimate.


Dans le passé, d'autres gentes ont pu avoir une importance comparable à celle des Metelli, mais elles se sont le plus souvent séparées en branches distinctes, avec un cognomen différent.

Les historiens de la noblesse romaine, quand ils s'attachent notamment aux gentes patriciennes qui continuaient de jouir d'un prestige tout particulier, distinguent en général 5 gentes majeures : les Cornelii, les Aemilii, les Claudii, les Valerii et les Fabii.

Les Cornelii sont ceux qui ont eu le plus de consuls et ont donné le plus de branches : Cossus, Cethegus, Rufinus/Sylla, Cinna, Dolabella, et surtout Scipio (qui ont donné eux-mêmes plusieurs sous-branches). Mais au final, ils sont passés au second plan et la plupart des branches se sont éteintes.
Les adoptions ne feront que retarder l'extinction de la plus prestigieuse sous-branche des Scipions : celle qui descend de l'Africain.

Les Fabii eux aussi sont tombés au second plan au cours du 2ème siècle. Ils ne se maintiennent que grâce à des adoptions. On les revoit au consulat à la fin du 2ème siècle. Et ensuite, il faut attendre le contexte très particulier de la dictature césarienne pour en revoir.

Plus originale est la situation des Aemilii.
Eux aussi ont eu de nombreux rejetons. Le problème, c'est que pour la branche des Paulli ils ont donné des fils en adoption aux Cornelii et aux Fabii. Et que ceux qui ont gardé le nom d'Aemilius Paulli ont vu leur lignée s'éteindre.
Les Aemilii Lepidi, eux, resteront une famille très importante, mais pas tout à fait de 1er plan. Jusqu'à l'exception du triumvir.

Les Valerii donneront de nombreuses branches et perdureront. Mais à compter du 3ème siècle, ils ne sont plus tout à fait au 1er plan. On constate leur résurgence au début du 2ème siècle : ce sont notamment eux qui poussent en l'avant Caton l'ancien.
Ils vont très finement jouer la période des troubles allant de la domination de marius à la dictature de Sylla. L'un d'eux est allié à Marius lors de leur consulat conjoint. Les Valerii sauront naviguer entre les 2 camps, et c'est l'un d'eux qui fait nommer Sylla dictateur. Lequel le prendra comme maître de la cavalerie et épousera en dernières noces une Valeria.

Quant aux Claudii, sans avoir jamais été dominants comme l'ont pu être les autres à certaines périodes, ils sont les seuls à avoir toujours été au 1er plan du début à la fin de la république. Ils n'ont à peu près jamais connu d'éclipse. Ils ont par ailleurs eu la particularité d'avoir une branche plébéienne, les Marcelli, qui s'est tout aussi glorieusement distinguée que la principale branche patricienne, celle des Pulcher. Quant à la branche Nero, elle est plutôt secondaire jusqu'à son triomphe très accidentel.

Ce qui est intéressant s'agissant des Claudii, c'est qu'avec des stratégies politico-matrimoniales a priori non coordonnées, ils triomphent à la fin de la république et au début de l'empire. Probablement parce qu'ils ont eu la chance de faire les bons "placements."
Appius Claudius Pulcher consul en 54.
3 Claudii Marcelli sont consuls entre 51 et 49.
Un consul en 56 qui est en fait un Claudius adopté, comme plusieurs autres, par des Cornelii Lentuli.
Et enfin, le triomphe pas tout à fait accidentel qui a découlé des 2 mariages de Livia dont le père était à la naissance un Claudius Pulcher :
- d'abord avec Tiberius Claudius Nero dont elle a eu 2 fils, le futur empereur Tibère et Drusus qui sera l'ancètre de tous les empereurs Julio-Claudiens.
- et avec Auguste dont le mariage avec les Claudii n'était pas qu'un mariage d'amour, si tant est qu'il l'ait jamais été.

Ajoutons-y enfin le fait que la soeur d'Auguste, Octavie, avait épousé le Claudius Marcellus consul de 50. Et son fils, le neveu d'Auguste, a été marié à Julie la fille unique d'Auguste. Si ce jeune Marcellus n'était pas mort à 20 ans, c'est lui qui aurait été l'héritier d'Auguste.

Pour revenir aux Metelli, on peut schématiser la guerre civile du milieu du 1er siècle comme notamment la lutte entre 2 factions composites. Les familles choisissent leur camp.

