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Message Publié : 24 Sep 2011 10:58 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Localisation : Galaxie d'Andromède, Système solaire Zeta
A t-on des témoignages antiques sur la destruction de Pompei et d'Herculaneum en 79 ap JC ?

_________________
"L'histoire me sera favorable car j'ai l'intention de l'écrire". Winston Churchill.


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Message Publié : 24 Sep 2011 11:07 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Localisation : sur le cardo d'une cité de la Gaulle romaine
Deux lettres de Pline à Tacite décrivent l'éruption du Vésuve en 79 (VI, 16 et 20). Il se trouvait à Misène où son oncle (Pline l'Ancien) était gouverneur de la flotte et trouva la mort sur la plage de Stabies pour s'y être rendu afin d'y observer le phénomène.

_________________
Je n'ai pas cru que tes édits pussent l'emporter sur les lois non écrites et immuables des dieux. Sophocle


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Message Publié : 24 Sep 2011 11:36 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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On peut y ajouter un passage de la Vie de Titus de Suétone, §8, qui mentionne l'activité de l'Empereur en faveur des sinistrés.

Pline, Lettres, VI.16 :
PLINE A TACITE.
Vous me priez de vous apprendre au vrai comment mon oncle est mort, afin que vous en puissiez instruire la postérité. Je vous en remercie.: car je conçois que sa mort sera suivie d'une gloire immortelle, si vous lui donnez place dans vos écrits. Quoiqu'il ait péri par une fatalité qui a désolé de très beaux pays, et que sa perte, causée par un accident mémorable, et qui lui a été commun avec des villes et des peuples entiers, doive éterniser sa mémoire; quoiqu'il ait fait bien des ouvrages qui dureront toujours, je compte pourtant que l'immortalité des vôtres contribuera beaucoup à celle qu'il doit attendre. Pour moi, j'estime heureux ceux à qui les dieux ont accordé le don, ou de faire des choses dignes d'être écrites, ou d'en écrire de dignes d'être lues; et plus heureux encore ceux qu'ils ont favorisés de ce double avantage. Mon oncle tiendra son rang entre les derniers et par vos écrits et par les siens ; et c'est ce qui m'engage à exécuter plus volontiers des ordres que je vous aurais demandés.
Il était à Misène, où il commandait la flotte. Le 23e d'août, environ une heure après midi, ma mère l'avertit qu'il paraissait un nuage d'une grandeur et d'une figure extraordinaire. Après avoir été quelque temps couché au soleil, selon sa coutume, et avoir pris un bain d'eau froide, il s'était jeté sur un lit, où il étudiait. Il se lève, et monte en un lieu d'où il pouvait aisément observer ce prodige. Il était difficile de discerner de loin de quelle montagne ce nuage sortait. L'événement a découvert depuis que c'était du mont Vésuve. Sa figure approchait de celle d'un arbre, et d'un pin plus que d'aucun autre; car, après s'être élevé fort haut en forme de tronc, il étendait une espèce de branche. Je m'imagine qu'un vent souterrain le poussait d'abord avec impétuosité, et le soutenait. Mais, soit que l'impression diminuât peu à peu, soit que ce nuage fût affaissé par son propre poids, on le voyait se dilater et se répandre. Il paraissait tantôt blanc, tantôt noirâtre, et tantôt de diverses couleurs, selon qu'il était plus chargé ou de cendre ou de terre. Ce prodige surprit mon oncle, qui était très savant; et il le crut digne d'être examiné de plus près. Il commande que l'on appareille sa frégate légère, et me laisse la liberté de le suivre. Je lui répondis que j'aimais mieux étudier; et par hasard il m'avait lui-même donné quelque chose à écrire. Il sortait de chez lui, ses tablettes à la main, lorsque les troupes de la flotte qui étaient à Rétines, effrayées par la grandeur du danger (car ce bourg est précisément sur Misène, et on ne s'en pouvait sauver que par la mer), vinrent le conjurer de vouloir bien les garantir d'un si affreux péril. Il ne changea pas de dessein, et poursuivit avec un courage héroïque ce qu'il n'avait d'abord entrepris que par simple curiosité. Il fait venir des galères, monte lui-même dessus, et part dans le dessein de voir quel secours on pouvait donner non seulement à Rétines, mais à tous les autres bourgs de cette côte, qui sont en grand nombre à cause de sa beauté. Il se presse d'arriver au lieu d'où tout le monde fuit, et où le péril paraissait plus grand; mais avec une telle liberté d'esprit, qu'à mesure qu'il apercevait quelque