Inscription : 29 Oct 2005 7:01 Message(s) : 54 Localisation : Cité de Mathilde et de Guillaume
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Le nom de Vercingétorix, si mes recherches sont bonnes n'apparaît qu'au septième livre des Commentaires de César sur la Guerre des Gaules (donc après la seconde descente en Bretagne [Grande]), et chez aucun autre auteur latin à ma connaissance ; rien dans le Vie de César de Suétone, rien chez Tacite, ni Valleius Parterculus. Plutarque, qui a semble-t-il lu la prose de César, cite deux fois Vercingétorix, aux chapitres 28 et 30 de sa Vie de César.
Voici ce qu'en dit César pour la première fois, en guise de présentation du personnage :
[7,4] Là, dans le même but, un jeune Arverne très puissant, Vercingétorix, fils de Celtillos, qui avait tenu le premier rang dans la Gaule, et que sa cité avait fait mourir parce qu'il visait à la royauté, assemble ses clients et les échauffe sans peine. Dès que l'on connaît son dessein, on court aux armes ; son oncle Gobannitio, et les autres chefs qui ne jugeaient pas à propos de courir une pareille chance, le chassent de la ville de Gergovie. Cependant il ne renonce pas à son projet, et lève dans la campagne un corps de vagabonds et de misérables. Suivi de cette troupe, il amène à ses vues tous ceux de la cité qu'il rencontre ; il les exhorte à prendre les armes pour la liberté commune. Ayant ainsi réuni de grandes forces, il expulse à son tour du pays les adversaires qui, peu de temps auparavant, l'avaient chassé lui-même. On lui donne le titre de roi, et il envoie des députés réclamer partout l'exécution des promesses que l'on a faites. Bientôt il entraîne les Sénons, les Parisii, les Pictons, les Cadurques, les Turons, les Aulerques, les Lémovices, les Andes, et tous les autres peuples qui bordent l'océan : tous s'accordent à lui déférer le commandement. Revêtu de ce pouvoir, il exige des otages de toutes les cités, donne ordre qu'on lui amène promptement un certain nombre de soldats, et règle ce que chaque cité doit fabriquer d'armes, et l'époque où elle les livrera. Surtout il s'occupe de la cavalerie ; à l'activité la plus grande il joint la plus grande sévérité ; il détermine les incertains par l'énormité des châtiments ; un délit grave est puni par le feu et par toute espèce de tortures ; pour les fautes légères il fait couper les oreilles ou crever un oeil, et renvoie chez eux les coupables pour servir d'exemple et pour effrayer les autres par la rigueur du supplice.
Un peu plus loin, le jugement paraît être tout autre quant à la loyauté de Vercingétorix :
[7,20] Vercingétorix, de retour près des siens, fut accusé de trahison, pour avoir rapproché son camp des Romains, pour s'être éloigné avec toute la cavalerie, pour avoir laissé sans chef des troupes si nombreuses, et parce qu'après son départ les Romains étaient accourus si à propos et avec tant de promptitude. "Toutes ces circonstances ne pouvaient être arrivées par hasard et sans dessein de sa part, il aimait mieux tenir l'empire de la Gaule de l'agrément de César que de la reconnaissance de ses compatriotes." Il répondit à ces accusations "qu'il avait levé le camp faute de fourrage et sur leurs propres instances ; qu'il s'était approché des Romains, déterminé par l'avantage d'une position qui se défendait par elle-même ; qu'on n'avait pas dû sentir le besoin de la cavalerie dans un endroit marécageux, et qu'elle avait été utile là où il l'avait conduite. C'était à dessein qu'en partant il n'avait remis le commandement à personne, de peur qu'un nouveau chef, pour plaire à la multitude, ne consentît à engager une action ; il les y savait tous portés par cette faiblesse qui les rendait incapables de souffrir plus longtemps les fatigues ; si les Romains étaient survenus par hasard, il fallait en remercier la fortune, et, si quelque trahison les avaient appelés, rendre grâce au traître, puisque du haut de la colline on avait pu reconnaître leur petit nombre et apprécier le courage de ces hommes qui s'étaient honteusement retirés dans leur camp, sans oser combattre. Il ne désirait pas obtenir de César par une trahison une autorité qu'il pouvait obtenir par une victoire qui n'était plus douteuse à ses yeux ni à ceux des Gaulois ; mais il est prêt à s'en démettre, s'ils s'imaginent plutôt lui faire honneur que lui devoir leur salut ; "et pour que vous sachiez ;" dit-il, "que je parle sans feinte, écoutez des soldats romains." Il produit des esclaves pris quelques jours auparavant parmi les fourrageurs et déjà exténués par les fers et par la faim. Instruits d'avance de ce qu'ils doivent répondre, ils disent qu'ils sont des soldats légionnaires ; que, poussés par la faim et la misère, ils étaient sortis en secret du camp pour tâcher de trouver dans la campagne du blé ou du bétail ; que toute l'armée éprouvait la même disette ; que les soldats étaient sans vigueur et ne pouvaient plus soutenir la fatigue des travaux ; que le général avait en conséquence résolu de se retirer dans trois jours, s'il n'obtenait pas quelque succès dans le siège. "Voilà," reprend Vercingétorix, "les services que je vous ai rendus, moi que vous accusez de trahison, moi dont les mesures ont, comme vous le voyez, presque détruit par la famine et sans qu'il nous en coûte de sang, une armée nombreuse et triomphante ; moi qui ai pourvu à ce que, dans sa fuite honteuse, aucune cité ne la reçoive sur sont territoire."
[7,21] Un cri général se fait entendre avec un cliquetis d'armes, démonstration ordinaire aux Gaulois quand un discours leur a plu. Vercingétorix est leur chef suprême ; sa fidélité n'est point douteuse ; on ne saurait conduire la guerre avec plus d'habileté. Ils décident qu'on enverra dans la ville dix mille hommes choisis dans toute l'armée : ils ne veulent pas confier le salut commun aux seuls Bituriges, qui, s'ils conservaient la place, ne manqueraient pas de s'attribuer tout l'honneur de la victoire.
Alors, que penser de l'attitude de Vercingétorix ? Héros ou renégat ?
À relire aussi l' Histoire des Gaulois d'Amédée Thierry ( http://perso.wanadoo.fr/fdomi.fournier/H%20antique/Gaule/H_Gaulois/HG_000.htm)
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