Ne soyez pas scotché, Giordano Bruno.
La Res Publica romaine était bien un système politique particulier. D'ailleurs, les romains avaient bien conscience, et tout particulièrement les élites romaines, que Rome avait des rois alors qu'elle était pourtant déjà une cité. De même que les cités grecques qui avaient un tyran n'en étaient pas moins des cités. Athènes de son côté est bien restée une cité sous tous les régimes politiques qu'elle a connus.
Quelque maladroite qu'ait pu être ma formulation, je pense effectivement que la république romaine était un système par essence instable.
C'était notamment un système conçu pour permettre que se perpétue la compétition aristocratique au service de la cité parce qu'à mon avis, dans le triptyque aristocratie-magistratures-peuple qui caractérisait la république romaine, c'est l'aristocratie siégeant dans le Sénat qui avait le dessus. Et si elle avait le dessus en tant qu'aristocratie siégeant au Sénat, c'est notamment parce que les règles d'exercice des magistratures (collégialité et caractère annuel avec des conditions de 2ème mandat très limitées de fait d'abord puis de droit ensuite) ont été faites pour que les magistrats en exercice soient faibles face au Sénat.
Cette instabilité s'est d'ailleurs révélée une des forces qui a permis à un moment donnée l'expansion territoriale phénoménale qu'a connue Rome à compter du moment où elle a joui d'une supériorité militaire absolue sur n'importe lequel des grands Etats méditerranéens.
Surtout que les magistrats et promagistrats romains qui cherchaient à dépasser les rivaux en moyens et en prestige poussaient au combat pour y acquérir gloire, butin et dettes de reconnaissance.
Mais en même temps cette république a été source de crises à mon sens quasi-permanentes, mises forcément en sourdine lors des guerres (qui ont été quasi-permanentes) et aussi grâce aux liens de dépendance sociale et à la hiérarchie des ordres qui faisait que la masse du peuple n'avait en réalité pas voix au chapitre.
Si donc vous relisez mon propos, vous verrez que je ne prétends nullement que la république n'avait pas pour but de gouverner. Je dis qu'à mon avis, entre les 2 buts qu'elle avait, celui de préserver la position de l'aristocratie et l'équilibre relatif entre aristocrates l'emportait sur l'objectif de gouvernement de la cité.
En outre, je ne comprends pas votre propos quand vous me reprochez d'affirmer que "
décisions juridiques ne sont pas liées au pouvoir politique".
Je n'ai pas l'impression d'avoir affirmé une telle chose. Et en même temps, je fais la différence entre d'une part la légalité d'une décision, et d'autre part la représentativité (par rapport à l'opinion de l'ensemble du peuple), la popularité et la légitimité d'une décision.
Mais si vous voulez bien m'expliquer ce le sens de vos désaccords, je serai ravi d'en discuter avec vous et de m'expliquer davantage.
Contrairement à ce que vous semblez penser, je ne dénigre pas la république romaine. J'essaie de la sortir des images d'Epinal et des discours laudateurs pour la dessiner davantage dans sa réalité crue. Pour ma part, je trouve la vie politique plus intéressante (peut-être car plus lisible) sous la république que sous l'empire.
Je n'idéalise pas l'empire. Simplement, j'ai comme l'impression (et j'avoue penser ne pas avoir été le seul à partager cette impression
) que l'empire a en partie été une victoire du petit peuple sur l'aristocratie : un monarque s'appuyant sur le petit peuple, sur l'armée et sur les provinciaux pour faire courber l'échine à une aristocratie qui jusque là avait tout fait pour maintenir la plus basse possible la situation politico-juridique et matérielle dudit petit-peuple et desdits provinciaux.
Les institutions sont loin d'expliquer à elles seules l'histoire de l'évolution de Rome et de l'entrée en crise de la république. Au moins aussi déterminants ont été les rapports avec les alliés, avec les citoyens sans droit de vote ou avec les citoyens situés trop loin de la ville pour pouvoir exercer leurs droits de vote dans les comices, avec les provinciaux, ...etc.
Discutons-en.