mouvement ou quelque figure extraordinaire dans ce prodige, il faisait ses observations et les dictait. Déjà sur ces vaisseaux volait la cendre plus épaisse et plus chaude, à mesure qu'ils approchaient ; déjà tombaient autour d'eux des pierres calcinées et des cailloux tout noirs, tout brûlés, tout pulvérises parla violence du feu; déjà lamer semblait refluer, et le rivage devenir inaccessible par des morceaux entiers de montagnes dont il était couvert ; lorsque après s'être arrêté quelques moments, incertain s'il retournerait, il dit à son pilote, qui lui conseillait de gagner la pleine mer: La fortune favorise le courage. Tournez du côté de Pomponianus. Pomponianus était à Stable, en un endroit séparé par un petit golfe que forme insensiblement la mer sur ces rivages qui se courbent. Là, à la vue du péril, qui était encore éloigné, mais qui semblait s'approcher toujours, il avait retiré tous ses meubles dans ses vaisseaux, et n'attendait pour s'éloigner qu'un vent moins contraire. Mon oncle, à qui ce même vent avait été très favorable, l'aborde, le trouve tout tremblant, l'embrasse, le rassure, l'encourage; et pour dissiper, par sa sécurité, la crainte de son ami, il serait porter au bain. Après s'être baigné, il se met à table, et soupe avec toute sa gaieté, ou (ce qui n'est pas moins grand) avec toutes les apparences de sa gaieté ordinaire. Cependant on voyait luire, de plusieurs endroits du mont Vésuve, de grandes flammes et des embrasements dont les ténèbres augmentaient l'éclat. Mon oncle, pour rassurer ceux qui l'accompagnaient, leur dit que ce qu'ils voyaient brûler, c'étaient des villages que les paysans alarmés avaient abandonnés, et qui étaient demeurés sans secours. Ensuite il se coucha, et dormit d'un profond sommeil; car, comme il était puissant, on l'entendait ronfler de l'antichambre. Mais enfin la cour par où l'on entrait dans son appartement commençait à se remplir si fort de cendres, que, pour peu qu'il eût resté plus longtemps, il ne lui aurait plus été libre de sortir. On l'éveille; il sort, et va rejoindre Pomponianus et les autres qui avaient veillé. Ils tiennent conseil, et délibèrent s'ils se renfermeront dans la maison, ou s'ils tiendront la campagne : car les maisons étaient tellement ébranlées par les fréquents tremblements de terre, que l'on aurait dit qu'elles étaient arrachées de leurs fondements, et jetées tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, et puis remises à leurs places. Hors de la ville, la chute des pierres, quoique légères et desséchées par le feu, était à craindre. Entre ces périls, on choisit la rase campagne. Chez ceux de sa suite, une crainte surmonta l'autre : chez lui, la raison la plus forte l'emporta sur la plus faible. Ils sortent donc, et se couvrent la tète d'oreillers attachés avec des mouchoirs; ce fut toute la précaution qu'ils prirent contre ce qui tombait d'en haut. Le jour recommençait ailleurs; mais dans le lieu où ils étaient continuait une nuit la plus sombre et la plus affreuse de toutes les nuits, et qui n'était un peu dissipée que par la lueur d'un grand nombre de flambeaux et d'autres lumières. On trouva bon de s'approcher du rivage, et d'examiner de près ce que la mer permettait de tenter; mais on la trouva encore fort grosse, et fort agitée d'un vent contraire. Là, mon oncle ayant demandé de l'eau et bu deux fois, se coucha sur un drap qu'il fit étendre. Ensuite des flammes qui parurent plus grandes, et une odeur de soufre qui annonçait leur approche, mirent tout le monde en fuite. Il se lève, appuyé sur deux valets, et dans le moment tombe mort. Je m'imagine qu'une fumée trop épaisse le suffoqua d'autant plus aisément, qu'il avait la poitrine faible, et souvent la respiration embarrassée. Lorsque l'on commença à revoir la lumière (ce qui n'arriva que trois jours après), on retrouva au même endroit son corps entier, couvert de la même robe qu'il portait quand il mourut, et dans la posture plutôt d'un homme qui repose que d'un homme qui est mort. Pendant ce temps, ma mère et moi nous étions à Misène. Mais cela ne regarde plus votre histoire : vous ne voulez être informé que de la mort de mon oncle. Je finis donc, et je n'ajoute plus qu'un mot: c'est que je ne vous ai rien dit, ou que je n'aie vu ou que je n'aie appris, dans ces moments où la vérité de l'action qui vient de se passer n'a pu encore être altérée. C'est à vous de choisir ce qui vous paraîtra plus important. Il y a bien de la différence entre écrire une lettre, ou une histoire; entre écrire pour un ami, ou pour la postérité.
Adieu.


