Les soldats romains n'avaient pas le droit de se marier pendant leur service et, s'ils étaient déjà mariés au moment de leur engagement, leur mariage était annulé. Cette interdiction avait pour objectif d'éviter que l'armée ne soit encombrée par la famille des soldats et surtout que ces derniers puissent se battre efficacement, sans craindre pour la sécurité d'éventuels proches. Elle pourrait avoir été supprimée par Septime Sévère, mais nous ne savons pas grand chose au sujet de la réforme accomplie dans le domaine par cet empereur. Là il s'agit de l'aspect purement théorique.
Dans les faits, servant sur les frontières de l'Empire pendant au moins 25 ans, les soldats pouvaient difficilement attendre la fin de leur service avant de s'engager dans une relation. Il semblerait qu'ils aient tout de même formé des couples, soit avec des femmes natives des provinces où ils se trouvaient, soit avec des esclaves (qui pouvaient très bien leur appartenir), qu'ils considéraient comme leurs épouses légitimes. Cette pratique, certainement assez courante, a pu se développer considérablement à partir de la fin du Ier siècle, car les lieux de garnisons des troupes ont eu tendance à moins bouger. Pour le deuxième siècle, on trouve de plus en plus d'inscriptions de soldats qui disent être nés "in castris" (dans le camp), donc probablement issus de telles relations.
Les autres indices qui nous laissent penser que les soldats pouvaient fonder des familles, ce sont justement les diplômes militaires attribués aux auxiliaires. Certains d'entre eux nous informent en effet que les femmes et les enfants des auxiliaires recevaient également la citoyenneté romaine. S'ils étaient célibataires, ces soldats pouvaient demander la citoyenneté pour leur future femme. Cette situation posait sans doute un certain nombre de problèmes, notamment au niveau de l'héritage, car les enfants issus de ce type de relation n'étaient pas reconnus officiellement. Nous connaissons d'ailleurs le cas d'un citoyen romain qui servait dans les troupes auxiliaires au début du IIe siècle et qui a demandé le droit de cité pour ses deux fils, nés d'une citoyenne. Le préfet a accepté de leur donner la citoyenneté, mais a refusé qu'ils soient considérés comme des enfants légitimes.
Bref, il semblerait que les soldats (aussi bien les légionnaires que les auxiliaires) aient pu se marier mais que cette situation, bien que tolérée, ait posé un certain nombre de problèmes juridiques. D'après certains chercheurs, environ 50 % des soldats étaient mariés. Je ne peux pas en dire grand chose de plus, car je ne suis pas un spécialiste et je n'ai pas trop le temps de faire des recherches plus poussées. J'ai tiré la plupart de ces infos de The Complete Roman Army d'Adrian Goldsworthy, aux pages 102-103.
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