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Carrière équestre
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Auteur :  Madameroyale [ 31 Août 2006 14:27 ]
Sujet du message :  Ordre équestre et magistratures

Bonjour,

Je viens de lire dans un manuel d'Histoire Romaine que l'ordre équestre était exclu des magistratures. Faut-il le prendre au sens strict du terme ou bien cela concerne-t-il seulement les publicains (en vertu de la Lex Claudia?)? Qu'en est-il alors des hommes nouveaux?

Voilà, c'est une question qui doit paraitre stupide mais j'avoue que l'histoire ancienne n'est pas mon fort.

Merci à tous,

Maialen

Auteur :  Honos aquilae [ 31 Août 2006 18:55 ]
Sujet du message : 

Tout d'abord un petit topo :

Les censeurs recrutent les cavaliers, à qui ils octroient la possession d'un cheval public, dans les 18 centuries aristocratiques qui constituent l'ordre équestre. Ce sont les citoyens les plus riches (leur fortune est dix fois supérieur à celle exigée dans la classis). L'hérédité de cette dignité tend à ce confirmer au IIe siècle av. J.-C.. Les nobles ainsi que leurs fils, appartiennent donc à l'odre équestre. Mais l'ordre est souvent lié à l'élite italienne. Les chevaliers peuvent entrer au Sénat en s'engageant dans le cursus honorum après les dix campagnes militaires requises.
La lex Claudia de 218 qui interdit aux sénateurs la possession de navires dont la capacité excéderait trois cents amphores introduit un principe de séparation entre le grand négoce et le cursus honorum. De même certaines activités d'intérêt public sont interdites aux sénateurs et réservées aux chevaliers constitué alors en sociétés de publicains. Une distinction est donc établie entre carrière sénatoriale et carrière équestre.
Je crois que par la suite, un plébescite de de Caius Sempronius Gracchus a même interdit au sénateurs d'être en même temps inscrits au cens dans les centuries équestre.

Résultat : seuls les sénateur ont accés aux magistratures (la carrière des honneurs-cursus honorum). La carrière équestre est versée dans les affaires, le grand négoce et la fonction de publicain. Ces activités sont interdites aux sénateurs. Si un chevalier veut accéder aux magistratures, il doit devenir sénateur et donc renoncer à sa dignité équestre. Un chevalier ne peut donc être magistrat.

J'ai pas été trop obscure ?[/code]

Auteur :  Madameroyale [ 31 Août 2006 20:00 ]
Sujet du message : 

Non, c'était très clair, mais du coup j'ai encore une question : quand un jouvenceau (enfin jouvenceau) de l'ordre équestre se décide à tenter le cursus honorum, il ne sait pas d'avance s'il va réussir à entrer au Sénat. Il peut donc "convertir" sa famille en famille sénatioriale sans être sénateur de fait?

Oui, je sais, elles sont très stupides mes questions, mais comme a dit un homme très intelligent, "le plus grave, ce n'est pas tant d'être c**, c'est de le rester".

Maialen

Auteur :  Babosse [ 31 Août 2006 21:44 ]
Sujet du message : 

Ce topo est pour la Rome Républicaine ? La carrière équestre ne se modifia pas avec le principat et ses évolutions ?

Auteur :  Helios [ 31 Août 2006 22:27 ]
Sujet du message : 

madameroyale a écrit :
Non, c'était très clair, mais du coup j'ai encore une question : quand un jouvenceau (enfin jouvenceau) de l'ordre équestre se décide à tenter le cursus honorum, il ne sait pas d'avance s'il va réussir à entrer au Sénat. Il peut donc "convertir" sa famille en famille sénatioriale sans être sénateur de fait?

C'est un raisonnement logique, donc effectivement je ne comprends pas très bien ce qu'a dit votre manuel. C'est le principe de l'homo novus. Il me semble que Cicéron est membre de l'ordre équestre avant d'entamer son cursus honorum. De même pour Marius (qui a un peu grillé les étapes et a pas mal perverti le système).
La république romaine se base sur la reproduction sociale, donc les non-membres de l'ordre sénatorial qui exercent des magistratures sont très minimes, mais je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas possible. Sinon, qu'est-ce qu'un homo novus?

