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Message Publié : 04 Déc 2012 12:33 
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Georges Duby
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Spalding a écrit :
D'un autre côté, les historiens ne peuvent pas écrire simultanément l'histoire de tous ces royaumes germaniques et de l'empire d'Orient ! C'est pourquoi ils arrêtent très généralement à 476 l'histoire de l'État romain, bien que cette date n'ait guère de signification dans la perception des contemporains, ni d'un point de vue juridique.
Peut-on préciser à ce sujet qui de Romulus Augustulus, fils d' Oreste, ou de Julius Népos est le dernier empereur de Rome et quand dater la fin de l'empire.
On cite en effet le 1er, mais comme Zénon empereur d'Orient ne l' a pas reconnu et que le second s'est considéré comme empereur d'occident légitime et reconnu jusqu'à sa mort en 480, n'est-ce pas Népos qui est le dernier empereur de Rome jusqu'à 480 ?
480, fin de l'empire romain d'occident et pas 476 !!!
Et, si on prend Odoacre comme roi à Rome, il y a un problème car il s'est fait reconnaitre par Zénon empereur d'orient et a donc reconnu à l'inverse Zénon comme son empereur. Il n'y a donc pas de fin de l'empire d'occident puisqu'il continue dans un empire redevenu unique comme autrefois ??

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Message Publié : 04 Déc 2012 13:55 
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Polybe
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J'en avais déjà parlé dans mon exposé initial. Comme vous le dites, Oreste dépose l'empereur Julius Nepos (lui-même usurpateur) en 475, et fait proclamer empereur son jeune fils Romulus. Julius Nepos n'abdique toutefois pas et réussit à se réfugier dans son fief de Dalmatie.

En 476, Oreste est lui-même vaincu et tué par Odoacre, un mercenaire germanique. Celui-ci obtient l'abdication de Romulus Augustus, lui laisse toutefois la vie sauve avec une confortable pension. Odoacre ne pouvait devenir légalement empereur, n'étant pas romain. Plutôt que de désigner un nouvel empereur potiche, il s'arrange avec le Sénat romain pour que celui-ci envoie une délégation à Constantinople. L'empereur d'Orient Zénon demande alors qu'Odoacre reconnaisse plutôt la souveraineté de Julius Nepos. Odoacre gouvernera donc l'Italie comme patrice de l'empereur Julius Nepos, allant même jusqu'à faire circuler des pièces de monnaie à son effigie. Mais Odoacre est plutôt roi des Nations, titre octroyé par ses mercenaires germaniques de toutes origines.

Après 476, il existe donc toujours un empereur à Rome. Dans les faits, Odoacre ne permettra même pas à Julius Nepos de remettre les pieds en Italie ! À la mort de Julius Nepos en 480, il annexera la Dalmatie. Signalons par ailleurs qu'il existait une enclave romaine en Gaule du Nord (avec Syragius), ne reconnaissant pas l'autorité d'Odoacre. Indépendante de facto, elle sera liquidée en 486 par les Francs de Clovis.

Après la mort de Julius Nepos (480), Odoacre reconnait l'autorité de Zénon, empereur d'Orient. C'est aussi purement fictif. Zénon finit par s'en rendre compte et lance alors les Ostrogoths de Théodoric contre Odoacre. Celui-ci sera vaincu et tué. Théodoric gouverne ensuite l'Italie, toujours sous la souveraineté officielle de l'empereur d'Orient. Lassé de cette situation, l'empereur Justinien entreprend la conquête de l'Italie au VIe siècle. Le royaume ostrogoth est finalement anéanti après vingt ans d'une guerre dévastatrice. Mais les Lombards, un autre peuple germanique, arrivent juste après et reprennent une grande partie de l'Italie. Justinien n'aura fait qu'achever la ruine de l'État romain en Italie !

Pour vous répondre précisément, il existe donc bien un empereur d'Occident après 476 : Julius Nepos en Dalmatie, jusqu'en 480. Et après cette date, il n'existera plus qu'un empereur unique siégeant à Constantinople. Pures fictions juridiques : ces empereurs régnaient en Italie, comme le roi d'Espagne règne actuellement à Jérusalem (l'un de ses titres officiels). Dans les faits, il n'existe plus d'empereur à Rome et en Italie depuis 476 !


