Jean-Mic a écrit :
Ce que vous appelez la cuisine "méditerranéenne" tient-elle plus de la cuisine gauloise ou de la cuisine grecque, romaine, voire moyen-orientale ? Par exemple, vous parlez d'un "trait d'huile" ; ça c'est romain, grec ou moyen-oriental ! Les Gaulois ignoraient l'huile (même celle de noix ou de noisette, apparemment) ; ils utilisaient la graisse animale (saindoux, ...) ou le beurre (cf. ce que j'ai écrit du fromage). Ne sommes-nous pas là dans deux univers culinaires différents. On pourrait ajouter l'usage des épices, très différent d'un monde à l'autre : le garum, c'est romain ! et les herbes aromatiques tout comme les bulbes cultivés varient d'un climat à l'autre : l'ail est romain ! l'oignon est universel, l'ail des ours (une herbe et non un bulbe, malgré son nom) est gaulois, le fenugrec (comme son nom l'indique) est grec, et aussi romain tandis que les Gaulois l'ignore, etc. En revanche, pour le sucre, tout le monde est d'accord, puisqu'on ne connaît encore que le miel.
La partie méditerranéenne de la Gaule a subi des influences grecques et italiennes bien avant la conquête de Jules César. Il y avait des échanges commerciaux. Par exemple, même s’ils ne produisaient pas de vin, les Gaulois en buvaient. N’oublions pas que Massilia était un comptoir grec, les journalistes qui nous rebattent les oreilles avec la
cité phocéenne nous le rappellent tous les jours. Narbonne était une colonie romaine depuis le début du premier siècle avant JC. Aujourd’hui on mange couramment nems, choucroute, sushis et pizzas partout en France. On devait bien manger aussi un peu romain dans le sud de la Gaule et cuisiner avec de l'huile d'olive importée d'Italie.
J’ignorais qu’on en sût assez sur la langue des Gaulois pour en rédiger manuels et dictionnaires. Je reste néanmoins un peu sceptique. Tout sérieux que soient ces ouvrages, ce qu’ils exposent ne peut être qu’une langue reconstituée de bric et de broc. Rien que pour l’époque contemporaine, les Bretons bretonnants sont décourageants lorsqu’ils disent que le breton enseigné dans les écoles diwan ou par la méthode Assimil n’est pas celui qu’ils parlaient dans leur jeunesse. En effet, à cinquante km de distance, les différences dialectales étaient sensibles. Alors, en ce qui concerne le gaulois parlé dans l’Antiquité, entre les Ligures, les Vénètes, les Parisii et les Arvernes, il ne devait pas y avoir une grande homogénéité linguistique.