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Message Publié : 16 Déc 2010 0:44 
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Hérodote
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Je ne dis pas, mais dans le cadre d'une stratégie offensive ça pourrait peut-être s'expliquer…

1° mouvement [ oublions l'aile gauche pour le moment, ma tête surchauffe… ]
: les cataphractes et agéma enfoncent la légion qui leur fait face pendant que la phalange au centre et la phalange des argyraspides s'approchent des autres légions. Les Dahes ( en supposant qu'ils sont bien 1200 et pas 200 ) mettent les 300 cavaliers romains en déroute.
2° mouvement: les 2 phalanges attaquent de front les légions en face d'elles, pendant que les éléphants et les galates les prennent de flanc

Les chars à faux sur l'autre aile seraient là pour compenser l'absence des argyraspides…

Si je comprends bien, tu penses qu'il faudrait échanger les positions respectives des cavaliers et des argyraspides que donne Tite-Live, de sorte que Antiochos à la tête des cavaliers aurait enfoncé la légion la plus à gauche et pas la deuxième plus à gauche ?


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Message Publié : 16 Déc 2010 1:54 
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Hérodote
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toujours pas de "éditer" donc je rajoute…

Pour ce qui est du nombre de cataphractes, il y a deux facteurs dont il faut tenir compte
- C'est grâce à eux qu'Antiochos avait remporté la victoire à Panion. Il a donc dû s'intéresser à cette arme et veiller à son développement.
- Par Hannibal et les Étoliens, il devait avoir une bonne idée de l'armée romaine et savoir que sa force était dans son infanterie. Les cataphractes étaient un type de troupe approprié pour la combattre. Et à partir de ces renseignements il a mis au point une nouvelle disposition pour sa phalange.

Cela semble par ailleurs une idée de bon sens tactique de les coupler avec les cavaliers plus légers et manœuvriers de l'agéma: les cataphractes devenant vulnérables si leur premier choc n'enfonçait pas l'ennemi ou s'ils étaient contre-attaqués après avoir ralenti leur allure. En théorie, l'agéma aurait précisément dû empêcher ce qui s'est produit: la contre-attaque des auxiliaires thraces et macédoniens.
Je présume que, comme à Raphia l'ineptie tactique d'Antiochos et son habitude de s'imaginer qu'il avait remporté la victoire à lui tout seul ont été la cause de ce revers à l'aile droite. Après tout, dans la seule bataille rangée qu'il ait remportée, à Panion, ça n'était pas lui qui commandait la charge de cavalerie; aussi a-t-elle parfaitement fonctionné.


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Message Publié : 16 Déc 2010 11:01 
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Pierre de L'Estoile
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La touche "Editer" n'est disponible que 1/4 d'heure après l'envoi du message. Vu le nombre de farfelus de mauvaise foi, de nationalistes obtus et autres ziguiguis qui hantent les forums, c'est pas plus mal...

Avant tout, oublie le placement romain de Tite Live, c'est une manipulation grossière visant à préserver l'honneur des Romains en gommant leur fuite (ce sont les seuls à avoir cédé : les Italiens au centre on fait bonne figure, et c'est à Eumène que revient le mérite de la victoire...) : il a donc fait glisser les légions de l'aile droite vers le centre, puis attribué le succès à une charge frontale des légionnaires, et il minimise le succès d'Antiochos à la tête de ses cavaliers... Rien de tel dans Appien, bien plus réaliste et logique...

Les Dahae sont placés derrières, ils ne sont pas destinés à bousculer la cavalerie romaine (difficile pour de la cavalerie légère), mais à exploiter le succès de la cavalerie lourde en poursuivant les fuyards.

Les chars et les argyraspides n'ont franchement aucun rapport... Les chars sont sacrifiés pour ouvrir des brèches exploitables immédiatement par les unités qui les suivent, en l'occurrence les cataphractes. Les argyraspides sont incapables de remplir ce rôle. Les argyraspides sont à leur place : à la place d'honneur, à l'extrémité de la phalange sur l'aile où combat le roi ; de plus, en tant que troupe de choc, ils font fasse à l'élite de l'armée romaine, les légions de citoyens. Enfin en restant toujours sur leur présence réelle. Tite Live a pu interprété la mention de ces cavaliers aux boucliers d'argent comme les célèbres argyraspides, qu'il développe avec sa petite notice explicative. Ce ne serait pas la première fois qu'il se perd dans le vocabulaire militaire hellénistique (cf. les Peltastes). Quant à l'infanterie séleucide en générale, elle s'est montrée passive, arqueboutée en défense, on ne la voit à aucun moment prendre l'offensive, argyraspides ou pas.

