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 Sujet du message : L'empire de Gaule
Message Publié : 22 Jan 2004 11:55 
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Grégoire de Tours
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Au troisieme siecle de notre ere s'est formé l'empire de Gaule, comme fut il crée, organisé et détruit? merci.

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"La France n'est plus qu'un simple simulacre. On ne peut plus parler de déclin, ni de décadence. Nous sommes devant la mort et la disparition." Jean de Viguerie


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Message Publié : 23 Jan 2004 8:59 
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Grégoire de Tours
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Euh................................... Personnellemnt je ne vois pas ce que tu désignes par "empire de Gaule", moi je dirais "en pire, de Gaulle". :lol:

Non, sérieusement, je ne vois pas où tu veux en venir. Il y eut bien des révoltes menés par des généraux romains stationnés en gaule, mais de là à la création d'un Empire, il y a un abîme que je ne franchirais pas.

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"La culture de la pomme de terre est un témoin géographique de la découverte de l'Amérique, comme celle de la betterave est une conséquence du Blocus continental"
* L.-E. Halkin


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Message Publié : 23 Jan 2004 9:35 
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Je pense que la Rochejaquelein veut parler des quelques "empereurs" gaulois épisodiques, dont Tétricus fut le plus célèbre, qui apparurent en Gaule quand Rome vacillait.

Vers 267 après J.-C., Tétricus, gaulois de pure souche, gouverneur d'Aquitaine et membre du Sénat romain se fit nommer empereur de la Gaule. Claude, qui venait de succéder à Gallien et qui avait alors de plus graves difficultés à résoudre, se contenta, non sans restriction, de reconnaître les titres de son ancien collègue, et Tétricus ne fut pas inquiété. L'empereur des nouvelles Gaules assura ses fonctions avec une certaine autorité. Il repoussa quelques bandes germaniques, toujours promptes à passer la frontière, et gouverna avec sagesse et mesure son empire qui comprenait la Gaule transalpine, les provinces d'Espagne et de Bretagne. Il fit frapper des monnaies à son effigie.

L'empire gaulois semblait s'être édifié sur des bases solides quand survint la mort de Claude le Gothique et l'arrivée au pouvoir d'Aurélien qui avait fait serment de reconstituer l'unité de l'empire. Après la chute de Palmyre, Aurélien déclare la guerre à Tétricus, et il l'attaque près de Châlons-sur-Marne. Tétricus, malgré le courage et le dévouement de ses soldats mit beaucoup de complaisance à se laisser vaincre. Il abandonna son armée vint se réfugier auprès d'Aurélien qui paya sa trahison en lui donnant, après la parade de son triomphe, le gouvernement de la Campanie, du Sarnniurn, de la Lucanie, du Brutium, de l'Apulie, de la Calibre, de l'Etrurie et de l'Ombrie. Il lui rendit ses biens confisqués et sa dignité sénatoriale. Le remords n'abrégea point, les jours du renégat qui mourut fort vieux, comblé d'égards et de titres romains.

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"Historia vero testis temporum, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae." De oratore - Cicéron


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Message Publié : 23 Jan 2004 18:10 
L'"empire" éphemère de Gaule dure de 260 à 274 et connait quatre "empereurs" : Postumus, 260 à été 269, Laelianus, 269 (usurpateur), Marius, été à décembre 269, Victorinus (déc. 269 - 271) et Tétricus, 269-274.

Postumus, que l'on nomme aussi Postume s'illustra lors des guerres contre les Germains. Il tira même si bien son épingle du jeu que Valérien lui confia la garde de son fils Gallien quand celui-ci fut nommé empereur pour la partie occidentale de l'Empire (253).

Cette promotion était flatteuse, mais elle était plus honorifique qu'autre chose car Gallien, qui était déjà, depuis longtemps un adulte responsable et un stratège compétent, n'avait nul besoin de chaperon. Ce que Postumus aurait désiré obtenir, c'était le commandement en chef de toutes les légions des Gaules.