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Message Publié : 04 Déc 2012 15:40 
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Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Spalding a écrit :
Pures fictions juridiques : ces empereurs régnaient en Italie, comme le roi d'Espagne règne actuellement à Jérusalem (l'un de ses titres officiels). Dans les faits, il n'existe plus d'empereur à Rome et en Italie depuis 476 !
Je n'en suis pas sûr car il me semble me rappeler qu' en plusieurs occasions il a eu en Occident des gestes de reconnaissance de la primauté de l'empereur régnant à Constantinople. Son accord pour des nominations a été sollicité à ce titre ?
Il me semble me souvenir qu'il y a eu notamment de tels demandes pour des papes ? Les papes étaient subordonnés à Constantinople sauf erreur. je l'ai lu dans des ouvrages, de mémoire.
L'empire romain réunifié a donc survécu à Constantinople au delà de 476 ou 470, dans ses deux parties, même si cette autorité est restée théorique, jusqu' à la proclamation de l'empire d'Occident par Charlemagne.
On trouve aussi ce thème sur le net, comme ici: " Au cours du haut Moyen Âge, l'idée d'un royaume soumis à l'autorité spirituelle de Rome fait progressivement son chemin. L'Empire byzantin, qui contrôle les provinces de l'empire romain d'Orient depuis Constantinople garde la souveraineté de principe sur les territoires de l'ex-empire romain d'Occident. Mais, avec la fusion des tribus germaniques en royaumes chrétiens indépendants au cours des VIème et VIIe siècles, l'autorité politique des empereurs de Byzance s'amoindrit en Occident. Parallèlement, l'esprit de la sécession occidentale se fait sentir dans l'Église, en particulier sous le pontificat de Grégoire Ier (590-604). La querelle entre les deux branches de l'Église prend des proportions critiques et atteint son paroxysme en 730-732 avec la querelle iconoclaste. "

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Message Publié : 04 Déc 2012 16:55 
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Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 10:56
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Spalding a écrit :
Ce sujet n'était pas consacré aux causes de la disparition de l'État romain (objet intelligible), plutôt au processus de cette disparition : par annexion et fragmentation, s'appuyant ou se confondant. Cela dit, il est inévitable qu'on en vienne aux causes. Effectivement, les nombreuses guerres civiles du IVe siècle ont beaucoup entamé la capacité de résistance de l'armée romaine. Elles expliquent aussi en partie l'incorporation croissante de recrues germaniques, même l'installation de peuples entiers comme fédérés. Cela ne fera qu'accélérer le processus d'invasion et décomposition.


On ne peut pas déduire cela de cette façon ; les guerres civiles ont un impact certes mais ce n'est pas à cause d'elles qu'il y a une installation de peuples que l'on décide de fédérer. Tout cela démarre avec la calamiteuse gestion de l'entrée des Goths en 376, acceptée par Valens et gérée par des gens pour le moins inconséquents. Leur révolte provoque la première enclave politique indépendante au sein de la romanité qui ne va cesser d'empoisonner la politique de défense ; les Romains savent gérer la pression aux frontières mais pas également combattre dans les terres de l'Empire un ennemi insaisissable. C'est pour contrer Alaric, venu réclamer des subsides en Italie à l'empereur avec son armée que Stilicon dégarnit la frontières rhénane offrant un boulevard à la migration de 406. En somme on ne peut pas faire des guerres civiles le centre des soucis romains dans la gestion des fédérés ; c'est un autre problème.

Spalding a écrit :
L'empire d'Orient s'en tire finalement beaucoup mieux que l'Occident. On peut y voir diverses raisons : richesse globale beaucoup plus importante qu'en Occident (vous le signalez), finances plus saines, ligne de défense assez courte dans les Balkans, recrutement modéré des mercenaires germaniques...


Il y a aussi que l'Orient se débarrasse du problème gothique sur l'Occident dès le début du Ve siècle. De plus le détroit des Dardanelles, verrouillé par Constantinople, a empêché les barbares de pénétrer vers les riches provinces d'Anatolie et plus encore de Syrie. On peut aussi citer l'importante paix signée avec les Perses après le partage de l'Arménie qui assure à l'Orient une tranquillité totale sur ce front. Avec toutes ces provinces en plein essors économique, pas touchées par les attaques on comprendre aisément que Constantinople ait les moyens de s'assurer une politique de défense différente de l'Occident qui dû composer avec une présence fédérée dès 406 et durant tout le Ve siècle.

