Batiste a écrit :
Les troupes de César n'étaient pas nettement inférieures, sinon Pompée serait resté en Italie pour les affronter. S'il est parti c'est parce qu'il savait pertinemment qu'il n'avait aucune chance de tenir, car pratiquement toutes les légions de son adversaires (bien plus expérimentées que les siennes) se trouvaient à proximité de l'Italie....
C'est là un point de désaccord entre nous. Vous me semblez faire une analyse fondée sur le postulat que les 2 acteurs connaissaient parfaitement le rapport de forces, les intentions adverses, et que chacun jouerait forcément le coup parfait. Ce faisant vous excluez les facteurs méconnaissance, inconnues, erreurs et chaos (lequel chaos fait que même un ordre parfaitement conçu n'est pas correctement exécuté) qui ont joué un rôlé absolument déterminant.
Il n'est pas nécessaire de mettre tout le paquet l'emporter dans la mesure où un adversaire mal informé et qui panique peut croire par erreur que l'ennemi met tout le paquet et offrir ainsi une victoire facile qui était au départ tout sauf certaine.
Batiste a écrit :
César aurait d'abord écrasé facilement l'armée de Pompée en Italie, puis il se serait retrouvé en supériorité numérique face aux légions d'Espagne, arrivées trop tard.
Vous partez encore sur une hypothèse bien improbable.
D'une part César n'est pas immédiatement rentré avec toutes ses forces en Italie. Les ralliements des cohortes placées en garnison dans les villes du nord de Rome (Corfinium notamment) qui, se ralliant (en partie seulement) les unes après les autres à César, ont contribué à renforcer ses effectifs en Italie (elles ont ensuite en large partie été confiées à Curion pour sa campagne d'Afrique). Les renforts de légions supplémentaires sont bien arrivés, mais dans un 2ème temps.
Raisonnons a contrario : si César ne l'a pas fait en réalité, pourquoi l'aurait-il fait ?
D'autre part, jamais César ne s'est battu en position de supériorité numérique pour une bonne raison. Il lui fallait bien laisser des troupes pour s'assurer la maîtrise de territoires conquis qui était tout sauf acquise et surtout pour prévenir un retour offensif de ses adversaires. Si toutes les troupes césariennes étaient parties en Espagne, la voie aurait été libre pour l'insurrection de Milon et de Caelius Rufus.
En 49, César a bien été en position de supériorité qualitative, mais pas de supériorité numérique face aux légions d'Espagne.
Batiste a écrit :
Deux ont été stationnées à Marseille, c'est tout. Le moins qu'on puisse dire, c'est que César n'avait pas l'air de se soucier beaucoup de la situation en Gaule chevelue !
Oui, mais je donne à ce fait une signification tout autre que vous. Ce n'est selon moi pas parce que César n'avait pas l'air de se soucier beaucoup de la situation en Gaule chevelue qu'il y a laissé 2 légions. C'est au contraire parce que la situation a évolué d'une manière telle qu'il n'avait pas le choix et qu'il lui fallait déployer le plus de forces possible sur les théâtres d'opérations de la guerre civile. En pesant les risques et les nécessités, il a lui a fallu faire le pari (réussi) que sa pacification des Gaules tiendrait le coup.
Batiste a écrit :
Marseille ne s'est déclarée l'alliée de ses adversaires qu'après la conquête de l'Italie. De plus, le transport par cabotage nécessitait de nombreuses étapes. La présence des troupes de César interdisait aussi bien l'aller que le retour et ce n'est pas une ville comme Marseille qui aurait pu changer la donne.
Marseille a effectivement attendu que César ait conquis l'Italie pour se rallier à Domitius et à Pompée. A fortiori avant même que César ait conquis l'Italie, a fortiori il me paraît assez évident que les sympathies de Marseille n'étaient pas différentes avant la conquête de l'Italie par César.
Tenir toute la côte me paraît bien hasardeux. Pompée n'a pas empêché César de débarquer en Epire et les légions d'Espagne avaient aussi le choix de la voie terrestre.
Batiste a écrit :
J'insiste également sur la différence de qualité des troupes : une recrue enrôlée de force, mal préparée et sans aucune expérience du combat ne fait pas le poids face à un vétéran qui s'est battu pendant sept ans en Gaule. Les diverses batailles remportées par César (en Gaule par exemple) montrent qu'une armée composée de légions de vétérans aux effectifs déficitaires pouvait tenir tête sans problème à des ennemis bien plus nombreux et sans doute beaucoup plus féroces que les recrues de Pompée.
