On a tendance à accorder trop de crédit aux dires des sources chrétiennes de l'époque qui dépeignent Julien sous des traits peu flatteurs.
Ammien Marcellin ou Libanios, sans être objectifs, loin de là, nous permettent de nuancer ce portrait.
Il faut savoir qu'à Rome, malgré la politique de Constantin et de ses successeurs, le paganisme reste profondément ancré et très puissant. Julien n'a pas voulu éliminer le christianisme, ni dénaturer l'Edit de Milan, le christianisme reste toléré, mais il veut rendre sa place au paganisme, qu'il estime indissociable de la grandeur de Rome. Il me semble impossible, au vu du caractère même du souverain qu'il prévoyat une quelconque persécution, les Chrétiens étaient devenus bien trop importants et puissants à son époque. Sa politique n'eut cependant que peu de succès, surtout dans l'Orient romain. celà lui coûta peut-être la fidélité de son armée (sauf ses fidèles légions gauloises), et probablement la vie (certaines théories disent qu'il fut tué par un de ses soldats chrétiens, sans que ce fut explicite dans les sources --> voir plus bas)
On a tendance à occulter également le sort réservé par les chrétiens au païens à la fin du IVe siècle, qui n'étaient même plus tolérés sous Théodose. De nombreux historiens païens tels Ammien furent déchus sous la dynastie Valentinienne. Sans parler de persécution, nombre de grandes familles romaines, païennes, furent ravalés au rang de citoyens de seconde zone, et à ce titre, l'usurpation d'Eugène, manigancée par Argobast en 392, apparaît comme une tentative de surfer sur les vestiges du paganisme pour détrôner Théodose. Nombre de paîens de l'époque se raccrochèrent ainsi à Eugène comme à l'espoir chimérique d'une restauration des anciens rites païens, eux qui étaient, peut-être à raison, convaincus que le christianisme avait fait disparaître la Rome éternelle.
Pour finir, petit extrait de ma maîtrise sur les théories concernant la mort de Julien.
Citer :
C'est à la mi-juin, sous une chaleur accablante que débute la retraite. Harcelées par l'armée perse, les troupes romaines sont ralenties par des combats indécis, au cours desquels il est vrai, les Perses subissent des pertes importantes. Le 26 juin, au cours de l'un d'eux, Julien trouve la mort, portant à quatre le nombre d'empereurs romains tombés en Perse, et comme c'est le cas pour ses prédécesseurs, les circonstances de sa mort restent énigmatiques. Nous savons de façon sûre qu'il fut tué par la lance d’un cavalier non identifié, alors qu'il encourageait ses troupes sans porter d’armure. Plusieurs thèses sont émises par les auteurs, Ammien donne un récit détaillé de la mort de l'empereur, accusant implicitement des cavaliers perses en déroute . Théodoret avoue ne pas connaître la vérité, mais émet l’hypothèse d’un être invisible, un des nomades qui étaient appelés Ishmaelites ou encore d’un homme de troupe ne pouvant plus endurer les souffrances de la famine . Philostorgius rapporte qu'il fut tué de la lance d'un sarrasin allié des Perses . Libanius quant à lui, s'il ne connaît pas le nom de l'assassin est en revanche convaincu que ce n'est pas l'œuvre de l'ennemi car aucun n'a été récompensé pour avoir tué l'Empereur, il pense qu'il fut victime d'une conspiration dans ses propres rangs . Il est vrai que, mis à part les troupes gauloises, la plupart de ses soldats, en particulier les chrétiens, ne l'appréciaient guère