J'envisage deux cas de figure : si Appien à raison, les seuls "argyraspides" présent sont une unité de cavalerie, et l'explication de Tite Live tombe à côté, il fantasme sur un mot incompris.
Si au contraire, Appien a tort (ce qui est probable, puisque c'est lui aussi qui fait des galates et des argyraspides des cavaliers) ou s'est mal exprimé, et mon scénario reste le même.

Quand au nombre des cataphractes, faut voir. Si 12 000 est possible, OK. Mais en quelques mois, qu'il passe de 6000 à 12 000 sans que des renforts soient signalés, ça suffit tout de même à nourrir des doutes, non ? Et s'il faut écrémer, c'est assurément de ce côté, les autres effectifs sont raisonnables. On ne s'improvise pas cataphracte, l'équipement hors de prix limite cette arme aux seules aristocraties, et il faut acquerir une forme d'équitation particulière, s'entrainer longuement à manier la longue lance à deux mains, à encaisser un choc brutal (et apprendre à tomber ! :mrgreen: ), etc. Elles ne se recrutent pas et ne s'entrainent pas en quelques mois. Au grand défilé de Daphné, ils ne sont 1500 à parader, en plus de l'Agêma. A Raphia, on ne connait pas l'équipement et la répartition des 6000 cavaliers.

Je te trouve tout de même très sévère avec Antiochos ! Il n'a connu que deux défaites, Raphia et Magnésie, le reste du temps il fut victorieux, en particulier il s'est couvert de gloire dans son Anabase en Haute Asie où il a reconquis l'empire séleucide (Bactriens et compagnie) contre des populations indépendantes depuis un-demi siècle. A son arrivée au pouvoir, très jeune, il ne contrôlait plus rien : les Hautes Satrapies avaient quitté l'empire depuis un bail, la Mésopotamie en révolte avec Molon, l'Asie Mineure proclamant son indépendance. Il a littéralement reconquis son royaume les armes à la main, et à l'issue de son Anabase, il apparaissait aux yeux de beaucoup comme un nouvel Alexandre, d'où son surnom donné de son vivant. Et effectivement, dans son comportement sur le champs de bataille, on retrouve un émulation avec son illustre prédécesseur : comme lui, il mène personnellement l'aile destinée à arracher la victoire, fonçant avec un courage personnel indéniable, et effectivement, toujours personnellement victorieux. Très jaloux de sa gloire personnelle, il aurait même éloigné Hannibal pour ne pas que son aura soit ternie par la réputation de ce dernier. Il fait preuve de beaucoup de courage, de beaucoup d'audace aussi (surtout en Bactriane, il est dommage que cette campagne soit mal connue, les échos de Polybe sont alléchants). Là où le parallèle a ses limites, c'est effectivement que ses plans n'ont pas la souplesse de ceux d'Alexandre, très réactif et qui se tient toujours au courant de ce qui se passe sur l'ensemble du front; contrairement à Antiochos, il a n'a jamais été pris de court par une offensive adverse, intervenant toujours à temps soit pour déléguer des renforts sur les points menacés (à Issos par exemple), soit en intervenant personnellement pour rattraper une situation qui se détériore (Gaugameles, où il se porte au secours de Parménion plutôt que de poursuivre Darius). Bref, Antiochos pêche surtout par excès de confiance en son étoile et par un manque de prudence. Mais il est loin, très loin d'être un incapable, Magnésie d'ailleurs en témoigne : son centre original fit merveille contre les légionnaires, et s'il n'avait pas été enveloppé, les Romains n'aurait pas pu faire grand chose ; il a su surprendre les Romains sur la gauche, attaquant en masse là où ces derniers se croyaient à tort intouchables, et même sur l'aile droite, son plan était habile et réfléchi, s'il avait marché il aurait fait merveille, mais placer les éléphants à l'arrière et les chameaux devant fut une erreur, la cavalerie perdait ainsi ses possibilités de retraite en cas de pépin. N'empêche que sur les deux tiers du champs de bataille, il a dominé tactiquement Scipion l'Africain en personne.
J'ai l'impression que ce qui lui manquait surtout, c'était des bras droits compétents, capables de maintenir le contact avec leur roi et capable de prendre des initiatives dans des situations difficiles (comme Parménion, Cratère et d'autres le furent pour Alexandre). Mais vu sa personnalité et la manière dont il a gâché le potentiel d'un Hannibal, cela ne me surprend pas tant que ça, briller sur les champs de bataille n'était peut-être pas le meilleur moyen de gagner les faveurs du roi...