Spalding a écrit :
Au bout du compte, une demi-douzaine d'États se partagent l'empire romain à la fin du Ve siècle. Le premier réflexe serait alors de considérer que l'empire d'Orient (byzantin) est le continuateur légitime de l'empire romain. Cela reviendrait à poursuivre l'histoire romaine de la fondation de Rome vers le VIIIe siècle avant notre ère jusqu'à la prise de Constantinople ou Trébizonde par les Turcs au XVe siècle ! Et on pourrait aussi considérer l'empire d'Occident de Charlemagne ou le Saint Empire Romain Germanique...

Vous comprenez que ce critère légitimiste ne doit pas être pris en compte par les historiens. Les royaumes germaniques peuvent tout aussi bien prétendre continuer l'État romain que l'empire d'Orient (byzantin), même souvent mieux. En effet, l'administration et le droit romains s'y maintiennent très bien, l'usage du latin également. D'une manière générale, Rome a beaucoup plus marqué de son empreinte l'Occident que l'Orient, où existaient déjà des civilisations très anciennes et où le processus d'urbanisation était beaucoup plus avancé. Quand on écrit l'histoire d'un État, elle est forcément globale : politique, économique, sociale, culturelle...


C'est fou de balayer des arguments avec toujours la même technique... C'est vraiment bien méconnaître l'Empire romain que d'affirmer que sa partie Orientale n'est pas aussi parfaitement continuatrice de Rome que les royaumes germaniques... Le fait qu'on ait la même magistrature suprême, le même droit (oui dans les royaumes barbares on crée à partir du droit romain des droits originaux), la même bureaucratie, la même armée, la même société urbaine (oui il y a eu une certaine uniformisation des villes de l'Empire ce qui fait que l'appareillage est très similaire de la Gaule à la Syrie)... Les empereurs n'ont eu de cesse d'être choisi dans les deux partie de l'Empire, ils ont voyagé de façon indifférente dans les deux parties (prenez un personnage comme Julien qui se disait Thrace et Grec, qui aima profondément la Gaule...). Le monde romain tardif n'est pas aussi cloisonné qu'on pourrait le penser. Rome a imprimé sa pâte partout et elle a eu plusieurs siècles pour le faire.

Spalding a écrit :
Pour vous répondre précisément, il existe donc bien un empereur d'Occident après 476 : Julius Nepos en Dalmatie, jusqu'en 480. Et après cette date, il n'existera plus qu'un empereur unique siégeant à Constantinople. Pures fictions juridiques : ces empereurs régnaient en Italie, comme le roi d'Espagne règne actuellement à Jérusalem (l'un de ses titres officiels). Dans les faits, il n'existe plus d'empereur à Rome et en Italie depuis 476 !


Bien sûr mais l'idée que Justinien se fait du bassin méditerranéen est que tout cela est sa propriété, spoliée par des barbares qu'il convient de mâter pour que l'Empire, dont l'idée s'est confondue avec celle de romanité, soit reconstitué. Ce n'est pas pour rien qu'il lance des expéditions sur l'Italie qui est d'un intérêt stratégique plutôt discutable et qui va s'avérer assez calamiteux à terme. Mais voilà prendre l'Italie c'est symbolique.

Alain.g a écrit :
On trouve aussi ce thème sur le net, comme ici: " Au cours du haut Moyen Âge, l'idée d'un royaume soumis à l'autorité spirituelle de Rome fait progressivement son chemin. L'Empire byzantin, qui contrôle les provinces de l'empire romain d'Orient depuis Constantinople garde la souveraineté de principe sur les territoires de l'ex-empire romain d'Occident. Mais, avec la fusion des tribus germaniques en royaumes chrétiens indépendants au cours des VIème et VIIe siècles, l'autorité politique des empereurs de Byzance s'amoindrit en Occident. Parallèlement, l'esprit de la sécession occidentale se fait sentir dans l'Église, en particulier sous le pontificat de Grégoire Ier (590-604). La querelle entre les deux branches de l'Église prend des proportions critiques et atteint son paroxysme en 730-732 avec la querelle iconoclaste. "


