Voici ce que dit Plutarque :
"
Les armées en vinrent aux mains vers la fin du jour, près de la rivière de Sucron ; les deux généraux craignaient également l'arrivée de Métellus : Pompée, pour combattre seul ; Sertorius, pour n'avoir à combattre qu'un général. Le succès fut douteux, il y eut des deux côtés une aile victorieuse ; mais, des deux généraux, Sertorius y acquit plus de gloire, car il renversa et mit en déroute l'aile qui lui était opposée." et dans laquelle se trouvait Pompée.
Je suis bien d'accord sur le fait qu'au début de la campagne, Sertorius a infligé des défaites et leçons au jeune Pompée.
Mais, en ce qui concerne la bataille du Sucro, au final, il me semble qu'elle a bien été une défaite pour Sertorius si on en juge les résultats incontestables. Sertorius n'a ensuite plus livré de bataille rangée. Si les défections se sont enchaînées suite à cette bataille, il me semble qu'il doit bien y avoir une raison à cela.
Que Plutarque, moraliste bien plus qu'historien ou chroniqueur, ait profité de l'occasion pour faire la leçon au détriment du jeune Pompée, ou tout simplement relater le point de vue de ceux, et on comprend qu'ils aient été nombreux, qui cherchaient à nuire à Pompée, c'est assez compréhensible.
Je ne conteste pas que Pompée ait usurpé bien des titres de gloire.
Lucullus notamment dénonçait à juste titre le fait que Pompée ait usurpé une partie de la gloire de Metellus en Espagne puis la sienne propre en Asie.
Cela conduit parfois à grossir le trait. Comme quand Plutarque dit de Sertorius que "
tout à coup il reparaissait à la tête de cent cinquante mille combattants."
Toutes proportions gardées (car les résultats ont été beaucoup plus radicaux à Munda), dire que Sertorius a gagné la bataille du Sucro me paraît revenir à dire que Pompée le jeune et Labienus ont gagné la bataille de Munda jusqu'à ce que la Xème légion emporte finalement la décision.
Ou encore que la bataille de gaugamèles a été une victoire perse puisque l'aile commandée par Mazaios a plutôt été victorieuse et a pu se retirer en bon ordre.
Je suis bien d'accord sur le fait que la victoire a été le fait de Metellus plus que de Pompée. Mais de là à dire que ce fut une défaite de Pompée, je ne puis me résoudre à franchir le pas. Plutarque lui-même ne franchit pas ce pas.