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Message Publié : 16 Déc 2010 11:49 
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Hérodote
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Ce que je voulais dire sur les chars, c'est qu'ils avaient été mis là pour affaiblir un ennemi auquel Antiochos ne pourrait opposer que ses moins bonnes troupes. C'est vrai que ma phrase prête à confusion.

Pour les cataphractes, effectivement ce que tu dis est logique. Mais militairement parlant, il semble qu'ils aient été la seule cavalerie capable de vaincre les fantassins romains de front, n'est-ce pas ? Et juste une poignée n'aurait pas suffi à provoquer un effondrement aussi soudain. Je serais donc disposé à croire que l'aile droite en tout cas en comptait bien 3.000.
Maintenant, il serait possible qu'il n'y en ait PAS eu sur la gauche et que justement les chars à faux aient été mis là pour fournir une force d'impact équivalente. À y repenser, c'est vrai que chars en 1° ligne ET cataphractes en seconde ça fait un peu beaucoup ( on pourrait cependant soutenir que contre la phalange de Pergame les chars devaient d'abord l'affaiblir et permettre aux cataphractes d'écraser les morceaux…  d'un autre côté charger sur un terrain semé de carcasses de chars ça n'est peut-être pas idéal. Donc effectivement ). Tite-Live les aurait rajoutés là pour fournir un exploit supplémentaire aux vaillants romains et une vengeance de leur succès sur l'autre aile… oui plus j'y pense plus ça m'apparaît vraisemblable. Qu'en penses-tu ?

Pour les Dahes, même plus légers, à 1.200 contre 120 les chances ne me paraissent pas insurmontables…
Plus généralement on peut se demander si la description assez confuse de Tite-Live ne traduit pas des changements de disposition de dernière minute opérés par Antiochos et ses généraux en découvrant le dispositif romain.

Pour ce qui est d'Antiochos personnellement, il est vrai qu'il semble avoir été un assez bon stratège et diplomate; cependant si son Anabase fut une entreprise spectaculaire et qui frappa les esprits, ses résultats réels furent bien inférieurs à ses objectifs il me semble: une vague vassalité des puissances de l'est du plateau iranien…
Par ailleurs, on ne peut qu'être consterné de la situation où il s'est retrouvé en partant en guerre contre Rome: il est arrivé avec ne petite armée en s'attendant à ce que la Grèce entière, y compris Philippe V, se range derrière lui, pour ne trouver qu'une partie des Étoliens qui s'étaient attendus à ce qu'il vienne avec son armée entière ( et qui, comble de stupidité, avaient assassiné leur seul allié Nabis de Sparte ). Il a très durement payé le fait de s'être fié aux Étoliens plutôt qu'à Hannibal.
Mais mon jugement portait surtout sur sa médiocrité comme général: et là force est de constater que de trois batailles rangées qu'il a livrées il en a perdu deux, et que c'était les deux où il avait mené la cavalerie à la charge sans s'inquiéter du reste:comme tu le dis, il voulait imiter Alexandre… en revanche à Panion où il a confié la charge de cavalerie au futur Antiochos IV, celle-ci fut parfaitement exécutée; et lui-même agit très correctement en emmenant son infanterie pour écraser un ennemi ébranlé et mis en désordre par cette charge.


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Message Publié : 17 Déc 2010 9:19 
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Pierre de L'Estoile
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Apparemment les cataphractes sont des deux côtés
  • le déploiement d'Appien comme de TL, les cataphractes sont des deux côtés (cf. An equal number of these were stationed on either side of the phalanx. après avoir mentionné les "cataphractes Galates" et l'Agêma. Et le développement de la bataille confirme leur présence sur chaque aile:
  • L'Agêma accompagne le roi
  • le massacre des cataphractes empêtrés dans leur armure sur l'autre aile est décrite aussi bien par Appien que par TL.
Mais c'est le chiffre de Tite-Live qui est peut-être un peu gros: 4000 d'un côté Agêma comprise), 3000 de l'autre.

