Ces interdictions sont évoquées par Suétone (
Caes., 56) :
Citer :
Il défendit l'usage des litières, des vêtements de pourpre et des perles, excepté à certaines personnes, à certain âge et pour certains jours. Il veilla surtout à l'observation des lois somptuaires, et il envoyait dans les marchés des gardes qui saisissaient les denrées défendues et les portaient chez lui. Quelquefois, même des licteurs et des soldats allaient, par son ordre, enlever jusque sur les tables des dîneurs ce qui avait pu échapper à la surveillance de ces gardes.
Selon Jérôme Carcopino : "Sulla déjà, et avec les mêmes arrière-pensées, avait décrété des prohibitions somptuaires. César les renouvela, en les aggravant, et pourchassa sous toutes ses formes le luxe tapageur". D'après cet historien, des impôts ont touchés les édifices trop décorés, pour encourager un retour à la simplicité. César a également interdit le port de certains bijoux, "ne laissant leurs parures de perles qu'au matrones de plus de quarante-cinq ans". De cette dernière précision, fournie par saint Jérôme, Jérôme Carcopino tirait la conclusion que "le législateur (...) plaçait les femmes dans la nécessité de choisir entre l'aveu de leur âge et leurs colliers de perles". Cet historien mentionnait également l'interdiction de l'usage des litières aux femmes qui n'étaient pas mariées ou qui n'avaient pas d'enfants, sauf pour certains jours de fêtes. Le passage de Suétone cité plus haut nous apprend que César a aussi interdit certains mets rares et coûteux, qui étaient directement saisis sur les marchés voire jusque dans les assiettes. En fait, il s'agissait d'interdire le luxe ostentatoire, de façon à encourager un certain apaisement social. Ces mesures avaient pour objectif de rendre le luxe moins voyant, afin que le train de vie excessif des riches cesse de provoquer la colère des pauvres. Il est assez aisé de comprendre quelle devait être la frustration de ceux qui ne mangeaient pas à leur faim devant les étalages de produits inaccessibles dans les marchés et la débauche de leurs concitoyens les plus aisés, qui ne pouvait les laisser indifférents.
Pour conclure cette réponse, je laisse la parole à ce grand historien qu'était Jérôme Carcopino :
"L'historien aurait tort de sourire de ces manifestations voyantes d'un zèle moins efficace que symbolique. Sur les contemporaines de César, elles produisaient l'effet que souhaitait le dictateur. Il n'avait pas la candeur de croire qu'elles corrigeraient les mœurs ; mais il savait que sous sa main, qu'il avait exprès gantée de fer, les différentes classes de la société romaine, naguère si distinctes et jalouses les unes des autres, seraient forcées de s'unir, par une égale obéissance, dans l'effort qu'il exigeait de chacun pour la prospérité commune et pour la grandeur du peuple romain auquel sa souveraineté destinait le gouvernement du monde".
Toutes ces informations ont été trouvées dans son
Jules César, aux pages 390-391 de la réédition de 1965.