Pline, Lettres, VI.20 :
PLINE A TACITE.
La lettre que je vous ai écrite sur la mort de mon oncle, dont vous aviez voulu être instruit, vous a, dites-vous, donné beaucoup d'envie de savoir quelles alarmes et quels dangers j'essuyai à Misène, où j'étais resté; car c'est là que j'ai quitté mon histoire. "Quoiqu'au seul souvenir je sois saisi d'horreur, je commence..."
Après que mon oncle fut parti,je continuai l'étude qui m'avait empêché de le suivre. Je pris le bain, je soupai, je me couchai, et dormis peu, et d'un sommeil fort interrompu. Pendant plusieurs jours, un tremblement de terre s'était fait sen-tir, et nous avait d'autant moins étonnés, que les bourgades et même les villes de la Campanie y sont fort sujettes. Il redoubla pendant cette nuit avec tant de violence, qu'on eût dit que tout était, non pas agité, mais renversé. Ma mère entra brusquement dans ma chambre, et trouva que je me levais, dans le dessein de l'éveiller, si elle eût été endormie. Nous nous asseyons dans la cour, qui ne sépare le bâtiment d'avec la mer que par un fort petit espace. Comme je n'avais que dix-huit ans, je ne sais si je dois appeler fermeté nu imprudence ce que je fis : je demandai Tite-Live; je me mis à le lire, et je continuai à l'extraire, ainsi que j'aurais pu faire dans le plus grand calme. Un ami de mon oncle survint; il était nouvellement arrivé d'Espagne pour le voir. Dès qu'il nous aperçoit, ma mère et moi, assis, moi un livre à la main, il nous reproche, à elle sa tranquillité, à moi ma confiance. Je n'en levai pas les yeux de dessus mon livre. Il était déjà sept heures du matin, et il ne paraissait encore qu'une lumière faible, comme une espèce de crépuscule. Alors les bâtiments furent ébranlés avec de si fortes secousses, qu'il n'y eut plus de sûreté à demeurer dans un lieu à la vérité découvert, mais fort étroit. Nous prenons le parti de quitter la ville : le peuple épouvanté nous suit en foule, nous presse, nous pousse; et ce qui, dans la frayeur, tient lieu de prudence, chacun ne croit rien de plus sûr que ce qu'il voit faire aux autres. Après que nous fûmes sortis de la ville, nous nous arrêtons; et là, nouveaux prodiges, nouvelles frayeurs. Les voitures que nous avions emmenées avec nous étaient à tout moment si agitées, quoiqu'en pleine campagne, qu'on ne pouvait même, en les appuyant avec de. grosses pierres, les arrêter en une place. La mer semblait se renverser sur elle-même, et être comme chassée du rivage par l'ébranlement de la terre. Le rivage en effet était devenu plus spacieux, et se trouvait rempli de différents poissons demeurés à sec sur le sable. A l'opposite, une nue noire et horrible, crevée par des feux qui s'élançaient eu serpentant, s'ouvrait, et laissait échapper de longues fusées semblables à des éclairs, mais qui étaient beaucoup plus grandes. Alors l'ami dont je viens de parler revint une seconde fois, et plus vivement, à la charge. Si votre frère, si votre oncle est vivant, nous dit-il, il souhaite sans doute que vous vous sauviez; et s'il est mort, il a souhaité que vous lui surviviez. Qu'attendez-vous donc? Pourquoi ne vous sauvez-vous pas? Nous lui répondîmes que nous ne pouvions songer à notre sûreté, pendant que nous étions incertains du sort de mon oncle. L'Espagnol part sans tarder davantage, et cherche son salut dans une fuite précipitée. Presque aussitôt la nue tombe à terre, et couvre les mers; elle dérobait à nos yeux l'île de Caprée, qu'elle enveloppait, et nous faisait perdre de vue le promontoire de Misène. Ma mère me