Pour le rôle que tu attribues aux Dahae, on en sait rien. Le texte se contente de signaler qu'Antiochos charge, bouscule le corps de cavalerie qui lui fait fasse et se retourne alors sur l'infanterie romaine attaquée conjointement de front et de flanc (TL, XXXVII.42.8: Non seulement il attaqua les Romains de front, mais il tourna leur aile du côté du fleuve, les prit en flanc, culbuta d'abord leur cavalerie, puis força les corps d'infanterie les plus rapprochés à fuir en désordre vers leur camp.) Cela donne plutôt à penser qu'il a charger les malheureuses turnes de front avec sa cavalerie lourde, ce qui est logique : pas de temps à perdre et garantie de succès, alors qu'avec les archers, cela aurait pris plus de temps et coûté beaucoup plus de pertes vu le déséquilibre de l'armement pour le corps à corps. En supposant de plus que les Dahae étaient bien 1200, ce qu'Appien dément.

Petite parenthèse sur la bataille de Panion: je doute sacrément de la reconstitution que tu proposes. Elle n'est connue que par l'intermédiaire de Polybe, XVI.18-19, qui est bien le seul à décrire le combat. Mais, il se contente dans ce passage de critiquer Zénon, et met en valeur l'absurdité du témoignage de ce dernier. En particulier, la confusion est grande du fait de la participation selon Zénon des trois Antiochos, le père, l'aîné et le cadet qu'il confond a plusieurs reprise. Et comme Polybe, lui, nous garantit qu'un seul des deux fils étaient présent... Donc toutes les actions attribuées à l'un des deux reviens donc au père... Son but n'est pas d'expliquer la bataille mais les erreurs de Zénon, on ne connait pas sa véritable opinion, mais la version de Zénon est de toute façon fautive. Vu la personnalité du Papa, je le vois mal se tourner les pouces derrière la phalange du début à la fin... Surtout que la stratégie et une fois de plus toujours la même, la victoire doit être emportée par une vigoureuse charge de cavalerie. A moins qu'il ait eu la tourista, Antiochos III devait logiquement s'attribué ce poste glorieux, surtout si effectivement il a délégué la veille son fiston dans la montagne.


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Message Publié : 17 Déc 2010 20:57 
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Hérodote
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pour ce qui est de Panion: il y avait un article… paru en 2007 je crois… le volume das lequel il figure doit encore être à la BNF.
La reconstitution de l'auteur était que la bataille s'était déroulée des 2 côtés du fleuve et en gros justifiait Zénon contre Polybe
- droite séleucide: les cataphractes menés par le futur Antiochos IV, disposés 'en potence' comme les hetairoi d'Antiochos à Raphia et sur une petite hauteur, dispersent la cavalerie ptolémaïque avant de frapper de flanc la phalange ptolémaïque qui est toute entière sur cette rive; Antiochos III emmène à l'assaut la partie de sa phalange sur cette rive, argyraspides en tête, et la culbute.
- droite ptolémaïque: exclusivement constituée d'infanterie légère et moyenne ( acontistes ) en raison du terrain accidenté: ils obtiennent ainsi quelques succès contre la moitié de la phalange séleucide mais sont arrêtés par les éléphants.


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Message Publié : 23 Jan 2013 9:15 
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Salluste
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Bravo pour cet article et à tous ses auteurs.

Je me suis posé trois questions en lisant vos hypothèses (que je trouve pertinentes). D'abord est-ce que le futur basileus, Antiochos 4, participait à cette bataille ? Et si oui, que commandait-il ? Et ensuite, pourquoi Antiochos 3 ne fit-il pas avancer sa super phalange contre les légions lors du choc de cavalerie ? Les latins n'osaient même pas approcher, la cavalerie séleucide avait enfoncé une aile... Tout se déroulait à merveille pour eux. Et finalement pourquoi ne se rabattit-il pas sur les fantassins romains après sa charge victorieuse ??!!! Je sais que certains ont déjà émis des propositions mais ça me paraît tellement gros. Surtout qu'il avait commis la même erreur à Raphia.

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Message Publié : 24 Jan 2013 8:11 
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Pierre de L'Estoile
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Solduros a écrit :
D'abord est-ce que le futur basileus, Antiochos 4, participait à cette bataille ? Et si oui, que commandait-il ?

