Jerôme a écrit :
Peut on considérer qu'un auteur païen est une source fiable en l'occurrence ?
Aucune source n'est fiable en elle-même, il faut toujours la critiquer. Mais, rasurez-vous, en ce qui concerne la destruction des temples en général, les sources sont presque toujours des chrétiens, soit des historiens ecclésiastiques, soit des auteurs de vies de saints qui présentent la destruction du temple comme l'un des plus grands exploits de leur champion. Sur la destruction du Sérapeum, les autres sources sont des auteurs d'histoire ecclésiastique, particulièrement Théodoret et Rufin d'Aquilée.
Andaouzek a écrit :
Wikipédia avance que le temple fut détruit par application d’un décret de Théodose, autorisant la destruction des temples païens. Michel Onfray, quant à lui, dans son Traité d’athéologie (3ème partie, chapitre 3, paragraphe 5), avance que le temple fut victime de l’autodafé de cette annexe, brûlée car selon les chrétiens de l’époque, je cite Michel Onfray, « la culture entrave l’accès à Dieu ».
Wikipedia et Michel Onfray se trompent tous les deux.
Il n'existe pas de décret impérial autorisant la destruction de tous les temples païens. La politique impériale relative au sort des édifices païens a été très louvoyante, pas toujours très cohérente et a souvent cherché à ménager la chèvre et le chou. Les empereurs chrétiens ont à la fois tenté de préserver les temples, tout en autorisant la destruction de certains d'entre eux ou en l'avalisant a posteriori (c'est ce qui s'est produit à Alexandrie: ce n'est pas une initiative impériale).
De plus, cette destruction n'est probablement pas motivée par une volonté de détruire la culture, comme le dit Michel Onfray, mais bien par le fait que le temple de Sérapis était un symbole religieux important. Le culte de Sérapis était l'un des plus importants de l'Egypte romaine, il était encore très vivace au IVe siècle. L'évêque d'Alexandrie a voulu le détruire comme un symbole du paganisme et non pour les livres qui s'y trouvaient.
Par ailleurs, cette destruction est aussi le résultat de causes très conjoncturelles. Ce n'est pas un projet mûrement réfléchi, mais une rixe qui dégénère. Païens et chrétiens multiplient les provocations les uns envers les autres à Alexandrie en 390-391, jusqu'au moment où ils s'attaquent et tout ça aboutit à la destruction du temple.