conjure, me presse, m'ordonne de me sauver, de quelque manière que ce soit; elle me remontre que cela est facile à mon âge; et que pour elle, chargée d'années et d'embonpoint, elle ne le pouvait faire; qu'elle mourrait contente, si elle n'était point cause de ma mort. Je lui déclare qu'il n'y avait point de salut pour moi qu'avec elle; je lui prends la main, et je la force de m'accompagner : elle le fait avec peine, et se reproche de me retarder. La cendre commençait à tomber sur nous, quoiqu'en petite quantité. Je tourne la tête, et j'aperçois derrière nous une épaisse fumée qui nous suivait, en se répandant sur la terre comme un torrent. Pendant que nous voyons encore, quittons le grand chemin, dis-je à ma mère, de peur qu'en le suivant, la foule de ceux qui marchent sur nos pas ne nous étouffe dans les ténèbres. A peine étions-nous écartés, qu'elles augmentèrent de telle sorte, qu'on eût cru être, non pas dans une de ces nuits noires et sans lune, mais dans une chambre où toutes les lumières auraient été éteintes. Vous n'eussiez entendu que plaintes de femmes, que gémissements d'enfants, que cris d'hommes. L'un appelait son père, l'autre son fils, l'autre sa femme; ils ne se reconnaissent qu'a la voix. Celui-là déplorait son malheur, celui-ci le sort de ses proches. Il s'en trouvait à qui la crainte de la mort faisait invoquer la mort même. Plusieurs imploraient le secours des dieux; plusieurs croyaient qu'il n'y en avait plus, et comptaient que cette nuit était la dernière et l'éternelle nuit, dans laquelle le monde devait être enseveli. On ne manquait pas même de gens qui augmentaient la crainte raisonnable et juste, par des terreurs imaginaires et chimériques. Ils disaient qu'à Misène ceci était tombé, que cela brûlait; et la frayeur donnait du poids à leurs mensonges. Il parut une lueur qui nous annonçait, non le retour du jour, mais l'approche du feu qui nous menaçait; il s'arrêta pourtant loin de nous. L'obscurité revient, et la pluie de cendres recommence, et plus forte et plus épaisse. :Nous étions réduits à nous lever de temps eu temps, pour secouer nos habits ; et, sans cela, elle nous eût accablés et engloutis. Je pourrais me vanter qu'au milieu de si affreux dangers, il ne m'échappa ni plainte, ni faiblesse; mais j'étais soutenu par cette consolation peu raisonnable, quoique naturelle à l'homme, de croire que tout l'univers périssait avec moi. Enfin, cette épaisse et noire vapeur se dissipa peu à peu,et se perdit tout à fait, comme une fumée ou comme un nuage. Bientôt après parut le jour, et le soleil même, jaunâtre pourtant, et tel qu'il a coutume de luire dans une éclipse. Tout se montrait changé à nos yeux, troublés encore ; et nous ne trouvions rien qui ne fût caché sous des monceaux de cendre, comme sous de la neige. On retourne à Misène. Chacun s'y rétablit de son mieux : et nous y passons une nuit entre la crainte et l'espérance, mais où la crainte eut la meilleure part ; car le tremblement de terre continuait. On ne voyait que gens effrayés, entretenir leur crainte et celle des autres par de sinistres prédictions. Il ne nous vint pourtant aucune pensée de nous retirer, jusqu'à ce que nous eussions eu des nouvelles de mon oncle, quoique nous fussions encore dans l'attente d'un péril si effroyable, et que nous avions vu de si près. Vous ne lirez pas ceci pour l'écrire, car il ne mérite pas d'entrer dans votre histoire; et vous n'imputerez qu'à vous-même, qui l'avez exigé, si vous n'y trouvez rien qui soit digne même d'une lettre.
Adieu.