Il était en âge de combattre (25 ans), mais n’apparait nulle part pendant la campagne, contrairement à l’aîné Séleucos (IV). D’après Zénon, Antiochos le jeune aurait pourtant eu un rôle primordiale à la bataille de Panion en 200, alors qu’il n’aurait été âgé que de 15 ans (sic) ; mais le récit de Zénon est confus au possible, et Polybe s’amuse à le rendre encore plus incompréhensible… Zénon évoque trois Antiochos, le roi et ses deux fils, Antiochos l’aîné et Antiochos le cadet. Quid de Séleucos ? Et dans la suite, il oublie qu’ils sont deux, et amalgame leurs actions… Au final, je me demande si Antiochos à seulement participé, au contraire de son frère…
Toujours est-il que de toute la campagne contre les Romains, Antiochos IV brille par son absence, là où son frangin fait office de bras droit du paternel. S’il a participé (ce qui est loin d’être évident), il n’exerçait apparemment aucun commandement particulier.

Solduros a écrit :
Et ensuite, pourquoi Antiochos 3 ne fit-il pas avancer sa super phalange contre les légions lors du choc de cavalerie ?

D’abord le terrain ne permet pas énormément de manœuvre ; ensuite, la phalange s’était fait trucider en Grèce l’année précédente, celle qui est alignée à Magnésie n’a pas forcément énormément de métier, on ne peut pas lui demander la lune : c’est loin à cette date d’être une armée d’élite hautement manœuvrable (or les manœuvre d’une phalange sont délicates, cf. Asclépiodote et les écrivains militaires). D’où un placement statique, mais solide, en ordre serré, formant des « carrés » denses de 50 sur 32, près à encaisser tout ce qui peut se pointer, de quelque direction que ce soit, formant des espèces de hérissons au besoin, technique qu’ils connaissaient depuis un bail. Enfin les Romains ont largement l’avantage en infanterie lourde, d’où l’utilisation des psiloi et des éléphants pour étendre la ligne séleucide. Quand bien même ils auraient souhaité prendre l’initiative avec leur infanterie (ce qui n’est pas le cas, c’est sur les deux grosses ailes de cavalerie que compte Antiochos), on ne voit pas trop comment ils auraient pu déloger l’infanterie romaine. Tout ce qu’ils auraient gagné, c’est de fragiliser leur formation, car ils auraient au mieux dû passer à un ordre moins dense, et qui plus est en cours de progression prêter leur flanc et leur dos, alors qu’Eumène et la cavalerie romaine s’est déjà rabattu sur eux : dès l’effondrement de l’aile gauche, il n’était plus question pour les Séleucides de manœuvrer, mais de tenir le front de tout côté, en s’appuyant sur les « carrés » de sarissophores et sur les éléphants.
Pour gagner une bataille, il faut attaquer du fort au faible, et rendre inopérant la force principale de l’ennemi. Le centre, solide et souple à la fois, est là pour absorber la force principale romaine, son infanterie lourde : succès totale à ce point de vue, les Romains surpris ne savent pas s’y prendre. Leur résistance est censée donner le temps à la cavalerie de gagner la bataille.

Solduros a écrit :
Et finalement pourquoi ne se rabattit-il pas sur les fantassins romains après sa charge victorieuse ??!!! Je sais que certains ont déjà émis des propositions mais ça me paraît tellement gros. Surtout qu'il avait commis la même erreur à Raphia.