L'occasion de réaliser ce rêve n'allait pas tarder à se présenter. Gallien fut contraint d'abandonner les Gaules pour lutter contre l'usurpateur Ingenuus, puis il s'en alla repousser les Alamans qui avaient pénétré en Italie du Nord (258). Aussitôt les Francs, qui s'agitaient sur les frontières rhénanes depuis déjà un bon bout de temps, profitèrent de l'affaiblissement des défenses romaines pour recommencer leurs incursions dévastatrices. Le moment était venu pour Postumus de solliciter ce poste de commandant suprême des forces romaines de Gaule qui lui tenait tant à cœur.
Gallien, qui redoutait l'ambition de Postumus, ne voulut rien entendre. À la place du compétent Postumus, il confia le gouvernement de la Gaule et de la frontière du Rhin à son fils Salonin, un gamin qu'il avait promu au rang de César. Pour Postumus, c'était pire qu'un désaveu, c'était une humiliation, une dégradation dissimulée.

La moutarde lui monta encore davantage au nez quand il apprit qui avait été chargé de l'éducation militaire du jeune César. Son mouflet, Gallien ne l'avait confié pas à un général compétent et expérimenté, comme lui Postumus ou comme son vieux camarade Aurélien (le futur empereur), mais bien à l'obscur Sylvanus, le médiocrissime commandant de la place forte de Cologne! Rien que de penser que ce couard qui ne s'était jamais colleté aux Barbares, ce bon à rien, ce mauvais à tout, avait aisément reçu ce que lui Postumus sollicitait en vain depuis des lustres, à savoir le commandement suprême de l'armée des Gaules, cela suffisait à lui donner des crampes d'estomac, audit Postume… et de furieuses envies de tirer son glaive du fourreau !

Pourtant, encore une fois, Postumus ravala sa déception.

Les choses s'envenimèrent sérieusement quand il fallut déterminer une stratégie pour repousser ces fameux Francs qui, non contents de traverser le Rhin, s'étaient répandus partout, jusqu'aux Pyrénées.
Le nullissime et pusillanime Sylvanus prônait l'attentisme : On allait tout bonnement s'adosser douillettement à Mer du Nord et constituer un "réduit romain" dans les provinces belges. Et puis, dans quelques semaines, dans quelques mois, dans quelques années, les Francs, lassés du pillage, finiraient bien par rentrer chez eux, alourdis de butin et de prisonniers. C'est le moment que les légions choisiraient pour jaillir de leur repaire, les attaquer, les défaire et s'emparer de leurs richesses.
L'énergique Postumus, lui, préconisait une politique plus agressive : on poursuivrait les Francs où qu'ils se trouvent et on leur ferait repasser le Rhin l'épée dans les reins !

De chamaillerie en dispute, les relations entre les deux chefs s'envenimèrent… Enfin, un contentieux idiot relatif au partage du butin à venir mit le feu aux poudres. Les soldats de Postumus pénétrèrent dans Cologne et massacrèrent Sylvanus ainsi que le jeune César Salonin.

Complice ou non, Postumus était dans de sales draps. Compromis dans l'assassinat du fils de l'empereur, il savait qu'il n'avait guère de mansuétude à attendre de Gallien, un souverain qui n'était pas précisément réputé pour sa douceur, sa pitié et sa clémence. Contraint à une fuite en avant, le général gaulois se résigna donc à accepter de revêtir la pourpre impériale que lui proposaient ses légionnaires, eux-mêmes épouvantés par les conséquences de leur acte (260 ?).

Il semble cependant que Postumus essaya de justifier sa conduite auprès de Gallien. Il tenta probablement de lui faire comprendre l'absolue nécessité de répartir le commandement des armées de l'Empire : toutes les frontières étant menacées en même temps, un seul imperator, qui ne pouvait être partout à la fois, ne pouvait évidemment suffire à la tâche. Si Gallien acceptait cette évidence, Postumus, de son côté, se contenterait des Gaules et jamais ne remettrait en cause la primauté de l'empereur de Rome…
Gallien refusa toute concession à ce Postumus en qui il ne voulait voir qu'un vulgaire usurpateur, meurtrier de son fils chéri. Pire ! il lança contre lui deux féroces offensives (261-262 et 263-264).

Et pourtant, en qualité d'empereur des Gaules, Postumus ne tira pas trop mal son épingle du jeu. Malgré l'hostilité déclarée de l'empereur Gallien, il parvint à purger les provinces gauloises des bandes franques qui l'infestaient. Au prix de dures batailles (à Arles par exemple) les Barbares furent rejetés au-delà du Rhin et son autorité fut reconnue de l'Espagne à la Grande-Bretagne. C'est donc amplement que Postumus mérita le titre de "Restitutor Galliarum" ("Libérateur des Gaules) qu'il fit orgueilleusement graver sur ses monnaies.

Les circonstances qui entourent la fin de Postumus sont assez peu claires.