En fait ce que Spalding appelle une fiction juridique est un qualificatif moderne qui évacue un fait important ; certes l'Empire en Occident a vécu mais il reste dans les têtes comme un élément de légitimité. On dit que c'est pour le "prestige" que Clovis reçut les insignes consulaires mais derrière il y a toute le poids de l'Empire qui fortifie son pouvoir. L'idée d'Empire en Occident ne va cesser de revenir justement parce qu'il demeure un attachement symbolique à la domination universelle qui apparaît comme légitime, ce que les particularismes lésés vont bien sûr contester.

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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Message Publié : 04 Déc 2012 17:41 
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Philippe de Commines
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Inscription : 22 Sep 2005 18:53
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Bonjour

Il y a quelque chose que je n'ai pas bien compris.

Spalding considère la fin de l'Empire Romain d'Occident avant 476 ? après 476 ? ou carrément, il considère qu'il n'y a pas eu de fin ??

Perso, j'ai toujours considéré que c'était une date théorique et de convenance. Un peu comme la fin du MA que certains donnent en 1454 et d'autres en 1492.

Est-ce vraiment important ? je ne vois pas ou est l'enjeu ?

Bien à tous.

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Hugues de Hador.


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Message Publié : 04 Déc 2012 19:26 
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Georges Duby
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Pour Paul Veyne, il n'y a pas eu de chute de l'empire romain mais "un accident inattendu constitué d'une suite de petits évènements", en sorte qu'à l'époque on ne s'est aperçu de rien. Il reprend Momigliano et son idée d'un "évènement inaperçu".
Quand Odoacre renvoie à Constantinople les insignes de l'empire de Rome "sous couvert de rétablir l'unité de l'empire" dit Veyne, les romains ne voient qu'un interrègne entre deux empereurs d'occident comme il y en eut plusieurs.
A l'époque Rome ne se soucie plus de la Gaule, de l'Espagne et de la Bretagne et n'a aucun souci des populations en sorte que faire entrer les barbares ne pose aucun problème du moment qu'ils ne touchent pas au pouvoir de Rome. Les chefs barbares l'ont compris, ils se contentent du titre de général et mettent une potiche en place sur le trone de Rome. Ils veulent des honneurs mais pas le titre suprême car il est réservé aux romains ou aux étrangers bien romanisés.
Quand à la population et là je reprends Chaunu, elle aussi est indifférente car Rome pressurait les populations et les barbares étaient peu nombreux: 10.000 goths environ seulement dans la grande et riche Aquitaine (Veyne).

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Message Publié : 04 Déc 2012 20:54 
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Philippe de Commines
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Inscription : 25 Juil 2009 21:18
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Alain.g a écrit :
Pour Paul Veyne, il n'y a pas eu de chute de l'empire romain mais "un accident inattendu constitué d'une suite de petits évènements", en sorte qu'à l'époque on ne s'est aperçu de rien. Il reprend Momigliano et son idée d'un "évènement inaperçu".


Qu'il qualifie d'aussi anodin "qu'un vase qui tombe par terre"...

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> Le courage, c'est de comprendre sa propre vie... Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille... Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel.
( Jean Jaurès )


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Message Publié : 04 Déc 2012 21:18 
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Polybe
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Localisation : Bourgogne
Vous remarquerez d'abord que cette date de 476 n'occupe qu'une petite partie de mon exposé, au début de ce sujet. Cet exposé était surtout destiné à faire comprendre le processus ayant provoqué la disparition de l'État romain, comme objet d'étude intelligible. Cette disparition fut provoquée par annexion et fragmentation, deux des trois modalités pour la disparition d'un État, s'appuyant ou même se confondant en l'occurrence. Cela m'a amené aussi à présenter la définition classique de l'État. Mon exposé était destiné à ceux ne comprenant rien à l'histoire romaine des IVe et Ve siècles : une période si confuse qu'on peut même se demander si la Rome antique n'a pas continué bien après, comme État bien sûr. Si nous considérons la civilisation romaine, il est évident qu'elle continue de nos jours : langues d'origine latine, influence du droit romain, urbanisme... Je ne vais pas faire une recension précise.