Auteur :  Madameroyale [ 01 Sep 2006 3:08 ]
Sujet du message : 

J'aime bien quand on explique ce que je ne comprends pas mieux que je ne saurais le faire moi même :D . Effectivement, j'ai oublié de le mentionner, il s'agit de la Rome Républicaine.

Auteur :  Madameroyale [ 01 Sep 2006 3:18 ]
Sujet du message : 

Ou alors...

Ou alors, je me disais - les gens n'aiment pas quand je commence comme ça en général :wink: - qu'il s'agit peut-être sans doute d'une constatation effectuée au recensement, untel fait la carrière des honneurs et untel non, a-t-il droit au cheval public etc. Mais si c'est le cas il ne peut pas y avoir d'interdiction de droit mais plutôt de fait puisqu'on tentera la carrière avant le recensement. Et cela ne résout pas le problème des homo novi.

Obscur...

Auteur :  Caesar Scipio [ 01 Sep 2006 8:46 ]
Sujet du message : 

Je me permets d'apporter juste un petit correctif ou plutôt une précision à ce qu'a écrit Honos Aquilae.

En fait, Caïus Gracchus n'a nullement fermé la carrière sénatoriale à la classe équestre.

Ce qu'il a fait, c'est marquer davantage symboliquement la distinction entre ordres équestre et sénatorial alors qu'en réalité, tous les sénateurs sont issus, de plus ou moins longue date bien sûr, de la classe des chevaliers. Il a notamment obligé les chevaliers qui entamaient le cursus à rendre le cheval public qui était une des distinctions de l'ordre équestre.

Si seuls les membres de la classe sénatoriale avaient pu accéder au cursus honorum, alors vous n'auriez jamais vu un Caius Marius ou un Marcus Tullius Cicero devenir consuls. Sans parler de tous les hommes nouveaux, souvent issus des élites militaires, qui ont accédé au consulat dès le 1er siècle av JC.

Simplement, compte tenu de la hiérarchie de prestige, disons que quand le membre d'une famille équestre réussissait à se faire élire, il avait une promotion sociale et entrait dans l'ordre sénatorial.

Pour ce qui concerne la Lex Claudia, effectivement elle interdisait aux sénateurs de posséder des navires trop importants. Dans les faits, les sénateurs contournaient allègrement cet interdit en ayant recours à des prète-nom.

Auteur :  Madameroyale [ 01 Sep 2006 10:58 ]
Sujet du message : 

Merci beaucoup!

Auteur :  Honos aquilae [ 01 Sep 2006 18:56 ]
Sujet du message : 

Citer :
En fait, Caïus Gracchus n'a nullement fermé la carrière sénatoriale à la classe équestre.


Je n'ai jamais écrit ça.

Citer :
Je crois que par la suite, un plébescite de de Caius Sempronius Gracchus a même interdit au sénateurs d'être en même temps inscrits au cens dans les centuries équestre.

Auteur :  LeporidaeMagikos [ 24 Nov 2008 20:24 ]
Sujet du message :  Carrière équestre

Bonjour,

Voilà, je m'interroge à l'histoire romain et je ne pige rien à la carrière équestre à Rome.
Quelle est la différence entre une carrière équestre et une carrière sénatoriale ? Quelles sont leurs fonctions et leurs rôles dans la politique romaine ?

Je n'arrive pas à me faire une idée concrète en quoi consiste cette carrière équestre.

Si vous pouvez éclairer ma lanterne, ça serait gentil !

%1

Auteur :  La Saussaye [ 24 Nov 2008 21:39 ]
Sujet du message :  Re: Carrière équestre

L'on ne peut pas parler à proprement parler de carrière équestre.

L'ordre équestre, ou equester ordo, réunit à l'origine une classe spécifique de citoyens, sur deux critères liés à la fortune et à la guerre : il s'agit des citoyens suffisamment fortunés pour être propriétaires d'un cheval de guerre. Peu nombreux, ils constituent alors la cavalerie romaine.

Je vais éviter de m'égarer, pour le moment, dans la question du "cheval public", n'ayant pas de documentation immédiatement sous la main ( lol ).