Un officier sur le terrain ne sait rien de ce qui se passe ailleurs sur le front : entre le bruit, la pagaille, la poussière, et en prime dans ce cas le brouillard et le relief, Antiochos ne pouvait rien voir. Vu le différentiel de force en sa faveur sur l’autre aile, il ne devait pas trop se faire de soucis, et son objectif a été vraisemblablement de s’emparer du camp romain. S’il s’en emparait, les Romains étaient peu ou prou contraints à la capitulation, qu’importe les résultats de la bataille : ils se retrouveraient loin de leurs bases, sans aucun vivre ni matériel, face à un ennemi qui le surpasse largement en troupes légères. Cela s’est vu plusieurs fois, des armées victorieuses sur le champ de bataille ont capitulé pour avoir perdu leur camp. Un exemple célèbre, c’est la bataille entre Eumène et Antigonos en 316 : Eumène et les Argyraspides écrasent l’infanterie d’Antigonos, mais ils perdent leur camp et dans la panique, les Argyraspides vainqueurs capitulent et livrent leur chef…
Bref, Antiochos a vu une occasion de l’emporter définitivement : il n’y avait théoriquement pas d’urgence sur le front qui devait pouvoir se passer de lui quelque temps. S’il réussissait, la guerre prenait un nouveau tournant. Si sa tentative échouait ou prenait trop de temps, et bien tant pis, il reviendrait fissa et gagnerait de manière plus conventionnelle. C’est ce qui s’est passé : ça n’a pas marché, il n’a pas réussi à surprendre le camp romain, donc il est revenu. Je ne suis pas sûr qu’il se soit absenté si longtemps que ça ; mais comme l’autre aile sur laquelle il comptait beaucoup s’est effondrée d’un coup dès le début du combat, il découvre abasourdi que la bataille est déjà perdue… L’action et le succès d’Eumène, considéré comme le maillon faible de l’armée romaine, était imprévisible. Et comme dit, une fois l’action lancée, on ignore ce qui se passe ailleurs, et l’on doit appliquer ce qui a été décidé en conseil de guerre le matin, à l’aveugle, ou alors improviser et exploiter un succès de la manière la plus décisive. Alexandre lui-même s’est fait avoir, à Gaugamélès par exemple : il l’emporte dans son secteur et pense tenir la victoire, il se lance d’ors et déjà à la poursuite de Darius, sûr de son triomphe…. quand un message paniqué de Parménion l’informe que la bataille se passe mal de son côté, ce qui contraint Alexandre furieux de renoncer à la poursuite pour retourner sur le champ de bataille pour sauver son bras droit.
A la réflexion, je pense que l’action d’Antiochos sur le camp romain était préméditée, d’où la surprise qu’il a ménagé en concentrant une force énorme là où les Romains pensaient être protégé par le relief. Il avait ainsi la possibilité de lancer très rapidement des troupes puissantes sur un camp confié à des alliés macédoniens théoriquement peu fiables et largement surpassés en nombre, et ce sans affaiblir son aile qui reste protégée par le même relief, où son infanterie légère pléthorique devrait faire merveille. L’infanterie doit tenir, l’autre aile a tout pour l’emporter : le jeu en valait la chandelle. A Raphia, il perd du temps dans la poursuite ; à Magnésie non, il lance une attaque sur le camp d’un ennemi éloigné de ses bases : l’armée romaine dépend uniquement de ses bagages pour survivre. C'est d'ailleurs ce qui s'était passé en Grèce : l'armée séleucide y a été annihilée non seulement à cause de sa défaite, mais surtout suite à la perte du camp qui livre l'armée pied et mains liées au vainqueur, en l'absence de position de repli.


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Message Publié : 24 Jan 2013 9:18 
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Salluste
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Présentée comme ça, la manoeuvre d'Antiochos 3 me paraît plus compréhensible. Il se réfèrait sûrement aux premières guerres entre diadoques où la prise du camp signifiait la victoire. Seulement ça ne fonctionnait qu'entre "souverains" hellénistiques. Pyrrhos par exemple tenta de rallier les troupes romaines comme cela se faisait en orient, en vain.

La masse importante de la phalange n'était certes pas composée uniquement de troupes d'élite. Beaucoup de soldats avait dû être levés en masse pour ajouter au nombre et renforcer le sentiment de crainte chez l'ennemi. Mais il y avait quand même des argyraspides et des sarissophores "classiques" (du genre pezhetairoi dans le mod EB). Avec ces unités le roi aurait pu adopter l'ordre oblique où ses meilleurs éléments auraient provoqué la ligne adverse tout en maintenant hors de portée ses bataillons plus friables.

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Message Publié : 23 Avr 2017 13:13 
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Salluste
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Thersite a écrit :
Pour l'armée macédonienne, chalcaspides et leucaspides ne sont pas des troupes d'élite ni permanente, ce sont des appellations correspondant à la phalange de base, aux levées annuelles. Mais le cas des leucaspides me pose toujours problème, je ne sais pas vraiment la différence avec les chalcaspides. Ils ne sont attesté que tardivement, et a priori leur qualité est moindre, mais pour je ne sais quels raisons. Le mot existe ailleurs, en Italie du sud en particulier, sans que cela aide beaucoup...