Mon exposé initial était par ailleurs passablement long. Vous comprenez que je ne pouvais donc pas m'égarer dans une foule de détails ou de nuances. Je n'ai pas en particulier envisagé les causes ayant provoqué la disparition de l'État romain (objet intelligible). Il faudrait pour cela un tout autre sujet. Si vous voulez en savoir plus, je vous ai indiqué deux références, suffisantes pour une première approche. Cela ne vous empêche pas d'aller ensuite plus loin...

Pour répondre à Hugues, 476 ne représente pas grand-chose dans la perception des contemporains, rien du tout sur le plan juridique. Si l'on se base sur ces critères, il est très difficile de fixer précisément la disparition de l'État romain. Considérez donc que notre ami romain est parti pour un long voyage en 476, un voyage dont il n'est toujours pas revenu. Comme personne ne l'a vu mourir, on peut supposer qu'il vit toujours quelque part...

Par contre, 476 représente à coup sûr la meilleure date pour les historiens. En 476, une demi-douzaine d'États se partagent l'empire romain : plusieurs royaumes germaniques et l'empire d'Orient. Comme il est impossible d'écrire simultanément leurs histoires respectives, vous comprendrez que les historiens considèrent que l'histoire de l'État romain devient inintelligible après 476. Ils préfèrent donc ne pas aller plus loin, bien que cette date soit largement artificielle comme déjà dit. Pas entièrement quand même : la déposition de l'empereur Romulus Augustus par Odoacre possède une signification. La disparition de l'État romain s'est en fait étalée sur plusieurs siècles. On peut seulement considérer que les éléments de rupture l'emportent sur les éléments de continuité après 476.

Contrairement à ce qu'avance Pédro, je n'ai pas dit que les royaumes germaniques issus des grandes invasions continuaient mieux la Rome antique que l'empire d'Orient, mais qu'ils la continuaient aussi bien (ou pas plus mal) pour les raisons déjà indiquées. Dans ces conditions, il n'existe aucune raison de choisir l'un plutôt que l'autre, au risque de faire des jaloux. 476 représente donc la meilleure date pour que les historiens baissent le rideau.

J'ai par ailleurs eu l'occasion de voir plusieurs manuels sur l'histoire romaine en librairie, écrits bien sûr par des professeurs spécialistes. Ils prennent tous comme point de départ la fondation de Rome vers le VIIIe siècle avant notre ère. Autant que je m'en souvienne (je n'en suis même pas sûr), l'un s'interrompait au partage administratif de 395. Tous les autres s'arrêtaient à 476. Cela n'empêchait pas les historiens en question de reconnaitre que cette date de 476 est largement artificielle (pas tout à fait), mais il était pour eux impossible d'aller plus loin pour conserver un sujet d'étude intelligible.

Le seul à continuer jusqu'à la chute de Constantinople est à ma connaissance Gibbon. Il écrivait au 18e siècle, ce qui ne nous rajeunit pas ! Et encore, je sais que Gibbon a beaucoup hésité avant de s'y lancer, considérant que cette prolongation était passablement artificielle. Il ne s'y est décidé que pour des raisons strictement commerciales, après le succès de son premier volume.

Et ce n'est pas une question de durée. Après tout, de la fondation de Rome à la chute de Constantinople, il n'y a que 22 siècles. J'ai vu des manuels sur l'Égypte ancienne couvrir sans problème 30 siècles. Si tous ces historiens indignes s'arrêtent à 476, ce n'est donc pas uniquement pour économiser du papier !

Maintenant, Pédro a le droit d'avoir un autre avis. Je ne peux donc que l'encourager à contacter les historiens en question pour dialoguer avec eux sur ce forum et dénoncer publiquement leur lâcheté. Et pour bien faire, il devrait même publier un manuel sur l'histoire romaine, la faisant commencer par la fondation de Rome en 753 avant notre ère (date conventionnelle) pour l'achever en 1461 : lorsque les Turcs ont pris Trébizonde, dernier vestige de l'empire romain d'Orient (byzantin). Et pour faire encore mieux, il devrait même aller jusqu'en 1806, date à laquelle fut dissous le Saint Empire Romain Germanique. Avec le talent que nous lui reconnaissons tous sur ce forum, je ne doute pas que l'œuvre de notre ami Pédro remporterait un franc succès de librairie. Et je serai en tout cas le premier à l'acheter !