Vers 269, alors que l'empereur des Gaules allait célébrer le dixième anniversaire de son accession au trône, Laelianus (Lélien), commandant de la place de Mayence leva contre lui l'étendard de la révolte et se fit, à son tour reconnaître comme empereur par quelques villes de Germanie. "Les Gaulois sont toujours par nature avides de changements politiques" commente peu flatteusement le rédacteur anonyme de l'Histoire Auguste pour expliquer cette rébellion. En fait, on ne connaît rien des mobiles de Laelianus et de ses complices…

Énergique comme à l'accoutumée, Postumus fonça sur Mayence, défit les troupes fidèles à Laelianus, tua l'usurpateur et pénétra en vainqueur dans la cité rhénane. Une victoire trompeuse : les propres soldats de Postumus grognaient. Ils n'avaient, jusque-là, trouvé aucun profit à cette guerre fratricide, aussi exigèrent-ils, que, pour les récompenser de leurs peines, la ville de Mayence, capitale du général félon, fût mise à sac. Postumus s'y refusa catégoriquement : Alors que les Barbares pouvaient réapparaître à tout instant, ce n'était vraiment pas le moment d'affaiblir la défense du Rhin en démantelant gratuitement, sur un coup de tête, l'une des plus importantes forteresses de la région !

C'était le bon sens même… Mais les soldats, trop obtus ou trop cupides, ne l'entendirent pas de cette oreille. Retournant leurs glaives contre leur propre chef, ils le massacrèrent sans la moindre hésitation (été 269).

Le rédacteur anonyme de l'Histoire Auguste (début du Ve siècle) prétend que Postumus eut un fils appelé lui aussi Postumus.

Ce Postumus Junior, associé au pouvoir par son père en qualité de "César", tué avec lui après la révolte de Laelianus, aurait été un orateur si fin que ses déclamations valaient, paraît-il, celles du célèbre Quintilien.

En réalité, personne ne sait rien de l'éventuel fiston de l'empereur gaulois, Certes, il est possible que l'empereur des Gaules eut un fils, et si c'est le cas, peut-être lui confia-t-il certaines responsabilités… Mais de là à faire de l'hypothétique rejeton de Postumus le Démosthène des Gaules, il a un pas que tout historien sérieux se refusera à effectuer !

Les colériques légionnaires de feu Postumus se rendirent bien vite compte que ce crime absurde, c'était vraiment une boulette sans nom. La mort prématurée de l'empereur gaulois laissait un vide énorme : il avait fallu toute l'énergie de ce chef hors du commun pour tenir la dragée haute à ses turbulents sujets gaulois si prompts à la révolte ainsi qu'à tous les ennemis de cet "Empire romain des Gaules" qu'il avait créé. Seul un type comme Postumus avait été capable de repousser non seulement ces envahisseurs barbares qui franchissaient le Rhin à la moindre occasion pour tout ravager, mais aussi l'empereur de Rome, ce Claude le Gothique qui avait hérité de son prédécesseur Gallien le vif désir de mettre fin à la sécession des Gaules.
Sous peine de disparaître, l'État gallo-romain devait donc au plus vite se doter de "la perle rare" susceptible de remplacer au plus vite l'irremplaçable Postumus ! Faute de meilleur candidat sur place, le choix des légionnaires stationnés à la frontière du Rhin se porta sur un certain Marius.

À l'instar de l'empereur Maximin le Thrace, Marius, deuxième souverain de l'Empire romain des Gaules, était sans doute issu d'un milieu très modeste. Cependant, même s'il avait peut-être, dans sa jeunesse, tâté d'un métier manuel - celui de forgeron, si l'on veut ! - il était certainement militaire. Il avait même certainement atteint un certain grade lorsqu'il accéda à l'empire. Si Marius n'avait été un officier compétent (et populaire) jamais ses soldats ne l'eussent proclamé empereur !

On peut également concevoir que son nom, Marcus Aurelius Marius, fut perçu comme d'heureux augure puisqu'il alliait celui de l'empereur philosophe Marc Aurèle à celui de Marius, cet emperator populiste de la fin IIe siècle av. J.-C, vainqueur des Cimbres et des Teutons. Il est cependant permis de douter que cette prometteuse homonymie ait suffi à assurer le trône à notre Marius ; il devait sûrement receler d'autres qualités !