Je suis totalement d'accord avec vous sur ce point. Plus que ses qualités de stratège et son exceptionnelle capacité à s'adapter et à créer la surprise, le meilleur atout de César était son armée de vétérans. Ce n'était pas une garantie absolue de victoires, très loin de là : Dyrrachium en est la preuve la plus forte (il y en a d'autres).
Batiste a écrit :
La balance ne penche pas du côté de Pompée lorsqu'il subit la honte d'abandonner Rome ...
Là nous sommes en désaccord, confèrent mes développements plus hauts. Lui Pompée l'a cru. D'autres non, ce qui a pu expliquer la honte et le flots de critiques dont il a fait l'objet pour ce choix stratégique.
Batiste a écrit :
... et elle penche dangereusement du côté de César après la dissolution de l'armée pompéienne d'Espagne. C'est lorsque le théâtre des opérations se déplace vers l'Orient que Pompée prend temporairement le dessus, parce qu'il a eu le temps de reconstituer des légions à partir des vétérans établis dans les provinces et de rassembler des troupes nombreuses....
D'accord avec vous sur ce point dans une certaine mesure : le monde romain est coupé en deux et Pompée a une supériorité maritime absolue. César n'a les moyens de transporter dans les Balkans qu'une armée en position d'infériorité numérique qui doit faire face à d'énormes problèmes d'approvisionnement après avoir eu les plus grandes peines à réussir la jonction entre Antoine et César.
Batiste a écrit :
... ses propositions de négociations étaient vouées à l'échec dès le départ et qu'il devait en être un minimum conscient.
C'est un point de désaccord entre nous. Ses propositions de négociations avant le déclenchement des hostilités militaires étaient très modérées. Elles ne visaient pas à lui assurer la position dominante sur la scène politique mais juste à lui permettre de revenir dans le jeu politique à des conditions raisonnables mais pas acceptables. Il ne demandait pas un traitement foncièrement différent de celui fait à Pompée et Crassus en 71/70.
Même s'il a bien évidemment dû envisager toutes les options y compris celle d'un échec complet nécessitant le recours à la force armée (d'accord sur le fait qu'il ne s'y est pas préparé que pour le bluff mais bien pour pouvoir y recourir en dernière extrémité), il n'a vraisemblablement pas cru que ses ennemis prendraient une décision irrationnelle par jusqu'au-boutisme. Jusqu'aux derniers jours, il a essayé d'isoler la faction qui n'avait tout compte fait réuni que 22 sénateurs (certes les nobiles les plus prestigieux et les plus puissants du moment) lors du vote organisé par Curion au Sénat.
Il savait qu'en déclenchant les hostilités, c'est à lui qu'on adresserait le reproche terrible de s'être mis hors la loi et d'avoir déclenché une guerre civile. Malgré sa propagande et les torts de ses ennemis, il n'a jamais réussi à leur faire porter le chapeau car c'est bien lui qui a franchi le Rubicon en armes.
Batiste a écrit :
Honnêtement, c'est la toute première fois que je vois la fuite lamentable de Pompée présentée comme un échec militaire de la part de César ! Certes, il aurait aimé le capturer pour l'utiliser comme marionnette (espoir qu'il a encore après Pharsale) et pour l'empêcher de reformer une armée. Certes, il n'a pas réussi à l'empêcher d'embarquer. Mais de là à parler d'échec, pour un général qui vient de se rendre maître de l'Italie et de six des légions de son adversaire, cela me paraît un peu fort...quote]
Je parle d'échec au regard de l'objectif. L'objectif rationnel de César était un conflit bref et limité. Il se serait bien passé de devoir mener un combat à l'échelle "mondiale. Même s'il sort grandement renforcé de la conquête de l'Italie.
Batiste a écrit :
Caesar Scipio a écrit :
S'agissant des sources, je serais tenté de ne pas toutes les mettre sur le même plan, notamment celles écrites 150 ans ou 200 ans après les faits.
Bien sûr, c'est une évidence ! Par contre je ne vois pas trop à quoi vous faites allusion...
Je faisais référence à Dion Cassius.