La culture lagide fonctionne sur une dichotomie : un côté grec et un côté égyptien. Cela s'explique par le fait que pour assoir sa domination (
hegemonia) sur l'Egypte, tout roi avait besoin de s'adresser aux Egyptiens (c'est à dire principalement aux prêtres) dans leur langage artistique. Le premier à le faire est Alexandre lui-même, lorsqu'il construit la chapelle de la barque d'Amon à Louxor : il se figure en pharaon egyptien, sous une apparence egyptienne, avec un costume egyptien, et une titulature pharaonique. Les souverains Ptolémaïques, à la suite de Ptolémée Ier Sôter, vont jouer sur cette ambivalence. Ce "détour" du côté égyptien est surtout motivé par des raisons politiques (il n'en reste pas moins qu'il a son importance). Mais leur côté "grec" ne disparaît pas, bien au contraire, il est le plus souvent exalté comme étant la raison de leur suprématie sur l'Egypte. La
Pompè des Ptolémaia, par exemple, grande procession fastueuse, insiste sur la supériorité grecque.
Après, l'héritage lagide chez les romains est en partie, il est vrai, "égyptisant". Mais la culture lagide à proprement parler, c'est à dire celle que les élites grecques du royaume privilégiait, est aussi passée à Rome. Les écrivains lagides, les portraits lagides "à la grecque", tout cela aussi est passé aux romains. La visite de Cléopâtre VII (LA Cléopâtre
) à Rome en 46 - 44 avant JC a donné lieu à tout une série d'hypothèses quand aux monuments qu'elle aurait pu commander ou inspirer à Rome. Presque tous sont de culture grecque : la Vénus de l'Esquilin, si l'on suit la proposition du British Museum, la mosaïque de Palestrina...