Oula il ya plein de choses et c'est vraiment super!!! Mais je n'ai pas trop le temps de répondre point par point... Je vais tout de même essayer...
Vestitudo a écrit :
Par certains aspects, l'Antiquité tardive me fait penser au Bas Moyen-Âge, à ceci près que ses barrières chronologiques assez larges permettent de relativiser la plupart des données. Et de fait, le Bas Moyen-Âge est bien une période difficile d'un point de vue humain - entre ses guerres et la Peste noire, la démographie, l'économie, la société en général en prennent un coup. C'est pourtant cette période qui accueille la création littéraire la plus brillante, la plus florissante de la période - le premier humanisme! : preuve que ce seul critère, que je concède tout aussi aisément à l'Antiquité tardive, n'est pas nécessairement le signe d'une période humainement faste. Il ne faut pas trop lier créativité artistique et prospérité d'une civilisation.
D'une certaine façon oui, mais je pense également que les trouble de la fin du Moyen âge sont bien plus terrible que ceux que connaissent l'Empire au IIIe siècle. La perte démographique est par exemple certainement moindre et la portée des guerres n'est pas la même. Il ne faut pas croire les Romains lorsqu'ils parlent de régions misent à sac et totalement détruite, à plus forte raison s'ils sont chrétiens... Mais il est vrai que le IVe siècle est celui du renouveau et d'une nouvelle donne. La puissance de l'Empire, je le répète, ne souffre aucun rival et ses ennemis regrettent souvent leur audace ; les Sarmates Luimigantes sont massacrés par Constance, les Alamans défaits et leurs terres pillées par Julien, les Perses humiliés par Dioclétien... Dans le même temps on construit Constantinople, on fortifie les frontières de l'Empire, on empiète sur les terres barbares, on met en place de gigantesques systèmes de défense(litus saxonicus, rocade Tongres Bavay) et le monde romain continue de se renouveler sans changements drastique. On voit souvent Dioclétien comme un innovateur, c'est faux il n'y pas plus traditionnaliste que lui. Il s'en remet à d'anciens expédient comme le partage de la dignité impériale, le choix des meilleurs... On peut simplement lui accorder une transformation dans l'échelle, mais tout cela reste bien romain. Pas de révolution à l'horizon. Ce qui a créé la notion de déclin c'est justement le fait qu'au Ve siècle l'Empire prend des voies différentes et souvent hasardeuses, comme le fait de s'en remettre au feodus pour régler les problèmes de défense. Là on touche un point essentiel ; l'Empire laisse progressivement son armée disparaitre, confiant sa défense à des peuples barbares établis sur ses frontières. Le choix n'est pas idiot et part du postulat qu'il vaut mieux laisser ces gênant voisins s'étriper joyeusement entre eux. Cela avait en plus l'avantage de repeupler fortement les zones frontalières (souvent plus dépeuplée par des mouvements de population qu'à cause de massacres...), et remilitarisait l'Empire. Mias le problème est que ces entité étaient aussi politique et avaient parfois des intérêts différents de ceux de Rome. Et sans armée pour les faire entrer dans le rang Rome était condamnée. En Orient ou la structure de l'armée s'est maintenue l'Empire a survécu. A cela guère de mystère et les théories qui voient forcément une naissance et une mort des Empires sont fausses ; expliquer la pérennité du pouvoir chinois, qui au grès de l'adversité n'en finit pas de renaitre sous des formes multiples...
Ce qui m'étonne, c'est de voir que le IVe siècle est souvent perçu comme un instant de moins bien après le zénith des Antonins et des Sévères, alors que le système de cette époque était anachronique et périmé, comme nous a montré sa faillite rapide au IIIe siècle. Dans l'histoire les difficultés d'un État sont rarement associées à un déclin dès lors où celui ci survit, mais s'il disparait on ne peut s'empêcher d'aller quérir des racines chimérique à une prétendue maladie interne. Imaginons ne pas savoir que la France parvient à s'extraire des Guerres de Religion, n'est-il pas patent que le pays court à la catastrophe? Sauf que voilà le glorieux règne d'Henri IV et tout le monde salut le
restoratio imperii... Mais au plus fort de la guerre, la France est ravagée, isolée diplomatiquement, déchirée de l'intérieur et l'état des campagne assez terrible... Mais voilà, juste derrière une nouvelle période d'expansion et on explique alors que c'est simplement un moment de difficultés... Avec l'Empire romain il en va différemment ; on connait la finalité et on occulte un siècle de redressement pour tracer un fil conducteur depuis le IIIe siècle (et parfois même dès la fin du IIe siècle) jusqu'au Ve siècle, montrant la succession parfaite des évènements jusqu'à une destruction finale et inéluctable. Or ce n'est pas de l'histoire... Concrètement la survie du monde romain n'est absolument pas remise en question au IVe siècle, bien moins en tout cas qu'au IIIe, devant surtout la flambée des usurpations parce que ce ne sont pas les pillages qui peuvent abattre un Empire...