Quant à la durée de son règne, elle doit se compter en mois plutôt qu'en jours ! Sinon comment expliquer les nombreuses monnaies qui furent émises à son effigie, tant à Mayence qu'à Trèves ou à Cologne.

Pour le reste, on ne sait presque rien de Marius.
Il est possible qu'après avoir permis à ses soldats de piller Mayence, histoire de bien s'assurer de leur loyauté, il se soit replié sur Augusta Treverorum (Trèves) où il fut égorgé par les mêmes soldats qui l'avaient élu (décembre 269 ?).

Il fut remplacé à la tête de l'empire par Victorinus. Celui-ci fut proclamé empereur non deux ou trois jours après l'avènement de Marius, mais bien deux ou trois mois après son meurtre. Ne confondons pas !

Soldat expérimenté et apprécié de ses troupes, Victorinus (en français Victorin ou Victorien) fut proclamé empereur par l'armée du Rhin, deux jours après que son prédécesseur, l'ancien forgeron (?) Marius eût été égorgé par ses soldats révoltés (décembre 269).

Contrairement aux allégations du très fantaisiste auteur de l'Histoire Auguste, Victorinus n'était pas un proche parent de Postumus, le premier souverain de l'Empire romain des Gaules, et celui-ci ne l'éleva jamais à la dignité de co-empereur (Augustus). Il toutefois vrai qu'avant son élévation au trône, Victorinus exerça, avec son commandant en chef Postumus, les fonctions de consul pour l'année 266-267, mais il ne s'agissait là que d'un titre purement honorifique, dénué de la moindre parcelle d'autorité réelle.

Le règne de Victorinus (déc. 269 - 271) marque le début du déclin de l'Empire des Gaules. À cette époque, Claude le Gothique (268-270) s'empare du pouvoir à Rome et entreprend un processus de restauration territoriale, morale et financière du vieil Empire romain. Certes, ce sera seulement Aurélien (270-275), son successeur, qui réunifiera l'État et mettra fin aux sécessions. Néanmoins, sous Claude déjà, l'étoile de Rome recommence à briller tandis que, par contrecoup, celle de l'Empire gaulois pâlit. Et les populations indigènes ne s'y trompent pas : si Postumus avait étendu son pouvoir à presque tout l'Occident romain, seules les Gaules et la Grande-Bretagne obéiront encore à Victorinus, l'Espagne ayant rallié le camp de l'empereur (légitime) de Rome.

Enfin, obéir à Victorinus, c'est vite dit ! Même en Gaule, son empire se lézarde… La ville d'Autun (Augustodorum Æduorum), l'une des plus importantes cités des Gaules, se rallie à Claude le Gothique, et se révolte ouvertement contre l'empereur gaulois. Victorinus ne peut réduire la ville rebelle qu'après un siège de sept mois. Pour la punir de sa trahison, la riche cité bourguignonne est pillée et partiellement incendiée par les soldats gallo-romains. La guerre civile dans toute son horreur !

Après avoir assouvi sa vengeance, Victorinus se retire à Cologne. C'est là qu'il est assassiné par un de ses officiers, un certain Attilianus (fin 271).

Il ne s'agissait nullement d'un crime politique. L'assassin aurait, paraît-il, voulu laver dans le sang de l'empereur le déshonneur de sa chère et tendre épouse, séduite par ce chaud lapin de Victorinus.
Notre Victorinus fut donc peut-être le premier souverain gaulois victime de ses gauloiseries !

Alors que Victorinus fut certainement davantage un militaire avisé (encore qu'un peu brutal) qu'un insatiable Don Juan, les circonstances scabreuses (d'ailleurs hautement hypothétiques) de sa mort ont suffi à le doter d'une sulfureuse réputation de débauché notoire. L'Histoire Auguste prétend qu'il était doué de réelles qualités, mais que celles-ci étaient "annihilées par la lubricité et la passion effrénée des femmes" (Hist. Aug. Tr. Tyr., VI, 7). D'autres "historiens", quant à eux, le montrent abandonner tout pouvoir à sa mère, la fantasmagorique Victoria Augusta, puis courir la gueuse, sauter sur tout ce qui porte jupon, voire même poursuivre les jeunes garçons de ses assiduités !