Les Metelli incarnent les optimates.

Les Claudii, quoiqu'alliés aux optimates lors de la guerre civile, sauront, eux, faire une marche arrière prudente et très bien négocier leur revirement et leur ralliement au futur Auguste, héritier du parti césarien.


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Message Publié : 07 Juin 2007 23:25 
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Eginhard
Eginhard

Inscription : 25 Mai 2004 21:35
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Ce qui est étonnant, c'est que tout en ayant été au premier plan de la vie politique romaine pendant environ un siècle (150-50), la gens des Metelli n'est pas véritablement passé à la postérité. Le seul Metellus dont je connais un tant soit peu le rôle est celui qui a mené la guerre contre Jugurtha (assez bien d'ailleurs), qui a permis à Marius de faire ses armes et d'accéder à des responsabilités militaires, avant de devenir son ennemi acharné.
Hormis lui, quel Metellus a fait quelque chose d'un peu marquant?


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Message Publié : 08 Juin 2007 8:53 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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Détrompez-vous.

Les Metelli atteignent le devant de la scène au milieu du 3ème siècle avec l'un d'eux qui sera consul et grand pontife.

L'un deux, Macedonicus, célèbrera un triomphe et fera la fortune de sa famille grâce à la campagne qu'il a menée en Macédoine.

La plupart seront des triomphateurs.

Y compris Creticus, le consul de 69.

Finalement, on voit bien que ce qui entraîne le glissement au second plan d'une grande famille, c'est le fait de ne pas avoir l'un de ses membres qui conduise une grande guerre victorieuse dans laquelle il accumule gloire et butin.
Après 69, plus de Metellus qui triomphe.

Et puis, si les Metelli ont eu pendant 2 générations d'affilée la chance d'avoir beaucoup de fils, leur chance a tourné.
Leurs rejetons sont morts trop tôt pour avoir le temps d'occuper suffisamment le devant de la scène politique (Celer et Nepos notamment, consuls de 60 et 57), voir pour se lancer en politique.


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Message Publié : 08 Juin 2007 11:47 
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Hérodote
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Inscription : 09 Jan 2007 11:27
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les Valerii ont également connu une autre longue traversée du désert sans consul de 161 à 61.


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Message Publié : 11 Juin 2007 17:17 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
Message(s) : 1659
Les valerii ont connu des hauts et des bas, mais pas dans la fourchette chronologique que vous citez.

Vous vous focalisez sur la famille Valerius Messalla alors qu'il faut aussi tenir compte de la famille des Valerius Flaccus qui appartenait bien à la même gens. Or, il y a eu 4 Valerius Flaccus consuls entre 131 et 86 (celui qui a été désigné consul suffect après le décès de Marius et qui a été assassiné en Asie par Fimbria).


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Message Publié : 16 Août 2007 20:15 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 26 Juin 2006 20:03
Message(s) : 431
Vraiment intéressant comme sujet. Tres axés sur la politique et l'emprise des familles romaines, il prouve bien qu'on peut dominer sans être une famille vraiment militaire.

Sinon, quels étaient les familles dominantes sous l'empire?(Je sais, vaste question, vu que la période est longue).


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Message Publié : 25 Août 2007 18:50 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
Message(s) : 1659
Détrompez-vous.

Les Metelli étaient une grande famille "militaire" qui a fourni un nombre impressionnant de triomphateurs.

En guise de clin d'oeil, j'attirerai votre attention sur Metellus Celer. Celui-ci, consul en 60, devait exercer un proconsulat sur la Gaule transalpine à compter 59. En effet, en 61, les éduens, alliés de Rome, avaient été vaincus par les séquanes et leurs alliés suèves dirigés par Arioviste. Et on commençait à parler de projets de migration des helvètes.
Rome, à compter de 60, s'inquiétait beaucoup de ce qui se passait au nord des Alpes.

Personne ne dit que Metellus Celer aurait conduit une campagne en Gaule avec le même succès, ni surtout avec la même stratégie que ne le fit César. Surtout qu'il a dû faire face à un bocage, un tribun de la plèbe opposant son véto au départ de Metellus pour la transalpine, et qu'il est décédé prématurément au printemps 59, facilitant ainsi la récupération de la province de Gaule transalpine par César.

Pour les grandes familles sous l'empire, c'est un autre sujet, particulièrement vaste vue la durée considérée (5 siècles en occident).


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