Mais si vous ne voyez comme éléments de prospérité au IVe siècle que la floraison littéraire vous vous trompez... Je le répète, on construit et même beaucoup et pour ce faire il faut de quoi financer. Il n'y a plus la manne financière de l'apport de numéraires par le pillage... Or c'était un système éminemment dangereux, et la situation de l'Espagne au sortir du XVIe siècle en est très représentatrice il me semble. En tout cas les finances sont assez saines pour pourvoir à l'entretient d'une armée plus nombreuse, à la création du système des
fabricae impériales, (vastes structures de production assumée par l'Etat pour pourvoir à ses frais à l'entretien matériel des armées), entretient de l'ogre qu'était l'
Urbs, entretient des cités par le trésor... Je suis désolé, mais l'Empire dépense bien plus qu'au temps des Antonns... Si ce n'est pas un signe de prospérité...
N'allons donc pas trop vite en besogne...
Durand78 a écrit :
Bonjour Pédro,
je cite:"
Les soldats romains sont donc très bien équipés,
Est-ce que les mercenaires francs incorporés etaient habillés et équipé comme les romains ?
Ou distincte-t''on "la véritable armée romaine" des "armées de mercenaires" ?
Penses-tu que les épée francques découvertes dans des tombes près de la Moselle et du Rhin étaient efficaces au combat ?
(elles ont l'air lourdes)
Amicalement
Je dois dire que le concept de mercenaire est étranger à la Rome impériale et les Romains préfèrent rationaliser leurs relations avec des peuples en les intégrant de manière individuelle dans les corps de l'armée romaine. Au final il n'y a guère qu'au Ve siècle que la défense de l'Empire revient essentiellement aux fédérés. Donc de ce fait un Francs qui s'engage dans un corps de troupe à la manière d'un Romain reçoit un équipement fournit pas l'État en fonction du type d'unité. Par contre s'il appartient à une unité de lète, ou a des fédérés il possède son équipement "régional" à savoir souvent une lance, un bouclier et un sax.
Pour ce qui est de l'efficacité au combat des armes longues (romaine comme mérovingienne) les sources sont assez locaces, ansi Ammien décrit des bras coupé, des têtes fracassées malgré un casque...Oui effectivement se sont de redoutables armes... Quant à leur poids, pour avoir tenue une reproduction, c'est assez léger en comparaison des épée du Bas Moyen Âge.
Light a écrit :
Romeo a écrit :
Un empire ne s'effondre pas aussi brutalement sans de graves problèmes intérieurs.
Au sein du monde romain , il y a toujours eu des troubles civils , accompagné de massacre , crise politique ....
Je généralise mais c'est surtout à l'époque de Marius et Sylla , et à la mort de Caius Julius César( fameuse citation " toi aussi mon fils " ) une Rome qui se trouve au moment le plus critique de la crise politique qui secoue la République depuis les gracques . ( suivant la mort de César 13 ans de guerre civile ) .
Et puis , la Rome à ses débuts tel que nous la connaissons n'a rien avoir avec celle de la fin .
Il y a une évolution morale , à la fin marqué par une Rome hétéroclite .
Oui les troubles civils sont inhérent au système politique romain et le IVe siècle ne fait pas exception. Pour ce qui est des "évolutions" je reste personnellement sceptique sur leur portée réelle. La société romaine reste très ancrée il me semble dans des valeurs semblables qui l'accompagne depuis les origines...
Helios a écrit :
Romeo a écrit :
Mais si il n'y a pas eut de décadence de l'empire romain comment a t-il pu s'effondrer ?
Un empire ne s'effondre pas aussi brutalement sans de graves problèmes intérieurs.
Il me semble qu'il y a déjà cinq pages de discussion qui exposent et discutent ces problèmes intérieurs.
Il n'y a pas vraiment d'effondrement brutal mais plutôt un changement de régime.
Et oui une lente évolution qui au grès de l'adversité transforme progressivement le monde romain. Entre permanence et continuité, tel est depuis toujours le monde romain. La restauration par Auguste, puis celle de moindre importance par Vespasien ont montré que les Romains savaient faire évoluer leurs structures politiques et administrative selon les évènements. Pour le IVe siècle il en va de même ; un exemple l'État commence à assumer les frais de l'entretient des cités car les aristocrates locaux se sont soit transporté à la campagne dans leur exploitation, soit ils sont ruiné par des dépenses d'évergétisme vraiment trop lourdes. On peut y voir un élément de déclin : certains notables font banqueroute... Mais aussi un élément de modernité: l'État se centralise. On dit souvent que l'administration impériale devient trop lourde c'est oublier qu'elle reste malgré tout très maigre par rapport à la taille de l'Empire. Auparavant Rome préférée déléguer la gestion locale aux curies, mis avec l'évolution de l'Empire, le manque d'entrée de richesse et d'autres intérêts amènent l'État a prendre la situation en main. D'ailleurs, les aristocrates ruraux n'échappent pas à l'
aurum tironicum qui permet à l'Empire de récupérer des hommes ou du numéraire un or pour es dépenses accrues... Les impôts apparaissent alors insoutenable aux contemporains, qui vivaient souvent sous des régimes très "pauvres" en imposition et le changement a sans doute été mal vécu, surtout pour les possédants qui jusque là en sont exclus. Quant on sait que se sont eux qui écrivent...