Deux éléments de réponse :
Le
cursus publicus ne concernait que le courrier administratif et officiel. Pour le courrier des particuliers, Alberto ANGELA, professeur italien d'histoire romaine, aborde le sujet dans son ouvrage
Empire, un fabuleux voyage chez les romains avec un sesterce en poche, Payot 2017, où l'on suit l'histoire d'un sesterce qui passe de main en main et fait ainsi le tour de l'empire.
(Le livre hésite perpétuellement sans choisir entre tableaux romancés, extraits de cours universitaires et analogies anachroniques, ce qui le rend à mon avis un peu insipide, dommage !)Le citoyen romain qui veut adresser un courrier à son parent le confie à un marchand sur le départ. Arrivé au port, celui-ci se rend chez le destinataire où il est accueilli avec égard, mais sans décorum excessif. C'est l'émetteur qui rémunère le porteur (d'où le voyage du sesterce), tandis que le récepteur peut le gratifier d'une récompense en nature (repas). Tout repose donc sur la parole donnée et la confiance entre citoyens de Rome.
Pièce jointe :
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En ce qui concerne les
épitres pauliniennes, et les autres, on se trouve dans un cadre missionnaire. Celui-ci correspond à ce que nous savons de la diffusion du christianisme et des autres religions orientales. Les écrits d'un père spirituel sont confiés à des fidèles qui voyagent, qu'ils soient missionnaires (au sens moderne de ce mot), ou qu'ils soient (simples) membres de l'Église amenés à se déplacer (militaires, marchands, ...) sans visée missionnaire (idem) particulière. Dans les deux cas, tout échange marchand et toute notion de rétribution sont évidemment exclus, mais on imagine aisément que l'épitre en question devait aussi servir de sauf-conduit pour leur porteur. Il faut ajouter que les épitres (du moins celles qui nous sont parvenues) n'étaient sûrement pas des exemplaires uniques. Elles faisaient l'objet de copie, à l'émission et à la réception, et leur diffusion n'étaient pas limitée aux dédicataires désignés (Colossiens, Thessaloniciens, Corinthiens, ...). Elle était à l'évidence plus large. En ce sens, cela relevait plus d'une édition à très faible tirage et à usage interne que d'un échange de courrier personnel.