galoniger a écrit :
Comment expliquer les difficultés de l'Empire pour restituer une armée capable de faire face aux Goths suite à cette défaite ? Je sais bien qu'ils ne peuvent pas dégarnir la frontière, mais sous la république, des armées entières ont été perdues et reconstituées très rapidement. Pourquoi cela n'est plus possible à cette époque ?
Pour compléter les réponses de Pedro et d'Aigle. De nombreux historiens ont constaté que les empires suivaient tous la même évolution. Je suis désolé, mais je vais devoir parler aussi de fiscalité. Au début, chaque citoyen est un soldat. C'est parfois la condition nécessaire pour participer à la vie publique, comme le rappelle Aigle. Dans certaines sociétés, pour être un citoyen, il faut être en capacité de prendre les armes pour défendre la cité. Vu la structure des sociétés en question, cela exclu de la citoyenneté les femmes et les esclaves, voire aussi les serviteurs libres. Ces considérations font que le nombre de producteurs est souvent plus élevé que le nombre de soldats. Mais le rapport est souvent proche de 0,75, ce qui veut dire que 75% de la société masculine est susceptible de prendre les armes. Petit à petit, les rapports dans la société changent et on se rend compte que la richesse est fonction du nombre de producteurs. Pour augmenter leur nombre, il "suffit" de partir conquérir les peuples voisins ... et ils furent nombreux à le faire au cours des siècles. Mais, les conditions changent aussi dans votre population, des citoyens deviennent plus riches, mais d'autres deviennent plus pauvres et n'ont pas les moyens de s'acheter les équipements nécessaires. Car, il ne faut pas se leurrer, au fur et à mesure qu'une société évolue, la technologie qu'elle exploite évolue. Donc, les soldats aussi découvrent qu'un meilleur arc, fait par un bon artisan porte plus loin que l'arc de base, que des protections mettent à l'abri des coups malheureux, que ... Puis on se rend compte que les protections de cuir sont plus efficaces que les protections de tissus. Quant aux protections de métal, elles sont encore plus efficaces que celles en cuir, mais nettement plus chères. Il se créé des castes au sein de la société entre ceux qui peuvent se payer un armement lourds et ceux qui n'ont accès qu'à un armement léger. Or, sur le champ de bataille on se rend compte que ceux qui ont un armement lourd résistent mieux, mais ont aussi une valeur offensive plus importante que ceux qui ont un armement léger. Dans certaines cités, des gens ont trouvé une solution, les gens des quartiers pauvres compensent en se cotisant et en payant un des leurs qui est équipé et qui combattra en leur nom. D'autres cités permettent à ceux qui ne veulent pas combattre, mais qui désirent rester citoyens de payer une taxe pour se dispenser du service militaire, cette taxe servant à payer des gens plus pauvre qui vont être équipés par le palais.
L'évolution suivante est l'entraînement. Bien vite on se rend compte que les tactiques les plus subtiles, les plus efficaces requièrent de la cohésion. Dans certaines sociétés apparaissent alors des rassemblements où de manière plus ou moins régulière tous les citoyens, ou seulement ceux d'un quartier se réunissent et s'entrainent. Mais, le temps d'entrainement empiète sur le temps de production et tous n'ont pas les moyens de passer 1 ou 2 heures par jour à s'entrainer. Bref, petit à petit on va vers une armée de métier ou une caste de combattants. Le reste de la société s'acquittant d'un impôt pour pallier à son manque d'implication dans la défense commune. Le rapport entre soldats et militaires s'écroule, on arrive parfois à 1 soldat pour 40 ou 50 producteurs...
Mais, là on se rend compte qu'un soldat de métier, bien formé, bien entrainé, vaut sur le champ de bataille plus que les soldats-citoyens levés à la hâte. Combien plus ? Ce n'est pas toujours évident à dire, le rapport peut aller jusqu'à 1 pour 100. Mais, en contrepartie, ce soldat, il coûte en équipements, et il coûte en formation. Du coup, on ne peut pas réformer une armée en quelques semaines, il faut des mois, voire des années.