Comparer Chaux à Massada me semble exagéré
, Massada est un éperon totalement isolé alors que l'oppidum de Chaux présente une faiblesse défensive sur son côté Ouest, même si les autres parties sont effectivement difficilement franchissables.
Pour en revenir à l'aspect archéologique, Hervé n' a pas complétement tort dans son approche même si il ne tient pas compte de la situation de départ.
Ce sont les autorités archéologiques de l'époque (années 60) qui ont refusées catégoriquement de rouvrir un dossier qui était déjà considéré comme clos, il a fallu l'intervention de plusieurs ministres (éclairés ou égarés, selon) pour que Berthier puisse fouiller. A noter que Berthier et ses équipes n'ont jamais réclamé, hier comme aujourd'hui, de fonds pour effectuer les fouilles, l'auto-financement a toujours été la règle. On parle donc bien là uniquement de demandes d'autorisations de fouille, ce qui n'est peut-être pas tout à fait le même problème soulevé par Hervé, puisqu'on sait que l'archéologie souffre d'un manque de financement récurrent, or ce n'est pas le cas à Chaux.
Par contre, il est exact qu'une bonne partie des artéfacts exhumés sont gallo-romains, cette situation provient des choix de fouille faits par Berthier puisque sur les quelques fouilles et sondages autorisés, ce dernier s'est essentiellement focalisé sur deux axes : 1) Des structures gallo-romaines sur l'emplacement présumé du camp Nord. 2) La mise au jour de structures présumées celtiques ou protohistoriques sur l'oppidum même de Chaux (tumuli, murs, chemins,...). Dans le premier cas, les objets exhumés ont été nombreux mais sont évidemment datables, du moins majoritairement, du Haut-Empire; dans le deuxième cas, les récoltes ont été nulles ou peu s'en faut.
Si on devait refaire l'Histoire, il aurait mieux valu, comme à Alise, effectuer de vastes décapages pour mettre au jour les structures parlantes comme les fossés, fosses et trous de poteaux, puis effectuer un vidage systématique des portions les plus intéressantes, le sujet ne serait peut-être plus d'actualité par manque de preuves.
A noter toutefois que Berthier a dû faire des choix de fouilles sur un secteur qui dépasse largement les 1000 hectares et qu'il devait faire avec des autorisations très limitées, tant en surface qu'en temps. Cette constatation explique qu'il a pu faire un certain nombre de choix improductifs, cela ne prouve pas qu'il n'y ait "rien" à Chaux, depuis cette époque les prospections scientifiques type Lidar (et/ou magnétométrie, géoradar) permettent maintenant de cibler certains secteurs à privilégier.
Quoi qu'il en soit, si on arrête de se focaliser sur Chaux-des-Crotenay, il n'en reste pas moins que le site d'Alise n'a jamais réellement correspondu au texte de César (d'où la polémique), le fait que nous soyons bien en face d'un siège romain (cf. la moisson très importante, sinon exceptionnelle, d'artéfacts républicains) ne change rien au fait que la topographie n'a qu'un rapport très lointain avec la description césarienne (qu'on peut toujours nuancer mais il y a des limites).
Quant à savoir si ce problème de localisation relève d'une polémique stérile, chacun est seul juge. On peut simplement noter, qu'à Alise, Vercingétorix avait bien peu de chance de vaincre César alors qu'en pleine montagne jurassienne, l'appareil militaire romain était beaucoup plus vulnérable, sinon pris au piège.
Cette configuration montagneuse explique parfaitement que César soit passé à deux doigts de la défaite, sinon de l'anéantissement total, nul doute alors que nous ne serions probablement jamais devenu gallo-romain, 10 à 12 légions perdues et l'Histoire de Rome changeait brutalement et inévitablement.
On peut considérer que ce n'est pas de l'Histoire, on a aussi le droit de penser le contraire...