L'ordre équestre constitue ainsi une classe sociale particulière, différente en effet des sénateurs, lesquels, d'ailleurs, ne constituent eux-mêmes qu'une partie de la nobilitas romaine (nous sommes toujours dans les périodes anciennes de la république).

Cette particularité originaire des chevaliers, citoyens fortunés ainsi regroupés selon ce critère, a eu pour effet avec le temps de faire de cette classe sociale créée en quelque sorte ex nihilo une véritable classe de ploutocrates, banquiers et hommes d'affaires.

Suite aux conquêtes consécutives à la seconde guerre punique, et à la nécessaire gestion (entre autre fiscale) des provinces conquises, l'ordre équestre voit alors son influence grandir considérablement. C'est ainsi en son sein que vont se recruter les publicains, qui ont été avec un certain à-propos comparés aux fermiers généraux de l'ancien régime.

Les chevaliers deviennent ainsi, à l'époque des guerres civiles, un véritable contre-pouvoir face au Sénat, même s'ils ne disposent pas de représentation politique spécifique.

César, et Auguste après lui, s'appuieront fortement sur les chevaliers face au Sénat, dont l'influence ira en diminuant irrémédiablement.

Auteur :  Batiste [ 25 Nov 2008 15:38 ]
Sujet du message :  Re: Carrière équestre

En fait c'est plus compliqué que ça, une véritable carrière équestre s'est développée sous l'Empire... Je n'ai plus tout en tête mais je crois me rappeler qu'elle était beaucoup plus orientée vers l'armée que la carrière sénatoriale. En troisième année de licence, j'ai réalisé un dossier dont l'objectif était de comparer les deux types de carrières en étudiant deux inscriptions, l'une étant celle d'un sénateur et l'autre celle d'un chevalier. Dommage que je n'aie pas mes cours sous la main, j'aurais pu scanner des tableaux où étaient énumérées toutes les fonctions pouvant être occupées lors d'une carrière équestre...

Voici les principales étapes, d'après le travail que j'avais réalisé sur la carrière de M. Petronius Honoratus :

Le cursus équestre commençait souvent par une carrière locale, mais ce n'était pas forcément obligatoire. L'étape suivante, le service militaire, appelé "milice équestre", durait une dizaine d'années et se décomposait en plusieurs phases. La première était le commandement d'une cohorte quingénaire, qui comprenait 500 fantassins de troupes auxiliaires, pendant une période de trois ans (salaire moyen : entre 20.000 et 40.000 sesterces par an). Lors de la seconde phase, les chevaliers étaient amenés à exercer la charge de tribun militaire au sein d'une légion (ou d'une cohorte d'auxiliaires), se retrouvant alors à la tête de 1000 fantassins (salaire moyen : entre 40.000 et 50.000 sesterces par an). La dernière phase obligatoire des milices équestres était le commandement d'une aile de cavalerie, comprenant 500 soldats, rémunéré à hauteur de 60.000 sesterces par an. Il était possible d'effectuer un deuxième commandement dans la cavalerie, qui permettait de doubler son salaire.

Débutait ensuite une carrière administrative avec les procuratèles équestres, qui comportaient plusieurs étapes correspondant à leur niveau de rémunération : d'abord une procuratèle sexagénaire (salaire de 60.000 sesterces par an), facultative pour M. Petronius Honoratus car il a été préfet d'aile auparavant et disposait déjà d'un salaire de 60.000 sesterces, puis une procutatèle centenaire (100.000 sesterces par an). Dans le cas de M. Petronius, il s'agissait de la charge de procurateur de la monnaie, exercée à Rome. Venait ensuite l'exercice d'une procuratèle ducennaire, comme celle du vingtième des héritages, à Rome, qui permettait de passer à un salaire de 200.000 sesterces par an. Il s'agissait alors du salaire le plus élevé pouvant être atteint par les chevaliers : les autres charges pouvant être exercées par ces derniers ne leur permettaient plus d'augmenter leurs revenus, mais c'était un bon moyen d'accroître leur prestige. M. Petronius, par exemple, a exercé une deuxième procuratèle ducennaire en devenant procurateur de la province de Belgique et des deux Germanies, c'est-à-dire qu'il s'occupait de l'administration financière de ces provinces. Il est ensuite revenu à Rome pour y être procurateur a rationibus (une procuratèle ducennaire qui deviendra tricennaire à partir de Marc Aurèle), accédant même à une fonction religieuse, celle de pontife mineur.