Les troupes permanentes, professionnelles et expérimentées, sont sous Philippe (et Alexandre, même si dans les faits, sous son règne, toute son armée est professionnelle et permanente...) les Hypaspistes. De 325 à 323, ils sont rebaptisés Argyraspides, marque d'honneur accordé par Alexandre. En 323, ces vétérans sont placés en préretraite mais conservent ce nom, et un nouveau corps est recruté, mais il n'hérite pas de l'honneur des précédents ; ils reprennent le nom précédent d'Hypaspistes.
Sous Antigonos Doson, Philippe V et Persée, même si individuellement le terme d'hypaspiste est encore attesté, l'unité dans son ensemble porte dorénavant le titre de Peltastes.
Mais il s'agit à chaque fois de la même unité, son nom a juste changé au cours du temps. 3000 sous Philippe, leurs effectifs monteront jusqu'à 5000 sous Persée. Leur statut de troupes permanentes permet aux Macédoniens de se lancer dans des campagnes hivernales avec ces faibles effectifs face à des adversaires complètement pris au dépourvue. Philippe V en particulier est un maître en la matière et multiplie ce genre d'opérations, de faibles ampleur mais qui lui offre systématiquement l'initiative stratégique.
Pour toutes ces époques, un des régiment de ces troupes porte le nom d'Agéma (ou Hypaspistes Royaux sous Alexandre), correspondant plus spécifiquement à la garde personnelle et quotidienne du souverain. Ce sont eux qui gardent le palais, entourent la tente royale en campagne, etc. L'officier qui les commande est le plus haut gradé de l'infanterie macédonienne (Nicanor et Seleucos par exemple exercèrent cette charge).

Les Lagides à la fin du IIIe ont apparemment les mêmes subdivisions (Agéma et Peltastes).

Pour l'armée séleucide, cela semble plus délicat, puisque les chalcaspides sont nettement séparés du reste de la phalange composée de levées aux effectifs variables. Ils semblent donc considérés comme des troupes régulières, mais dispersées en garnison dans tout le royaume, alors que les Argyraspides héritent du rôle des hypaspistes, en tant que garde royale attaché à la personne du souverain. L'ensemble est peut-être qualifié de Peltastes, mais rien n'est moins sûr.


Je reviens sur cette distinction entre peltastes, argyraspides, chalkaspides et agêma qu'on trouve souvent dans les armées hellénistiques. Mes recherches m'ont amené à me pencher sur les armées antigonides et séleucides et j'aimerais vous faire partager mes conclusions.

La première source que je mets est un passage de Polybe pendant la guerre des alliés où Philippe de Macédoine surprend ses ennemis en restant mobilisé durant l'hiver alors que normalement, les opérations cessent à cette époque de l'année. Or qui participe à ces opérations ? Des Crétois mercenaires (donc soldats professionnels), un régiment de cavalerie de sa maison, des peltastes et des chalkaspides. J'en conclus donc que les chalkaspides et les peltastes sont des troupes d'élite et professionnelles (logique pour les peltastes, moins pour les chalkaspides).

Polybe 4, 67.
τοῦ δὲ χειμῶνος ἔτι προβαίνοντος, καὶ πάντων ἀπηλπικότων τὴν παρουσίαν τοῦ Φιλίππου διὰ τὸν καιρόν, ἀναλαβὼν ὁ βασιλεὺς χαλκάσπιδας μὲν τρισχιλίους, πελταστὰς δὲ δισχιλίους καὶ Κρῆτας τριακοσίους, πρὸς δὲ τούτοις ἱππεῖς τοὺς περὶ τὴν αὐλὴν εἰς τετρακοσίους, προῆγεν ἀπὸ Λαρίσης
L'hiver n'était pas encore très avancé. Personne ne s'attendait à voir Philippe reprendre la campagne en pareille saison, lorsque le roi, à la tête de trois mille chalkaspides, de deux mille hommes peltastes, de trois cents Crétois et des cavaliers de son escorte, au nombre de quatre cents environ, partit de Larissa.

Le 2ème passage concerne les Séleucides durant la campagne de 217. On l'a déjà vu mais je le remets parce qu'il est intéressant. En plus du passage d'Athénée (foutu hodoi elektronikai qui ne donne pas tout d'un même auteur :(( )

Polybe 5, 79.
καθωπλισμένοι δ'εἰς τὸν Μακεδονικὸν τρόπον, ἄνδρες μύριοι· τούτων οἱ πλείονες ἀργυράσπιδες.
équipés à la manière macédonienne, 10'000 soldats dont la plupart étaient argyraspides.

