Je pense que vous avez mal compris mon propos, Mendès.
Suétone était certes un moraliste, mais il n'était vraiment pas neutre. Il était très partisan. Ami de Tacite.
Suétone est, comme Tacite, le plus emblématique représentant de la mal nommée "historiographie" sénatoriale, ou pour la qualifier autrement anti-impériale.
Quand je disais que Suétone n'écrivait pas pour débiner les fondateurs julio-claudiens du principat aux yeux des Antonins, je pensais en réalité qu'il voulait débiner les julio-claudiens aux yeux d'un autre public : à savoir l'aristocratie sénatoriale.
Simplement, il devait le faire discrètement, d'une façon qui soit acceptable pour les empereurs antonins qui étaient, quoi qu'on dise, les héritiers d'un système politique fondé par César et Auguste.
Donc, il est acceptable pour un empereur antonin régnant que des chroniqueurs ou moralistes débinent un peu les princes des dynasties antérieures pour mettre en valeur, par contraste, leur prétendue modération et leur prétendu respect du Sénat.
Hadrien fut un empereur très autoritaire. Et ce n'est pas pour rien que Suétone a fini par tomber en disgrâce sous le règne d'Hadrien.
Comme évoqué dans un précédent post, les portraits des 12 Césars sont des pamphlets caricaturant de manière très outrancière les empereurs, précisément parce que pour la classe sénatoriale partisans d'un régime oligarchique, c'est le principe même d'un système monarchique qui leur donnait de l'urticaire.