La plupart des chevaliers arrêtaient leur carrière après avoir exercé les trois procuratèles équestres (sexagénaire, centenaire et ducennaire), mais il était encore possible de la continuer en exerçant une ou plusieurs préfectures. Il était par exemple possible de devenir préfet de l'annone, c'est-à-dire responsable du ravitaillement de Rome. Les deux préfectures les plus importantes et les plus prestigieuses étaient celle du Prétoire et celle d'Egypte. Elles étaient toutefois peu accessibles : seuls les chevaliers bien vus par l'empereur pouvaient y accéder.


Résumé des différentes étapes :

I - CARRIERE LOCALE : exercice de magistratures mineures

II - MILICES EQUESTRES : service militaire
1) commandement d'une cohorte quingénaire (500 fantassins)
2) commandement d'une cohorte milliaire (1000 fantassins)
3) commandement d'une aile quingénaire (500 cavaliers)
4) commandement d'une aile milliaire (1000 cavaliers) => étape facultative

III - PROCURATELES EQUESTRES : carrière administrative
1) procuratèle sexagénaire
2) procuratèle centenaire
3) procuratèle(s) ducennaire(s)

IV - PREFECTURES : charges les plus hautes, plus ou moins prestigieuses

Comme je l'ai montré plus haut, chaque promotion s'accompagne nécessairement d'une hausse de salaire, jusqu'aux procuratèles ducennaires où le maximum était atteint. La principale différence que l'on peut constater entre les carrières équestres et sénatoriales, c'est que les chevaliers effectuaient un service militaire beaucoup plus long (environ 10 ans) qu'ils pouvaient passer aux quatres coins de l'Empire : M. Petronius, par exemple, est passé de la Germanie inférieure à la Maurétanie césarienne ! Les carrières sénatoriales étaient davantage tournées vers l'administration : après le vigintivirat et un service militaire d'un an dans les provinces, elles pouvaient se dérouler essentiellement à Rome, ville que les sénateurs ne quittaient bien souvent que lorsqu'ils étaient nommés gouverneurs de provinces.


J'espère avoir été clair. Si tu as d'autres questions, n'hésite pas à les poser !

Auteur :  Alceste [ 25 Nov 2008 15:59 ]
Sujet du message :  Re: Carrière équestre

LeporidaeMagikos a écrit :
Bonjour,

Voilà, je m'interroge à l'histoire romain et je ne pige rien à la carrière équestre à Rome.
Quelle est la différence entre une carrière équestre et une carrière sénatoriale ? Quelles sont leurs fonctions et leurs rôles dans la politique romaine ?


Vous vous interrogez sur l'histoire romaine, peut-être pas assez sur le français. A vous lire on ne sait pas si vous avez compris que la principale différence, c'est qu'un chevalier ou un sénateur ce n'est pas la même chose. On ne choisit pas entre une carrière équestre ou une carrière sénatoriale. On fait une carrière équestre si on est chevalier( ce qui est moins que sénateur) et une carrière sénatoriale si on est sénateur et on accède à ces différents ordres à la fois par la famille et le niveau de fortune. Un chevalier par exemple pouvait gouverner une petite province comme procurateur, alors que d'autres étaient réservées aux sénateurs comme proconsuls. Je suppose que Ponce Pilate devait être chevalier.
Un vieux livre explique bien la chose: Jean Gagé, les classes sociales dans l'Empire romain.

Auteur :  Batiste [ 25 Nov 2008 16:25 ]
Sujet du message :  Re: Carrière équestre

Je suis d'accord, mais cette différence de statut n'empêche pas d'établir des comparaisons intéressantes entre les deux types de carrières. Je ne crois pas que la question de LeporidaeMagikos portait sur les motivations qui poussaient tel ou tel individu à se lancer soit dans une carrière équestre soit dans une carrière sénatoriale. Il me semble qu'il (elle ?) souhaitait juste savoir quelles étaient les différences essentielles entre les deux carrières, demandant quels éléments caractéristiques distinguaient celle des chevaliers, cette dernière étant souvent moins bien connue que la carrière sénatoriale.

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