Je constate par ailleurs que ce sujet a dérivé vers les causes de la disparition de l'État romain (objet intelligible), alors que j'envisageais seulement le processus de cette disparition. Comme déjà dit, il faudrait un autre sujet pour les causes, même plusieurs sujets animés de préférence par des spécialistes ayant déjà publié à ce sujet : pas notre ami Pédro ou moi-même. Et je constate aussi que je n'arrive pas du tout à me faire comprendre ou qu'on ne veut pas me comprendre, alors que j'ai la réputation d'être plutôt clair !

Comme je n'ai pas beaucoup de goût pour les dialogues de sourds et les redites perpétuelles, permettez-moi de tirer ma révérence, chers Messieurs. Comme notre ami romain en 476, je pars pour un long, très long voyage... N'en déduisez pas pour autant que je suis mort ! Je reviendrai peut-être un jour, dans mille ans qui sait... :wink:


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Message Publié : 04 Déc 2012 21:25 
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Jean-Pierre Vernant
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Localisation : Limoges
Spalding a écrit :
J'ai par ailleurs eu l'occasion de voir plusieurs manuels sur l'histoire romaine en librairie, écrits bien sûr par des professeurs spécialistes. Ils prennent tous comme point de départ la fondation de Rome vers le VIIIe siècle avant notre ère. Autant que je m'en souvienne (je n'en suis même pas sûr), l'un s'interrompait au partage administratif de 395. Tous les autres s'arrêtaient à 476. Cela n'empêchait pas les historiens en question de reconnaitre que cette date de 476 est largement artificielle (pas tout à fait), mais il était pour eux impossible d'aller plus loin pour conserver un sujet d'étude intelligible.


Bon là ça suffit, je croyais que l'on venait ici pour parler d'Histoire. Il me semble bien avoir lu dans une certaine charte que nous sommes tous censé connaitre que les attaques personnelles (ou ce type de marque d'ironie particulièrement obséquieuse) était interdites. En tout cas il est une chose certaine je tire définitivement ma révérence à cette discussion qui n'en a d'ailleurs jamais été une.

Par ailleurs je tiens à préciser que les quelques platitudes évoqués ici ou là dans des monceaux de rhétoriques n'ont jamais fait argument. A bon entendeur...

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Message Publié : 05 Déc 2012 13:32 
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Polybe
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Oh là là ! Si on ne peut plus plaisanter maintenant... On me reconnait généralement un bon style, et je ne peux résister parfois au plaisir de l'étaler. J'espère que vous aurez en tout cas apprécié mes dernières envolées poétiques... Il faut aussi savoir s'amuser sur un forum, même à prétentions sérieuses.

Cela dit, je pense qu'il faut avoir un minimum de logique. Vous avez le droit de penser que les empires d'Occident et d'Orient sont complètement interchangeables, que Rome = Constantinople et vice-versa. Dans ce cas, les manuels d'histoire romaine devraient partir de la fondation de Rome en 753 avant notre ère (date conventionnelle) pour finir en 1461 : lorsque Trébizonde, dernier vestige de l'empire d'Orient (byzantin), tombe aux mains des Turcs.

Votre point de vue est à coup sûr très marginal par rapport à la communauté des historiens. Mais les minoritaires n'ont pas forcément tort ! Si vous arrivez à illustrer votre opinion dans un très bon manuel d'histoire romaine, je ne doute pas que vous serez publié. Cela n'en vaut pas la peine pour moi, puisque je suis bêtement l'écrasante majorité ! :rool:


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Message Publié : 05 Déc 2012 14:03 
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Georges Duby
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Il n'y a plus de discussion possible si l'enjeu est aussi personnalisé !

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Message Publié : 05 Déc 2012 17:26 
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Polybe
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Hugues de Hador a écrit :
Spalding considère la fin de l'empire romain d'Occident avant 476 ? Après 476 ? Ou carrément, il considère qu'il n'y a pas eu de fin ?

J'ai toujours considéré que c'était une date théorique et de convenance. Un peu comme la fin du Moyen Âge, que certains donnent en 1453 et d'autres en 1492.

Est-ce vraiment important ? Je ne vois pas où est l'enjeu...