Il va de soi que ces fantaisies cancanières, qui ne reposent d'ailleurs sur aucun témoignage historique, n'ont même pas l'ombre du reflet de l'apparence d'une quelconque vraisemblance. Dans un état dominé par l'armée, aux prises avec des révoltes internes, et continuellement menacé par les invasions germaniques ainsi que par la réaction patriotique de Rome, cet être à la fois libidineux, mollasson et infantile que décrivent ces auteurs sensationnalistes n'aurait pas eu la moindre chance ni d'être couronné par les rudes légionnaires rhénans, ni de rester plus d'une heure au pouvoir !

Un dernier mot pour signaler que le rédacteur anonyme de l'Histoire Auguste (toujours lui) prétend que Victorinus aurait eu un fils, Victorinus le Jeune, qu'il aurait associé à son trône et qui aurait été assassiné avec lui.

Il n'est certes pas impossible que Victorinus l'Ancien fût papa. Néanmoins, comme son hypothétique rejeton n'est connu que par cette seule "Histoire Auguste", et comme la vérité historique n'est pas le premier souci de l'auteur de cette œuvre par ailleurs assez tardive (début du Ve siècle), il convient de prendre cette information avec la plus grande défiance ! D'autant qu'aucune monnaie à l'effigie de ce prétendu co-empereur n'a jamais été retrouvée.

Après l'assassinat de l'empereur gaulois Victorinus, victime d'un mari aussi jaloux et vindicatif que cocufié, les légionnaires de l'armée du Rhin se trouvèrent fort embarrassés : par la faute de l'irascible mais inconscient Attilianus, le cocu vengeur, l'Empire des Gaules se trouvait à nouveau décapité, et ce au moment précis où l'orage menaçait de toutes parts. D'une part, les Francs, accompagnés d'autres peuplades germaniques, n'allaient pas manquer de profiter du vide du pouvoir pour recommencer les incursions pillardes en Gaule. D'autre part, l'empereur de Rome Aurélien ne faisait pas mystère de son intention de mettre fin aux sécessions qui privaient l'Empire romain de ses plus riches provinces. Déjà il se préparait à marcher contre le royaume de Palmyre qui, grâce à sa belle reine Zénobie, s'était approprié tout l'Orient romain. Ensuite, ce serait certainement au tour de l'Empire des Gaules d'être mis au pas… Il fallait donc désigner d'urgence - car le temps pressait - un chef susceptible de remplacer le galant Victorinus sacrifié sur l'autel de l'honneur conjugal.

Les suffrages des soldats se portèrent sur Tetricus, un noble sénateur qui occupait, à ce moment, les fonctions de préfet de la province d'Aquitaine.

On s'interroge encore les raisons de ce choix.
En choisissant leur chef au sein de l'aristocratie locale plutôt que d'élire, selon leur habitude, un rude militaire, peut-être les soldats voulurent-ils rehausser le prestige de l'Empire gaulois menacé par Aurélien ? C'est possible…
Quoi qu'il en soit, ce dont nous sommes certains, c'est que ce Tetricus n'était pas sur place (à Trèves ou à Cologne) au moment de son élection et qu'il avait certainement exercé un commandement militaire avant son élévation au trône, car jamais les soldats n'auraient accepté d'être placé sous le commandement d'un civil inexpérimenté.
Il faut aussi rejeter cette fable qui prétend que la mère de Victorinus, la très controversée Victoria Augusta, après avoir refusé la pourpre impériale pour elle-même, aurait soudoyé les soldats de l'armée du Rhin pour qu'ils désignent Tetricus.

Une fois élu (décembre 271), Tetricus, qui se trouvait encore à Burdigala (Bordeaux) s'empressa de rejoindre les troupes qui l'avaient choisi. En chemin, il démontra ses qualités de stratège en repoussant les Barbares qui, pour ne pas faillir à leurs mauvaises habitudes, avaient franchi le Rhin… Juste histoire de tester les capacités militaires du nouveau chef gallo-romain (année 272). Ensuite il s'établit à Trèves, et c'est là (été 273) qu'il éleva son fils, Tetricus le Jeune, à la dignité de "César" (empereur subalterne).

Fin 273, tout allait donc au mieux pour l'Empire romain des Gaules. Les envahisseurs étaient refoulés, le pays était calme, les frontières étaient solidement gardées, l'empereur Tetricus avait fait ses preuves et semblait être un homme compétent, sa succession était assurée. Bref, de nombreuses années de calme, de paix et de prospérité en perspective !

Cependant, l'Empire gallo-romain fondé treize ans plus tôt par Postumus n'avait plus que quelques mois à vivre.

