Grishnâk a écrit :
Mais pourquoi les sénateurs n'ont-ils pas laissés César "régner" jusqu'à sa mort pour ensuite reprendre le pouvoir car en l'assissinant, ils se mettaient la plèbe sur le dos.
D'abord ce ne sont pas les sénateurs mais des sénateurs.
Les chiffres varient. On n'était certain du nom que de 24 conjurés : les 23 qui l'ont poignardé et le 24ème (Caius Trebonius) qui était chargé de retenir Marc Antoine sur les marches de la Curie.
D'autres sources parlent de 80 sénateurs conjurés, dont les 24 susmentionnés.
Il faut bien avoir conscience que le Sénat était depuis les débuts de la dictature de César, assez largement peuplé de créatures de César ou de gens décidés à travailler avec le dictateur César.
Néanmoins, rien n'est jamais acquis. Aussi, vous comprenez que même un sénateur qui avait plutôt accepté le pouvoir de César ou bien qui s'y était résigné, adopte une démarche différente le jour où le dictateur est mort. Le fait d'accepter ou de se résigner à ce que César soit dictateur n'implique pas d'accepter qu'une dictature monarchique devienne définitivement le système de gouvernement de la république romaine.
La mort de César a tout remis en question. Les cartes ont été rebattues et redistribuées.
S'agissant des sénateurs qui ont voulu et organisé l'assassinat de César, je vois plusieurs motivations ou explications à leurs actes.
D'abord, fondamentalement, je crois qu'il faut prendre acte qu'il arrive aux hommes de prendre des décisions absurdes, inutiles ou contre-productives. Comme disait l'autre, il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre.
Ensuite, plus prosaïquement, ces personnes n'acceptaient pas la domination durable de César et du parti césarien (je parle du clan de Cassius et de Brutus). La dictature de César était temporairement tolérée comme une fatalité, comme une nécessité temporaire, mais César n'était toléré que dans la mesure où il rétablirait la république aristocratique/oligarchique.
Or manifestement, César a donné des signes clairs qu'il ne voulait pas rétablir la république aristocratique. En 46, il est nommé dictateur pour 10 ans. Début 44, il deviendra dictateur à vie.
Il s'est aussi aroger le pouvoir de faire les résultats des élections, en recommandant les candidats, en désignant hors élections la moitié des magistrats de tel ou tel rang, en désignant lui-même plusieurs années à l'avance qui serait consul telle année et telle autre année.
Or n'oubliez pas une chose fondamentale : dans la politique romaine, c'est la carrière politique qui fait la noblesse, qui assure le maintien du rang symbolique, politique et social.
César se donnait ainsi les moyens de contrôler l'avenir de la noblesse. Et ça, c'était tout simplement inacceptable à ce moment pour les aristocrates dont beaucoup appartenaient au parti pompéien ou au parti optimate.
Il faudra beaucoup de temps à Auguste, après les proscriptions, pour réussir, en le maquillant, à faire tolérer un tel système.
Je ne dis pas que ce système n'aurait pas réussi à s'imposer dès César. Pour cela, il aurait fallu que César soit moins négligeant de sa sécurité personnelle. Il avait les moyens d'une telle politique. Il lui suffisait de tenir dans la durée pour la faire entrer dans les faits, pour créer une coûtume et un fait accompli.
C'est pour empêcher cela que des sénateurs ont comploté son assassinat. C'est pour cela que d'autres sénateurs comploteront à au moins 8 reprises l'assassinat d'Auguste.