Le personnage de Titus Quinctius Flamininus, consul en 198, est un des plus controversé de l'historiographie romaine, et ce au moins sur deux points:
-Son philhellénisme d'abord: en 198, il convoque la conférence de Nicée (en Locride) où il regroupe tous les Etats grecs pour les convaincres de se rallier à Rome pour recouvrer leur liberté. En 196 surtout, après sa victoire sur Philippe V, Flamininus se rend aux jeux isthmiques pour proclamer la liberté des Grecs. Ces grands discours philhelléniques étaient-ils sincères où servaient-ils seulement à amadouer les Grecs pour mieux les mettre sous le joug romain?
-Ses talents militaires d'autre part: malgré le soutien d'une majorité d'Etats grecs, sa victoire de Cynocéphale (juin 197) face à Philippe V, qui marque la fin de la deuxième guerre de Macédoine, serait plus le fait du hasard (brouillard, etc.) que de ses qualités militaires.
Plus généralement, que pensez-vous du personnage et de la politique orientale romaine à cette époque?
Citer :
Comme on célébrait la fête Isthmique, une foule immense était assise dans le stade pour assister au concours gymnique, d'autant plus qu'en ayant fini depuis quelque temps avec la guerre, la Grèce s'était réunie, espérant la liberté et déjà certaine de la paix. La trompette ayant commandé le silence a toute l'assemblée, le héraut s'avança au milieu et fit cette proclamation : Le sénat romain et le consul Titus Quinctius, ayant vaincu le roi Philippe et les Macédoniens, laissent libres, sans garnisons, exempts de tribut, en possession de leurs lois traditionnelles, les Corinthiens, les Phocidiens, les Locriens, les Eubéens, les Achéens Phthiotes, les Magnètes, les Thessaliens et les Perrhèbes. Sur le moment, les spectateurs n'entendirent pas absolument tous ni bien distinctement cette proclamation : c'était dans le stade un mouvement confus et tumultueux ; on était dans l'étonnement, on s'interrogeait mutuellement, on demandait une seconde audition. Le silence à nouveau établi, le héraut, élevant la voix avec plus de force, s'empressa de crier à tous les assistants la proclamation qu'il répéta d'un bout à l'autre. Alors une clameur de joie d'une ampleur incroyable se répercuta jusqu'à la mer ; toute l'assemblée se leva ; il n'était plus question des concurrents ; tous bondirent d'un seul élan vers Titus pour lui prendre les mains et le saluer comme le défenseur et le sauveur de la Grèce. On vit alors se produire l'effet, que l'on cite souvent, d'un cri extraordinairement fort : de corbeaux qui volaient par hasard au-dessus de l'assemblée tombèrent dans le stade. La cause en est une rupture de l'air ; car, lorsque des voix nombreuses et puissantes s'élèvent, l'air, déchiré par elles, n'offre plus de support aux ailes des oiseaux ; ils glissent comme s'ils se mouvaient dans le vide. Peut-être cependant serait-il plus juste de dire qu'ils tombent et meurent comme s'ils avaient été frappés et transpercés par une flèche. La cause peut être aussi un tournoiement de l'air pareil aux tourbillons marins et aux remous des flots profondément agités.
Extrait de la Vie de Flamininus de Plutarque.