Athénée 5, 5.

Τούτοις ἐπέβαλλον Μακεδόνες δισμύριοι καὶ χαλκάσπιδες πεντακισχίλιοι, ἄλλοι δὲ ἀργυράσπιδες
Après eux suivaient 20'000 Macédoniens et 5'000 chalkaspides, les autres étaient argyraspides.

On trouve le même terme de chalkaspides chez les Séleucides, et vu leur position dans le défilé de Daphné et durant la bataille de Raphia, on voit que ce sont des phalanges professionnelles. Restent les argyraspides. Le passage de Polybe est hyper important à mon avis parce qu'il nous dit qu'ils sont l'élite du royaume (avec les bouclier de bronze) et qu'ils sont équipés à la mode macédonienne. De la même manière on a le droit à 25'000 phalangites à Daphné dans l'ordre du moins important au plus prestigieux.

Au sujet des peltastes maintenant, je ne suis pas d'accord avec Thersite qui affirme que ce sont des phalangites. Pour moi il s'agit d'une unité d'élite lourde mais mobile qui n'utilisait pas de sarisse. D'abord on les voit durant la campagne d'Antigone contre Cléomène où Poybe nous dit (2, 65)

ἔχων Μακεδόνας μὲν τοὺς εἰς τὴν φάλαγγα μυρίους, πελταστὰς δὲ τρισχιλίους
ayant (Antigone) 10'000 Macédoniens dans la phalange, 3'000 peltastes.

Contrairement à la campagne de Raphia, Polybe sépare les deux unités. Il ne nous dit pas que les peltastes font partie de la phalange.
On voit ensuite les peltastes envoyés en premier dans une guerre de mouvement à un moment où les Macédoniens doivent traverser une rivière.

Polybe 4, 64
ὁ βασιλεὺς παρήγγειλε τοῖς πελτασταῖς πρώτοις ἐμβαλεῖν εἰς τὸν ποταμὸν καὶ ποιεῖσθαι τὴν ἔκβασιν ἁθρόους κατὰ τάγμα συνησπικότας.
le roi envoya en premier les peltastes traverser le fleuve en bataillons serrés en joignant les boucliers.

Dans la suite de la description, Polybe nous parle de ces peltastes qui repoussent une charge de cavalerie grâce à leur bouclier. En additionnant tout ça, je ne vois pas comment les peltastes peuvent être considérés comme phalangites, à moins que traverser un cours d'eau en courant ne soit pas si compliqué pour des hommes armés de lance de 6 mètres.

Le passage suivant concerne les peltastes et l'agêma.

Polybe 5, 25.
ἐνέβαλον λόγους εἴς τε τοὺς πελταστὰς καὶ τοὺς ἐκ τοῦ λεγομένου παρὰ τοῖς Μακεδόσιν ἀγήματος,
insinuant des choses aux peltastes et à ceux appelés agêma chez les Macédoniens.
Polybe 5, 26.
Πτολεμαῖον καὶ Μεγαλέαν, ὄντες ἡγεμόνες τῶν τε πελταστῶν καὶ τῶν ἄλλων τῶν ἐπιφανεστάτων συστημάτων.
Ptolémée et Mégalès, commandants des peltastes et des autres corps prestgieux.

Les 2 corps sont séparés. A aucun moment on ne trouve l'expression agêma des peltastes. Ni même dans le diagramme d'Amphipolis où on nous dit qu'on peut servir chez les peltastes jusqu'à 35 ans alors que dans l'agêma on peut le faire jusqu'à 45-50 ans. Tout porte donc à croire que les 2 corps sont l'élite, mais n'utilisent pas les mêmes armes. Et c'est logique bon sang. Si on se dit que peltastes = phalange d'élite et qu'agêma = phalange d'élite alors que fait-on des chalkaspides ? Il n'y a que des phalanges. Pas logique du tout.

Surtout que quand on reprend la bataille de Magnésie, on nous dit que 3'000 Achéens dont 1'000 peltastes viennent renforcer les troupes alliées. Que viendrait foutre 1'000 piquiers au milieu d'une armée qui n'en comprend aucun à part ça ? Surtout que si ces 1000 gars devaient faire face à des blocs de 1'600 phalanagtes séleucides, je vois mal comment ils pourraient faire.

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