Comme vous le dites et comme je l'ai dit aussi, 476 est une date largement conventionnelle (pas totalement). L'État de la Rome antique n'est pas mort à cette date dans la perception des contemporains. Et il a encore moins pris fin juridiquement. On peut seulement considérer que cet État a disparu comme objet d'étude historique. Continuer l'histoire de l'État romain après 476 la rendrait de plus en plus inintelligible, pour la raison déjà indiquée : fragmentation excessive de l'empire romain. Les historiens n'arriveraient donc plus à établir une continuité quelconque avec les temps anciens de Rome, sous la république ou la royauté.

Plus généralement, les dates sont-elles importantes en histoire ? Oui et non. L'histoire retrace bien sûr une évolution temporelle, ce qui suppose des dates. Il faut seulement prendre celles-ci comme des repères, un peu comme les plaques des rues pour trouver son chemin dans une ville. Ce qui est par contre mauvais, c'est d'idolâtrer les dates, en faire des coupures absolues.

Par exemple, considérer que l'État romain a pris fin en 476 comme objet d'étude historique ne signifie pas que les royaumes germaniques et l'empire d'Orient n'ont strictement aucun rapport avec la Rome antique. Cette thèse n'est d'ailleurs pas défendable. Il faudra seulement envisager séparément ces États (sens large), voir dans quelle mesure ils continuent la Rome antique et dans quelle mesure ils s'en distinguent. J'en avais déjà parlé dans mon exposé initial, sans trop rentrer dans les détails. Il était déjà assez long !


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Message Publié : 06 Déc 2012 6:11 
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Philippe de Commines
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Si dans mon précédent message je me suis placé sur le terrain des causes et des facteurs, c'est parce qu'il est impossible de donner une réponse précise à votre question, Spalding.

Non pas parce qu'on ne connaît pas la réponse mais parce que votre questionne peut par nature pas avoir de réponse identifiée à un événement ni à une date étroitement identifiée.

Si, comme l'Atlantide, Rome avait disparu dans un cataclysme, ce serait une affaire entendue.

Mais s'agissant de l'Etat romain, il s'est agi d'un processus de long terme.

Les échanges qui précédent ont bien rappelé qu'il y a eu des phases au cours desquelles l'empire romain a connu lune organisation décentralisée, voire un éclatement politique, mais que pour autant des phases de réunification politique y avaient succédé.

Je ne peux donc que me rattacher à un processus de longue durée dont le point de départ est discutable et rappeler que le résultat final à été le fruit d'un enchaînement de circonstances qui n'étaient pas inévitables.

A priori, le partage de l'empire entre 2 jeunes frères en 395 ne conduisait pas plus fatalement à l'éclatement et au délitement de la moitié occidentale de l'empire que le partage entre 3 frères en 337.

Est-ce qu'au final, le facteur nouveau et décisif, mais dont rien ne permet de dire qu'il était structurel, cela n'a pas été le fait que la cour de Constantinople decide à ma connaissance pour la 1ère fois dans l'histoire de l'empire, de conduire une politique visant à détourner les problèmes vers la partie occidentale de l'empire ?

Je fais bien sûr référence à la politique visant à détourner les Goths vers l'empire d'occident.

Alors ensuite, quand l'Etat romain antique a-t-il disparu ?

Qu'est-ce qu'un Etat ?

C'est une organisation maîtrisant un espace défini grâce à des moyens matériels, dans une organisation cadrée juridiquement, avec une forme de hiérarchie organisée et dont les différents étages se reconnaissent et s'articulent pour un minimum tenir le tout. Et j'ajoute bien sûr qu'il faut que la population du territoire en question ait un minimum conscience de cette organisation et de ces autorités.

Or, pour l'empire romain, tout cela ne s.est délité que progressivement.

S'agissant de sa partie occidentale, je ne peux que répondre de la façon suivante : le processus de délitement va grosso modo de 406 à environ 475/480, voire à une autre date de fin non identifiable quelque part entre 455 et la fin du 5eme siècle.

Et pourtant, le point de départ n'avait à priori rien de fatal. Les 2 cours auraient pu coopérer. L'un des 2 frères aurait pu mourir beaucoup plus vite et l'autre récupérer sa moitié d'empire. Auquel cas la debarbarisation de l'armée aurait pu être mise en œuvre dans la partie occidentale comme elle l'a été dans la partie orientale.