L'empereur Aurélien n'avait fait qu'une bouchée du royaume de Palmyre. Presque sans coup férir, il avait soumis à son autorité toute la partie orientale de l'Empire romain et s'apprêtait maintenant à faire main basse sur l'État sécessionniste des Tetricus, père et fils. L'Espagne et la province de Narbonnaise avaient déjà rallié la cause de Rome ! Sous peine d'être anéantis, les empereurs gaulois devaient réagir énergiquement et rapidement.
Comme Aurélien et ses légions au moral gonflé à bloc par leurs victoires orientales marchaient vers le Nord, les deux Tetricus se portèrent à sa rencontre avec toutes leurs forces. Les armées se rencontrèrent aux environs de Châlons-sur-Marne.
Et puis, on ne sait pas trop ce se passa réellement…

Faut-il croire les sources officielles qui prétendent que Tetricus redoutait davantage ses propres soldats que ceux d'Aurélien. Évidemment, cette crainte n'était que trop justifiée : presque tous ses éphémères prédécesseurs avaient été massacrés lors de mutineries. Tetricus ne tenait certainement pas à partager leur sort ! C'est pourquoi, juste avant la bataille décisive, le dernier "empereur gaulois", accompagné de son fils, aurait déserté honteusement, abandonnant à leur sort ces soldats qu'il craignait tant.

Pendant que son armée se faisait massacrer par les légionnaires aguerris d'Aurélien, Tetricus et son fils se seraient prosternés devant l'empereur de Rome, sollicitant sa protection. "Délivre-moi de mes tourments, ô Invincible !" aurait même pleurniché Tetricus Père, citant un vers de Virgile.

Sans doute ce récit ne présente-t-il que la version "officielle", c'est-à-dire la propagande d'Aurélien. Pour légitimer la liquidation d'un Empire gallo-romain qui, jusque-là, avait très honorablement rempli son rôle défensif contre les Germains pillards, il fallait discréditer à la fois ces empereurs gaulois et leurs soldats. Les historiens "aux ordres du pouvoir" montrèrent donc que les premiers étaient bien trop faibles pour défendre une frontière aussi menacée que celle du Rhin, et que les seconds étaient vraiment trop inconstants, trop indisciplinés pour s'acquitter correctement de cette tâche.

En fait, il est vraisemblable qu'une vraie bataille, bien sanglante et bien acharnée, se déroula aux environs de Châlons-sur-Marne, et que les Tetricus y défendirent vaillamment leur couronne.

Ce qui n'est, en revanche, pas contesté, c'est la mansuétude dont Aurélien fit preuve à l'égard des usurpateurs gaulois vaincus. Après avoir (c'était le "service minimum") figuré en bonne place lors du triomphe d'Aurélien à Rome (printemps 274), "revêtu d'une chlamyde écarlate, d'une tunique jaune et de braies gauloise" (Hist. Aug., Aur., XXXIV, 2), Tetricus Père fut nommé gouverneur ("corrector") de Lucanie (Pouilles). Tetricus Junior, quant à lui, fut autorisé à siéger au Sénat dont il devint, paraît-il un membre éminent.

Le plus étrange dans cet chronologie de l'"empire" de Gaule, c'est que sur quatre "empereurs", trois ont été assassinés et seul le dernier à survécu et à continué sa vie tranquillement. Etrange...

César


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Message Publié : 06 Mars 2004 0:15 
Empire de Gaule peut-être pas .
Mais ce qui est surprenant c'est que bien avant que Rome devienne une puissance, les celtes qui ont , un temps dominé tout le continent européen ne se soient jamais confédérés pour fonder un véritable empire celte.

C'est là , sans doute leur grande différence avec les grecs.
Il n'y avait pas l équivalent d'une menace macédonienne qui puisse accélérer cette unité des celtes autour d'un pôle(La Gaule ou , plutôt, une tribu gauloise dominante, aurait -elle pu devenir alors une Macédoine celte ?).
Il manquait aux gaulois un Philippe de Macédoine autant qu'aux celtes divisés , comme les cités grecques pourtant, un Démosthène).
Leurs rois n'étaient peut-être , à l'évidence, guère des stratèges, et leurs druides peu portés à faire des discours politiques dont seuls les grecs avaient le secret.
Si Rome n'avait émergé qui sait , après tout, si ces gaulois n'auraient pas pris une importance aussi grande pour le monde européen et méditerranéen que celle de la cité du Latium.
Mais c'est un site historique , et l'on ne refait pas ce que l'histoire a scellé.


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