Pédro a écrit :
Belle découverte qui va finir sous un projet immobilier. Espérons que l'IRAP en sauvera une part substantielle.
Lisant assez souvent des livres édités par les archéologues de l'INRAP, j'ai compris qu'une part de leur boulot consiste à "détruire" l'objet de leurs études pour comprendre comment nos ancêtres procédaient. Les fouilles archéologiques entraînent souvent la destruction de l'endroit fouillé, puisque pour accéder à un niveau d'occupation, il faut enlever les niveaux qui se trouvent au-dessus. Parfois, quand les découvertes sont d'importances, ils procèdent ensuite à une restauration pour rendre au site son aspect tel qu'il pouvait l'être, soit avant leur intervention, soit à une époque donnée.
S'agissant d'une nécropole, oui, il y a de fortes chance qu'une fois que les archéologues de l'INRAP aient achevés leurs investigations que l'on bétonne le site. D'ailleurs, si les archéologues auront bien faits leur travail, il ne restera pas grand chose. Certains archéologues sont actuellement très critiques avec la position qui consiste à vouloir à tout prix montrer de "belles" pierres, car ils pensent que l'essentiel n'est pas là, mais dans la connaissance de comment vivaient nos ancêtres. C'est pour accéder à cette connaissance qu'ils s'autorisent de détruire, lors de leurs fouilles les divers niveaux d'occupations pour accéder à la connaissance détaillée de tout ce que peut apporter le site en question. Ils ont de réels questionnements sur la muséographie. J'ai lu dernièrement un article d'un paléontologue qui se posait la question de savoir s'il était éthique de continuer à exposer Ötzi dans son sarcophage de verre au vu et au su de tous. Surtout que la pose que lui a laissé la postérité n'est peut-être pas totalement à son avantage.
Les archéologues, qu'ils soient de L'INRAP ou pas, ont tendance à penser qu'il est plus important d'accéder à la connaissance de comment vivaient nos ancêtres que de sauver de beaux objets. Ils savent qu'une l'archéologie est née du coté des Beaux Arts et de la volonté de garder le souvenir des monuments anciens. Ils pensent que depuis le XIXème siècle on a évolué et qu'il est temps d'avoir une autre vision de l'archéologie.
Quand il y a une découverte "importante", il y a souvent une délibération au niveau des Autorités concernées pour savoir quelle suite donner au chantier. Dans certains cas, on va aménager après avoir préservé l'essentiel en se disant que dans quelques décennies, quand le bâtiment n'aura plus d'intérêt, on va rouvrir le chantier en utilisant des méthodes plus modernes et plus de temps pour réaliser la fouille. Dans d'autres cas, on privilégie la conservation
in-situ, et on déplace tout simplement l'implantation de ce qui devait être construit. Dans la majorité des cas, on cherche un compromis entre les fouilles les plus étendues possibles, avec parfois l'idée d’aménager un espace d'exposition (cas des sous-sols du Louvre), et la réalisation plus ou moins rapide du projet d'aménagement qui a entrainé les fouilles préventives. J'ai lu des comptes-rendus où ceux qui semblaient les moins enthousiasmes étaient les archéologues car ils estimaient que la zone n'allait pas apporter des découvertes mirobolantes, face à des autorités locales qui étaient attachées à l'antériorité de leur implantation par rapport à d'autres acteurs locaux.