Salve Hérodote.
Je crois que vous mélangez les époques et les événements, ce qui vous conduit à commettre des contres-sens.
Il est indéniable que César s'est retrouvé en grand danger à Alexandrie. César est accouru à Alexandrie à la poursuite de Pompée. Et il a incontestablement été surpris par le soulèvement de la ville. Ce soulèvement était cependant loin d'être spontané. Même s'il résultait largement de la colère de la population grecque de la ville de voir débarquer un imperator romain avec ses licteurs, il était aussi le résultat des manoeuvres de Potheinos et Achillas, "ministres" du jeune Ptolémée, et qui voulaient voir César déguerpir au plus vite de l'Egypte. Potheinos et Achillas incarnaient une sorte de politique "nationaliste", si vous voulez bien me pardonner ce terme anachronique. Disons qu'ils tenaient fermement à ce que Rome ne mette pas son nez dans les affaires intérieures égyptiennes alors qu'ils devaient escompter que l'Egypte retrouve une plus grande marge de manoeuvre à l'occasion de la guerre civile qui déchirait l'empire romain.
J'avais plutôt le chiffre de 400 morts à l'occasion du combat dont vous parlez. Mais il faut replacer les événements dans leur contexte. Incontestablement en sérieuse difficulté, César fit d'abord incendier la flotte égyptienne qui perdit pas moins d'une centaine de navires. C'est à cette occasion que l'incendie se propagea aux entrepots et que cela a fait croire (à tort selon beaucoup d'historiens pour qui on confond avec d'autres bâtiments qui conservaient d'autres documents) que César avait détruit une partie de la Bibliothèque d'Alexandrie.
Cet incendie de la flotte avait un but bien précis : assurer ses propres approvisionnements. Parce qu'en effet, si la flotte égyptienne était restée intacte, Ptolémée et ses ministres auraient pu enfermer César dans Alexandrie, ce qu'ils ne purent jamais réussir.
Les romains ont gagné toutes les batailles navales contre les égyptiens lors de la bataille d'Alexandrie.
L'échec dont vous parlez, à l'occasion duquel les romains auraient perdu 400 légionnaires et aussi de nombreux de marine et à l'issue duquel, César dut en effet s'enfuir à la nage fut une tentative ratée de débarquement visant à prendre un des 2 ponts qui reliaient l'île de Pharos au continent. Le 1er avait déjà été pris mais ce second pont avait été fortifié par les égyptiens et ils le tinrent avec succès.
Je ne suis pas sûr que Mithridate de Pergame ait été le fils d'Antiochos de Commagène. C'est à vérifier, mais il a été supposé qu'il ait été un fils naturel du défunt Mithridate du Pont.
Vous avez raison sur le fait que César appelait ardemment des renforts, parce qu'avec les maigres effectifs dont il disposait, et face à une insurrection organisée qu'il n'avait pas prévue, insurrection de surcroît appuyée sur une armée, il n'avait pas les moyens de remporter la victoire. Tout juste pouvait-il, par habileté, contenir les égyptiens et maintenir ses lignes de communication avec l'extérieur.
Mithridate de Pergame tout comme l'iduméen Antipater (père d'Hérode le grand), recrutèrent bien une armée à leurs frais. Mais cela n'avait rien d'exceptionnel. C'était précisément là le rôle des rois clients : répondre aux sollicitations de leur patron en mettant à leur disposition les effectifs, ravitaillements, flottes ou contributions financières que celui-ci leur demandait.
Vous attribuez par erreur à Pharnace les massacres commis par son père Mithridate en 88 lors des vèpres Ephésiennes.
Pour bien comprendre ces événéments, il faut se replacer dans le contexte de la guerre civile. L'orient était tenu par les pompéiens qui, au tout début de 49, décidèrent de s'attribuer les proconsulats dans ces régions où leur influence était très forte. Présent là-bas de 67 à 62 comme proconsul, Pompée y avait mené les campagnes que l'on sait et avait réorganisé tout l'orient. L'orient était pratiquement son domaine et tous les rois d'orient, y compris les lagides, lui étaient liés par des liens de clientèle.
Pharnace du Pont, ou plutôt du Bosphore
, s'était engagé aux côté de Pompée dont il était le client depuis qu'il avait fait sa soumission à Pompée environ 17 ans plus tôt.
Après Pharsale, les pompéiens qui ont perdu 39000 hommes dans la bataille (15000 morts et 24000 prisonniers) ne peuvent plus tenir facve à César.
Un des objectifs de César, c'est, outre de mettre la main sur Pompée pour le forcer à faire sa soumission et éviter que la guerre civile ne s'emballe de manière encore plus incontrôlée (objectif raté), c'est de défaire les clientèles de Pompée dans les provinces d'orient et dans les royaumes clients.
S'il passe par Ilion, ce n'est pas tant pour se recueillir sur les ruines des ancètres mythiques de Rome que pour établir sa domination à lui sur l'orient, s'assurer du ralliement de ces régions.
Pompée, de son côté, tente de solliciter ses clients en Syrie, pensant même à solliciter les parthes. Mais tous se dérobent parce qu'ils sentent que le vent souffle dans le sens de César et que donc il serait suicidaire de miser sur un perdant.
C'est faute d'avoir pu compter sur l'orient que Pompée se rabat sur l'Egypte. Mauvais calcul parce que les conseillers de Ptolémée ont eux aussi pensé qu'il serait une folie de miser sur l'ennemi de César, même s'ils lui étaient liés par des liens de clientèle.
Dans ce contexte, l'action de Pharnace s'inscrivait à la fois dans la logique de la guerre civile et dans une logique personnelle :
- lutter contre les césariens.
- remettre la main sur les anciennes possessions de son père (sur ce qui était même leur coeur historique).