Suétone, Vie de Titus, 8 :
Son règne fut attristé par quelques désastres, tels qu'une éruption de Vésuve dans la Campanie (. . .). Dans ces déplorables circonstances, il ne se borna pas à montrer la sollicitude d'un prince, il déploya toute la tendresse d'un père, consolant tour à tour les peuples par ses édits, et les secourant par ses bienfaits. Il tira au sort, parmi les consulaires, des curateurs chargés de soulager les maux de la Campanie. Il employa à la reconstruction des villes ruinées les biens de ceux qui avaient péri dans l'éruption du Vésuve, sans laisser d'héritiers.


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Message Publié : 24 Sep 2011 12:06 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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J'ajoute le récit de Dion Cassius, qui évoque les présages et la panique qui s'ensuivit ; mais il ne fut pas témoin, ce n'est qu'une source seconde main.

Dion Cassius, LXVI, 21-24 :
21. Il arriva aussi dans la Campanie des événements capables d'inspirer autant de crainte que d'étonnement; juste vers l'automne, un grand feu s'y alluma tout à coup. Le mont Vésuve est proche de la mer de Naples, il renferme des sources abondantes de feu. La montagne était autrefois de la même hauteur partout et le feu sortait de son centre même ; car il n'y a que cet endroit qui soit en combustion, toute la partie extérieure est, aujourd'hui encore, sans feu. C'est pourquoi, ces parties étant toujours intactes, et celles du centre devenant friables et se réduisant en cendres, les sommets à l'entour conservent leur ancienne hauteur ; et, d'un autre côté, toute la partie embrasée, minée par le temps, a, par son affaissement, formé une cavité, qui, pour comparer les petites choses aux grandes, fait ressembler l'ensemble de la montagne à un amphithéâtre. Sur le haut, il y a des arbres et des vignes en grand nombre, tandis que le cratère est la proie du feu, et qu'il exhale, le jour, de la fumée, la nuit, delà flamme, en sorte que l'on croirait que, dans l'intérieur, on ne cesse de brûler des parfums de toute espèce. Ce phénomène se produit tantôt avec plus, tantôt avec moins d'intensité; souvent même il s'élancé des cendres, lorsque quelque masse s'est affaissée, et il s'échappe des pierres lorsqu'elles sont chassées par la violence du vent» Il en sort^ des bruits et des mugissements, attendu que les soupiraux du cratère, loin d'être près les uns des autres, sont étroits et cachés.
22. Tel est le Vésuve, et ces effets se reproduisent presque chaque année. Mais les autres prodiges qui arrivèrent dans les temps antérieurs, bien qu'ils parussent plus grands que d'ordinaire à ceux qui les contemplaient sans cesse, peuvent même, à les réunir tous ensemble, être considérés comme peu de chose en comparaison des événements d'alors. Voici en effet, ce qui se passa. Des hommes nombreux et grands, d'une taille au-dessus de toute taille humaine, tels qu'on dépeint les géants, furent vus, de jour et de nuit, errants tantôt sur la montagne, tantôt aux environs et dans les villes, tantôt se promenant dans l'air. Ensuite il y eut tout à coup des vents et de violents tremblements de terre, au point que la plaine tout entière bouillonna et que les cimes de la montagne bondirent. En même temps que se produisaient ces bruits, les uns, souterrains, ressemblant à des tonnerres, les autres, venant de la terre, semblables à des mugissements ; la mer frémissait et le ciel, par écho, répondait à ses frémissements. A la suite de cela, un effroyable fracas, comme de montagnes qui s'entrechoquent, se fit subitement entendre ; puis il sortit d'abord des pierres avec tant de force qu'elles atteignirent jusqu'au sommet de la montagne ; ensuite un feu immense et une fumée épaisse qui obscurcirent l'air et cachèrent le soleil entier comme dans une éclipse.
23. La nuit succéda au jour et les ténèbres à la lumière; les uns s'imaginaient que les géants ressuscitaient (on voyait dans la fumée de nombreux fantômes [qui les représentaient, et, de plus, on entendait un bruit de trompettes) ; les autres, que le monde entier allait s'abîmer dans le chaos ou dans le feu. Aussi les uns s'enfuyaient-ils de leurs maisons dans les rues, les autres des rues dans leurs maisons, de la mer sur la terre, et de la terre sur la mer, en proie à la terreur et regardant tout ce qui était loin d'eux comme plus sûr que l'état présent. En même temps, une prodigieuse quantité de cendres se souleva et remplit la terre, la mer et l'air; d'autres fléaux fondirent aussi au hasard sur les hommes, sur les pays, sur les troupeaux, firent périr les poissons et les oiseaux, et, de plus, engloutirent deux villes entières, Herculanum et Pompéi, avec tout le peuple qui se trouvait assis au théâtre. Enfin la poussière fut telle qu'il en pénétra jusqu'en Afrique, en Syrie, en Égypte et même jusque dans Rome; qu'elle obscurcit l'air au-dessus de cette ville et couvrit le soleil. Elle y fit naître une grande crainte qui dura plusieurs jours, car on ignorait ce qui était arrivé et on ne pouvait se le figurer : on s'imaginait que tout était bouleversé de haut en bas, que le soleil allait disparaître dans la terre et la terre s'élancer au ciel.
24. Cette cendre, pour le moment, ne fît pas grand mal aux Romains (ce fut plus tard qu'elle engendra une maladie contagieuse terrible), mais un autre feu, né sur la terre, vint, l'année suivante, tandis que Titus était allé visiter les désastres de la Campanie, dévorer une grande partie de Rome (. . .) Titus envoya deux consulaires dans la Campanie pour y établir des colonies et donna aux habitants, entre autres sommes, celles qui provenaient des citoyens morts sans héritiers; mais il n'en reçut aucune ni de particuliers, ni de villes, ni de rois, malgré nombre de dons et de promesses de la part de nombre d'entre eux, ce qui ne l'empêcha pas de tout rétablir avec ses propres ressources.


