Tristan33 a écrit :
Votre graphique fait penser à de l'analyse de fonctions mathématiques. Or justement si on peut prévoir comment évolue une fonction mathématique ... cela est impossible en histoire.
L'image vous donne le sens de la décadence : celui d'une flèche orientée vers le bas... il ne s'agit pas de mathématiques et nous parlons bien d'histoire oui, même si mathématiques et historie font bon ménage.
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Autrement dit, dire que la décadence est inscrite à partir du moment où ils ont donné la citoyenneté aux Italiens, c'est à mon avis faire de la téléologie assez outrancière. C'est expliquer un moment historique à la lumière de ce qui s'est passé bien après, et dans une société qui n'a plus rien à voir.
Ce n'est pas la seule chose que je dis... la décadence romaine s'inscrit dans le temps long... comme son ascension... à mon sens le début de la crise vient du fait de la non solution de la réforme agraire, de la révolte italienne et de la fin de la République. Ce n'est pas tout, il y a d'autres étapes : abandon des cultes anciens, avènement du christianisme, édit de Caracalla, traité des fédérés, invasions barbares... tout cela mène à la chute et à la disparition de la civilisation romaine.
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Certes en histoire nous essayons de former des chaînes de causes et de conséquences ... mais il ne faut pas en conclure à un déterminisme strict.
Je ne comprends pas ce que vous voulez dire. L'histoire est faite de faits qu'il suffit de regarder en face ; la chute de Rome et de sa civilisation est une réalité historique.
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Tout ça est faire aucun cas de toute l'histoire de l'empire ! Par exemple de l'impact du christianisme ... C'est en somme oublier que la société au bas empire n'a plus rien à voir avec celle de la fin de la République, et que par conséquence il aurait pu se passer 1000 autres choses.
Oui la société a changé, c'est bien pour ça qu'il y a déclin également... l'empire signe la fin de la république romaine qui était un symbole très fort de la civilisation romaine dans sa phase ascendante. L'avènement du christianisme montre l'abandon des cultes romains, signe que la civilisation romaine disparait peu à peu, lentement mais sûrement, au rythme de la fameuse devise d'Auguste
festina lente.
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Et comme tous les intervenants vous l'ont dit, c'est au nom de tous les sacrifices (militaires) faits par les Italiens que ceux-ci réclament la citoyenneté.
Les Italiens avaient leurs arguments, c'est certain.
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Même à imaginer de façon totalement outrancière que les "Romains" furent les "cerveaux" de cette construction d'un empire,
Rome était bien la tête de la civilisation romaine, oui.
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et les Italiens seulement des "bras" tout juste capable d'exécuter les ordres ...
Des auxiliaires, oui.
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leur utilité n'en demeurerait pas moins cruciale (et évidemment c'est faux puisque les élites italiennes ont été peu à peu intégrées aux responsabilités ... Cicéron était d'origine italienne par exemple).
Rome dans sa grande magnanimité avait effectivement instauré un système de promotion pour les élites italiennes méritantes et dignes d'intégrer la citoyenneté romaine, mais c'était un droit limité et il fallait montrer patte blanche et faire ses preuves.
Cicéron avait par son père un sang remontant aux rois de Rome...
sebbell8 a écrit :
Au lieu de décadence qui est un phénomène qui échappe au contrôle de celui qui en est la cible, nous pouvons dire que les peuples Italiens ont lutté pour obtenir leur place à Rome, leur citoyenneté, c'est le résultat d'une lutte pas d'une décrépitude.
Pour les Italiens en -90 et les pérégrins en 212 c'est certainement une promotion. Mais le bonheur des uns fait le malheur des autres... et Rome y a perdu au final, pour les raisons que j'ai expliqué.
Narduccio a écrit :
Et la société qui en est sortie était plus forte, puisqu'elle a pu continuer à s'étendre et à imposer son modèle. Beaucoup rêveraient d'une telle "décadence".
Mais, Rome avait déjà imposé son modèle sur ces peuples... or, ce sont ces peuples qui vont imposer le leur en intégrant Rome... peu à peu.
CNE_EMB a écrit :
La décadence romaine est une notion dépassée pour les multiples raisons invoquées, mais également parce qu'elle est "occidento-centrée". La capacité de l'empire romain à subsister par le biais de son avatar gréco-byzantin est souvent occultée pour cette raison mais prouve que les institutions romaines ont su se pérenniser et évoluer dans la très longue durée, même s'il a fallu pour cela un repli partiel sur une structure sociétale plus cohérente et mieux organisée (et soumise initialement à une pression moindre, ou plutôt que l'empire d'orient a su réorienter sur d'autres).
Se poserait-on même la question de cette décadence si Justinien ou l'un de ses successeurs avaient réussi le pari de reconstituer l'empire dans sa globalité ?
Bref, parler de décadence romaine quand l'empire des Romains a subsisté encore un millénaire après la perte de souveraineté directe sur sa pars occidentalis, c'est tomber dans un certain nombre de lieux communs aujourd'hui réfutés et abandonnés.
Eh oui, l'empire romain n'est pas mort en 476 (surtout que cette date ne signifie rien en soi), dater sa supposée décadence en fonction d'une date de mort clinique totalement subjective et de plus en plus souvent remise en question me paraît donc être un exercice totalement futile qui oublie - à dessein ? - un pan immense de l'histoire romaine, fût-elle dominée par la culture grecque.
CNE EMB
Mais, Constantinople n'est pas Rome... ce sont deux villes et deux cultures très différentes. C'est un peu comme si on disait que le Saint Empire Romain Germanique était une continuation de Rome. C'est inexact. Rome avait ses dieux, sa langue, sa culture etc. On ne peut pas mélanger la civilisation byzantine, médiévale et romaine...
Ce n'est pas pour rien que l'apogée de Constantinople, c'est après la chute de Rome. En même temps que l'une chutait, l'autre montait.