Bonjour !
J'aimerais avoir quelques précisions sur la prison romaine, par exemple la Prison Mamertine à Rome. Je suppose qu'il y avait des gardes qui gardaient l'entrée, mais quelles étaient les conditions pour y pénétrer (pour les gens de l'extérieur) ? Peut-on rendre visite à un détenu? Faut-il des papiers spéciaux, ou quelque chose du genre?

On sait depuis Mommsen ( le droit pénal romain) que la peine de prison n'existe pas comme peine par le droit pénal romain. Le carcerest plutot une mesure "disciplinaire" mais on trouve trace de peines de ce type sous la République pour des individus de basse condition.. La raison est essentiellement économique : on condamne aux "mines" la prison est inutile pour la société). Trois mots semblent désigner des formes carcérales de contrainte : carcer, custodia et uincula. Le premier évoque les oubliettes du capitole en attente d'exécution ( notamment de chefs guerriers prisonniers) mais d'autres espaces servent de lieux d'enfermement dans de nombreuses cités latines.
Le carcer à Rome est topologiquement identifié ( sous l'église San Guiseppe dei Felignami) au forum un peu en retrait à proximité du centre judiciaire donc. Selon Tite-Live la seule vision de ce cachot causait l'effroi. Par son existence il montre l'efficacité des institutions. Dans l'esprit romain le cachot est lié aux ténèbres. Certains citoyens peuvent y être détenus à vie pour certains crimes majeurs.Ils sont déclarés hostes.
La prison s'étendait jusqu'aux carrières ( Lautumiae). Le carcer est le plus souvent cité dans dans les sources mais il arrivait que l'on réquisitionne pour détenir des captivi ou des servi des édifices ou sont ordinairement enfermés des objets précieux ou des archives. Juvénal écrit que sous l'Empire ces lieux de détention se sont multipliés on y enchaine les brigants des marais pontins ou de la forêt gallinaria.
Il semble que ce soit les prétoriens , les cohortes urbaines et les vigiles qui assurent la garde des incarcérés. On retrouve des lieux similaires de détention dans les fouilles de nombreuses villes de l'époque impériale avec toute la prudence qu'impose l'interprétation des sources ( tant littéraires qu'archéologiques)
On n'a pas relevé de personnel spécialisé affecté à la garde. à Rome ce sont les triumviri capitalesqui sont chargés de la surveillance des rues et de la garde de la prison. On dispose d'un mot latin qui désigne le greffier mais qui peut aussi à une époque plus tardive désigner le gardien : commentariensis. Si les prisonniers sont conduits en d'autre lieux ( ainsi à l'atrium libertatis ce sont des custodes ou ianitores qui assurent leur garde. Ce sont des esclaves publics. Évidemment les évasions sont fréquentes et en cas d échec sévèrement punies ( y compris pour le gardien défaillant).
Pour répondre à votre question sur les " visites" elles semblent généralement admises si l'on en croit Ciceron reprochant à Verres sa sévérité en ce domaine. Ordinairement l'État n'assure pas la subsistance des prisonniers qui reste à la charge de la famille ( sauf décision du Sénat saisi par le prisonnier de cette privation).
Attention de ne pas confondre les poenaeavec l'emprisonnement. La poenae concerne tout aussi bien le châtiment corporal ou le bannissement. Il semble même que l'emprisonnement ne soit pas une peine au sens juridique. Un enfermement réservé aux " latrones" aux furi nocturni" ou comme je l'écrivais plus haut aux "hostes". Dans la période des troubles où se mettent en place les institutions de la République le carcer est utilisé par les annalistes comme figure rhétorique pour montrer la violences des répressions

Servus Tullius donna son nom au "carcer" on l'appelle le Tullianum l'appellation "mamertine" date de notre période médiévale

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l'Etat n'a pas à représenter l'intérêt général mais à faire de l'intérêt général un objet de croyance.

Gilles Deleuze

oublié!
servus tullius donna son nom au "carcer" on l'appelle le Tullianum l'appellation "mamertine" date de notre période médiévale

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l'Etat n'a pas à représenter l'intérêt général mais à faire de l'intérêt général un objet de croyance.

Gilles Deleuze

Merci beaucoup pour ces précisions !

J'ai lu dans SEXE ET POUVOIR A ROME de P. Veyne que certains criminels ou simples délinquants, après avoir été traînés en justice par leurs accusateurs, avaient été laissés entre leur main pour que la victime décide elle-même de la peine à infliger au condamné.

Certains tuaient le coupable, d'autres lui faisaient payer une amende considérable, d'autres encore, comme ce qu'on voit dans la série ROME de HBO avec Memmio, le gardent dans leurs appartements, enfermé dans une cage ou enchaîné à un mur tel un animal.

Apparemment l'Empereur effectuait parfois des contrôles de ces détentions et décidait d'en libérer quelques-uns de leurs " gêoliers " civils...

Vous en savez plus ?

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FORCE ET HONNEUR.

Sous la République, Rome on n’exécutait pas les condamnés à l’intérieur du pœmerium ce qui aurait constitué un sacrilège. Pourtant, certains l’ont été dans le Tullianum. Exemple : les conjurés de Catilina sur ordre de Cicéron (« vixerunt ») . Mais cela se passait sous terre et non sur le sol de l’enceinte sacrée. On étranglait sans répandre le sang. En revanche, il est certain que les peines de prison n’existaient pas. Pour César, la privation de liberté était pire que la mort.
Sous les principats, les pratiques ont changé.

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Je n'ai pas cru que tes édits pussent l'emporter sur les lois non écrites et immuables des dieux. Sophocle

Le Tullianum se trouvait sous la Carcer et on n'y accédait que par une ouverture ronde dans son plafond (voûte). Des exécutions légales (par étranglement au lacet) avaient donc lieu dans la Carcer, le Tullianum étant en quelque sorte un "cul-de-basse-fosse" où des détenus pouvaient mourir mais de faim ou de maladie.

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"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.

J'ai retrouvé une photo que j'avais prise dans le Tullianum.
La croix à l'envers commémore le passage de Saint Pierre dans ce lieu.

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Je n'ai pas cru que tes édits pussent l'emporter sur les lois non écrites et immuables des dieux. Sophocle