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Message Publié : 24 Sep 2011 12:50 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Après recherche complémentaire, je rajoute quelques pièces au dossier:

Dion Cassius, assez disert même si son témoignage de seconde main est loin de valoir Pline, LXVI, 21-24 :
21. Il arriva aussi dans la Campanie des événements capables d'inspirer autant de crainte que d'étonnement; juste vers l'automne, un grand feu s'y alluma tout à coup. Le mont Vésuve est proche de la mer de Naples, il renferme des sources abondantes de feu. La montagne était autrefois de la même hauteur partout et le feu sortait de son centre même ; car il n'y a que cet endroit qui soit en combustion, toute la partie extérieure est, aujourd'hui encore, sans feu. C'est pourquoi, ces parties étant toujours intactes, et celles du centre devenant friables et se réduisant en cendres, les sommets à l'entour conservent leur ancienne hauteur ; et, d'un autre côté, toute la partie embrasée, minée par le temps, a, par son affaissement, formé une cavité, qui, pour comparer les petites choses aux grandes, fait ressembler l'ensemble de la montagne à un amphithéâtre. Sur le haut, il y a des arbres et des vignes en grand nombre, tandis que le cratère est la proie du feu, et qu'il exhale, le jour, de la fumée, la nuit, delà flamme, en sorte que l'on croirait que, dans l'intérieur, on ne cesse de brûler des parfums de toute espèce. Ce phénomène se produit tantôt avec plus, tantôt avec moins d'intensité; souvent même il s'élancé des cendres, lorsque quelque masse s'est affaissée, et il s'échappe des pierres lorsqu'elles sont chassées par la violence du vent» Il en sort^ des bruits et des mugissements, attendu que les soupiraux du cratère, loin d'être près les uns des autres, sont étroits et cachés.
22. Tel est le Vésuve, et ces effets se reproduisent presque chaque année. Mais les autres prodiges qui arrivèrent dans les temps antérieurs, bien qu'ils parussent plus grands que d'ordinaire à ceux qui les contemplaient sans cesse, peuvent même, à les réunir tous ensemble, être considérés comme peu de chose en comparaison des événements d'alors. Voici en effet, ce qui se passa. Des hommes nombreux et grands, d'une taille au-dessus de toute taille humaine, tels qu'on dépeint les géants, furent vus, de jour et de nuit, errants tantôt sur la montagne, tantôt aux environs et dans les villes, tantôt se promenant dans l'air. Ensuite il y eut tout à coup des vents et de violents tremblements de terre, au point que la plaine tout entière bouillonna et que les cimes de la montagne bondirent. En même temps que se produisaient ces bruits, les uns, souterrains, ressemblant à des tonnerres, les autres, venant de la terre, semblables à des mugissements ; la mer frémissait et le ciel, par écho, répondait à ses frémissements. A la suite de cela, un effroyable fracas, comme de montagnes qui s'entrechoquent, se fit subitement entendre ; puis il sortit d'abord des pierres avec tant de force qu'elles atteignirent jusqu'au sommet de la montagne ; ensuite un feu immense et une fumée épaisse qui obscurcirent l'air et cachèrent le soleil entier comme dans une éclipse.
23. La nuit succéda au jour et les ténèbres à la lumière; les uns s'imaginaient que les géants ressuscitaient (on voyait dans la fumée de nombreux fantômes [qui les représentaient, et, de plus, on entendait un bruit de trompettes) ; les autres, que le monde entier allait s'abîmer dans le chaos ou dans le feu. Aussi les uns s'enfuyaient-ils de leurs maisons dans les rues, les autres des rues dans leurs maisons, de la mer sur la terre, et de la terre sur la mer, en proie à la terreur et regardant tout ce qui était loin d'eux comme plus sûr que l'état présent. En même temps, une prodigieuse quantité de cendres se souleva et remplit la terre, la mer et l'air; d'autres fléaux fondirent aussi au hasard sur les hommes, sur les pays, sur les troupeaux, firent périr les poissons et les oiseaux, et, de plus, engloutirent deux villes entières, Herculanum et Pompéi, avec tout le peuple qui se trouvait assis au théâtre. Enfin la poussière fut telle qu'il en pénétra jusqu'en Afrique, en Syrie, en Égypte et même jusque dans Rome; qu'elle obscurcit l'air au-dessus de cette ville et couvrit le soleil. Elle y fit naître une grande crainte qui dura plusieurs jours, car on ignorait ce qui était arrivé et on ne pouvait se le figurer : on s'imaginait que tout était bouleversé de haut en bas, que le soleil allait disparaître dans la terre et la terre s'élancer au ciel.
24. Cette cendre, pour le moment, ne fît pas grand mal aux Romains (ce fut plus tard qu'elle engendra une maladie contagieuse terrible), mais un autre feu, né sur la terre, vint, l'année suivante, tandis que Titus était allé visiter les désastres de la Campanie, dévorer une grande partie de Rome (. . .) Titus envoya deux consulaires dans la Campanie pour y établir des colonies et donna aux habitants, entre autres sommes, celles qui provenaient des citoyens morts sans héritiers; mais il n'en reçut aucune ni de particuliers, ni de villes, ni de rois, malgré nombre de dons et de promesses de la part de nombre d'entre eux, ce qui ne l'empêcha pas de tout rétablir avec ses propres ressources.


Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, XX.7.2, qui évoque la mort d'un couple de notables :
Elle (Drusilla) eut de lui (Felix, procurateur de Judée) un fils qu'elle nomma Agrippa. Pour la façon dont ce jeune homme périt avec sa femme dans l'éruption du Vésuve sous l'empereur Titus, je l'expliquerai plus tard.
Malheureusement, il n'a pas tenu parole...

Je signale une scholie à Perse, pour la satire Vi, scholie que je n'ai malheureusement pas en stock. Néanmoins, il y serait indiqué que le poète Caesius Bassus (dont il nous reste quelques dizaines de fragments), le destinataire de cette satire, est mort lui aussi lors de cette éruption, qui fit décidément bien du tort aux lettres latines...

Enfin, j'ajoute une épigramme de Martial, contemporain, qui pleure tout particulièrement ses cépages :
Epigrammes, IV.44 :
SUR LE VÉSUVE
Le voilà, ce Vésuve jadis ombragé de pampres verts dont le fruit inondait nos pressoirs de son jus délectable. Les voilà ces coteaux que Bacchus, préférait aux collines de Nysa : naguère, sur ce mont, les Satyres formaient des danses légères. C'était la demeure de Vénus, qui l'affectionnait plus encore que Lacédémone : Hercule avait par son nom illustré ces lieux. Les flammes ont tout détruit, tout enseveli sous d'affreux monceaux de cendres : les dieux voudraient que leur puissance ne fût pas allée si loin.


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Message Publié : 24 Sep 2011 13:53 
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Grégoire de Tours
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Localisation : Göbekli Tepe
Très intéressant. J'ignorais que d'autres auteurs que Pline avaient écrit sur le Vésuve.
En particulier :
Citer :
Enfin la poussière fut telle qu'il en pénétra jusqu'en Afrique, en Syrie, en Égypte et même jusque dans Rome; qu'elle obscurcit l'air au-dessus de cette ville et couvrit le soleil.

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"Passa corselet d'or Et luisant haubert, Mit heaume sur sa tête En main prit une épée. Se jeta sur l'épée, Et s'écroula, blessée."
« Je parle espagnol à Dieu, italien aux femmes, français aux hommes et allemand à mon cheval. »


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Message Publié : 24 Sep 2011 14:28 
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Pierre de L'Estoile
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Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Il existe quelques autres allusions à droite à gauche (Tacite, Suétone encore dans sa Vie de Pline, Aurélius Victor, Marc-Aurèle...), mais qui n'apportent rien d'intéressant.