Pour résumer, j'adhère à la thèse du processus long, contingent et accidentel.


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Message Publié : 06 Déc 2012 9:45 
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Polybe
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Inscription : 01 Nov 2011 22:37
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Je ne peux qu'adhérer totalement aux considérations de Caesar Scipio. Félicitations en passant pour votre pseudonyme ! Je confirme par ailleurs que le partage de 395 était purement administratif, dans la suite du système tétrarchique instauré par Dioclétien. Ce partage avait aussi été bien préparé, Stilicon devant assurer la régence des deux jeunes co-empereurs Honorius (Occident) et Arcadius (Orient).

S'il fallait caricaturer un peu, disons que nous voyons en 476 plusieurs États (sens large) se partager l'empire romain :

1) Des royaumes romano-germaniques (ou l'inverse) en Occident : maintien de l'administration et du droit romains, de l'usage du latin aussi. Il me parait difficilement contestable que Rome a beaucoup plus marqué l'Occident que l'Orient : usage plus répandu du latin (surtout le grec en Orient), plus grande influence du droit romain, urbanisme... L'Occident était globalement sous-développé par rapport à l'Orient, sur le plan économique bien sûr.

2) Deux fragments pleinement romains en Occident, mais très isolés et indépendants de facto : Dalmatie (avec Julius Nepos) jusqu'en 480, Gaule du Nord (avec Syragius) jusqu'en 486.

3) Un empire romano-hellénique (ou l'inverse) en Orient, dont le caractère hellénique s'accentuera par ailleurs de plus en plus, surtout à partir des conquêtes arabes. À bien des égards, cet État s'explique mieux par les vieilles civilisations préexistant à l'empire romain : Grèce, Syrie, Égypte... L'histoire d'un État est forcément globale : politique, économique, sociale, culturelle...

Voilà pourquoi la quasi-totalité des historiens considèrent que l'empire d'Orient n'est pas mieux qualifié pour continuer l'histoire romaine que les royaumes germaniques. Sinon, les manuels d'histoire romaine partiraient évidemment de la fondation de Rome vers le VIIIe siècle avant notre ère pour l'achever au XVe siècle avec la prise de Constantinople ou Trébizonde par les Turcs ! Je n'ai pas encore vu un seul manuel de ce genre en librairie.

La fragmentation de l'État romain est donc telle en 476 qu'il est temps de baisser le rideau sur l'histoire romaine. Voilà pourquoi aucun historien ne va au-delà, tout en signalant que cette date est largement artificielle (pas complètement). Elle ne correspond pas à grand-chose dans la perception des contemporains, à rien d'un point de vue juridique.

Pour ceux qui aiment bien les symboles, signalons toutefois que le dernier empereur d'Occident porte le même nom que le fondateur légendaire de Rome : Romulus ! J'exclus bien sûr ici Julius Nepos, dont la souveraineté n'était effective qu'en Dalmatie (jusqu'en 480).


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Message Publié : 06 Déc 2012 10:35 
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Georges Duby
Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
Message(s) : 7445
Localisation : Montrouge
Spalding a écrit :
Voilà pourquoi la quasi-totalité des historiens considèrent que l'empire d'Orient n'est pas mieux qualifié pour continuer l'histoire romaine que les royaumes germaniques.
Ce point de vue me semble contestable, l'empire romain survit bel et bien à Constantinople. Il y en a de nombreuses preuves comme Clovis " dont les monnaies d'or portent la titulature de l'empereur d'Orient et qui après ses victoires recevra de cet empereur les insignes de Consul d'honneur" selon Paul Veyne.
Ce n'est pas parce que les barbares respectent les cadres et les règles de l'empire romain qu'ils sont plus qualifiés que Constantinople pour être qualifiés de continuateurs de l'empire romain.
Il y a une nuance qui semble ne pas être prise en compte par un excès d'affirmation: L'empire romain survit à certains égards en occident, il y a accord sur ce point mais c'est à Constantinople qu'il continue comme empire romain même s'il comporte une part importante de grécité, dès le départ d'ailleurs car elle vient de plus loin.

_________________
Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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