Jerôme a écrit :
N'est -ce pas là un peu schématique ?
Si ça l'était, j'étais sur mon téléphone, du coup j'en suis allé à l'essentiel, je vais développer davantage.
Jerôme a écrit :
Quelles villes en Gaule, en Bretagne ou en Dacie avant les conquêtes ? Les villes n'ont elles pas été fondées par les conquérants ? A l'inverse n'y avait il pas un réseau urbain en Mésopotamie - et pas de conquête ?
La Gaule est un territoire en pleine urbanisation à l'époque où les Romains l'envahissent. Ce n'est pas pour rien que les batailles se fond beaucoup autour des oppida. C'était des relais du pouvoir et même si après de nouveaux noyaux urbains se constituent et marginalisent les anciens le pli était pris, les habitants de la Gaule avaient intégré des logiques de gouvernances passant par des relais urbains et s’accommodèrent parfaitement de l'urbanisation romaine qui ne fut jamais contrainte. En Germanie ils tentèrent de bâtir des villes ; on en a retrouvé une :
https://www.cairn.info/comment-les-gaul ... age-85.htmCela montre le souci des Romains d'établir un cadre administratif assis sur le système urbain comme moyen de gestion des territoires.
En Bretagne les choses sont plus complexe : on estime il me semble que la "romanisation" ne fut jamais aussi forte qu'en Gaule ce qui se remarque par le fait que les Anglo-Saxons y imposèrent leur langue quand en Gaule les langues germaniques se diluèrent dans les parlers proto-romans. Seules quelques villes comme Londres sont des relais de l'autorité mais elle existent et existaient souvent avant la conquête.
La Dacie possédait aussi quelques centres urbains et notamment la capitale, Sarmizegetusa ; la province fut soumise après justement la prise de la ville par les Romains.
En Mésopotamie la conquête a été souhaitée et partiellement réalisée par Trajan mais les populations locales n'ont visiblement pas accepté la domination romaine et se sont révolté. Hadrien ne continua pas la guerre et ne pacifia pas la Mésopotamie. Il ne faut pas non plus oublier que c'était un territoire fermement tenu pas le rival Parthe puis Perse.
Jerôme a écrit :
Ne peut on pas expliquer les conquêtes plus facilement par les ressources naturelles telles que les mines ou les céréales que par la densité urbaine. Ce sont les ressources naturelles qui permettaient de financer la défense de la province et de dégager un excédent pour Rome !
Les Romains furent parfois un peu appâté par les ressources comme les mines d'or de Dacie par exemple. Mais leur imperialisme est souvent davantage le fruit des circonstance ; ce qui motive par exemple l'intervention en Dacie c'est que les Daces venaient piller les provinces romaines et avaient causé beaucoup de tourments à Domitien. Néanmoins il existe une différence entre souhaiter conquérir des territoires stratégiques et effectivement pouvoir les tenir. or justement c'est toujours par le corollaire urbain que les Romains établissaient leur administration. Il faut davantage voir les conquêtes sous l'angle des potentialités et cela passait avant tout par vaincre et intégrer des peuples suffisamment structurés pour avoir développé des éléments de centralisation, notamment urbains.
Narduccio a écrit :
En Hispanie, les zones non-urbaines ne sont pas sous emprise romaine et il y aura une espèce de guerilla pendant plusieurs siècles. EN Germanie, les romains tentent plusieurs fois d'agrandir leur zone d'influence, or, le pays échappe à leur emprise. Ils finiront pas édifier le limes. En Écosse, ce sera le mur d'Hadrien...
L'Empire romain comporte même tardivement des zones pratiquement pas contrôlée ; c'est le cas de l'Isaurie par exemple qui nécessite des interventions armées contre des populations tribales qui, je vous le donne en mille, n'ont jamais été intégrées aux logiques urbaines. Après l'Ecosse aurait pu être soumise sans le rappel d'Agricola, mais dans quelle mesure ce territoire aurait été tenu... De façon très lâche, très lointaine, sans administration centralisée.
Narduccio a écrit :
La principale modification, pour ceux qui sont assez riches pour avoir de la monnaie, c'est qu'ils payent tout avec de la monnaie romaine. Pour les plus pauvres, rien ne change.
Une chose change tout de même, c'est le recours à la justice impériale. Cela montre combien l'empereur est véritablement le ferment d'unité de l'édifice.