Par rapport à Dion, il est très probable qu'il ait lui-même assisté à une éruption du Vésuve ou du moins ait bénéficié de nombreux témoins directs, puisqu'il appréciait beaucoup Capoue, et qu'il est contemporain de l'éruption de 202, période pendant laquelle il était vraisemblablement en Italie. Le tableau qu'il dresse peut être en partie anachronique, et sa propre imagination a sans doute contribué à enrichir le témoignages de ses sources sur l'éruption de 79, mais cela explique aussi son intérêt particulier pour cet épisode.
Cf. Freyburger-Galland M.L., "Les phénomènes volcaniques chez Dion Cassius", in Foulon E., Connaissance et représentations des volcans dans l'Antiquité, 2003, p.139-157
LXXVI.2:
Au mont Vésuve, il y eut éruption de feux avec des mugissements si forts qu'on les entendait jusqu'à Capoue, où je fais ma demeure toutes les fois que j'habite en Italie ; car j'ai choisi ce séjour à cause de ses autres commodités, mais surtout pour y être tranquille, afin de pouvoir, quand les affaires de la ville me laissent du loisir, écrire cette histoire.

Quand aux présages, c'est son dada, il en met partout dans son Histoire et y avait consacré une monographie.


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Message Publié : 23 Oct 2015 0:48 
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
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Localisation : Alsace, Zillisheim
Des scientifiques se sont posés la question de savoir si les habitants de Pompeï étaient morts en bonne santé...

L'Obs : Les habitants de Pompéi sont-ils morts en bonne santé ?

Et il semblerait que oui :
Citer :
Mais c'est un élément assez inattendu qui a retenu l'attention des médecins et archéologues : l'état de santé des victimes avant leur trépas précoce. De l'analyse de leur dentition, ils ont pu déduire que leur régime alimentaire était sain. "Pour sûr, ils mangeaient mieux que nous", commentait l'orthodontiste Elisa Vanacore lors d'une conférence de presse, relatée par The Local. "Ils avaient vraiment de bonnes dents. Leur régime alimentaire contenait peu de sucres, et beaucoup de fruits et légumes", précise-t-elle. En outre, "les résultats initiaux montrent également que des niveaux élevés de fluor sont présents dans l'air et dans l'eau, près du volcan".

Aussi intéressants qu'ils soient, ce ne sont pourtant que de premiers résultats. Il devrait y en avoir d'autres, l'objectif étant de passer 85 moulages au scanner. Pour le surintendant archéologique de Pompéi, Massimo Osanna, "cela nous en apprendra beaucoup sur les victimes : leur age, leur sexe, ce qu'ils mangeaient, de quelles maladies ils souffraient et à quelle classe sociale ils appartenaient. Ce sera un grand pas dans notre connaissance de l'antiquité".


Pour ceux qui se poseraient la question de savoir comment on a fait, la réponse est simple. Des scientifiques du passé s'était rendus comptes que certains creux dans les couches de dépôts volcanique correspondaient aux restes de corps. Ils ont donc eu l'idée de remplir ces cavités avec du plâtre ce qui a laissé de nombreuses sculptures visibles à Pompéï. Mais, dans certaines cavités, il y avait des restes et au cours de la restauration, des scientifiques ont eu l'idée de les scanner et de faire des prélèvements. Pour ceux qui ont le cœur bien accroché, on a des images ici.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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Message Publié : 23 Oct 2015 17:59 
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Inscription : 09 Avr 2003 12:43
Message(s) : 1726
Localisation : Nantes
Le témoignage de Pline est tellement précis et exact que mêmes les vulcanologues le considèrent comme un document de premier choix pour l'étude du Vésuve.

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"Lisez, éclairez-vous, ce n'est que par la lecture qu'on fortifie son âme." - Voltaire
"Historia vero testis temporum, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae." De oratore - Cicéron


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Message Publié : 24 Sep 2017 22:08 
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15790
Localisation : Alsace, Zillisheim
A-t-on retrouvé le crâne de Pline l’ancien ?

Article très intéressant de La Recherche

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Message Publié : 25 Sep 2017 1:02 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 10:56
Message(s) : 5716
Localisation : Limoges
Intéressant! Au fait j'ai lu récemment un manga bien renseigné retraçant l'existence de Pline l'Ancien :

Image

Très intéressant à bien des égards.

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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